Lot n° 207
Sélection Bibliorare

ROUSSEAU JEAN-JACQUES (1712-1778). MANUSCRIT autographe, Lettres de deux amans, habitans d’une petite ville aux pieds des Alpes [La Nouvelle Héloïse]. Troisième partie, [vers 1760-1762] ; [1]-110 feuillets petit in-4 (23,8 x 18 cm ; plus 8...

Estimation : 400 000 - 500 000 €
Adjudication : 481 000 €
Description
ff. margés au crayon restés vierges) écrits au recto, dont 32 portent des additions au verso, non rogné (quelques petites rousseurs, sur le feuillet de titre surtout) ; reliure du XIXe siècle dans le goût du XVIIIe, chagrin rouge, plats ornés d’une dentelle dorée, bordée de filets maigres et gras, titre en lettres dorées au centre du plat sup., dos à nerfs orné, dentelle intérieure, doublures et gardes de papier peigné, étui bordé.

► Très précieux manuscrit de la troisième partie de La Nouvelle Héloïse, complète de ses 26 lettres, dans sa première rédaction avec de nombreuses corrections, « copie personnelle » de Rousseau.

Le manuscrit est écrit à l’encre noire et brune, avec soin, aux rectos de 110 feuillets de papier vergé de Hollande filigrané 1742, margés à gauche au crayon, et chiffrés dans l’angle supérieur droit ; en regard de chaque lettre, sur le verso blanc de la feuille en vis-à-vis, Rousseau a inscrit les principales corrections apportées par lui à son texte, et d’importantes corrections ou additions figurent également sur certaines de ces pages.

La page de titre, non chiffrée, est ainsi rédigée : « Lettres / de deux Amans, habitans d’une / petite ville aux pieds / des Alpes. / Troisième partie » ; et, après deux traits tracés soigneusement à la plume, cette note d’envoi et de recommandation [à Mme d’Épinay ? à Mme d’Houdetot ?] : « Je suis, Madame tellement accablé d’exprès, de visittes, de lettres et de paquets qu’il m’est quant à présent impossible de vous répondre. Voilà la troisième et la quatrième partie. Vous pouvez lire la lettre à M. de Voltaire à qui il vous plaira ; mais il importe qu’elle ne sorte pas de vos mains ».
Rousseau a conçu son roman dans l’été 1756 ; il a commencé la rédaction de La Nouvelle Héloïse, mise au net d’après des brouillons (dont plusieurs ont été conservés, notamment à la Bibliothèque de l’Assemblée nationale, ms. 1494), dans l’hiver 1756-1757, et l’a achevée vers la fin de 1757.

Ce manuscrit de la « copie personnelle » a été néanmoins abondamment corrigé, et présente plus de 900 corrections, avec ratures et modifications interlinéaires, dont une quarantaine de lignes biffées, et 90 lignes d’additions dans les marges ou sur les versos des pages. Ces corrections ont été faites à plusieurs reprises : au fil de la rédaction ou d’une première relecture, ou encore au fur et à mesure de l’écriture du roman, puis lors de la copie faite pour Mme d’Houdetot (qui inspira le personnage de Julie) de la fin de 1757 au début de 1760 (Bibliothèque de Genève, ms. Fr.240-245), et enfin lors de la copie préparée pour l’éditeur Marc-Michel Rey (Morgan Library, Heineman Collection, MA 6711) d’avril 1759 à janvier 1760, Rousseau n’ayant pas jugé sa propre copie suffisamment lisible pour servir à l’édition ; il a ensuite noté sur les pages en regard de chaque lettre les corrections de l’édition, peut-être aussi lors de la réivision des épreuves. Notons que Rousseau y a rarement corrigé le patronyme qu’il avait d’abord donné à son héroïne, Julie d’Orsinge (p. 2, dans la lettre de Claire d’Orbe, « Ma tante » est biffé pour « Made D’Etange »), et que Saint-Preux n’y est pas nommé.

L’édition originale des Lettres de deux amans habitans d’une petite ville au pied des Alpes parut à Amsterdam chez Marc-Michel Rey (le faux-titre portant Julie, ou la Nouvelle Héloïse), en 6 volumes, au début de 1761. Entretemps, Rousseau fit à nouveau, de la fin de 1759 à octobre 1760, une belle copie pour la Maréchale de Luxembourg, illustrée de douze dessins de Gravelot (Bibliothèque de l’Assemblée nationale, ms. 1433-1438).

La « copie personnelle » de Rousseau fut divisée en quatre ensembles :
1ère et 2ème parties (bibliothèque du Duc de Newcastle, Sotheby’s 21 juin 1937) ;
3ème partie (notre manuscrit, ancienne collection Louis Barthou) ;
4ème partie (Bibliothèque de l’Assemblée nationale, ms. 1495) ;
5ème et 6ème parties (idem, ms. 1496). Notre manuscrit de la Troisième Partie n’a pu être étudié par les éditeurs de La Nouvelle Héloïse dans la Bibliothèque de la Pléiade (Œuvres complètes, tome II).

Ce chef-d’œuvre du roman épistolaire, qui conte les amours contrariées de Julie d’Étange et de Saint-Preux, remporta dès sa parution en 1761 un succès prodigieux, et connut une centaine d’éditions et contrefaçons jusqu’à la fin du siècle. Le rédacteur du catalogue Barthou écrit fort justement : « Ces vingt-six lettres sont parmi les plus belles, les plus pathétiques de l’ouvrage : ce sont toutes celles qu’échangent Julie et Saint-Preux à l’époque de leur rupture avant le mariage de Julie, puis vient la lettre où Julie conte son mariage et son bonheur conjugal avec M. de Wolmar, enfin les si importantes lettres de Saint-Preux et de Milord Edouard sur le suicide ».
Il faudrait citer tout au long le commentaire passionnant (et passionné) de Bernard Guyon : « Cette partie, à la fois liquidation de la période de la jeunesse, de l’agitation, de l’amour heureux et persécuté, et entrée dans un monde nouveau, celui de la maturité, de la sérénité, de la durée, de l’inquiétude aussi et de l’espérance, est aussi remarquable par la maîtrise technique dont y fait preuve le romancier que par les richesses spirituelles qu’il prodigue.

Deux parties très fortement contrastées :
•1° Lettres 1 à 17, de la découverte des lettres au mariage de Julie. Rythme molto agitato, appassionato. Tout est événements, coups de théâtre, mystères, espérance et angoisse alternées. Nous n’entendons presque plus la voix de Julie. Les brefs échanges entre les amants sont “officiels”, sans nuances. La vérité sur eux ne nous est connue que par des échos, des jeux de miroir. C’est de l’excellent roman.
•2° Lettres 18 à 26 : du mariage de Julie au départ de Saint-Preux. Lettres plus longues, peu d’événements. […] il semble que le temps ait suspendu son vol. La lettre 18 est comme un donjon spirituel du haut duquel l’héroïne domine les deux époques de sa vie et le romancier les deux versants de son œuvre. Cette méditation lyrique : élégie, réflexion, prière, se déroule dans une souveraine sérénité : adagio molto ; lento. Puis, le roman repart, mais le rythme est à peine accéléré. Julie décrit longuement sa vie nouvelle et ce qu’elle appelle son “bonheur” ; les deux lettres de Milord Édouard et de Saint-Preux sur le suicide se déroulent comme un noble débat sur un grand problème. L’amant est réduit au silence. La vie est comme bloquée. […]
Ce qui anime ces lettres, un peu longues peut-être mais pleines, sans bavardage, nullement “feuillues”, c’est un effort passionné pour tout sauver : et le bonheur et l’amour. Épouse sans passion (mais non sans amour), fixée dans le calme et la durée de la vie conjugale et familiale, Julie espère goûter la forme de bonheur la plus parfaite qu’il soit donné à l’homme de connaître. Amante fidèle, sûre de la fidélité de son amant, elle connaîtra la forme d’amour la plus pure mais surtout la plus durable parce qu’elle aura dominé la passion, et, parce qu’elle vivra séparée de celui qui en est l’objet. Mais cet effort ne va-t-il pas au-delà des limites imposées à l’homme par sa nature ? La réponse à cette question reste le secret des dernières parties. Quel romancier inventa jamais plus admirable “suspense” ? » (Pléiade, p. 1516-1518).

Nous donnons ci-dessous la liste des 26 lettres (plus 2 billets) de cette Troisième Partie, avec leur incipit (et parfois leur conclusion), telles qu’elles figurent dans le manuscrit, et un résumé (qui reprend la « Table des lettres et matières » de l’édition Duchesne ; Pléiade, p. 772-793).
•Lettre I. de Madame d’Orbe (Claire, cousine de Julie). Elle annonce à l’Amant de Julie la maladie de Mme d’Étange, et l’accablement de sa fille, et l’engage à renoncer à Julie. « Que de maux vous causez à ceux qui vous aiment ! »… (p. 1-4).
•Lettre II. [De Saint-Preux] A la mère de Julie. Promesse de rompre tout commerce avec Julie. « Pénétré d’une douleur qui ne peut finir qu’avec moi, je me jette à vos pieds, Madame, non pour vous marquer un repentir qui ne dépend pas de mon cœur, mais pour expier un crime involontaire, en renonçant à tout ce qui pouvoit faire la douceur de ma vie »… (p. 5-6).
•Lettre III. [De Saint-Preux] A Madame d’Orbe, en lui envoyant la lettre précédente. Il lui reproche l’engagement qu’elle lui a fait prendre de renoncer à Julie. « Tenez, cruelle, voila ma réponse. En la lisant, fondez en larmes, si vous connoissez mon cœur et si le vôtre est sensible encore »… (p. 7).
•Lettre IV. de Made D’Orbe [à Saint-Preux]. Elle lui apprend l’effet de sa lettre sur le cœur de Mme d’Étange. « Vous m’avez écrit une lettre désolante ; mais il y a tant d’amour et de vertu dans vôtre conduite qu’elle efface l’amertume de vos plaintes »… (p. 8-9).
•Lettre V. de Julie [à Saint-Preux]. Mort de Mme d’Étange. Désespoir de Julie. Son trouble en disant adieu pour jamais à son Amant. « Elle n’est plus. Mes yeux ont vu fermer les siens pour jamais […] Adieu donc, pour la dernière fois ; unique et cher…… Ah fille insensée !...... Adieu pour jamais. » (p. 10-11).
•Lettre VI. [De Saint-Preux] à Madame d’Orbe. Il lui témoigne combien il ressent vivement les peines de Julie, et la recommande à son amitié. Ses inquiétudes sur la véritable cause de la mort de Mme d’Étange. « Enfin, Madame, le voile est déchiré ; cette longue et charmante illusion s’est évanoüie ; cet espoir si doux s’est éteint ; il ne me reste pour aliment d’une flame éternelle qu’un souvenir amer et délicieux qui soutient ma vie et nourrit mes tourmens du vain sentiment d’un bonheur qui n’est plus »… (p. 12-14).
•Lettre VII. Réponse. Mme d’Orbe félicite l’Amant de Julie du sacrifice qu’il a fait ; cherche à le consoler de la perte de son Amante, et dissipe ses inquiétudes sur la cause de la mort de Mme d’Étange. « Comment pourroit-on vous aimer moins, en vous estimant chaque jour davantage ? »… (p. 15-20).
•Lettre VIII. de Milord Edouard [à Saint-Preux]. Il lui reproche de l’oublier, le soupçonne de vouloir cesser de vivre, et l’accuse d’ingratitude. « J’avois acquis des droits sur ton cœur »… (p. 21).
•Lettre IX. Réponse. L’Amant de Julie rassure Milord Edouard sur ses craintes. « Venez, Milord ; je croyois ne pouvoir plus goûter de plaisir sur la terre »… (p. 21).
Billet de Julie. Elle demande à son Amant de lui rendre sa liberté. « Il est tems de renoncer aux erreurs de la jeunesse, et d’abandonner un trompeur espoir »… (p. 22).
•Lettre X. du Baron d’Orsinge [Étange], dans laquelle étoit le précédent billet. Reproches et menaces à l’Amant de sa fille. « S’il peut rester dans l’ame d’un suborneur quelque sentiment d’honneur et d’humanité, répondez à ce billet d’une malheureuse dont vous avez corrompu le cœur »… (p. 22).
•Lettre XI. Réponse. L’Amant de Julie brave les menaces du Baron d’Étange, et lui reproche sa barbarie. « Epargnez-vous, Monsieur, des menaces vaines qui ne m’effrayent point, et d’injustes reproches qui ne peuvent m’humilier »… (p. 23-24).
Billet inclus dans la même Lettre. L’Amant de Julie lui rend le droit de disposer de sa main. « Je rends à Julie d’Orsinge [la liberté de sa personne, et le droit de dispsoer de sa main. Qu’elle vive heureuse et je mourrai content. biffé et remplacé par] le droit de disposer d’elle-même et de donner sa main sans consulter son cœur. [La suite biffée : Je consens qu’elle fasse le bonheur d’un autre pourvu qu’elle y trouve le sien. Puisque je n’ai pu faire son bonheur, je consens qu’elle fasse celui d’un autre.] » (p. 24).
•Lettre XII. de Julie [à Saint-Preux] Son désespoir de se voir sur le point d’être séparée à jamais de son Amant. Sa maladie. « Je voulois vous décrire la scène qui vient de se passer, et qui a produit le Billet que vous avez du recevoir […] Adieu pour la dernière fois, cher et tendre ami de Julie ; puisque je ne dois plus vivre pour toi, c’est peu de chose que d’achever de mourir. » (p. 25).
•Lettre XIII. de Julie à Made d’Orbe. Elle lui reproche les soins qu’elle a pris pour la rappeler à la vie. Prétendu rêve qui lui fait craindre que son Amant ne soit plus. « Il est donc vrai, chère et cruelle amie, que tu me rappelles à la vie et à mes douleurs ? »… (p. 26-28, avec 2 additions).
•Lettre XIV. Réponse. Explication du prétendu rêve de Julie. Arrivée subite de son Amant. Il s’inocule volontairement en lui baisant la main. Son départ. Il tombe malade en chemin. Sa guérison. Son retour à Paris avec Milord Edouard. « Ah, fille trop sensible et trop malheureuse, n’es-tu donc née que pour souffrir ? »… (p. 29-32).
•Lettre XV. de Julie [à Saint-Preux]. Nouveaux témoignages de tendresse pour son Amant. Elle est cependant résolue à obéir à son père. « C’en est trop ; c’en est trop. Ami, tu as vaincu. Je ne suis point à l’épreuve de tant d’amour »… (p. 33-34).
•Lettre XVI. Réponse. Transports d’amour et de fureur de l’Amant de Julie. Maximes honteuses aussitôt rétractées qu’avancées. Il suivra Milord Edouard en Angleterre, et projette de se dérober tous les ans, et de se rendre secrètement près de son Amante. « Nous renaissons, ma Julie ; tous les vrais sentimens de nos ames reprennent leur cours ; la nature nous a conservé l’être, et l’amour nous rend à la vie »… (p. 35-38), avec des « changemens considérables, en deux endroits » comme l’indique Rousseau [34 v°], avec deux importantes additions en regard des p. 37 et 38.
•Lettre XVII. de Made d’Orbe [à Saint-Preux]. Elle lui apprend le mariage de Julie. « Vôtre Amante n’est plus, mais j’ai retrouvé mon amie, et vous en avez acquis une dont le cœur peut vous rendre beaucoup plus que vous n’avez perdu »… (p. 39).
•Lettre XVIII. de Julie [à Saint-Preux]. Récapitulation de leurs amours. Vues de Julie dans ses rendez-vous. Sa grossesse. Ses espérances évanouies. Comment sa mère fut informée de tout. Elle proteste à son père qu’elle n’épousera jamais M. de Wolmar. Quels moyens son père emploie pour vaincre sa fermeté. Elle se laisse mener à l’église. Changement total de son cœur. Réfutation solide des sophismes qui tendent à disculper l’adultère. Elle engage celui qui fut son Amant à s’en tenir, comme elle fait, aux sentiments d’une amitié fidèle, et lui demande son consentement pour avouer à son époux sa conduite passée. « Vous êtes depuis si longtems le dépositaire de tous les sentimens de mon cœur, qu’il ne sauroit plus perdre une si douce habitude. Dans la plus importante occasion de ma vie il veut s’épancher avec vous »… (p. 40-69), avec de très nombreuses corrections (la liste occupe toute la p. 39v°), dont 3 additions en regard des p. 53 (la note : « Sainte ardeur ? Julie, ah quel mot, pour une femme aussi bien guérie que vous croyez l’être ! »), 66 et 67.
•Lettre XIX. Réponse. Sentiments d’admiration et de fureur chez l’Ami de Julie. Il s’informe d’elle si elle est heureuse, et la dissuade de faire l’aveu qu’elle médite. « Et vous ne seriez plus ma Julie ! Ah ! ne dites pas cela ; digne et respectable femme : Vous l’êtes plus que jamais »… (p. 70-74), avec une « addition considérable », note Rousseau [69v°], en regard de la p. 73.
•Lettre XX. de Julie [à Saint-Preux]. Son bonheur avec M. de Wolmar, dont elle dépeint à son Ami le caractère. Ce qui suffit entre deux époux pour vivre heureux. Par quelle considération elle ne fera pas l’aveu qu’elle méditait. Elle rompt tout commerce avec son Ami ; lui permet de donner de ses nouvelles par Mme d’Orbe dans les occasions intéressantes, et lui dit adieu pour toujours. « Vous me demandez si je suis heureuse. Cette question me touche, et en la faisant vous m’aidez à y répondre : car bien loin de chercher l’oubli dont vous parlez, j’avoüe que je ne saurois être heureuse si vous cessiez de m’aimer […] Adieu, mon aimable ami, adieu pour toujours ; ainsi l’ordonne l’infléxible devoir : mais croyez que le cœur de Julie ne sait point oublier ce qui lui fut cher…… Mon Dieu, que fais-je ?...... Vous le verrez trop à l’état de ce papier. Ah ! n’est-il pas permis de s’attendrir en disant à son Ami le dernier Adieu. » (p. 75-84), avec des additions en regard des p. 75, 77 (25 lignes), 78 (9 lignes).
•Lettre XXI. [Saint-Preux] à Milord Edouard. Ennuyé de la vie, il cherche à justifier le suicide. « Oui, Milord, il est vrai ; mon ame est oppressée du poids de la vie Depuis longtems elle m’est à charge ; j’ai perdu tout ce qui pouvoit me la rendre chère ; il ne m’en reste que les ennuis. Mais on dit qu’il ne m’est pas permis d’en disposer sans l’ordre de celui qui me l’a donnée »… (p. 85-95), avec des additions en regard des p. 87 (« Bon Socrate, que nous dites-vous ? N’appartient-on plus à Dieu quand on est mort ? »), 91, 93 (20 lignes).
•Lettre XXII. Réponse. Milord Edouard réfute avec force les raisons alléguées par l’Amant de Julie pour autoriser le suicide. « Jeune homme, un aveugle transport t’égare ; sois plus discret ; ne conseille point en demandant conseil. J’ai connu d’autres maux que les tiens : J’ai l’ame ferme : Je suis Anglois ; je sais mourir, car je sais vivre, souffrir en homme »… (p. 96-104), avec 2 additions en regard de la p. 100, et la dernière phrase biffée après « tu n’es qu’un méchant » : « Car puisque je n’étois pas digne de te consoler, tu n’étois pas digne de vivre ».
•Lettre XXIII. de Milord Edouard [à Saint-Preux]. Il propose à son ami de chercher le repos de l’âme dans l’agitation d’une vie active. Il lui parle d’une occasion qui se présente pour cela, et, sans s’expliquer davantage, lui demande sa réponse. « Je ne pourrai, mon cher, vous embrasser aujourdui, comme je l’avois espéré, et l’on me retient encore pour deux jours à Kinsington »… (p. 105-106).
•Lettre XXIV. Réponse. Résignation de l’Amant de Julie aux volontés de Milord Edouard. « Faites, Milord, ordonnez de moi »… (p. 107).
•Lettre XXV. de Milord Edouard [à Saint-Preux]. Il a tout disposé pour l’embarquement de son ami en qualité d’ingénieur sur un vaisseau d’une escadre anglaise qui doit faire le tour du Monde. « Puisque vous approuvez l’idée qui m’est venue, je ne veux pas differer d’un moment à vous marquer que tout vient d’être conclu, et à vous expliquer de quoi il s’agit »… (p. 108).
•Lettre XXVI. [Saint-Preux] à Made D’Orbe. Tendres adieux à Mme d’Orbe et à Mme de Wolmar. « Je pars, chère et charmante cousine, pour faire le tour du globe ; je vais chercher dans un autre hemisphère la paix que je n’ai pu trouver dans celui-ci »… (p. 109-110) avec une phrase ajoutée en regard de la p. 109.

─ Référence : :
Jean-Jacques Rousseau, Œuvres complètes, t. II, La Nouvelle Héloïse, texte établi par Henri Coulet et annoté par Bernard Guyon (Bibl. de la Pléiade).

─ Provenance : :
•Marie-Jean HÉRAULT DE SÉCHELLES (1759-1794) ;
• Citoyen RIVIÈRE (acquis en 1801) ;
• Louis BARTHOU (I, 25-27 mars 1935, n° 412, ex libris) ;
puis
• Pierre LEROY (27 juin 2007, n° 96).
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