Lot n° 194
Sélection Bibliorare

PIAF (édith). Lettre autographe signée « Didi » à son compagnon le parolier Raymond Asso. [Château de La Font] à Chenevelles [dans la Vienne], 13 septembre 1938. 4 pp. in-folio sur papier quadrillé. Extraordinaire lettre d'amour...

Estimation : 6000 / 8000
Adjudication : Invendu
Description
illustrant la passion houleuse qui unit Piaf à Raymond Asso, et offrant un témoignage exceptionnel sur la force de caractère et les failles de la chanteuse.
Édith Piaf avait donné concert sur concert depuis le début de l'année, et sortait d'une tournée estivale qui venait de la mener à Genève, Deauville, Ostende et Bruxelles.
Ayant besoin de repos, elle était venue séjourner au château de La Font, qui était loué comme maison d'hôtes par la famille de son nouveau pianiste et compositeur Max d'Yresnes – elle y était déjà venue quelques jours avec Raymond Asso en juillet. L'éloignement et son cœur fougueux lui dictèrent cette longue lettre exaltée écrite à cœur ouvert, pleine d'amour, de (re)sentiment, de doute, dans un style parlé spontané, parfois argotique, tantôt suppliant, tantôt accusateur. Cette spontanéité, qui suit le flot discursif des pensées de Piaf, n'empêche que la lettre ait été relue et corrigée avant d'avoir été envoyée.
→ Auteur de « Mon légionnaire », le parolier Raymond Asso (1901-1968) rencontra Édith Piaf au milieu des années trente, et fut son compagnon de 1937 à 1939. Durant cette période de deux ans, Édith Piaf ne chanta plus que des chansons de lui (dont Mon légionnaire, écrite peu avant pour Marie Dubas) et il n'écrivit plus que pour elle. C'est Raymond Asso qui éloigna « la Môme Piaf » de ses relations avec le « milieu », lui fit apprendre le métier et fit d'elle une des plus grandes vedettes de la chanson française. Sa relation avec elle fut traversée d'orages, mais permit véritablement à Édith Gassion de devenir Édith Piaf. Édith Piaf reconnaît ici sa dette artistique envers son amant.

« Mon pauvre mamour,
comme tu dois souffrir pour m'écrire d'aussi vivlaine chose, mais tu a raison, je suis bête, je te l'ai toujour dit, c'est toi qui a voulu me convaincre que j'ettait intelligente, d'ailleurs pour faire toute les bêtises que j'ai faites avant de te connaître prouvait toute mon inintelligence, et il est bien tant de pleurer comme je pleure pour les êtres que j'ai rendu malheureux.
Les gens bêtes sont toujours malheureux, ils s'apperçoises toujours des gaffes qu'ils onts faites une fois qu'il et trop tard, alors ils pleurent croyant que sa va arrangé les choses et cela n'arange rien, natturellement. Ceux-là sonts des êtres inutille sur la terre, mais ils ne sonts pas toujours si fautive que sa c'est la fautes à leurs parents : pourquoi quand les parents sont bêtes fonts-t-ils des enfants... J'ettait prêt à bien des choses avant ton coup de téléphone et ta lettre, mais à présent tu m'en a fouttu un drôle de coup, tu va trop vite pour me dire toutes les choses que tu m'a dit, et je me dégoûte,

je n'ai plus confiance en moi... Je ne tient que par toi.

Je vais te dire quelque chose de grave, mais ne le prend pas mal,

si je partait, mais partir pour toujours, je ne profiterait pas de ce que tu m'a doné, nom sa je n'ai pas le droit de l'expoité. Mon art tu me l'a donné, et il serais trop facile de le gâché, vaut mieux laissé un beau souvenir...

Tu me dis dans ta lettre que tu et calme, que tu n'a pas de peine, que tu a beaucoup pensé et que ce que tu m'écrit et réfléchi ; tu m'insulterait comme à Bruxelles avant que l'on se mette enssemble, je dirait "il a de la peine", mais nom, tu et même très polie, mais tu et mordant au possible.

Tu sais trouvé les mots qui blesses, et-tu sûre de m'aimer autant que tu le dit, je commence à en douté.

Quand on aime vraiment quelq'un je ne croit pas qu'on puisse lui dire tout ce que tu m'as dit. Ta première lettre était belle et c'était celle d'un homme qui souffre, mais celle d'hier et celle d'un homme qui s'apperçoit que la séparation n'ai pas si dure qu'il le croyait, "alors peut-être que, enfin, réfléchit bien, à ce que je vient de t'écrire", et tu sais,

je le sais que j'ai eu de la veine de te trouvé, je le sais, je le sais, je le sais !... Voit-tu la vie et une bien drôle de chose, et c'est l'amour seul qui la rend laide,
onts se dit tellement de bêtises qui devienent parfois des choses affreuses, tu et un êtres beaucoup trop supérieur à moi, et je fini par ne plus te comprendre. Je vais te dire comme les idiot, tu devient par trop avant-garde, ma lettre et bête, les gens sont bêtes, moi je suis bête, la vie et bêtes, touts et bêtes.
Monsieur André vient d'ouvrir la T.S.F. pour savoir des nouvelles de la guerre, et la première chose que l'on entend c'est une femme qui anonce un titre de chansons, "Haine d'amour". C'est drôle, enfin je veut dire c'est triste, c'est bête, quoi, j'ai de la peine, beaucoup de peine, je n'ai pas faim, peu importe, cela m'arrive souvent. Dit, avant de me répondre, réfléchit bien, ne m'écrit pas avant, hein... Tu es rempli d'humour ; si tu avait expliqué ton cas à quelq'un, qu'esse sa aurait été. Je ne te demande plus de venir, je ne te demande plus rien, rien, rien.

Le soleil et radieux, tellement radieux que l'on a envie de pleuré, la barque se repose, je n'en ferais pas aujourd'hui, pas le cœur à sa, j'ai le cœur à rien ; si, à pleuré, à me rappellé des choses qui ne sonts pas. J'en ai même la tentative de faire un soit-disant poème. Tu sais, je n'ai jamais eu la prétention de les appellé poèmes, je les ai appellé chansons, parce que tout le monde faits des chansons, les gens bêtes aussi.

J'ai simplement essayé de faire quelque chose qui rime un peu à force de vivre avec toi, tu m'avait donné des idée d'essayé d'écrire quelque choses qui pouvait ressemblé à un poème, et si parfois j'ai qualifié de ce nom mes pauvres petites chansons, c'est que j'ai fait sa pour rire, nom par prétentions, croit le bien. Naturellement, je t'ai peut-être vexé, toi tu fait de vrai poème, il et normal que tu n'aime pas que l'on joue avec ce nom.

Quand une femme chante mal et qu'elle se qualifie du nom d'artiste, sa me mai en colère. Puisque tu a bien voulu me laissé cette qualité-là, je suis une artiste, mais c'est toi qui l'a faite, donc si tu t'en va, il n'y a plus rien...
Je ne suis pas vexé, croit-le bien, ce que tu m'a écrit, je le sais, et ce n'ai pas une nouvelles que tu m'a appris, seulement il ne fallait pas me dire le contraire il y a quelque temp, car maintenant je me sens petite, bien petite et j'ai de la peine, beaucoup de peine... »
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