Lot n° 38
Sélection Bibliorare

MANUSCRIT. — BREVIARIUM ECCLESIA ANDEGAVENSIS (Angers, XVe s., 2e moitié). Parchemin. A-E + 460 ff. non foliotés mesurant 172 x 130 mm, sur 2 colonnes de 30 lignes (120 x 39 mm par colonne).

Estimation : 15 000 - 20 000 €
Adjudication : 19 320 € Préemption
Description
Réglure à l’encre rouge.
Traces de piqûres.
Réclames.

Le corps de l’ouvrage est dû à plusieurs mains contemporaines, mais l’encrage est variable, donc plus ou moins noir. Le calendrier est d’une autre main, un peu plus ancienne. Les titres courants, et les additions sont de la seconde moitié du XVIe et du début du XVIIe s. —

Reliure basane brune, couture sur 5 nerfs doubles en peau mégissée passant sur le mors, chaînettes, tranchefiles brodées de fils verts et bruns chevronnés (cassées) ; traces de 2 fermoirs, lanières partant du plat supérieur (disparues), fixées à des tenons au milieu du plat inférieur (l’un a disparu).

Les plats sont ornés d’un quadruple encadrement, de filets d’abord, puis d’un petit fer (aigle à deux têtes) poussé à froid, de filets ensuite, et enfin d’un autre petit fer (agneau tenant une bannière) également poussé à froid ; au centre, filets verticaux. Le dos en partie dénudé permet de constater que ce manuscrit est dans sa reliure d’origine (fin XVe s.). Le premier plat est cassé et les deux tiers du dos manquent.

Composition. Un bifeuillet ajouté en tête + un feuillet(4+1) (f. A-E) ; 16 (f. 1-6) ; 28-218 (f. 7-166), 222 (f. 167-168), 236 (f. 169-174), 248-278 (f. 175-206), 287(8-1) le 2e fol. du cahier manque (f. 207-213), 298-318 (f. 214-237), 3210-3310 (f. 238-257), 348-588 (f. 258-449), 596 (f. 450-455), 5 ff. ajoutés (f. 456-460).

Nota. Un feuillet manquant impliquant une petite lacune : (Ps. 51, 3-5) Quid gloriaris in malacia qui potens es in iniquitate.
Tota die ininjusticiam cogitavit lingua tua sicut novacula accuta fecisti dolum. Dilexi // (lacune) // Feria quarta. Invit. In manu tua Domine omnes fines terre. Ps. Venite.

Décor. La lecture est facilitée par des rubriques, des initiales alternativement bleues et rouges. Les invitatoires, psaumes, lectures, capitules, antiennes, hymnes, répons, versets sont toujours en rouge. Quelques initiales ornées
(f. 1), légèrement filigranées, dont les centres sont décorés de motifs végétaux ou abstraits. Les initiales les plus soignées sont concentrées sur le psautier férial (f. 175, 206, 215, et 221v°). Titres courants (XVIe/XVIIe s.).

▬ Les ff. liminaires de tête.
(Verso de la garde sup., fin XVe s.) :
« Le segond jour de Janvier lan mil cccc.lx.ii ».
« Mansueti avertini. Appoloine. Katherine. Beati quintini martyris. »
(D’une autre main, XVIe s. :)
« Hoc Deus est quod imago docet / Sed non Deus ipsa.« Hanc recolas sed mente colas / Quod cernis in ipsa. »

Nota. Distique de Baudri de Bourgueil. Il est inscrit dans une mosaïque de la chapelle Saint-Clément, dans la basilique Saint-Marc de Venise. Il figurait jadis aussi dans l’église aujourd’hui disparue de Saint-Didier de Poitiers (Gaston DES, « Un visiteur inconnu du Poitou et de Poitiers en 1599 :
le Bâlois Thomas Platter », dans Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 4e série, t. XI, 1971-1972, p. 573).
In fide dente pede muliere
Esgni, canisque fraus est
Et in barba russa milla fides.

f. A-Bv° : Primo ante missam celebrandam sunt tria necessaria. Intencionis discucio, Generalis contrictio et pura confessio —
(f. Bv°) Sequitur indulgencie concesse a romanis pontificibus Urbano, Martino et Eugenio in die eucaristie.
f. C : BENEDICTIO VINI. Domine sancte Pater, omnipotens Deus, bene † dicere et sancti † care digneris hoc vii potulum tua sancta ac spirituali bene † dictione —
Dédicace de Notre-Dame de La Chaussée (Dans la marge inférieure, d’une autre main, datée de 1612) :
« Le troisiesme jour de novembre mil quattre centz trente et huict Le jour de sainct Clement fut faicte la dedication de l’eglise de Nostre Dame de La Chaussée par venerable en discrete et lesonne Maistre Jeslin Darby par la grace de Dieu evesque d’Angers ce que dessus reconnait sans fraude par Messire Pierre Esmeriau curé dudit lieu de La Chaussée en lan mil six centz douze. P. Esmeriau. »

Nota. Cette dédicace pose un problème, car nous ne connaissons pas d’évêque d’Angers répondant à ce nom.
f. Dv° :
SEQUUNTUR BENEDICTIONES. Benedictionem perpetuam tribuat nobis pr. Eternus. Amen.
SEQUUNTUR BENEDICTIONES BEATE MARIE VIRGINIS. Alma virgo virginum interecedat pro nobis ad Dominum. Amen.
SEQUUNTUR BENEDICTIONES SUPER EVVANGELICI. Evvangelica lectio : Sit nobis salus et protectio. Amen.

f. 7-449v° : BRÉVIAIRE À L’USAGE D’ANGERS.
f. 7-165v° : TEMPORAL.
f. 175-257v° : PSAUTIER FÉRIAL.
f. 258-275v° : HIC INCIPIT PARVUM COMMUNE SECUNDUM ECCLESIE ANDEGAVENSIS. [Evangélistes, apôtres, un martyr] — EXPLICIT PARVUM COMMUNE.
f. 276-449v° : SANCTORAL
f. 450-455 : IN FESTO VISITATIONIS BEATE MARIE VIRGINIS AD PRIMAS.
f. 456 : DE SANCTO SERENEDO.
f. 456v° (Add. XVIe s.) : DE SANCTO SALMONIO.

Provenance.
L’origine angevine de ce bréviaire ne fait aucun doute, les suffrages (f. 165v+-166v°), le calendrier (f. 169-174v°), les litanies (f. 254-255v°) et la liste des saints vénérés (notamment des évêques d’Angers) le montrent (voir le sanctoral).
Les notes portées par les feuillets liminaires sont intéressantes pour ce qu’elles nous apprennent des éventuels possesseurs, mais surtout elles dessinent le profil de personnalités ouvertes à la littérature et à l’évolution de la liturgie.
Il a peut-être appartenu à la fin du XVe s. à un certain Guillaume Rivière de la Haye (verso de la garde inf.) puis, à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle, à un prêtre nommé Pierre Emeriau, qui était curé de La Chaussée, dans la Vienne (f. D, 460v°, garde inf.).

♦ Ce manuscrit est un bréviaire.
La raison d’être des manuscrits de ce type est de donner aux ecclésiastiques les prières qu’ils doivent réciter chaque jour.
Par sa structure, temporal, sanctoral, commun des saints, il est possible d’en déduire son ancrage local (la vallée de la Loire avec la mention de saints tourangeaux [saint Martin et saint Gatien], et nantais [saint Claire et saint Similien]) et donc de le localiser avec une grande précision : nous sommes ici en présence d’un bréviaire d’Angers.
Toutes les fêtes angevines figurent dans ce manuscrit (voir le calendrier et le sanctoral), et la présence d’un fragment de la Vita sancti Maurilii dans les défets pourrait même suggérer qu’il y fut relié.

OR IL EXISTE FORT PEU DE BRÉVIAIRES D’ANGERS CONNUS DANS LES BIBLIOTHÈQUES FRANÇAISES.
Sont répertoriés :
─ Angers, BM 116 (108), un bréviaire de Saint-Aubin d’Angers pour l’été (fin XVe siècle) ;
─ Chartres, BM 561 (XVe siècle) ;
─ Marseille, BM 108 (Eb. 303. – R. 10°05. – 48497), un manuscrit très incomplet (XVe siècle) ;
─ Paris, BNF, lat. 1273 (2e moitié du XVe siècle) ;
─ Paris, Bibl. Saint-Geneviève, 2624-2625 (2e moitié du XVe siècle).

NOTRE BRÉVIAIRE APPARAÎT DONC COMME LE 4° BRÉVIAIRE D’ANGERS BIEN COMPLET CONNU À CE JOUR.

Le Breviarium Andegavensis a été imprimé à Paris en 1517 (cf. BOHATTA,
Bibliographie der Breviere, 1501-1850 [Leipzig, 1937], n° 1856, et
RENOUARD, Inventaire chronologique des éditions parisiennes du XVIe siècle, II : 1511-1520 [Paris, 1977], n° 1554.

Bibliographie. V. LEROQUAIS, Les bréviaires manuscrits des bibliothèques publiques de France, Paris, 1933.

MANUSCRIT RARE, DONT LE CONTENU EST (À UN FEUILLET PRÈS) BIEN COMPLET, ET DANS UN BON ÉTAT DE CONSERVATION (SI L’ON EXCEPTE LA RELIURE BRISÉE).

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