Sélection Bibliorare
[MANUSCRIT.– CONQUÊTE D’ALGER]. GAY de TARADEL. ► EXCEPTIONNEL DOCUMENT de première main sur les coulisses du débarquement d’Alger Ensemble de documents manuscrits relatifs à l’élaboration du débarquement d’Alger ; 9 vol. pet....
Estimation :
2 000 / 3 000 €
Adjudication :
Invendu
Description
In-folio, brochés en cahier unique,
1 vol. pet. In-folio, un cahier de 5 ff. pet. In-folio,
un cahier de 6 ff. In-4 et une lettre In-4.
Ensemble de documents ayant appartenu au Commandant Gay de Taradel, officier de marine, qui se composent comme suit :
• les journaux de bord qu'il tient alors qu'il est Capitaine du brick Le Faune, sur une période allant de 1826 à 1829,
• un minutier qui rassemble de nombreuses correspondances sous forme de brouillons et de copies, adressées à des destinataires variés et portant à la fois sur la gestion de sa vie privée et sur les événements et les fonctions propres à sa carrière, sur une période allant de 1827 à 1829,
• un cahier format In-4 de six feuillets de papier vergé contenant deux textes "signé[s] Duperré", datés du 10 mai 1830 et situés à Toulon, l'un intitulé instruction pour l'attaque et le mouillage de l'armée et le débarquement à l'ouest de Torre chica, l'autre 2e Plan d'attaque instruction pour [l'attaque] le mouillage de l'armée et le débarquement située sur la plage de Torre chica entre la tour et la pointe G, indiqué sur le plan avec des vents d'Est et de NE,
• un cahier de cinq feuillets format In-folio intitulé Rapport sur les moyens à employer pour opérer un débarquement à Alger, non daté ; un cahier format in duo intitulé Projet d'attaque contre Alger, non daté,
• une lettre autographe signée du commandant de La Bretonnière adressée au Capitaine Gay de Taradel, commandant le « briq » [brick] le Faune, datée du 22 décembre 1829, « devant Alger ».
Valdemar-Guillaume Botehrel, Comte de La Bretonnière (1775-1851) participa en tant que Lieutenant de vaisseau à la bataille de Trafalgar en 1805. Il est nommé contre-Amiral en 1829.
La confrontation de l’écriture des différents documents avec celle du minutier indique que tous ces documents (à l’exception de la lettre de La Bretonnière) sont de la main de Gay de Taradel.
Au delà de l'ordinaire de la vie des marins consigné par le Capitaine dans les journaux de bord - météo, caps suivis, escales et ravitaillements, incidents, consignes données à l'équipage, etc. – et des différents aspects de sa vie privée et professionnelle qui apparaissent dans le minutier - litige sur la vente d'un terrain à Tarradeau, rapports d'activité à ses supérieurs hiérarchiques, relations à propos du meurtre d'un de ses officiers par les membres d'un équipage américain lors d'une escale à Mahon, et même évocation d'une affaire sentimentale -, l'intérêt majeur de cet ensemble de documents porte sur la participation active du Capitaine Gay de Taradel aux préparatifs et à l'expédition de conquête dirigée contre la Régence d'Alger par le Gouvernement de Charles X en 1830.
Dans sa lettre, La Bretonnière s'adresse à son subordonné pour lui demander un rapport d'évaluation sur les modalités d'un débarquement à Alger. Ce projet mettrait fin à deux années d'un blocus maritime long, coûteux et sans résultat, destiné à éradiquer la piraterie des barbaresques et à obtenir du dey d'Alger, Hussein Pacha, réparation de l'insulte faite au consul de France Pierre Deval en avril 1827, en le giflant.
Gay de Taradel participe à ce blocus en tant que commandant du Faune, comme le rappelle l'intitulé "Campagne d'Alger" de ses journaux de bord. Cette expérience de terrain conduit Gay de Taradel a être consulté à plusieurs reprises par des commissions gouvernementales afin d'exposer ses vues sur la préparation d'un débarquement à Alger. Un autre officier, Dupetit-Thouars, est également sollicité. Tous les deux présentent les mêmes conclusions face aux réticences des amiraux et des opposants au projet : une attaque frontale est vouée à l'échec face aux nombreuses fortifications de la baie d'Alger, seul un débarquement minutieusement préparé et organisé, avec une force conséquente en vaisseaux, troupes et matériels de campagne et de siège, sur la presqu'île de Sidi Ferruch - désignée dans les documents sous le nom de « Torre Chica », du nom d'une tour construite par les espagnols, ou encore « Sidy el Farruch » - permettrait le succès de l'opération.
Les deux cahiers de feuillets In-folio apparaissent ainsi comme des brouillons qui reprennent les réflexions de Gay de Tarandel, et qui lui permettent de préparer un rapport en réponse à la lettre de son supérieur, le commandant La Bretonnière, nommé à la tête du blocus en 1828. Il faut donc les dater à partir de décembre 1829, en sachant que le 30 janvier 1830, Dupetit-Thouars et Gay de Taradel ont remis tous les deux un rapport à d'Haussez, ministre de la Marine et des Colonies, qui aboutissent aux mêmes conclusions favorables à un débarquement terrestre à Sidi Ferruch. Gay de Taradel revient sur les principales difficultés - fortifications nombreuses de la baie d'Alger, description d'un littoral marécageux, contraintes liées aux vents et aux tempêtes, la menace que représente la cavalerie du dey - qu'il illustre en rappelant l'échec sanglant d'une expédition espagnole de 1775, et l'échec du bombardement effectué par une escadre anglaise en 1824. L'expédition espagnole fait d'ailleurs l'objet d'un long exposé de trois pages dans le minutier sur les causes de cet échec, destiné à appeler l'attention de ses supérieurs sur les erreurs à ne pas répéter. En parallèle, il détaille très précisément le dispositif en hommes, bâtiments navals, vivres, logistique, organisation et déroulé des manœuvres pour l'opération complexe d'un débarquement, tout en garantissant sa couverture par les vaisseaux de guerre. Plusieurs calculs techniques lui permettent d'estimer le nombre total d'hommes nécessaires, leur répartition par embarcation, le nombre de voyages entre plage et escadre et le temps nécessaire pour débarquer troupes, chevaux et matériels, la quantité de vivres nécessaires à 30 000 hommes pour un mois de campagne, le nombre de vaisseaux nécessaires pour transporter ces vivres. D'autres détails encore sont pris en compte, comme le rôle des bateaux à vapeur pour couvrir le débarquement en canonnant les batteries ennemies ou pour venir en aide aux navires drossés sur la côte par le vent, également sur la manière de transporter puis débarquer les pièces d'artillerie.
Enfin le cahier In-4 semble être une copie de la main même de Gay de Taradel, certainement dans le but de conserver un double des instructions de l'Amiral Duperré, désigné commandant en chef de l'escadre navale pour l'expédition. Ces instructions donnent de nombreuses indications de navigation et de manœuvres, établissent les ordres de bataille des navires, les dispositions pour attaquer les défenses ennemies, pour communiquer, prévoir la sécurité et organiser le débarquement, en prenant en compte les vents, le sondage des fonds, le relief de la presqu'île de Sidi Ferruch pour régler les tirs croisés sans se gêner, l'emplacement des positions fortifiées ennemies. La date du 10 mai 1830 renvoie à la phase ultime des préparatifs de l'expédition. C'est en effet à cette date très précisément que se termine dans les ports de Marseille et Toulon l'embarquement du matériel et que s'apprête à commencer celui des troupes - qui dure du 11 au 18 mai.
Le corps expéditionnaire français débarquera sur la presqu’île de Sidi-Ferruch le 14 juin 1830.
Ces documents nous immergent dans les coulisses de la préparation de l'expédition de conquête d'Alger. Les brouillons et copies de la main de Taradel mettent en lumière les réflexions nombreuses, les observations, mais aussi l’élaboration d’arguments qu'il a fallu opposer aux tergiversations autour de cette guerre de conquête. Ils sont exceptionnels en ce qu'ils révèlent le caractère indéterminé et imprévu de la conquête d'un territoire appelé à devenir après de longues années de combats la colonie d'Algérie.
Renseignements complémentaires et détaillées établis par M. Benjamin Escudié disponibles sur demande.
Bibliographie sélective :
Georges Fleury, Comment l'Algérie devint française. 1830-1848, 2008.
Description par Barchou de Penhouen, Mémoires d'un officier d'État-major, Paris, 1835, p. 306.
Abel Hugo, France militaire : histoire des armées françaises de terre et de mer de 1792 à 1833, 1838.
Aristide Michel Perrot, La Conquête d'Alger : ou relation de la Campagne d'Afrique, 1830.
Alfred Nettement, Histoire de la conquête d'Alger, 1867.
Étienne Taillemite, Les Aspects maritimes de la conquête d'Alger, Conférence du 17 mars 1980, ACORAM-Paris
1 vol. pet. In-folio, un cahier de 5 ff. pet. In-folio,
un cahier de 6 ff. In-4 et une lettre In-4.
Ensemble de documents ayant appartenu au Commandant Gay de Taradel, officier de marine, qui se composent comme suit :
• les journaux de bord qu'il tient alors qu'il est Capitaine du brick Le Faune, sur une période allant de 1826 à 1829,
• un minutier qui rassemble de nombreuses correspondances sous forme de brouillons et de copies, adressées à des destinataires variés et portant à la fois sur la gestion de sa vie privée et sur les événements et les fonctions propres à sa carrière, sur une période allant de 1827 à 1829,
• un cahier format In-4 de six feuillets de papier vergé contenant deux textes "signé[s] Duperré", datés du 10 mai 1830 et situés à Toulon, l'un intitulé instruction pour l'attaque et le mouillage de l'armée et le débarquement à l'ouest de Torre chica, l'autre 2e Plan d'attaque instruction pour [l'attaque] le mouillage de l'armée et le débarquement située sur la plage de Torre chica entre la tour et la pointe G, indiqué sur le plan avec des vents d'Est et de NE,
• un cahier de cinq feuillets format In-folio intitulé Rapport sur les moyens à employer pour opérer un débarquement à Alger, non daté ; un cahier format in duo intitulé Projet d'attaque contre Alger, non daté,
• une lettre autographe signée du commandant de La Bretonnière adressée au Capitaine Gay de Taradel, commandant le « briq » [brick] le Faune, datée du 22 décembre 1829, « devant Alger ».
Valdemar-Guillaume Botehrel, Comte de La Bretonnière (1775-1851) participa en tant que Lieutenant de vaisseau à la bataille de Trafalgar en 1805. Il est nommé contre-Amiral en 1829.
La confrontation de l’écriture des différents documents avec celle du minutier indique que tous ces documents (à l’exception de la lettre de La Bretonnière) sont de la main de Gay de Taradel.
Au delà de l'ordinaire de la vie des marins consigné par le Capitaine dans les journaux de bord - météo, caps suivis, escales et ravitaillements, incidents, consignes données à l'équipage, etc. – et des différents aspects de sa vie privée et professionnelle qui apparaissent dans le minutier - litige sur la vente d'un terrain à Tarradeau, rapports d'activité à ses supérieurs hiérarchiques, relations à propos du meurtre d'un de ses officiers par les membres d'un équipage américain lors d'une escale à Mahon, et même évocation d'une affaire sentimentale -, l'intérêt majeur de cet ensemble de documents porte sur la participation active du Capitaine Gay de Taradel aux préparatifs et à l'expédition de conquête dirigée contre la Régence d'Alger par le Gouvernement de Charles X en 1830.
Dans sa lettre, La Bretonnière s'adresse à son subordonné pour lui demander un rapport d'évaluation sur les modalités d'un débarquement à Alger. Ce projet mettrait fin à deux années d'un blocus maritime long, coûteux et sans résultat, destiné à éradiquer la piraterie des barbaresques et à obtenir du dey d'Alger, Hussein Pacha, réparation de l'insulte faite au consul de France Pierre Deval en avril 1827, en le giflant.
Gay de Taradel participe à ce blocus en tant que commandant du Faune, comme le rappelle l'intitulé "Campagne d'Alger" de ses journaux de bord. Cette expérience de terrain conduit Gay de Taradel a être consulté à plusieurs reprises par des commissions gouvernementales afin d'exposer ses vues sur la préparation d'un débarquement à Alger. Un autre officier, Dupetit-Thouars, est également sollicité. Tous les deux présentent les mêmes conclusions face aux réticences des amiraux et des opposants au projet : une attaque frontale est vouée à l'échec face aux nombreuses fortifications de la baie d'Alger, seul un débarquement minutieusement préparé et organisé, avec une force conséquente en vaisseaux, troupes et matériels de campagne et de siège, sur la presqu'île de Sidi Ferruch - désignée dans les documents sous le nom de « Torre Chica », du nom d'une tour construite par les espagnols, ou encore « Sidy el Farruch » - permettrait le succès de l'opération.
Les deux cahiers de feuillets In-folio apparaissent ainsi comme des brouillons qui reprennent les réflexions de Gay de Tarandel, et qui lui permettent de préparer un rapport en réponse à la lettre de son supérieur, le commandant La Bretonnière, nommé à la tête du blocus en 1828. Il faut donc les dater à partir de décembre 1829, en sachant que le 30 janvier 1830, Dupetit-Thouars et Gay de Taradel ont remis tous les deux un rapport à d'Haussez, ministre de la Marine et des Colonies, qui aboutissent aux mêmes conclusions favorables à un débarquement terrestre à Sidi Ferruch. Gay de Taradel revient sur les principales difficultés - fortifications nombreuses de la baie d'Alger, description d'un littoral marécageux, contraintes liées aux vents et aux tempêtes, la menace que représente la cavalerie du dey - qu'il illustre en rappelant l'échec sanglant d'une expédition espagnole de 1775, et l'échec du bombardement effectué par une escadre anglaise en 1824. L'expédition espagnole fait d'ailleurs l'objet d'un long exposé de trois pages dans le minutier sur les causes de cet échec, destiné à appeler l'attention de ses supérieurs sur les erreurs à ne pas répéter. En parallèle, il détaille très précisément le dispositif en hommes, bâtiments navals, vivres, logistique, organisation et déroulé des manœuvres pour l'opération complexe d'un débarquement, tout en garantissant sa couverture par les vaisseaux de guerre. Plusieurs calculs techniques lui permettent d'estimer le nombre total d'hommes nécessaires, leur répartition par embarcation, le nombre de voyages entre plage et escadre et le temps nécessaire pour débarquer troupes, chevaux et matériels, la quantité de vivres nécessaires à 30 000 hommes pour un mois de campagne, le nombre de vaisseaux nécessaires pour transporter ces vivres. D'autres détails encore sont pris en compte, comme le rôle des bateaux à vapeur pour couvrir le débarquement en canonnant les batteries ennemies ou pour venir en aide aux navires drossés sur la côte par le vent, également sur la manière de transporter puis débarquer les pièces d'artillerie.
Enfin le cahier In-4 semble être une copie de la main même de Gay de Taradel, certainement dans le but de conserver un double des instructions de l'Amiral Duperré, désigné commandant en chef de l'escadre navale pour l'expédition. Ces instructions donnent de nombreuses indications de navigation et de manœuvres, établissent les ordres de bataille des navires, les dispositions pour attaquer les défenses ennemies, pour communiquer, prévoir la sécurité et organiser le débarquement, en prenant en compte les vents, le sondage des fonds, le relief de la presqu'île de Sidi Ferruch pour régler les tirs croisés sans se gêner, l'emplacement des positions fortifiées ennemies. La date du 10 mai 1830 renvoie à la phase ultime des préparatifs de l'expédition. C'est en effet à cette date très précisément que se termine dans les ports de Marseille et Toulon l'embarquement du matériel et que s'apprête à commencer celui des troupes - qui dure du 11 au 18 mai.
Le corps expéditionnaire français débarquera sur la presqu’île de Sidi-Ferruch le 14 juin 1830.
Ces documents nous immergent dans les coulisses de la préparation de l'expédition de conquête d'Alger. Les brouillons et copies de la main de Taradel mettent en lumière les réflexions nombreuses, les observations, mais aussi l’élaboration d’arguments qu'il a fallu opposer aux tergiversations autour de cette guerre de conquête. Ils sont exceptionnels en ce qu'ils révèlent le caractère indéterminé et imprévu de la conquête d'un territoire appelé à devenir après de longues années de combats la colonie d'Algérie.
Renseignements complémentaires et détaillées établis par M. Benjamin Escudié disponibles sur demande.
Bibliographie sélective :
Georges Fleury, Comment l'Algérie devint française. 1830-1848, 2008.
Description par Barchou de Penhouen, Mémoires d'un officier d'État-major, Paris, 1835, p. 306.
Abel Hugo, France militaire : histoire des armées françaises de terre et de mer de 1792 à 1833, 1838.
Aristide Michel Perrot, La Conquête d'Alger : ou relation de la Campagne d'Afrique, 1830.
Alfred Nettement, Histoire de la conquête d'Alger, 1867.
Étienne Taillemite, Les Aspects maritimes de la conquête d'Alger, Conférence du 17 mars 1980, ACORAM-Paris
