Lot n° 18
Sélection Bibliorare

OCTAVIEN DE SAINT-GELAIS (1466/1468-1502) - EPISTRES D'OVIDE (TRADUCTION DE CINQ DES HÉROÏDES D'OVIDE) [SUIVI DE] TROIS POÈMES (L'EPITAFFE DE FEUE MADAME DE BALSAC; L'ARREST DE LA LOUENGE DE LA DAME SANS SY; L'APPEL INTERIECTÉ PAR TELLES NOMMÉS...

Estimation : 350 000 - 450 000 €
Adjudication : 585 000 €
Description
DEDANS CONTRE LA DAME SANS SY), ATTRIBUÉS À OCTAVIEN DE SAINT-GELAIS OU FRANÇOIS ROBERTET (?)

En français, manuscrit enluminé sur parchemin
France, Paris, après 1492 (décès de Mme de Balsac), vers 3 (?)
Avec 8 grandes miniatures à pleine page attribuées au Maître de la Chronique scandaleuse (actif à Paris vers 1490 à 1510.

59 ff., précédés et suivis de 2 gardes de papier, complet, collation (i1 (d'un bi-feuillet, dont le premier feuillet fut supprimé), ii-viii8, ix2), réclames verticales dans la marge inférieure des versos, écriture bâtarde à l'encre noire, réglure à l'encre rouge pâle (justification :
175 x 112 mm), titre postérieur en rouge et noir sur écusson à fond d'or (f. 1), titres des trois poèmes en rouge (ff. 49v, 52v, 54v), petites initiales à l'or liquide sur fonds bleu ou marron, bout-de-lignes en bleu ou marron avec décor doré ou branchages écotés, huit grandes miniatures à pleine page inscrites autour de deux lignes de texte (texte introduit par de grandes initiales à l'or liquide sur des fonds bleu ou marron rehaussés de blanc), scènes auxiliaires dans la partie inférieure de la page, pourtour des pages enluminées avec un décor peint à l'imitation du marbre.

Reliure de plein maroquin rouge, dos à 5 nerfs cloisonné et fleuronné, titre doré: «Recueil de diff. poesies. Mss sur velin», triple filet doré en encadrement sur les plats, guirlande dorée en encadrement sur les contreplats, double filet doré sur les coupes; miniatures protégées par des serpentes de papier calque.
Étui articulé de facture anglaise de plein chagrin brun foncé (quelques défauts d'usures aux miniatures, notamment dans les marges, pliure à la miniature fol. 20).
Dimensions: 265 x 190 mm.
Étui articulé de facture anglaise de plein chagrin brun foncé (quelques défauts d'usures aux miniatures, notamment dans les marges, pliure à la miniature fol. 20).
Dimensions: 265 x 190 mm.
♦ Manuscrit réalisé pour ou dans l'entourage d'Anne de Bretagne d'un texte qui fait la part belle aux femmes dans un contexte de débat entre hommes et femmes à la cour de France. L'artiste des huit miniatures - attribuables au Maître de la Chronique scandaleuse - a travaillé pour la cour, notamment pour Charles VIII, Louis XII et Anne de Bretagne. Ces miniatures aux couleurs éclatantes conservent encore leur part de mystère: faut-il voir dans la dernière miniature un portrait d'Anne de Bretagne, aux yeux baissés ?

PROVENANCE.
• 1. Manuscrit copié en France, très certainement à Paris au vu des miniatures, sans doute dans l'entourage royal, ou du moins proche de l'entourage d'Anne de Bretagne, sans que l'on puisse certifier que le manuscrit fut une commande de la reine. Une mention manuscrite au verso du premier feuillet de garde indique :
«8 migniatures. Je crois ce manuscrit du temps de Louis XII».
On signalera une longue inscription au fol. 59 fort effacée.
Dans ses travaux, nombreux et documentés sur le mécénat de la reine
Anne de Bretagne, Cynthia Brown s'est penchée sur ce manuscrit. Il a fait l'objet d'une étude en 2010: «The fact that some of Anne's ladiesin- waiting appeared as characters in the narrative of the Appel and that the extant manuscript copy of this collection features a striking miniature of Anne of Brittany surrounded by three of her suivantes suggests that this manuscript copy of the poetic anthology was made for the queen” (Brown, 2010, p. 542).

• 2. Luis de Mendoça, selon une première inscription en espagnol (f.39v: «Este libro es de Luis de Mendoça») et deux autres inscriptions pour partie effacées aux ff. 12v et 59. On trouve une mention semblable d'appartenance dans un manuscrit de La complainte de Gennes dans lequel une dame se meurt d'amour pour le roi Louis XII (Paris, BnF, fr. 25419).

• 3. Louis César de La Baume Le Blanc, duc de la Vallière (1708-1780), militaire et bibliophile, dont une partie de la collection fut intégrée dans la collection de la bibliothèque de l'Arsenal. Voir Catalogue des livres de la bibliothèque de feu M. le duc de la Vallière, II no.
2873, pp. 293-294; notons que le duc de la Vallière possédait aussi le manuscrit de La complainte de Gennes (Paris, BnF, fr. 25419). Ce manuscrit fut décrit par E. Quentin-Bauchart in Les femmes bibliophiles de France..., v. 2, Paris, 1886, pp. 380-382.

• 4. Jacques-Joseph Techener (1802-1873), libraire, éditeur et collectionneur.
On trouve une lettre contrecollée au verso de la seconde garde, adressée «A. M. Techener» et signée «La Mésangère».

• 5. Collection Henri David Martin (HDM): Livres... manuscrits et imprimés composant la bibliothèque de M. H. D. M..., Paris, rue des Bons-Enfants, salle 1, 23 avril 1867, Me Delbergue-Cormont.
M. L. Potier, no. 296. Dix ans plus tard, le manuscrit sera vendu de nouveau: Labitte et Voisin, Paris, 20 mars 1877, no. 1; voir Notice d'un beau ms. orné de huit grands miniatures provenant de la bibl. du Duc de la Vallière, dont la vente aura lieu le mardi 20 mars 1877.

• 6. Charles Stein (1840-1899), collectionneur d'art médiéval et de la Renaissance, sa vente
Paris, 10 mai 1886, no. 124. Voir Bulletin de la librairie Damascène Morgand, 1883-1886, t. III, no 11462.

• 7. Comte Albert Jacobé de Naurois (1833- 1904), bibliophile, sa vignette ex-libris contrecollée sur le contreplat supérieur. De Naurois a rassemblé une collection de manuscrits enluminés et historiques dont certain furent donnés à la BnF (Philippe de Commines, Mémoires, Paris, BnF, naf. 20960).

• 8. Martin Breslauer, Catalogue 109, Published on the Occasion of the Ninetieth Anniversary of the Firm of Martin Breslauer, New-York, 1988, no 9.

• 9. Collection Arcana. Vente Londres, Christie's, 7 juillet 2010, lot 42.
Les Héroïdes (Epistulae heroidum) sont un recueil latin de lettres fictives composées par Ovide. Ce sont des lettres d'amour fictives qui reprennent des éléments mythiques, écrites, pour la plupart, par des héroïnes mythologiques ou quasi-légendaires, se plaignant de l'absence ou de l'indifférence de l'être aimé.

♦ La transmission française des Héroïdes s'est effectuée à la fin du XVe siècle grâce à la traduction d'Octovien de Saint-Gelais en 1497. Trois ans après sa présentation des XXI Epistres d'Ovide au roi Charles VIII sous forme manuscrite, est sortie des presses de Michel Le Noir la première édition connue de l'oeuvre (le 29 octobre 1500). Comme cette période se caractérise par la coexistence du manuscrit et de l'imprimé, il n'est pas étonnant que les XXI Epistres d'Ovide aient connu un succès considérable sous ces deux formats, un succès qui peut être mesuré au travers des quinze manuscrits et de la quinzaine d'éditions de l'oeuvre datant d'entre 1497 et 1530 qui nous sont parvenus. Les XXI Epistres d'Ovide comprennent des missives en vers écrites à la première personne par dix-huit femmes et trois hommes mythologiques. Les femmes délaissées ou veuves se lamentent de leur séparation des hommes qu'elles aiment et leur adressent des épîtres poignantes.

Parallèlement (ou antérieurement ?) il s'est constitué, sous forme manuscrite et imprimée (Paris, Trepperel-Le Noir, avant 0), une version abrégée des Héroïdes, avec seulement 5 épitres retenues.
Les femmes écrivant leurs épitres sont des épouses ou des amantes délaissées, souvent éplorées. Au sujet de ce manuscrit, Cynthia Brown évoque : «[...] an extraordinary book about a series of unique women» (Brown, 2010, p. 564).

TEXTE.
•f. 1, Page de titre (rajoutée), «Epistres d'Ovide translatées en françois fesant mention des cinq loyales amoureuses qui fesoient complaintes et lamentations avec l'epitaffe de ma dame de Balzac, l'arrest pour la dame sans sy et l'appel des trois dames contre icelle le tout en rimes»;

•ff. 2-12, Héroïde no. 5, Lettre d'OEnone à Pâris ;

ŒNONE est la première femme de Pâris, à qui elle prédit qu'il serait blessé au combat et qu'elle seule pourrait le soigner. Pâris l'abandonne cependant pour épouser Hélène. Plus tard, lorsqu'il est blessé pendant la guerre de Troie, il lui demande de l'aider, mais OEnone refuse (ou bien arrive trop tard pour le soigner selon les versions). Prise de remords, elle se suicide en se poignardant.

•ff.13-20v, Héroïde no 10, Lettre d'Ariane à Thésée ;

ARIANE est la fille du roi de Crète Minos (fils de Zeus et d'Europe) et de Pasiphaé (fille d'Hélios, dieu du soleil). Séduite par Thésée, elle aide celui-ci à s'échapper du Labyrinthe. C'est en effet le secours qu'elle apporte à Thésée qui permet à ce dernier d'obtenir la victoire sur le Minotaure : contre la promesse de l'épouser, elle lui fournit un fil qu'il dévide derrière lui afin de retrouver son chemin. Mais, après avoir tué le Minotaure, le héros l'abandonne sur l'île de Naxos.

• ff. 21-31v, Héroïde no 7, Lettre de Didon à Enée ;

DIDON est une princesse phénicienne, fondatrice légendaire et première reine de Carthage.
Enée fait escale sur une côte d'Afrique, dans la région de l'actuelle Tunis, où il est accueilli par la reine de Carthage, Didon.
Une grande passion naît alors entre eux mais elle est interrompue par les dieux de l'Olympe qui rappellent au héros troyen sa destinée. Lorsqu'Énée quitte Carthage, Didon, incapable de supporter cet abandon, préfère se donner la mort avec une épée qu'Énée lui avait laissée.

• ff. 32-39, Héroïde no 2, Lettre de Phyllis à Démophon ; Phyllis est l'héroïne d'une histoire d'amour, dont le héros est tantôt Acamas, tantôt son frère Démophon, tous deux fils de Thésée.

Phyllis donna à son amant une cassette: l'amant ne revint jamais et pour s'en assurer, elle descendit neuf fois au port, lieu nommé «Les Neuf Routes». Elle se pendit de chagrin.
L'amant, marié, ouvrit ce jour-là la cassette d'où sortit un spectre qui effraya son cheval, le désarçonnant, et il se tua, transpercé par son épée.

• ff. 40-49, Héroïde no 6, Lettre de Hypsipyle à Jason;

Hypsipyle est la reine de l'île de Lemnos.
Les femmes de Lemnos s'unissent aux Argonautes, et Hypsipyle s'unit à leur chef, Jason.
Quelque temps après, Jason et les Argonautes repartent pour poursuivre leur voyage.

• ff. 49v-52v, Anonyme [Octavien de Saint-Gelais (?)], rubrique, Sensuit l'epytaffe de feue ma dame de Balsac; incipit, «Apres minuyt a l'eure que tout homme / Prent volentiers son naturel repos (...)»;

• ff. 52v-54, Anonyme, rubrique, L'arrest de la louenge de la dame sans sy; incipit, «Puis que les dieux par leur co[n]se[n]tem[en]t / On tint conseil d'ung commun sentement (...)»;

• ff. 54v-58, Anonyme, rubrique, L'appel int[er] iecté par telles nommés dedans. Contre la dame sans sy; incipit, «Apres l'arrest et sentence donnée / Au seul prouffit de la dame sans sy (...)»; dernière rubrique, Cy finist l'appel des troys dames contre la belle dame sans sy.
Les trois poèmes qui terminent le recueil ont certainement pour origine la cour royale d'Anne de Bretagne sans que le manuscrit ait été nécessairement réalisé pour la reine: dans l'Appel, le poète rend visite à la reine, comme on le voit au f. 55, quand trois de ses dames d'honneur font «appel» du «décret» contenu dans l'Arrest d'une femme idéalisée à laquelle le poète donne le nom de «Dame sans Sy», c'est-à-dire «sans égale». Ces trois poèmes - anonymes pour l'heure - ont été édités par C. Brown (2010, Appendix
I, pp. 565 et sqq.). L'association des cinq épitres ovidiennes traduites par Octavien de Saint-Gelais et ces trois poèmes se retrouve dans deux manuscrits (le présent manuscrit (ex-Breslauer/Arcana) et dans BnF, Vélins 2231

• (ff. 59-62 manuscrits, ed. Olivier de la Marche, Le chevalier délibéré) et une impression (Recueil des épistres d'Ovide..., Paris, Trepperel-Le Noir, s.d. [avant 1500] [Paris, BnF, Res. P. Yc. 1567]).
Cette impression contient un prologue, absent du manuscrit. C. Brown considère que l'auteur des trois pièces est sans doute Octavien de Saint-Gelais: «With Saint-Gelais' authorship of the anthology prologue, found only in a printed edition of the collection, and the five heroides all but confirmed, it appears increasingly likely that he also authored the three French verse narratives...» (Brown, 2010, p. 563).

A l'origine de la première pièce, il y a Marie de Montberon, intendante de la reine. Elle avait épousé Geoffroi de Balsac, seigneur de Montmorillon en 1492 et mourut peu après: c'est sa mort qui est pleurée dans le premier poème (Epytaffe de feue ma dame de Balsac). La seconde pièce (Arrest) voit le triomphe de la «Dame sans sy» déclarée femme belle sans égale par un jury d'hommes. La troisième pièce (Appel) concerne trois suivantes d'Anne de Bretagne et leur remise en question du jugement de l'Arrest. La première dame, «Montsoreau», est Jeanne Chabot, dame de Montsoreau. Née avant 1429, elle avait servi la reine de Louis IX et en 1492 était l'une des doyennes des dames d'honneur de la reine. En 1498, elle fut rejointe par sa fille Jeanne de Chambes-Montsoreau, dame de Beaumont.
La seconde, «Mombron», est Blanche de Montberon. La troisième dame d'honneur, «Tallaru», est Françoise de Talaru, demoiselle d'honneur de la reine en 1492, qui épousa Hugues de Montbardon, seigneur de Villeneuve (cf. Le Roux de Lincy, Vie de la reine Anne de Bretagne, 1860-1861. C. Brown (2010), p. 547). Les trois femmes contestent l'Arrest rendu par les dieux («sentence trop criminelle») perçu comme un affront à toutes les autres femmes, faisant de la «Dame sans sy» une femme dont la beauté est inégalée. C. Brown (2010) replace ces deux poèmes dans le contexte des débats (houleux ?) sur les vertus féminines tenus à la Cour d'Anne de Bretagne qui opposaient hommes et femmes. C. Brown: “The three French poems, the Epitaphe, Arret and Appel, confer a distinct and unique character on Ovid's five Heroides by associating them with the eulogy to the deceased Madame de Balsac, a male judgment glorifying the Dame sans sy, and a legal challenge of this decision on the part of three court ladies” (Brown, 2010, p. 560).

• ff. 58v-59, feuillets blancs de parchemin réglés.

ILLUSTRATION.
Ce manuscrit contient huit grandes compositions enluminées, introduisant les cinq traductions des Héroïdes d'Ovide et les trois poèmes rajoutés en fin de volume.

Les huit miniatures de ce manuscrit - imposantes et enlevées - sont attribuables au Maître de la Chronique scandaleuse :
«C'est sans doute pour la Reine qu'il [le Maître de la Chronique scandaleuse] peint vers 1493 un étrange et luxueux manuscrit des premières Héroïdes d'Ovide, suivies de trois ballades sur le trépas de la «Dame sans sy» - Marie de Montberon, femme de Geoffroy de Balsac, la plus belle dame de la cour, porte en 1492 - illustrées de portraits de la dame, du Roi et de la Reine...» (Avril et Reynouard, 276).

Plus récemment Caroline Zöhl propose de voir la main de l'atelier de Jean Pichore dans certaines scènes secondaires peintes en marge des grandes miniatures (Zöhl, 2004).
Actif à Paris vers le début de la décennie 1490 et 1510, le Maître de la Chronique scandaleuse propose une palette vive et utilise l'or avec prodigalité pour souligner le volume des étoffes; il peint des visages dont les pommettes sont fortement rehaussés de rouge.
Le Maître de la Chronique scandaleuse tient son nom de son travail pour le manuscrit de Jean de Roye, une chronique parisienne du temps de Louis XI, dont la copie fut achevée en 1502 pour le Comte de Dammartin. Il travailla aussi pour le Cardinal Georges d'Amboise, pour Marguerite d'Autriche, pour la Duchesse de Lorraine Philippe de Gueldres et, enfin, pour le libraire parisien Antoine Vérard, pour lequel il a peint de nombreux incunables destinés au Roi Charles VIII.

On lui doit encore l'illustration du célèbre manuscrit d'André de La Vigne, Le Couronnement d'Anne de Bretagne, destiné au roi et à son épouse et conservé à Waddesdon Manor (MS 22). Sur le Maître de la Chronique scandaleuse, voir Avril et Reynaud, 1993, pp. 274-277;
Exposition France 1500, no. 105).

MINIATURES
• f. 2, OEnone abandonnée par Pâris, rédige son épître, au loin la nef emportant Pâris; dans l'encadrement, des scènes de l'enfance de Pâris et de la vie commune d'Œnone et Pâris.

• f. 13, Ariane sur l'île de Naxos, abandonnée par Thésée au loin dans sa nef; la scène dans le bandeau inférieur figure Thésée avec son épée dégainée devant le labyrinthe circulaire, une représentation du minotaure, Ariane remettant un écheveau de fil.

• f. 21, Didon pleure le départ d'Enée, dont le portrait est suspendu au mur; au loin la nef s'éloigne de Carthage; dans le bandeau inférieur, Didon se donne la mort par l'épée laissée par Enée.

• f. 32, Phyllis écrit son épître à Démophon, sa nef au loin. Deux suivantes sont placées derrière elle; dans le bandeau inférieur, Phyllis se donne la mort par pendaison.

• f. 40, Adieux de Jason à Hypsipyle, sa nef préparée pour son départ:
Jason place sa main sur le ventre d'Hypsipyle, enceinte; dans le bandeau inférieur, plusieurs scènes liées à Jason (on figure la toison
d'or dans la première vignette), la naissance des jumeaux du couple, l'éloignement de l'Argonaute.

• f. 50, Mort de Madame de Balsac (Marie de Montberon épouse de Geoffroy de Balsac, morte en 1492): elle est représentée sur son lit de mort, avec un personnage vêtu de noir et couronné et deux femmes debout dans la chambre. Atropos est figurée sur la gauche.
Les scènes annexes figurent Cupidon et un personnage (le poète ?); le personnage en noir commande un portrait à Pygmalion; le personnage en noir suspend le portrait à un arbre; une scène de deuil au cimetière.

• f. 53, La «Dame sans sy», arborant une coiffe bretonne et une robe aux manches doublées d'hermine; trois figures perchées sur une colonnade sur la gauche: il doit s'agit des dieux qui ont statué sur la beauté de la dame; un secrétaire (poète-narrateur ?) note la décision des dieux; l'arrêt (au sens de décision judiciaire) est transmis au «Prince» (le roi ?) dans la scène placée sous la miniature centrale.

• f. 55, Une reine couronnée assise sur son trône, entourée de trois femmes (suivantes) : il a été suggéré que la reine figurée était Anne de Bretagne et que les trois suivantes étaient respectivement Jeanne Chabot, dame de Montsoreau, Blanche de Montberon (sœur de Marie de Montberon, décédée), intendante de la reine et Françoise de Talaru, demoiselle d’honneur de la reine en 1492.

BIBLIOGRAPHIE
•Avrill, F. and N. Reynaud, Les manuscrits à peintures en France 1440-1520, 1993, pp. 276-277.
Brown, C. “Celebration and Controversy at a Late Medieval French Court : a Poetic Anthology for and about Anne of Brittany and her Female Entourage”, in Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, LXXII, 2010, n. 3, pp. 541-573.
•Brown, C. The Queen’s Library: Image-Making at the Court of Anne of Brittany, 1477-1514, Philadelphia et Oxford, 2011.
•Brown, C. « Du manuscrit à l’imprimé : les XXI epistres d’Ovide d’Octavien de Saint-Gelais », in Ovidem etamorphosé : les lecteurs médiévaux d’Ovide, Paris, 2009, pp. 149-160.
•Droz, E., « Notice d’un manuscrit ignoré de la Bibliothèque nationale », in Romania, XLV, 1918-1919, pp. 509-10.
• Molinier, H. J. Essai biographique et littéraire sur Octavien de Saint-Gelays, 1910, reprinted 1972, pp. 144-145.
•Quentin-Bauchart, E. Les femmes bibliophiles de France, II, 1886, pp. 380-382.
•Wieck, R. “Post Poyet”, in Excavating the Medieval Image, Manuscripts, Artists, Audiences, Essays in Honor of Sandra Hindman, D. Areford and N. Rowe ed., 2004, pp. 247-263.
•Zöhl, C. Jean Pichore : Buchmaler, Graphiker und Verleger in Paris um 1500, Turnhout, Brepols, 2004.
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