Lot n° 130
Sélection Bibliorare

PALEARIUS (Aonius). De Animorum immortalitate, Libri III. Lyon, Sébastien Gryphe, 1536. In-8, veau brun, encadrement de multiples filets or ou à froid, le plus central cintré dans les angles entourant un large fleuron de fers aldins, au centre,...

Estimation : 20 000 - 30 000 €
Adjudication : 53 261 €
Description
dans une composition autour d’un cercle de deux carrés entrelacés dont l’un posé en losange, nom de l’auteur et titre dans le cercle, autour de cette composition grands fers en accolade, fleuron aldin en tête et en queue, ex-libris GROLIERII ET AMICORUM en bas du premier plat, même décor au second plat, devise frappée au centre PORTIO MEA DOMINE SIT IN TERRA VIVENTIUM, dos à quatre gros nerfs et cinq petits en alternance, plusieurs feuillets de garde de papier et deux de vélin, tranches dorées, boîte de maroquin brun moderne (Reliure de l’époque).


Baudrier, t. VIII, p. 89.

Édition originale.

Né à Veroli près de Rome, homme de lettres, professeur de latin et de grec à Sienne, Lucques et Milan, Aonius Palearius jouissait d’une grande réputation, acquérant par ses écrits et son éloquence l’estime des savants de son temps, mais malheureusement aussi la rancune de personnes malveillantes qui l’accusèrent entre autres de défendre des protestants.

Sur l’immortalité de l’âme, deux thèses s’affrontaient alors : celle d’Aristote qui concluait à la mort de l’âme, et celle de l’Église.

L’ouvrage de Palearius, conforme à cette dernière, fut même recommandé par Jacques Sadolet, évêque de Carpentras, qui dans une lettre à Gryphe, reproduite en tête du volume, l’exhorte à l’imprimer et qualifie l’ouvrage de Palearius ad amorem purae regligionis.

Ce n’est donc pas l’œuvre elle-même qui fit condamner Palearius, mais, d’après Bayle, le désir du cardinal Antonio Ghisieri, nommé Grand Inquisiteur en 1558 et élu pape le 7 janvier 1566 sous le nom de Pie V, de marquer son élection par l’exécution d’un hérétique.
Il arrêta son « choix » sur Palearius qu’il fit arrêter à Milan et emmener à Rome où il fut jugé pour ses opinions sur l’Inquisition, n’avait-il pas dit L’Inquisition est un poignard dirigé sur la gorge des gens de lettres.
Il fut condamné à être pendu, étranglé et brûlé. La sentence fut exécutée à Rome en 1566.

► TRÈS ÉLÉGANTE ET INTÉRESSANTE RELIURE À CARTOUCHE GÉOMÉTRIQUE ET ACCOLADES, COMMANDÉE À PARIS PAR JEAN GROLIER ENTRE 1538 ET 1540 À L’ATELIER DU LIBRAIRE-RELIEUR JEAN PICARD.

Elle n’est pas répertoriée par Austin, qui n’a pas connaissance de ce texte dans la bibliothèque de Jean Grolier.

Longtemps attribuées au relieur du roi Claude Piques, jusqu’à la démonstration d’Anthony Hobson, les reliures de cet atelier sont aujourd’hui attribuées à Jean Picard dont le nom, le rôle et la période d’activité (de 1540 à 1547) ont été par lui mis en évidence.
Le style de son décor qui n’est pas encore celui des entrelacs géométriques semble situer cette reliure parmi les premières commandes de Grolier à cet atelier, après celles au relieur à la fleur de lis, et ceci d’autant plus que l’absence du prénom abrégé « IO » a déjà conduit Nixon à admettre cette hypothèse.
Elle ferait donc partie des toutes premières reliures de la seconde bibliothèque de Grolier commencée dès 1538, date à laquelle il réintégra ses fonctions de Trésorier de France, après 5 années d’emprisonnement en raison de son refus de payer une amende considérable pour des malversations financières dont il avait été accusé.

Si les fleurons d’angles de notre reliure sont bien répertoriés dans le matériel de l’atelier de Jean Picard, par contre un fer utilisé (au-dessus et en dessous de la composition centrale) ne se retrouve sur aucune des 33 reliures qui lui sont attribuées présentées sur le site de la BnF, non plus que sur les 83 reliures attribuées alors à Claude Piques dont les frottis des fers sont donnés en tête du catalogue de la British Library de la grande exposition Grolier de 1965, qui regroupait ses reliures conservées en Grande-Bretagne.

Ce fer, qui semble bien inédit, très particulier et aisément identifiable (et que nous reproduisons ci-contre), permettra peut-être l’attribution de telle ou telle reliure à cet atelier fameux.

♦ RELIURE UN PEU USAGÉE MAIS TRÈS PURE, N’AYANT SUBI AUCUNE RESTAURATION.

Plats frottés, coiffes arrachées, mors fendus jusqu’au premier gros nerf en tête et en pied, coins émoussés, trou de 2 cm2 atteignant un fleuron au second plat. Très légère trace de mouillure dans la marge inférieure de quelques feuillets.
Reproduction en première de couverture et page précédente
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