Lot n° 27
Sélection Bibliorare

Michel DÉON (1919-2016). 18 L.A.S., 1965-1995, à Ginette Guitard-Auviste (la première à Jacques Chardonne, 4 à Me Louis Guitard) ; 24 pages formats divers, la plupart à en-tête, enveloppes. Belle correspondance littéraire à la critique...

Estimation : 700 / 800
Description
littéraire, dans le souvenir de Chardonne. Fontainebleau 28 novembre 1965, à Jacques Chardonne : l’article de Ginette Guitard-Auviste sur Le Rendez-vous de Patmos est remarquable : « On voudrait écrire des livres pour avoir, de temps à autre, un article de cette profondeur, de cette perspicacité, de ce goût »… Chardonne a transmis la lettre, avec une note autographe. 28 novembre, remerciant de l’article : « Vous avez dit l’essentiel, et admirablement. Après cela, il n’y a plus qu’à tirer l’échelle »… Funchal 11 février 1969, sur le projet de Pierre Sipriot de faire une adaptation de L’Épithalame de Chardonne ; Camille Belguise préférerait Claire… Spetsai 2 août 1969, il serait heureux d’entendre l’enregistrement de Claire : « Oui, j’aimerais bien l’entendre. Autrefois je faisais cela aussi sur magnétophone, mais l’éloignement finit par détacher de toute curiosité »… Gort 25 novembre 1970, sur Les Poneys sauvages : « On ne connaît jamais le livre qu’on a écrit et sur une aussi longue distance un auteur n’est plus sûr de rien. […] Comme je considère que vous êtes en plus un des deux ou trois critiques qui savent pénétrer jusqu’au cœur d’un roman, me voilà plus qu’heureux »… En post-scriptum : « La mort de De Gaulle ne m’a fait ni chaud, ni froid. Il y a trop longtemps que je le considérais comme une charogne pour m’étonner qu’il en soit maintenant vraiment »… Kilcolgan 21 novembre 1971. Il a lu avec émotion le premier cahier Jacques Chardonne. « C’est une grande joie d’entendre parler de lui et de sauver de l’oubli des articles comme celui de Vialatte. J’espère que vous pourrez continuer en attendant que nous ayions toute sa correspondance. Merci aussi de l’envoi du Morand dans la Bibliothèque idéale, un livre très précieux, indispensable »… Spetsai 20 juin 1972. Il espère que ça n’ennuie pas trop son amie, « de disposer de mon vote »… Tynagh 15 novembre 1978 : « Il faut aussi que je m’accroche à ma table et travaille. Une nécessité en ce moment où je serai plutôt tenté de vagabonder en attendant l’épreuve de février » [sa réception à l’Académie française, le 22 février 1979]… Paris 27 février 1983. « J’ai été content de vous voir l’autre jour dans ce brouhaha plutôt gentil et sympathique »… Tylnagh 24 août 1984. Il se plaint du prix Chardonne, et de tous les jurys dans lesquels il s’est laissé attirer : « je ne vais plus à Monaco. Le Kléber Haedens qu’il fallait porter à bout de bras me lasse. Je garde Larbaud et Léautaud. C’est déjà beaucoup si l’on pense que je fais partie de presque toutes les commissions de l’académie […]. J’aimerais avant qu’il ne soit trop tard vivre au milieu de mes Chardonne, de mes Morand, de Stendhal, de Giono. Il y a un moment de la vie où il faut savoir être un égoïste vieillard qui ne pense qu’à son plaisir »… 10 décembre 1984. Vive recommandation de L’Europe russe, annoncée par Dostoïevski de Paul Morand – « époustouflant ! » – et d’Attitudes et profondeurs illustré par J.-P. Rémon : « Morand reste bien vivant alors que je vois, avec tristesse, s’achever l’année du centenaire Chardonne. Malgré votre livre, l’exposition de la B.N., quelques radios, je le sens qui s’éloigne […]. En fait, il faudrait gommer les romans qui ne sont pas à la hauteur, et rassembler en un seul volume de la Pléiade, l’essentiel de ses réflexions. À La Bruyère, il a suffi des Caractères pour survivre »… Paris 12 mars 1989. B.F. [Bernard Frank] a du talent, et parfois encore de la verve, mais « personne ne résiste à autant d’alcool et de bouffe. […] sur Chardonne qui en disait grand bien, il n’a été que mépris », alors que pour Matthieu Galey, « Chardonne a cessé d’exister en mai 68 »… 30 mai 1992. Appréciation du grand talent de Claude-Michel Cluny : « Nous lui avons donné il y a 2 ans le Grand Prix de poésie. Le prix Chardonne lui irait bien »… 11 juin 1992, sur les manipulations du prix Chardonne. « Schneider ? Ce n’est pas un mauvais livre [Le Palais des mirages], mais ses souvenirs sont noyés dans une écriture si plate qu’on songe à Waterloo, morne plaine »… Etc.
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