Lot n° 207
Sélection Bibliorare

[Manuscrit] - Grasset De Saint-Sauveur, Jacques - L’Américain, voyageur à pied ou Voyages à pied fait dans la Lorraine, l’Alsace, et les Vosges, & la Franche Comté. Par Mr. J. Grasset de St Sauveur ci-devant Vice-Consul de Fr. en Hongrie. S. l.,

Estimation : 12 000
Adjudication : Invendu
Description
c. 1785. In-4, 13 aquarelles originales dont le frontispice, 171 pp., les pages 29 à 40, contenant “Mémoire pour l’établissement d’une société de voyageurs à pied” ont été découpées, plein maroquin vert de l’époque, dos lisse orné, p. de t. de mar. rouge, triple fil. dor. sur les plats, tranches dor., coins émoussés, qqs. petites épid. Manuscrit autographe en grande partie inédit de Grasset de Saint Sauveur (Montréal 1757 - Paris 1810). Diplomate en Hongrie, homme de lettres (parfois en collaboration avec Sylvain Maréchal), dessinateur et aquafortiste, est surtout connu pour ses publications relatives aux moeurs et costumes de peuples européens ou exotiques qu’il aabondamment illustré de planches en couleurs de sa composition. Elles résultent en partie de ses propres voyages. Unique manuscrit autographe connu. On ne connaît de sa main qu’une lettre adressée de Strasbourg le 25 Mars 1785 à Vergennes Ministres des Affaires étrangères. Il avingt-sept ans et sollicite des subsides pour une vaste enquête sur les peuples. Il dit qu’il “est occupé à rédiger les observations que j’ai faites sur les villes principales de la Lorraine et de l’Alsace. Sitôt que j’aurai achevé de terminer la retouche de mes dessins, j’enverrai le tout à Paris pour commencer les premières livraisons : ce ne sera pas long.” Vergennes ne répondit pas favorablement et c’est peut-être à cause de cela que le manuscrit resta inédit. Grasset cependant reprit quelques passages sur l’Alsace et les Vosges dans son Encyclopédie des Voyages (Paris, Deroy, 1796). Une des aquarelles, Paysans de Housberg, présente une analogie certaine avec une des gravures de l’ouvrage, Homme et femme de Housberg près Strasbourg. Il utilise tout comme dans sa lettre à Vergennes, le symbole maçonnique de trois points accolés à une barre (ff. 2 et 3). Les 13 aquarelles originales de l’auteur dessinées et coloriées sur les lieux, (14 initialement selon la table des planches), comprennent un frontispice, un très amusant portrait en pied de l’auteur : habillement de l’Américain dans ses voyages, fille Strasbourgeoise allant à la procession, fille Strasbourgeoise, femmes mariées, paysan et paysanne des environs de Kehl, le pont de Kehl, paysan et paysanne de Housberg, paysannes des Schilichaim, et de Wolsheim, pâtres Vosgiens, femmes Vosgiennes, chef de famille & cabane des Vosgiens., position du lieu où l’auteur manque d’être assassiné. Le voyage au départ de Paris en 1785, commence par un véritable manifeste en faveur des voyages et l’art de voyager. “L’Américain voyageur se permettra toutefois sans la réserve qu’il lui convient de proposer ses idées avec la rapidité qu’elles se présenteraient à son esprit… Malheur au paysagiste paresseux qui reste dans son atelier, qui néglige de consulter la nation, et qui ne copie que des copies. Il faut être sur les lieux, ou en présence des objets pour bien les observer.” Il cite Jean-Jacques et L’Émile, (son voyageur Américain est né chez les bons sauvages au Canada) mais se défend de répondre à une mode nouvelle et propose l’établissement d’une société de Voyageurs à Pied. L’itinéraire suivi passe par Meaux, Château-Thierry, Dormans, Epernay, Chalons sur Marne, Verdun, Metz, Nancy, Lunéville, Saverne, Strasbourg, le pont du Rhin ou de Kehl, décrit l’Alsace en général, les mœurs, les coutumes des habitants des Vosges, Colmar, Belfort, Montbéliard, Besançon. (V. Bernard Andrès : Jacques Grasset de Saint-Sauveur (1757-1810) aventurier du livre et de l’estampe. Les Cahiers des Dix, n° 56 (2002) et n° 57 (2003).
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