Lot n° 110
Sélection Bibliorare

Max JACOB. 4 L.A.S., 1935-1940, à Pierre-Jean Jouve ; 5 pages in-4, enveloppes.

Estimation : 3000 / 4000
Adjudication : 3 500 €
Description
Très belle correspondance amicale, littéraire et religieuse. [Paris] 20 octobre 35. Lors de la parution de Scène capitale : « Vous êtes, à une époque de reportage en 300 pages et d’autobiographies tout de même trop faciles, de ceux qui ont compris qu’il faut aux œuvres un piédestal de pensées : Saturne a un anneau. Vous êtes de ceux qui ont compris que l’occultisme et la Ste Religion agrandissent un livre quand on ne leur permet pas de se montrer. Laissons l’amour de Dieu à nos poèmes et cachons le sous notre prose : c’est une façon de le respecter que de le chanter ou de le taire. Je suis trop mauvais critique pour analyser vos qualités de conteur, d’écrivain et de penseur, mais les artistes aiment à être compris et il y a tout un soubassement à ces deux contes qui m’a frappé. Le titre, les titres du livre ! »… [Quimper 5 novembre 1935]. Poème autographe signé, Paulina et moi, dédié « à Pierre Jean Jouve : merci ! », inspiré par Paulina 1880 (20 vers) : « La Beauté naquit du pied d’un dieu sur votre tête. Éloigné par les eaux saintes où je fais mon ablution Je suis banni de la bouche que je désire »... Il ajoute : « N.B. Vénus n’échappa au démon Typhon que montée sur deux poissons or nous savons que le Poisson c’est ce qui sort de l’eau-matière, c’est-à-dire l’Esprit ». St Benoît sur Loire 4 juillet 39. Il le remercie pour l’envoi de son poème : « J’y ai retrouvé la pensée de Jouve, qui donne la matière à tout ce qu’il écrit. J’y ai découvert un Jouve agrandi jusqu’à la splendeur. Si l’on a raison de parler d’un Renouveau de la poésie il faudra qu’on compte cette résurrection comme une 1ère pierre de cette Jérusalem nouvelle : la Nouvelle Poésie »… St Benoît sur Loire 15 avril 1940. « Votre art est un miracle de concentration. Il a la grandeur que donnent l’austérité et la solitude, dirais-je, s’il n’avait sa part de belle dorure (le mot dorure est impropre). Il semble que vous mettiez la plus exquise délicatesse au service de cette austérité cette délicatesse surveillée, contrôlée, qui a diminué tant de talents des cinquante années passées vient chez vous donner des charmes à la grandeur austère et de l’originalité aux thèmes que vous avez la splendide audace d’aborder après tant de siècles. Je suis un piètre critique et me bornerai donc à répéter le mot de Caïphe : “Êtes-vous celui qui doit venir et que nous attendons ?” Je veux dire : le grand poète de notre époque de guerres et de catastrophes ? »…
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