Lot n° 45
Sélection Bibliorare

Franz LISZT. L.A.S., Vatican 13 décembre 1865, [au Prince Joseph de Caraman-Chimay] ; 4 pages in-4 (lég. fentes réparées)..Très belle lettre sur ses nouvelles œuvres, la musique, Anton Rubinstein, et la religion. .Il regrette son départ de...

Estimation : 2 500 / 3 000
Adjudication : 5 625 €
Description
Rome : « vous me manquez, personnellement et musicalement ». Il espère que la Princesse est rétablie, et espère la retrouver bientôt à Paris : « Il y est question de l’exécution de la Messe de Gran à St Eustache, et de la Symphonie dantesque », qui sera d’abord jouée à Rome pour « l’inauguration de la nouvelle Salle-Dante ». Puis Liszt parle des succès du violoniste Camillo Sivori à Rome : « Comme de raison le public en est enchanté […] Les séances classiques dans les salons Ramaciotti ont recommencées. Sgambati y produira le Trio de Reber dédié à la Princesse de C. Ch. », quand la partition, retardée par la quarantaine, sera arrivée… Liszt émet quelque réserve sur l’appréciation des « deux artistes les plus célèbres de Petersbourg […] En se rapportant à l’étymologie du mot Orchestre (en grec : “faire danser”) et aux usages traditionnels, il n’y aurait certainement pas à se scandaliser des entrechats d’archet exécutés par un violoniste fameux, comme accompagnement à ceux d’une danseuse. Dans le bon vieux temps cela se passait ainsi – et les compositeurs les plus illustres dans leurs compositions classiques par excellence ont fait une large part aux modes de danse : témoin les Sarabandes, Gigues, Courantes, Bourrées, Ciaconnes etc. de Bach et de Händel : les Menuets – jusqu’aux Rondos de Haydn et de Mozart. Néanmoins je comprends volontiers que certaines pratiques de l’art ne soient pas plus de votre goût que du mien ». Quant à Anton Rubinstein, « soyons équitables pour lui et distinguons-le d’abord de la Kyrielle des Pianistes. En sus de sa formidable supériorité d’exécution, il possède incontestablement une grande et riche étoffe musicale, avec toutes les dextérités de la facture. Sa productivité du prodige : des opéras, en voici ; des oratorios, en voilà ; des Symphonies, Quatuors, Trios, Sonates, Fugues, en voilà toujours et encore, sans compter le menu bagage des morceaux de salon, caprices rêveries, portraits, nocturnes et diurnes ! Il fait toute chose parfaitement, étonnamment, comme d’un trait et à coup sûr. C’est un Tintoret, un Horace Vernet ! »… Ce que son correspondant lui a écrit sur la « recherche suprême » l’a profondément touché : « Oui, cher Prince, convertissons nos cœurs et nos esprits vers les choses d’en haut ; ne nous déshéritons pas du souffle de Dieu, – mais cherchons, demandons, frappons, persévérons, – afin que nous trouvions, que nous obtenions, et qu’il nous soit ouvert ainsi qu’il nous a été promis par Celui dont les paroles sont Certitude, Esprit et Vie. Elles ne passeront point, et c’est en y fixant toute notre âme que nous conquérons la vraie gloire. Nous nous sommes réciproquement donné le livre qui enseigne la mort et la vie, le temps et l’éternité. Que sa lecture constante nous unisse de plus en plus dans une même espérance, et que le Verbe du Christ illumine nos voies, habite en nous »…
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