Lot n° 21
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Sélection Bibliorare

Giambattista tiepolo (Venise 1696-madrid 1770) Figure d’homme au manteau de fourrure Sur sa toile d’origine H_86 cm L_58 cm Provenance : Collection d’un chanoine du chapitre de la cathédrale de Würzburg ; Collection particulière, par...

Estimation : 800000 / 1200000
Adjudication : 3 100 000 €
Description
descendance ; Toujours resté dans la même famille. Bibliographie : G. Knox, Domenico Tiepolo Raccolta di Teste 1770-1970, Udine, 1970 (œuvre disparue. « Solo due dipinti sembrano essere svaniti, non essendosi lasciata dietro neppure una replica (I.25) » Notre tableau est une découverte importante qui illumine d’un jour nouveau la carrière de Tiepolo à Würzburg, ses relations avec ses mécènes et ses rapports artistiques avec son fils Giandomenico. C’est un important ajout à l’œuvre de Giambattista Tiepolo qui vient avec surprise se poser comme le pendant de L’Allégorie de Flore dans une collection américaine (vente anonyme, Londres, Christie’s, 2 décembre 2008, n° 40, reproduit en couleur). Notre tableau révèle une face plus intime et privée de l’œuvre du plus grand représentant du Settencento vénitien. Notre tableau est peint par Giambattista Tiepolo lors de son séjour à Würzburg entre 1750 et 1753. Il travaille essentiellement à la décoration intérieure de la nouvelle résidence épiscopale du prince-évêque Carl Philippe von Greiffenclau. Carl Philipp Reichfreiherr von Greiffenclau zu Vollraths (1690 - 1754) intègre très tôt le cercle restreint des religieux de Würzburg et de Mayence. Il est recteur de l’université de Mayence de 1739 à 1749, avant de se voir attribuer la charge de prince-évêque de Würzburg (comme son oncle Johann Philipp von Greiffenclau) de 1749 à sa mort en 1754. Dès son entrée à Würzburg, Greiffenclau organise régulièrement de grandes fêtes et beaucoup de réceptions auxquelles il convie toute sa famille de laquelle il tient à rester proche. Il fait venir sa sœur Marie Anna Sophia, auprès de lui à la Résidence. Les sources anciennes nous disent qu’après un long séjour dans la Résidence, Marie Anna Sophia laisse à son départ en 1752, quelques cadeaux à Tiepolo pour le remercier de ses nobles peintures. Elle lui laisse des objets en argent, un miroir, une lampe etc.1 Malheureusement les archives concernant ces peintures de Tiepolo ont disparu. Plusieurs chanoines, cousins et neveux du prince-évêque Greiffenclau se sont succédés au chapitre de la cathédrale. Le chanoine qui détenait notre tableau est en effet le cousin issu de germain du prince-évêque. Nous savons par un inventaire de 1820 que notre tableau appartenait à un des chanoines du chapitre de la cathédrale de Würzburg proche du prince-évêque. Notre tableau répond-il à une commande du prince-évêque Greiffenclau ? Ce dernier l’aurait-il donné à son cousin le chanoine ? Ou bien est-ce le chanoine de la cathédrale de Würzburg, familier du prince-évêque, qui commande le tableau directement à Tiepolo ? Ou encore notre tableau est-il une de ces « nobles peintures » que Tiepolo donne à la sœur du prince-évêque et tante du chanoine, Marie Anna Sophia. Présenté aujourd’hui, notre tableau est une incroyable découverte. Il vient compléter les connaissances de l’œuvre de Tiepolo et se confronter à la gravure de Giandomenico. Dans son thème et sa manière, notre tableau se rapproche des têtes de rabbins, savants, et philosophes, qui depuis Rembrandt marquent la peinture occidentale. Dans ces Têtes d’expressions, l’exagération des traits du visage, la présence d’accessoires et le traitement pictural sont destinés à communiquer les expressions intérieures. La représentation de ses têtes permet à l’artiste de s’exprimer librement, de manière purement imaginaire et théâtrale. Ils constituent à la manière des Figures de fantaisies de Fragonard des morceaux de bravoure de peinture pure. Notre tableau est une figure de fantaisie et l’exemple principal dont s’inspire Tiepolo est bien l’œuvre de Rembrandt diffusée par la gravure. Entre autres exemples significatifs, nous le rapprochons de l’Homme barbu en costume de fantaisie^, de l’Homme en costume oriental^ et du Buste de vieil homme avec un béret et une fourrure^ . L’influence de Rembrandt, de ses figures de philosophes et d’orientaux, se manifeste non seulement dans le choix du thème, mais aussi dans les effets utilisés par le peintre : une matière picturale expressive, des coloris dorés et une texture tangible, comme celle que l’on retrouve pour la fourrure et les traits du visage de notre modèle. Toutes les expressions sont peintes. La force de notre personnage transparait dans les coups de pinceau, sa voix s’entend dans cette façon de peindre la bouche et les lèvres de notre modèle. Ses yeux sont aussi vifs que ses rides sont marquées. Comme les Têtes de Rembrandt qui peuvent être considérées comme des portraits de son père^ ou des portraits de personnages historiques6, les figures d’expressions de Tiepolo peuvent recevoir un double sens. Connaissant le pendant de notre tableau, Jeune femme aux fleurs, nous pouvons alors le sortir de cette série. Tous les deux, de grandes dimensions, se répondent tels des acteurs de théâtre. Notre vieil homme donne sa bourse à la jeune femme. Ils peuvent aussi être pris pour des personnages de fables ou des Allégories, des personnifications de l’Été et de l’Hiver. La gravure de notre tableau se retrouve dans un ouvrage publié par son fils Giandomenico, Raccolta di Teste. Vraisemblablement pour intégrer l’œuvre de son père dans l’Histoire de l’Art, Giandomenico a, dès la mort de Giambattista, en 1770 et jusqu’en 1774, rassemblé une série d’estampes dans un ouvrage intitulé « Raccolta di Teste numero trenta dipinte Dal Sigr. Gio : Batta Tiepolo Pittore Veneto Al Serviggio di S : M : C : Morto in Madrid L’anno 1770 Incise da Gio : Domenico suo Figlio divise in due Libri » . Selon ce frontispice, Giandomenico rassemble dans deux livres soixante têtes gravées d’après les peintures, les dessins et les fresques de son père. En rassemblant ces Teste, Giandomenico suit la mouvance d’autres artistes qui publient des séries d’estampes représentant des Teste. En 1656, l’artiste allemand Johann Heinrich Schcnefeld publie 13 Varie Teste di Capricci. Giovanni Benedetto Castiglione publie entre 1600 et 1665 deux séries de têtes, Les petites têtes d’hommes coiffés à l’Orientale et Les grandes têtes d’hommes coiffés à l’Orientales . Dans une de ses lettres, l’écrivain italien Francesco Algarotti disait posséder une estampe de Castiglione que Tiepolo lui avait donnée. Giambattista Tiepolo est appelé à la Résidence princière de Würtzburg par le prince-évêque Greiffenclau pendant l’hiver 1750, juste un an après l’arrivée du nouveau prince-évêque Carl Philipp. En 1750, la Résidence est construite mais pas décorée. Johannes Zick réalise les décors de la Gartensaal. Mais Zick n’est pas du goût de Greiffenclau et celui-ci se tourne vers Giambattista Tiepolo qu’il appelle à ses côtés par une lettre du 29 mai 1750. Le chef du protocole de la cour de Würzburg Johann Christoph Spielberger l’écrit dans son journal le 1 3 décembre 1 750 « gestern ist der Venezianische Mahler Diepolo ankommen, hat mit sich gebracht seine 2 Schne und einen Dieener, ist am Hof in di Eckzimmer in Garten am Rennweg logirt und mit 5 Zimmern versehen worden ». Tiepolo, fier de travailler aux côtés de l’architecte très renommé Balthasar Neumann, est à 54 ans, au sommet de sa carrière. Il a décoré de fresques et fourni les tableaux des plus grands palais, villas et églises de la Vénétie. Rarement malade, jamais oisif, Giambattista Tiepolo est le plus grand peintre décorateur de l’Europe du XVIIIe siècle. il entreprend aussi facilement de grandes compositions à fresques que des tableaux d’autel, des petites toiles et des dessins. Né à Venise au printemps de 1696, il est très vite remarqué comme un génie. Il n’a que vingt ans lorsqu’il expose un tableau à San Rocco qui remporte un énorme succès et il est le « conservateur » des trésors artistiques du doge. C’est à Udine qu’il a pour la première fois l’occasion d’exécuter la décoration d’une salle entière. Appelé par l’archevêque d’Udine, de la noble famille vénitienne des Dolfin, en 1726, Tiepolo fournit les fresques pour les chapelles de la cathédrale puis les décors d’une galerie du palais archiépiscopal. En 1731, deux commandes importantes l’appellent à Milan : les plafonds du Palais Archinto, détruits en 1943 et L’Histoire de Scipion pour le Palais Casati-Dugnani. Il réalise ces deux commandes en un an. Il peint en même temps à Venise, à Bergame, à Vicence et pour les principautés allemandes. Il écrit qu’il travaille jour et nuit à en perdre haleine. En 1730, il doit décliner la commande du décor du Palais Royal de Stockholm. En 1737, il peint pour l’archevêque-électeur de Cologne, Clément Auguste, commanditaire de Piazzetta et de Pittoni, le tableau d’autel de l’église du couvent Notre Dame de Nymphenburg, Saint Clément pape adorant la Trinité (aujourd’hui à la Alte Pinakothek de Münich). En 1739, il exécute le retable du Martyre de saint Sebastien pour les Agostiniens de Diessen, près de Münich et reçoit en 1743 la commande du comte de Brühl au nom du prince-électeur de Dresde Auguste III, Mécène et les Arts (aujourd’hui au musée de l’Ermitage à Saint Petersbourg). Cette époque nous montre combien la renommée de Tiepolo s’étend au-delà de l’Italie du Nord. Greiffenclau appelle donc un artiste connu et renommé. A la fin de l’année 1750, appelé par Greiffenclau, il accepte de partir pour son premier voyage à l’étranger, à Würzburg. Avec l’aide de ses deux fils, Giandomenico et Lorenzo il part exécuter le décor de la Kaisersaal, un plafond et deux fresques murales. Un nouveau contrat signé en 1752 montre que Tiepolo accepte de rester plus longtemps à Würzburg pour réaliser une de ses œuvres majeures, la fresque du Treppenhaus. Ces années 1750 à Würzburg marquent la consécration européenne de la carrière de Tiepolo. L’immense tâche pour le prince-évêque est achevée en 1753 et en novembre de la même année, Tiepolo rentre à Venise. Il devient Président de l’Académie de Venise. Les commandes de décors religieux et profanes affluent de nouveau et Giandomenico et Lorenzo prennent de plus en plus de place dans leur exécution. En 1757, il reçoit la commande du décor complet de la Villa Valmarana près de Vicence ; en 1758, Tiepolo décore deux plafonds de Ca’Rezzonico à Venise. Il séjourne à Udine, à Vérone puis à Strà. Puis il est appelé à Madrid, en 1762 pour décorer les vastes salles d’un autre Palais Royal, celui du roi Charles III. Fatigué
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