Lot n° 254
Sélection Bibliorare

Manuscrit. — Heures Selon L’usage De Rome (Paris, Vers 1520).

Estimation : 20 000/30 000
Adjudication : 35 000 €
Description
Parchemin. 158 ff., 57 x 39 mm (justification 38 x 28 mm). 19 longues lignes par page (calendrier y compris). Réglure d’une encre rousse. Composition. Un bifeuillet papier, dont le premier fol. est la contregarde sup. ; 158 ff. en parchemin (f. 1-3v° : blancs à l’origine, portent des mentions d’appartenance ; f. 14v°-15v°, 76r°v°, 84v° et 151v°-158v° : blancs) ; un bifeuillet papier, dont les 2 premiers fol. sont chiffrés « 159 » et « 160 », et le dernier constitue la contregarde inf. - F. 158 est amputé de son tiers sup. Veau fauve, filets, motif central avec attributs de la Passion, dos orné, tranches dorées (Reliure moderne). Texte. f. 4-14 : Calendrier discontinu. f. 16-24 : Les évangiles. f. 24 : S’ensuit l’oraison de sainct Charlemaigne. Oratio. Domine Iesu Christe, pastor bone conserva iustos, parce peccatoribus, requiem dona cunctis defunctis fidelibus nunc et in hora mortis semper et ubicumque nobis esto propicius. Amen. Nota. Loraison charlemaigne se trouve couramment dans les livres d’heures parisiens imprimés dès les années 1490. f. 25-75v° : Heures de la Vierge, selon l’usage de Rome. f. 77-80 : Heures de la Croix. f. 80v-84 : Heures du Saint-Esprit. f. 85-103 : Psaumes de la pénitence, avec litanies (f. 95v°-100). f. 103-139 : Ad vesperas mortuorum : Office des morts, selon l’usage de Rome. f. 139v-151 : Suffrages. Nota. Aucun élément ne permet de localiser ce manuscrit. On cherchera en vain quelque indication utilisable dans le calendrier, les litanies, et les suffrages. Décoration. Ces heures sont dotées d’une décoration étonnamment riche pour un manuscrit aussi petit. Elles comprennent 32 peintures : 14 miniatures en pleine page et 18 petites (15 x 15 mm). Apparemment, le programme iconographique développé est ici sans surprise (on notera toutefois que La Visitation est seulement l’objet d’une petite peinture), mais deux miniatures se distinguent par leur rareté dans les manuscrits de ce type : Le Jardin des Oliviers et Adam et Ève tentés par le serpent. Remarquable est l’association de cette dernière avec une Annonciation (f. 24v°-25). Le thème des grandes peintures est le suivant : Les peintures à pleine page sont inscrites dans un encadrement architectural doré de type Renaissance englobant la plupart du temps les premières lignes du texte (de 2 à 6 lignes). Fait exceptionnel, l’une d’elles (L’Annonce aux bergers) englobe les deux dernières lignes de l’heure précédente, si bien que la peinture se trouve encadrée de texte ; en revanche, aucun texte ne figure sur les peintures d’Adam et Ève, du Couronnement de la Vierge et de David. Rares sont les scènes d’intérieur (La Présentation au Temple et la Pentecôte). Hormis le Couronnement de la Vierge, scène nimbée dans un nuage bleu ciel, les scènes sont inscrites dans des paysages lointains qui peuvent être vraiment beaux (Saint Jean à Patmos et la rivière qui serpente entre des montagnes surmontées de puissantes murailles, David agenouillé à l’entrée de son palais, une ville lointaine barrant la perspective, etc.). Autant de traits qui donnent à ces minuscules peintures une étonnante respiration. Le premier plan est toujours occupé par les personnages, aux visages calmes et recueillis. Les habits sont le plus souvent blancs et les plis sont soulignés d’un trait de couleur pâle. Le traitement des petites peintures est uniforme. Son auteur se concentre sur le haut du corps de son sujet, et l’accompagne de son symbole. La précision du « récit » qu’implique le thème développé est parfois d’une précision d’autant plus stupéfiante que la dimension de l’illustration est réduite. La petite image de saint Roch (f. 145v°) l’illustre fort bien : dans une forêt, le saint est réconforté par un ange et ravitaillé par un chien. On reconnaît saint Roch († 1379) au bâton qu’il tient à la main, à son chapeau à larges bords et à sa cape de pèlerin dont il relève un pan pour faire voir la plaie qu’il a à la jambe. Un ange et un chien se tiennent à ses côtés, car Roch, atteint de la peste, s’était retiré dans une forêt pour ne pas infecter les autres ; seul un chien venait le nourrir en lui apportant chaque jour un pain dérobé : c’est pourquoi saint Roch est représenté avec son chien (saint Roquet, d’où le terme de « roquet » pour désigner un chien). Il a été à Paris l’objet d’une fête solennelle et une église lui est dédiée (XVII e s.). 1) Saint Jean à Patmos (f. 16) : In illo tempore erat Verbum (Io 1,1). 2) Le Jardin des Oliviers (f. 22) : In illo tempore apprehendit Pilatus Iesum et flagellavit eum (Io, 19,1). 3) Adam et Ève tentés par le serpent à tête de femme au buste dévoilé (f. 24v°). 4) L’Annonciation (f. 25). 5) La Nativité (f. 43). 6) L’Annonce aux bergers (f. 47). 7) L’Adoration des mages (f. 50v°). 8) La Présentation au temple (f. 54). 9) La Fuite en Égypte (f. 57v°). 10) Le Couronnement de la Vierge (f. 64). 11) La Crucifixion (f. 77). 12) La Pentecôte (f. 81). 13) David priant (f. 85). 14) Job, sur son fumier, est visité par sa femme et ses amis (f. 103v°). Des initiales, de taille variable selon leurs fonctions, complètent l’ornementation de ce manuscrit ; elles sont peintes à l’or sur des fonds alternativement bleus et lie-de-vin. Le reste de la décoration consiste en bouts de ligne et rubriques. Provenance. La liturgie - romaine - ne permet pas de localiser l’origine de ce manuscrit. Deux indices pourraient nous inciter à voir une origine tourangelle : la présence de saint Roch au suffrage et Saint-Martin-le-Beau cité dans une marque d’appartenance, soit deux communes des environs de Tours, distantes de moins de trente kilomètres l’une de l’autre. Mais le caractère de la peinture semble bien parisien. « Ce petit livre apartien à moi François Le Faivre, de Sen-Martin Le Beau [Saint-Martin-le-Beau, Indre-et-Loire] » (f. 1, XVI « Je pris ceus ou cel qui le trouveron de me remet avant les (mot effacé), je lui serai aubligé » (f. 2, XVI e s.). « Marchand, prêtre. — 1813 » (f. 3). « René // Saicher » (plats de la reliure, en lettres d’or). Georges Moreau (1934, n°13). Bibliographie. Catalogue de la bibliothèque de M. Georges Moreau, ancien associé de la Librairie Larousse, vente [Paris, Hôtel Drouot] les 10, 11, 12, 13 décembre 1934, E. Giard, comm.-pris., G. Andrieux, expert. Paris, 1934, n°13. DE DIMENSIONS INFÉRIEURES À CELLES DES TRÈS PETITES HEURES D’ANNE DE BRETAGNE, CE LIVRE DHEURES ÀLUSAGE DE ROME EST SÛREMENT UN DES PLUS PETITS MANUSCRITS EXISTANTS, même compte tenu du fait que le volume a été quelque peu rogné à la reliure, certains encadrements étant légérement atteints. UN BEAU MANUSCRIT, BIEN COMPLET, EXCEPTIONNEL PAR SES DIMENSIONS, DANS UN BON ÉTAT DE CONSERVATION. 1) Luc écrivant (f. 18). 2) Matthieu écrivant (f. 19). 3) Marc écrivant (f. 20v°). 4) La Visitation (f. 34). 5) La Trinité (f. 139v°). 6) Saint Michel (f. 142). 7) Saint Jean-Baptiste (f. 142v°). 8) Saint Jean l’Evangéliste (f. 143). 9) Saint Pierre et saint Paul (f. 143v°). 10) Saint Jacques le Majeur (f. 144v°). 11) Saint Nicolas (f. 145). 12) Saint Roch (f. 145v°). 13) Saint Antoine, ermite (f. 146v°). 14) Sainte Anne (f. 147). 15) Sainte Marie-Madeleine (f. 148). 16) Sainte Catherine (f. 148v°). 17) Sainte Barbe (f. 149v°). 18) Sainte Marguerite (f. 130v°).
Partager