Lot n° 472
Sélection Bibliorare

René-Théophile LAENNEC (1781-1826) médecin, inventeur du stéthoscope. L.A.S., Paris 28 avril 1816 [pour 1819], à son père à Saint-Brieuc ; 3 pages et quart in-8, adresse.. Belle et longue lettre sur sa décision de quitter Paris et sa...

Estimation : 1 500 / 1 800
Adjudication : 2 560 €
Description
carrière pour aller en Bretagne.. Il prie son père d’accuser réception de ses envois d’argent : « Je suis trop surchargé d’occupations en ce moment pour vous écrire plus longuement et chercher à dissiper autrement les illusions que contiennent vos deux dernières lettres. Vous êtes bien malheureux, mon cher papa, de ne pouvoir vivre au moins quelque temps dans le monde réel et d’accueillir si facilement toutes les folies et les contes que des oisifs peu charitables peuvent s’amuser à vous faire d’un homme trop occupé. Il n’est pas plus vrai que […] j’occupe mes loisirs à faire des livres de théologie. Non, mon cher papa, je sais mieux que le loup de La Fontaine que je ne fus jamais que boucher, et en conséquence depuis la petite excursion politique que vous avez vue dans le temps, je m’en tiens à ma Boucherie, et j’en ai bien assez […] Je ne retournerai même à la politique qui me conviendrait mieux au fond que la théologie, que dans le cas où viendraient des circonstances faciles à prévoir et dans lesquelles on n’aurait que l’option de se laisser tranquillement raccourcir »… Il revient aux affaires financières relatives au paiement de la pension de son père ; en règlement des deux prochains trimestres, il lui donnera procuration pour toucher les sommes d’une créance qui lui reviennent, « mais souvenez vous bien, mon cher papa, que ceci est une offre conditionnelle et inséparable de sa condition comme toutes celles que je vous ai jamais faites et que je retire ma proposition et toute entière, si elle ne vous convient qu’en partie. Nous ne nous entendrons jamais que comme cela. – Après dix-neuf ans de travaux très pénibles, je vais quitter Paris non seulement sans fortune, mais sans être bien assuré du nécessaire, et cela au moment où pourraient se réaliser une partie des rêves que vous avez si souvent faits pour moi. Si mes nerfs m’eussent permis d’y rester encore 4 ou 5 ans, il est presque certain que je l’aurais quitté avec vingt ou 24 mille francs d’économies »… Son ouvrage à paraître en juillet [De l’Auscultation médiate, ou Traité du diagnostic des maladies des poumons et du cœur] lui aurait donné la première chaire de médecine vacante, « et m’eut mis au rang des médecins qui ne voient de malades qu’en consultation, genre de médecin plus lucratif, parce que cela se paye illico. Mais je sens que je ne suis plus capable de l’application nécessaire, pour me tirer honorablement du professorat et encore moins, de continuer plus longtemps à ne sortir d’un fauteuil que pour entrer dans un cabriolet »… Il remercie son père pour ses conseils sages, mais trop onéreux, d’aller se reposer quelque temps à Meudon ou Montmorency, et il termine en évoquant le coût de la restauration de son manoir de Kerlouarnec à Ploaré... [Caressant depuis toujours le rêve de quitter Paris, Laennec s’en absentera alors deux ans, entre 1819 et 1821, avant de le quitter définitivement en 1826, terrassé par la maladie].
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