Lot n° 127
Sélection Bibliorare

Pierre-Jean JOUVE. Manuscrit autographe, Exil, [1950] ; cahier de titre et 8 pages in-fol. à l’encre bleue et rouge sur papier vélin.

Estimation : 1000 / 1500
Adjudication : Invendu
Description
Beau manuscrit de son étude sur Exil de Saint-John Perse (1942). L’essai de Jouve parut en octobre 1950 dans le n° 10 des Cahiers de la Pléiade, consacré à Saint-John Perse, et fut repris en 1972 sous le titre Exil de Saint-John Perse dans le n° 19 des Cahiers de L’Herne, consacré à Jouve. C’est une réflexion sur l’art de Saint-Jean Perse dans la filiation Baudelaire-Mallarmé-Ségalen, avec citation de fragments et allusion à d’autres œuvres (Anabase, Vents). « Dans un temps de dissolution, au milieu des orages et des outrages divers qui tendent à détruire la beauté, l’œuvre de St. John Perse apparaît un rocher. Ici sont à la fois une construction dense, opaque, vibrante – dure et parfaite, originale dans son réemploi des traditions – prolonge des formes antérieures par des variations savantes : et une puissance brute, assez sauvage, part en une découverte mystérieuse. Mais la première et simple constatation, devant ces grands textes, est celle de la chose belle, voulue à l’origine et poussée jusqu’à l’achèvement. […] L’art de St. John Perse est art du verbe au plus haut degré, et l’est jusqu’au paradoxe, jusqu’au point insolite, lorsque le poète, dans l’usage de termes étroitement spécialisés, termes techniques, ou de nomenclature, arête le sens dans des impasses, pour ne conserver que les pures syllabes. L’amour de la rhétorique profonde est le seul et définitif amour, qui légitime toutes opérations oisives et leur donne le sens sacré. Un grand verset solennel marche insensiblement du vers organisé à la prose […]. Un sens si profond du malheur essentiel permet à St. John Perse d’éprouver, comme aucun poète ne l’a fait peut-être, le lyrisme du chaos, du désordre et de la faillite, et l’orgueil de la catastrophe tranquille »…
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