Lot n° 198
Sélection Bibliorare

[MANUSCRIT]. [HEURES SELON L’USAGE DE PARIS]. [Paris, vers 1470-1480]. Parchemin. In-8, basane marron sur ais, plats estampés à froid avec un fer répété formant un large encadrement, le même fer repris et répété dans les milieux, dos à...

Estimation : 25 000 - 30 000 €
Description
5 nerfs avec liens de cuir tressés sur les coiffes, tranches dorées (reliure pastiche moderne).

Manuscrit sur parchemin –
Texte en latin et en français -
193 feuillets de 168 x 118 mm, rédigés ou enluminés recto verso (sauf pour les f. 51v, 63v, 74r, 89v, 192r et 193rv) –
Justification pour le calendrier 10,9 x 72 mm et pour le reste du volume 91 x 53 mm –
Réglure à l’encre rouge –
17 lignes pour le calendrier et 15 longues lignes pour le texte.

La reliure est trop serrée pour autoriser un décompte précis des cahiers mais le manuscrit apparaît bien complet.

─ Composition :
f. 1-12v : Calendrier complet, en français, à l’usage de Paris.
f. 13r-18v : Les Évangélistes.
f. 18v-26v : Prières à la Vierge (Obsecro te– O intemerata).
f. 27r-95v : Heures de la Vierge selon l’usage de Paris (matines, laudes, prime, tierce, sexte, none, vêpres, complie).
f. 96r-113v : Psaumes de la pénitence, avec litanies.
f. 114r-117r : Heures de la Croix.
f. 117v-120v : Heures du Saint Esprit.
f. 121r-166r : Office des morts selon l’usage de Paris.
f. 166v-175r : Prières à la Vierge en français.
f. 175v-182r : Prières à la Vierge en latin.
f. 182r-192v : Suffrages.

─ La liturgie
Elle est parisienne. Le calendrier, bien complet, ne laisse percevoir aucune singularité. Les Heures de la Vierge, les Litanies et L’Office des morts sont selon l’usage de Paris.

─ La décoration.
Elle repose sur 3 éléments : des grandes peintures, des bordures entourant ces grandes peintures ou ornant la partie extérieure de chaque feuillet de texte et des initiales ornées.
Les grandes peintures sont au nombre de 15 et sont l’œuvre d’un seul artiste dont le programme iconographique est assez classique. Les 12 premières peintures introduisent les 8 sections des Heures de la Vierge, les Psaumes de la pénitence, les Heures du Saint-Esprit, les Heures de la Croix et l’Office des morts : L’Annonciation (f. 27r), La Visitation (f. 52r), La Nativité (f. 64r), L’Annonce aux bergers (f. 69v), L’Adoration des mages (f. 74v), La Présentation au temple (f. 78v), La Fuite en Égypte (f. 82v), Le Couronnement de la Vierge (f. 90r), David en prière (f. 96r), La Crucifixion (f. 114r), La Pentecôte (f. 117v), L’Office des morts (f. 121r).
Les trois dernières peintures sont moins classiques. Elle représentent une Vierge allaitant, une Pietà et le Jugement dernier.
• La Vierge allaitant (f. 166v) introduit une section de prières à la Vierge en langue française. Elle est vue de face, couronnée et nimbée, et allaite, assise sur un trône en bois, dans un décor architectural. Elle est entourée de quatre anges dont deux jouent de la musique.
• La Pietà (f. 175v) introduit une section de prières en langue latine. Un espace sous la peinture avait été prévu pour porter le début du texte, mais celui-ci est resté vierge et l’oraison commence au recto du feuillet suivant. La Vierge tient le Christ sur ses genoux avec, à sa droite, saint Jean et Marie-Madeleine nimbés et agenouillés. Sur sa gauche, également agenouillée, se tient une femme vêtue d’une robe rose, coiffée de noir, qui tient entre ses mains un phylactère. Elle aurait pu être la destinataire du manuscrit si les prières à la Vierge n’avaient été écrites à l’intention d’un homme.
• Le Jugement dernier enfin (f. 192v) clôt le manuscrit. Le Christ en majesté, vêtu d’une robe rouge, trône dans le ciel, entouré de deux anges sonnant de la trompe. Au-dessus, deux élus, une femme et un homme, agenouillés et nimbés. Au niveau du sol, l’archange saint Michel, ailé, en armure, brandit une épée sur des hommes nus émergeant de leurs tombes, les précipitant ainsi dans la gueule enflammée d’un monstre.

L’artiste se distingue par le regard « abaissé » de ses personnages, par une gestuelle convenue et par une prédilection pour les scènes d’extérieur, en paysage naturel. Il a une belle aptitude au traitement des vêtements dont les plis sont parfois soulignés de très fines hachures à l’or. Les décors extérieurs sont assez stylisés avec le feuillage des arbres très arrondis et des rochers gris abrupts qui viennent ponctuer les paysages fuyants.

Sa palette repose surtout sur le beau bleu de la robe de la Vierge, un rouge et un rose de qualité et des verts assez tendres.

Trois de ces peintures sont une peu écaillées (Le Couronnement de la Vierge (f. 90r), La Pietà (f. 175v) et Le Jugement dernier (f. 192v)).

Ces grandes peintures sont placées dans des encadrements formés d’un large listel droit à l’or avec fleurettes rouges et bleues.

Ces encadrements sont entourées de bordures qui sont traitées avec la plus grande délicatesse : elles sont constituées de rinceaux terminés par des petites feuilles d’or bruni. De petites fleurs et feuilles vertes, rouges ou bleues viennent rehausser l’ornementation. Les angles sont soulignés par de larges feuilles d’acanthe d’or bruni et bleues.

Ces mêmes bordures viennent orner les feuillets de texte sur la partie extérieure mais sans les feuilles d’acanthe.

Les principales sections du manuscrit sont introduites par de grandes initiales bleues ou roses, rehaussées de blanc, dont la panse est garnie de rinceaux portant des fleurettes bleues et rouges sur un fond à l’or bruni.

Les initiales de tailles moyenne et petite qui marquent le début des psaumes et des versets sont à l’or sur un fond rose et bleu filigrané de blanc.
Le reste de la décoration consiste en rubriques et bouts de ligne bleues et rouges filigranés de blanc.

─ Provenance.
Ce manuscrit a été exécuté à Paris vers 1470-1480.
Il est dépourvu de toute marque de possession et de toute annotation.
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