Lot n° 61
Sélection Bibliorare

JEAN MERMOZ (1901-1936) - Discours après sa première traversée de l’Atlantique sud : manuscrit autographe raturé et corrigé. [Rio de Janeiro, 26 mai 1930].3 p. sur 2 f. in-4 (26,9 x 20,9 cm) de papier à en-tête gravé du Palace Hôtel de...

Estimation : 20 000 / 30 000 €
Adjudication : Invendu
Description
Rio de Janeiro, encre noire.
BROUILLON DU TRÈS BEAU DISCOURS PRONONCÉ PAR MERMOZ APRÈS SA PREMIÈRE TRAVERSÉE DE L’ATLANTIQUE SUD, du 12 au 13 mai 1930, de Saint-Louis-du-Sénégal à Natal, à bord de l’hydravion Latécoère 28-3, Comte de la Vaulx :

« Je suis un peu ému et ma modestie ce soir est mise à une singulière épreuve. De plus mes talents oratoires inexistants me laissent tout à fait confus de ne pouvoir répondre comme je le désirerais aux affectueux compliments qu’a bien voulu m’adresser M. [l’]A[mbassadeur] de F[rance] et M. B[ouilloux] L[afont]. Ce que nous avons fait Dabry, Gimié et moi, d’autres le feront bientôt. Nous eûmes l’honneur d’être les premiers désignés pour mener à bien cette première tentative. Nous avons réussi et notre plus belle récompense fut la minute où déjà en vue de Natal, nous pensâmes en véritable équipage aéropostal que nous sommes, que le courrier de France était arrivé de Paris en deux jours et presque à l’horaire fixé… au but. Dans quelques jours, nous prendrons le chemin du retour avec le même enthousiasme et bientôt d’autres équipages sillonneront l’Atlantique pour transporter avec la même foi et ce même allant le courrier de France en Amérique et vice-versa.
Maintenant, ce que je dois dire avant tout, c’est que nous n’avons fait vraiment que parcourir une des étapes de la ligne qui unit Paris à B[uenos-]Aires. Une étape peut être un peu plus longue que les autres, mais jamais pour ma part, je n’ai eu l’impression de faire plus que lorsque j’effectuais un courrier sur B[uenos-]Aires - Rio de jour et de nuit par tous les temps. La ligne aéropostale est le résultat de l’effort, de l’initiative personnelle, dans tous les domaines. Le pilote aéropostal a le rôle le moins effacé, peut-être, mais le plus ardu qu’il soit et si on lui demande un effort physique exceptionnel, on n’a pas besoin d’exiger de lui l’esprit nécessaire qu’il faut pour faire arriver le courrier au but fixé dans le minimum de temps. Il l’a… il est en lui… ce mot magique le “courrier” suffit pour lui donner une volonté tenace, une énergie résolue, un esprit de sacrifice, qualités nécessaires pour renverser les multiples obstacles que l’on ne peut manquer de rencontrer sur les treize mille kilomètres qui séparent Paris de Santiago du Chili.
Et sous des aspects extérieurs divers, le pilote de ligne aéropostal a cet enthousiasme intérieur, cette foi sans cesse renouvelée, ce besoin de se surpasser physiquement et de s’élever moralement qui composent tout un idéal : celui de faire une lettre de Paris à Rio en deux jours et demi… de Paris à B[uenos-]Aires en trois jours et demi, de l’Atlantique nord au Pacifique en quatre jours ! […]
Et puisque plus particulièrement ce soir vous voulez bien fêter un pilote de l’Aéropostale, je désirerais que tous mes camarades le soient : Étienne qui fut mon vieux compagnon des bons et mauvais jours, pionnier de la ligne Sud-Américaine, qui avec près de 4 000 heures de vol aéropostal mérite les plus belles récompenses ; Reine et Ville, pilotes presque légendaires de la ligne de Casablanca-Dakar, venus en Amérique pour être de nouveau sur la brèche ; Guillaumet qui fait le bond hebdomadaire de la Cordillère des Andes et qui en est à sa quatre vingtième traversée… et tant d’autres. Il faudrait que je les nomme tous parce que nous sommes tous unis par cette même camaraderie de l’air dont Monsieur Bouilloux-Lafont a bien voulu faire l’apologie hier soir. […] »

On joint
• 2 transcriptions dactylographiées du discours sur papier pelure (ens. 6 f. in-4).

PROVENANCE :
• Vente anonyme à Paris, le 11 octobre 2008, lot M45.

BIBLIOGRAPHIE :
•J. Mermoz, Défricheur du ciel : correspondance, 1923-1936, 2001,
p. 319-322

Quelques légères pliures et taches.
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