Lot n° 234
Sélection Bibliorare

FRANCIS PICABIA (1879-1953). Portrait de femme, circa 1941-42. Huile sur panneau, signé en bas à droite 39.2 x 29.5 cm - 15 3/4 x 11 5/8 in.

Estimation : 50 000 - 80 000 €
Adjudication : 273 000 €
Description
Oil on panel, signed lower right

L'avis d'inclusion au catalogue raisonné en préparation n°2934, émis par Pierre Calte pour le Comité Picabia en date du 27 septembre 2007, sera remis à l'acquéreur

PROVENANCE
Collection particulière
Vente Artcurial, Paris, 20 octobre 2007
Collections Aristophil

FRANCIS PICABIA (1879-1953)
«Picabia a lancé pendant les années qui précèdent immédiatement la guerre de 1914: «plus d’idées neuves qu’aucun autre artiste d’avant-garde. Il aurait été cubiste comme Braque et Picasso, orphique comme Delaunay et il aurait de surplus inventé l’art abstrait, sans jamais consentir à exploiter systématiquement aucune de ces formules.» Marc Le Bot Francis Picabia et la crise des valeurs figuratives

Fils unique d’un aristocrate espagnol et d’une française issue de la bourgeoisie, Francis Picabia perd rapidement sa mère, sa grand-mère puis son père et évolue dans un univers masculin. Il se réfugie alors dans le dessin et la peinture. L’histoire veut qu’il se soit trouvé en confrontation avec son grand-père qui lui prédisait la fin de l’art pictural, précipitée par la photographie. A l’aïeul, le jeune Picabia répond « Tu veux photographier un paysage, mais non les idées que j’ai dans la tête, nous ferons des tableaux qui n’imiteront pas la nature ». En 1895, il intègre les arts décoratifs où il intègre la promotion de Marie Laurencin et Georges Braque. Il expose rapidement aux Salons officiels, suivant dans un premier temps les préceptes des impressionnistes. C’est en 1909 que Picabia rompt, brutalement certes, avec le conformisme impressionniste et avec ses marchands lorsqu’il expose Caoutchouc. La brèche vers l’abstraction est ouverte, mais Picabia ne s’y engouffrera réellement que quelques années plus tard. Grâce à une expression cubiste très personnelle, Picabia se met en quête de la représentation de tous les mouvements possibles de l’âme et de l’esprit. S’il s’agit d’une période féconde en termes d’inspiration pour l’artiste, les galeries et critiques d’art qui l’avaient salué dans sa période impressionniste lui tournent désormais le dos.
Il faut attendre 1913, lorsque Picabia se rend à New York en tant qu’ambassadeur de l’Europe à l’Armory Show (l’exposition internationale d’art moderne) pour qu’il retrouve le succès auquel il s’était habitué. Il reste six mois dans une ville qui le marque profondément dans sa conception de la modernité et où il assied définitivement son succès. A son retour il prend part aux aventures dadaïstes, temporairement, aux côté de Breton et Tzara.
Insatiable et quête de constant renouvellement, Picabia s’installe pour vingt ans à Cannes, fait l’acquisition du fameux Château de mai où il mène grand train, certes, mais surtout semble faire atteindre leur paroxysme à ses investigation stylistiques et techniques: c’est l’heure des transparences, inspirées d’aquarelles espagnoles réalisées quelques années auparavant.
A partir de 1940, les difficultés financières font oublier à Picabia les années fastes qu’il avait pu connaitre. Ce sont aussi les années du retour à l’abstraction, où les symboles sexuels se font prédominants de façon plus ou moins latente. A sa mort en 1953, André Breton lui rend un dernier hommage le 4 Décembre, au cimetière Montmartre,: « Francis… votre peinture était la succession – souvent désespérée, néronienne – des plus belles fêtes qu’un homme se soit jamais données à soi-même… Une oeuvre fondée sur la souveraineté du caprice, sur le refus de suivre, toute entière axée sur la liberté, même de déplaire… Seul un très grand aristocrate de l’esprit pouvait oser ce que vous avez osé. »

“In the years leading up to the 1914 war, Picabia came up with more ideas than any other artist of the avant-garde. A Cubist like Braque and Picasso; an Orphic like Delaunay, he even invented abstract art, without ever systematically adopting any of these approaches.”

Marc Le Bot: Francis Picabia et la crise des valeurs figuratives.

The only son of a Spanish aristocrat and a middle-class French woman, Francis Picabia lost his mother, grandmother and father in quick succession, and grew up in a male-dominated world. He took refuge in drawing and painting. History relates that he had an argument with his grandfather, who predicted the end of pictorial art, hastened by the arrival of photography. The young Picabia replied, “You can photograph a landscape, but not the ideas I have in my head. We will make pictures that don’t imitate nature.”

In 1895 he entered the Ecole des Arts Décoratifs as a student in the same year as Marie Laurencin and Georges Braque. He soon exhibited at the official Salons, initially influenced by Impressionist precepts.

In 1909 Picabia made a decidedly violent break with Impressionist conformism and his dealers when he exhibited Caoutchouc. The breach to abstraction was opening, but he only really took the plunge a few years later. Through his highly personal interpretation of Cubism, he strove to represent all possible movements of the mind and spirit. While this was a fertile time in terms of inspiration for the artist, the galleries and art critics who had acclaimed him in his Impressionist period now turned their backs on him.

It took until 1913, when Picabia went to New York as ambassador for Europe at the Armory Show (the international modern art exhibition), for him to regain his erstwhile success. He stayed for six months in a city whose concept of modernity made a deep impression on him, and consolidated his reputation. On his return, he launched into Dadaism alongside Breton and Tzara.

Ever-insatiable in his quest for renewal, Picabia spent twenty years in Cannes, where he bought the famous Château de Mai. Here he lived in grand style, certainly, but above all seemed to bring his stylistic and technical explorations to a head. This was the period of the “transparences” inspired by his Spanish watercolours of a few years earlier.

In the 1940s, Picabia’s financial problems put an end to these prosperous times. This was also when he returned to an abstraction more or less latently dominated by sexual symbols.

On his death in 1953, André Breton paid a final tribute to him in Montmartre cemetery on 4 December: “Francis… your painting was the inheritance – often despairing and Neronian – of the most wonderful celebrations a man has ever given himself… An oeuvre founded on the sovereignty of caprice, the refusal to follow and a total focus on freedom, even the freedom to displease … Only a truly great aristocratic spirit could dare what you have dared.”
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