Lot n° 73
Sélection Bibliorare

Hector BERLIOZ. L.A.S., 23 mai 1860, à Richard WAGNER, à Paris ; 3 pages in-8, enveloppe (timbre décollé).

Estimation : 4 000 / 5 000 €
Adjudication : 4 625 €
Description
► MAGNIFIQUE LETTRE À RICHARD WAGNER.

Il est heureux que ses articles sur Fidelio de BEETHOVEN lui aient plu. « Je les avais étudiés avec soin, mais sans espoir qu’ils fussent le moins du monde utiles. Je ne crois plus guères à l’éducation du public par la critique ; ou du moins je crois qu’un très long temps est nécessaire pour que la critique porte ses fruits. Je ne sais si vous avez encore des illusions, quant à moi je vois depuis bien des années les choses telles qu’elles sont… Vous êtes au moins plein d’ardeur, prêt à la lutte ; je ne suis moi prêt qu’à dormir et à mourir. Pourtant une espèce de joie fébrile m’agite encore un peu, si, quand je crie d’amour pour le beau, une voix me répond au loin et me fait entendre au travers des rumeurs vulgaires son salut approbateur et amical »…

La lettre de Wagner, reçue alors qu’il le croyait en Belgique, lui a fait du bien ; depuis qu’ils se sont vus il a été « bien malade, bien triste, bien tourmenté de mille manières… Pourquoi, en m’écrivant, me dites-vous : Cher maître, comme les gens cérémonieux ? Entre nous, cela ne va pas ».
La veille c’était l’anniversaire de la naissance de Wagner, et Berlioz sait les Allemands « très attentifs à l’arrivée de ces jours-là. Cela donne en effet l’occasion de manifester les doux sentimens de la famille, quand on en a une, et ceux de l’amitié, quand on a des amis. Eh bien, voyez comme je suis ; j’ai une famille, j’ai des amis excellens, et j’aurais trente jours de naissance dans l’année que personne ne s’aviserait d’en célébrer un seul, tant on sait que cela m’est désagréable…
Ne riez pas ; je suis si malade.

Adieu, bonjour, courage ; et ne me dites plus :
Cher Maître. Cela m’agace »…

Correspondance générale, t. VI, p. 155 (n° 2504).
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