Lot n° 33
Sélection Bibliorare

[INCUNABLE]. Ars morie(n)di ex varijs scrupturaru(m) sententijs collectaru(m) figuris ad resistendu(m) in mortis agone dyabolice sugestioni vale(n)s cuilibet christifideli. utilis ac multum necessaria. [Leipzig : Konrad Kachelofen, vers 1495-1498]....

Estimation : 20 000 - 30 000 €
Adjudication : 21 484 €
Description
— In-4, 200 x 139 : (14 ff.) [sig. A6 B-C4].

Maroquin rouge, triple filet doré en encadrement sur les plats, dos à nerfs orné, double filet doré intérieur, tranches dorées (H. Fikentscher, Leipzig 1921).
Proctor, 2924. - BMC, III, 633.

► TRÈS RARE ÉDITION INCUNABLE DE L'ARS MORIENDI.

Véritable succès de la littérature de dévotion du Moyen Age, l'Ars moriendi (Art de bien mourir), a été largement diffusé sous forme manuscrite avant d'être imprimé à de nombreuses reprises aux XVe et XVIe siècles. Il doit beaucoup son succès aux extraordinaires illustrations dont il est orné.

C'est en Allemagne que l'Ars moriendi vit le jour, d'abord dans une version longue en 1415, intitulée Tractatus artis bene moriendi, commandée à un moine dominicain resté anonyme, vraisemblablement lors du concile de Constance, puis aux Pays-Bas dans une version abrégée en 1450. Dans le second chapitre du texte primitif sont décrites cinq tentations assaillant l'homme face à la mort en lui montrant également les moyens d'y résister. La version de 1450 constitue essentiellement l'adaptation de ce second chapitre.
C'est vraisemblablement dans le milieu des épigones de Rogier der Weyden qu'un prototype - aujourd'hui perdu - de l'illustration pour cet ouvrage est né. Il servit de modèle au Maître E.S. (vers 1420-vers 1468) et aux éditeurs des éditions tabellaires.

Une de ces séries de gravures a servi de référence aux graveurs ayant travaillé pour les éditeurs de Leipzig dans les années 1490, notamment Konrad Kachelofen qui donna 8 éditions du livre, à savoir 5 en latin et 3 en allemand, toutes non datées et devenues aujourd'hui d'une grande rareté. La particularité de ces éditions est que celles en latin, comme la nôtre, sont illustrées de 14 gravures à pleine page, alors que les éditions en allemand n'en comptent que 13.

L'exemplaire que nous proposons ici fait partie de l'une des 5 éditions latines donnée par Kachelofen à la fin du XVe siècle, proposant la version courte du texte. Elle est imprimée en caractères gothiques sur une colonne, et comprend entre 25 et 32 lignes de texte. Elle est ornée des 14 gravures requises, représentant respectivement la confession, non retenue dans les éditions en allemand, le mourant recevant le saint viatique, les 11 figures évoquant les 5 tentations diaboliques, les 5 inspirations angéliques et la bonne mort, et Saint Michel pesant les âmes.

Onze de ces bois ont été gravés d'après le Maître E.S., les trois autres sont de sources anonymes.

Bel exemplaire en reliure signée du début du XXe siècle, très bien conservé malgré le dos passé, de petites mouillures claires dans la marge supérieure et quelques salissures marginales.

─ Provenance :
• Gerhard Güttler, à Reichenstein (Silésie) et Berlin, avec sa marque de collection sur le feuillet de garde en regard du titre.
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