Lot n° 7
Sélection Bibliorare

HEURES À L’USAGE DE COUTANCES. Paris, dernier quart du XVe siècle. Manuscrit sur parchemin de 120 ff. (206 x 148 mm) à 16 longues lignes par page (justif. 98 x 65) ; maroquin rouge, triple filet doré, fleurs de lis aux angles, armoiries au...

Estimation : 30000 / 40000
Adjudication : 20000 €
Description
centre, dos orné de fleurs de lis, coupes ornées, dentelle intérieure dorée, tranches dorées (Reliure du XVIIe siècle).
Précieux manuscrit calligraphié en brun et rouge, réglé à l’encre rose et orné de douze miniatures d’école parisienne dans des bordures d'acanthes, à pleine page, d'initiales champies et vignetées et de bouts-de-ligne en bleu, rose et or. # Contenu : Calendrier en français à l’usage de Coutances (ff. 1-12), avec les reliques de Coutances (f. 9v), salutations sur les cinq plaies de notre Seigneur (ff. 13-15), les cinq salutations de la Vierge (ff. 15v-16), office de la Vierge (ff. 17-34), mémoire de la Croix (ff. 35-36), office du Saint Esprit (ff. 37-54), péricope évangélique selon saint Jean (ff. 54v-56), psaumes pénitentiaux (ff. 57-74v), litanies des saints et oraisons (ff. 75-80), office des morts (ff. 81-107), suffrages (ff. 107v-120). # Miniatures : la Messe de saint Grégoire (f. 13) – Sainte Anne et la Vierge (f. 26) – la Crucifixion (f. 35) – le Saint-Esprit (f. 37) – la Nativité, où Joseph tient une chandelle (f. 38) – les Bergers (f. 43) – l’Adoration des Mages (f. 47) – la Présentation au Temple (f. 51) – la Fuite en Égypte (f. 55) – le Couronnement de la Vierge (f. 58) – le roi David (f. 65) – la résurrection de Lazare (f. 81). # Les charmantes miniatures de ce manuscrit peuvent être attribuées au Maître de Liénart Barronat. Cet artiste doit son nom aux Recherches sur le royaume de Naples, recueil constitué par Liénart Baronnat, conseiller du roi et maître des comptes après le 27 janvier 1491, qui remonte aux années 1492-1494 (Paris, BnF. Fr. 5742). C’est l’un des rares manuscrits ornés d’un frontispice de la main du peintre qui soient relativement bien situé dans l’histoire. Pour ces raisons, il servira d’ouvrage éponyme. # Des compositions et des détails vestimentaires s’inspirent du répertoire de Maître François. Certains éléments permettent de reconnaître le peintre. Un motif à clef pendante s’ajoute sur les cintres des scènes de l’Annonciation, de la Présentation au Temple et de David en prière. Les peintures sont délimitées par des colonnes colorées ou dorées. Le sol formé de bandes de terre rosée et d’herbe verte est jonché de petits cailloux. Les architectures sont peu nombreuses. Dans l’Annonce aux bergers, le paysage traité en aplat et stylisé est invariablement occupé par un troupeau de moutons compact et parfois par la vue d’une cité. Le visage incliné de la Vierge est construit sur un bel ovoïde. Le nez sans relief s’inscrit dans l’axe du visage et forme l’élément de la symétrie. Les chairs des personnages sont dégradées du blanc au marron, parfois modelées de gris. Les chevelures sont plaquées sur le crâne. La palette du Maître de Liénart Barronat se compose de vert, bleu, orangé, gris-mauve, rose ou bordeaux. Enfin, sur des couleurs lisses, le volume est donné par une ligne plus foncée et à l’occasion par des hachures d’or. # Précieux exemplaire relié en maroquin rouge aux armes de la Grande Mademoiselle. # Anne-Marie-Louise d'Orléans (1627-1693), dite la Grande Mademoiselle, était duchesse de Montpensier, dauphine d'Auvergne, comtesse d'Eu et de Mortain, princesse de Joinville et de Dombes. Fille de Gaston d'Orléans et de Marie de Bourbon, petite-fille d'Henri IV et cousine germaine de Louis XIV, elle représente dès sa naissance le plus riche parti d'Europe. Ambitieuse, elle caresse un temps l'espoir d'épouser son royal cousin, mais tous les mariages qu'elle envisage échouent. En 1651, elle soutient Condé lors de la Fronde et dut se retirer sur ses terres de Saint-Fargeau pour ne reparaître à la cour qu'en 1657. Elle s'éprit alors du marquis de Puyghillem, futur duc de Lauzun, qu'elle finit par épouser secrètement en 1657. À sa mort, la Grande Mademoiselle choisit comme légataire universel son cousin Philippe Ier d'Orléans (1640-1701), dit Monsieur, le fils cadet de Louis XIII, transférant ainsi avec de nombreux titres et biens le duché de Montpensier à la quatrième maison d'Orléans. # Sur les quatre-vingts livres de la Grande Mademoiselle cités par Quentin-Bauchard, plus de soixante se trouvent aujourd'hui dans les collections publiques, à Paris, à Compiègne et à Rouen pour la plupart. Celui-ci est demeuré inconnu à l'auteur des Femmes bibliophiles de France. Pour un autre ouvrage de cette séduisante provenance, voir le lot n°43. # Cote manuscrite ancienne sur l’un des derniers feuillets de garde : N°3040 L. 15. Cote imprimée au premier contreplat : 508. # Une fleur de lis a été frappée postérieurement aux angles des plats ; un coin refait. # Isabelle Delaunay, Échanges artistiques entre livres d’heures manuscrits et imprimés produits à Paris (vers 1480-1500), vol. 1, texte, thèse de doctorat sour la direction du Pr. F. Joubert, oct. 2000, pp. 275-288.
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