Lot n° 312 A
Sélection Bibliorare

Nicolas Hilaire COMARMOND (1737 Lyon-1792 Isle de France) Mémoire sur Mongalo [Traite] Manuscrit à l’encre brune sur papier vergé ,signé Comarmond, situé et daté sur la dernière page Port Louis isle de France, le 11 septembre 1788....

Estimation : 1500 / 2000
Adjudication : Invendu
Description
Manuscrit in-folio de (1) f. titre, 8 pages non chiffrées, (1) f. blanc. Projet (non abouti) d’installation d’un établissement français à Mongalo sur la côte de Zanzibar dans le but d’y développer la traite des noirs, le commerce de l’ivoire et l’exportation d’objets d’Europe.


La rade de Mongalo est une des plus belles rades que présente la côte d’Afrique n’ayant point d’écueil, le fond presque partout est égal et de bonne tenue [...] Mongalo et toutes ses dépendances jusqu’au Cap d’Elgada où se terminent les possessions portugaises, reconnaissent l’autorité de l’Iman de Mascate. Les Maures, naturels du pays, peuple doux qui s’y sont établis, aiment mieux se dire dépendre de lui à cause de la religion Mahométane qu’ils professent. Les Macondés peuple des montagnes voisines et qui occupent cette partie de côte ne reconnaissent aucune domination et les maures craignant les Arabes, ne demanderaient pas mieux de voir chez eux un établissement français. L’Iman de Mascate y donnerait sa sanction ces peuples n’étant point tributaires [...] La position de Mongalo est d’autant plus avantageuse qu’elle est limitrophe aux établissements portugais et que leur commerce dans les terres éprouverait la concurrence du notre, tandis que les Maures et les Arabes trouvant dans notre comptoir les effets d’Europe propres à leur commerce et à leur consommation l’achèteraient chez nous de préférence à Mozambique qui est éloigné de plus de cent cinquante lieues. Quant aux ressources que le commerce du pays peut produire, nous parlerons en premier lieu de la traite des noirs et des objets d’exportation d’Europe qu’embrasse cette branche.2° de la salubrité du climat, de la qualité du sol ,de ses productions qui y viennent sans culture, comme la café ,le coton, les gommes etc.3°Du commerce du morfil [ ivoire] qu’on peut ôter aux Arabes et Portugais.4°de l’avantage de former par le moyen de cet établissement une exacte croisière en temps de guerre pour intercepter les vaisseaux anglais de guerre et de compagnie, qui vont dans l’Inde [...]Quoique ces peuples se fassent entre eux la guerre, ils sont cependant d’un caractère doux :lorsqu’ils savent un vaisseau en rade de Mongalo, ils descendent en nombre et armés dans des pirogues par la crainte des Arabes. Ils troquent leurs poules, œufs et gibier aux établissements des vaisseaux [...] Ils craignent infiniment les Arabes à qui ils sont obligés de remettre leurs captifs et leur morfil contre de la mauvaise toile de Surate, du fer, des fusils et de la poudre de crainte qu’ils ne viennent bruler leurs villages [...] Les Maures macondés établis à Mongalo paraissent désirer ardemment d’être délivrés de la tyrannie Arabe :

il serait très aisé de las en affranchir attendu que les Arabes n’ayant dans cette partie aucun établissement, leur commerce n’y est que passager, dés lors on y achèterait pas les noirs de cette de cette seconde main de la quelle on peut avoir que des piastres ;il faut remarquer que la plupart des ces arabes sont de Montbaze qui ont secoué le joug de l’Iman de Mascate. Un établissement étant donc en vigueur bien régi et administré par un chef doux et qui traiterait ces peuples en bon père de famille, ils viendraient naturellement apporter leurs esclaves et leur morfil, en échange contre du fer, des armes, de la poudre, du riz et autres menus articles d’Europe et de la côte de l’Inde : outre les esclaves et le morfil, ils seraient dans le cas de nous apporter des drogues, gommes élastiques et résines dont ces contrées abondent et dont ils ne font aucun cas [...] Ces peuples ne connaissent aucun besoin si ce n’est celui de cacher le caractère des deux sexes ; c’est donc à un homme doux et ingénieux ,à leur inspirer les gouts des peuples civilisés [...] Ce port serait encore fréquenté par les peuples qui habitent la Côte de Perse ,celle de l’Arabie heureuse, l’Abissinie et celle d’Ajan, à raison des risques dont les marattes menacent sans cesse leur commerce et de la cherté des objets d’Europe, lorsqu’ils vont traiter dans les comptoirs de la côte Malabar [...] Il est d’autant plus important à la cour de France de former un établissement dans cette partie que l’iman de Mascate de qui toutes ces côtes dépendent serait intéressé lui même à sa formation , attendu que dans ces régions éloignées du siège de sa résidence, il lui deviendrait essentiel qu’un établissement dirigé par une nation unie y fut un obstacle à la rébellion, ou au moins un remède à l’anarchie [...] Les vues qui ont donné lieu à ce mémoire ,ont été puisées dans la nature des productions ,le caractère des habitants, les gisements des côtes, le cours des rivières et autres observations locales qu’un parent du Sr Comarmond a eu le temps de faire à Mongalo pendant six mois de résidence qu’il y a fait.

COMARMOND Nicolas Hilaire (1737-1792)
Ce négociant lyonnais semble avoir été l’un des premiers à s’établir à l’Isle de France. Il s’est principalement occupé d’armement pour la traite sur les côtes d’Afrique orientale et de négoce avec son associé Pierre Lelubois. Comarmond arme pour son compte au moins huit navires entre 1781 et 1786. En juin 1780, il propose au ministère de la marine de créer en partie à ses frais un comptoir de traite à Mongalo sur la côte de Zanzibar, le projet n’aboutit pas. Comarmond dont les affaires commerciales faiblissent dépose son bilan en mars 1790.Il se replie dans une ‘habitation’qu’il possède aux Pamplemousses où il meurt en septembre 1792. ( Bibl. G.Buti Dictionnaire des Corsaires et Pirates)
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