Lot n° 111
Sélection Bibliorare

SOUTINE (Chaïm). Carte autographe signée « Soutine » à Élie Faure. Folkestone, 26 décembre 1928, d'après le cachet de la poste. 1 p. in-12.

Estimation : 8000 / 10000
Adjudication : Invendu
Description
Au recto, reproduction d'un tableau de Diego Velázquez, Dame à l'éventail, conservée à la Wallace Collection. 
« Vous étiez, vous êtes encore, hors mes deux fils, le seul homme que j'aime » (Élie Faure à Soutine).

Élie Faure, qui avait déjà remarqué son œuvre, rencontra pour la première fois Soutine au début de 1927. Il le considérait comme un génie « ivre de peinture »,
« le premier – de très loin – des peintres vivants », comme il l'écrivait et lui écrivait. Élie Faure accueillit Soutine chez lui, à Paris, à Bordeaux à la fin de 1927 et durant l'été de 1928, en Dordogne dans sa maison familiale durant l'été de 1929, à la suite de quoi il l'emmena en Espagne pour un voyage d'où Soutine revint enchanté. Élie Faure consacra une monographie au peintre en 1929 – la seconde à paraître après celle de Waldemar-George en 1926. Il lui acheta quelques toiles, dont un Bœuf écorché et une Volaille suspendue, l'aida matériellement en 1930 en lui réglant pour lui plusieurs loyers de son atelier, quelques impôts, diverses charges... L'amitié qui liait les deux hommes était très forte, Élie Faure traitant Soutine comme un fils, mais une brouille les sépara au printemps 1930. D'après Michel Kikoïne, ami de Soutine, et d'après les recherches de Pascal Neveux, en partie fondées sur les présentes lettres, Soutine était tombé amoureux de Marie-Zéline dite Zizou, la fille d'Élie Faure. Il en parla à ce dernier (qui semble avoir gardé le silence auprès de Zizou) mais tarda à se déclarer auprès de la jeune fille elle-même : quand il se décida enfin à le faire, celle-ci s'était entre temps engagée auprès d'un autre – d'où la furie de l'irascible peintre.

►Les documents de la main de Soutine sont très rares.

« Malgré la mauvaise reproduction de ce tableau, j'espère qu'elle évoquera pour vous la haute qualité du portrait. Respectueuse amitié... »


Le premier livre d'art qu'Élie Faure avait publié, en 1904, portait sur Diego Velázquez. Peu sensible à l'avant-garde picturale de son temps, qu'il jugeait trop cérébrale, Chaïm Soutine vouait un culte aux maîtres classiques. Dès son arrivée à Paris en 1913, il fréquenta le Louvre, se passionnant pour Fouquet, Courbet, Corot, Chardin, Rembrandt... De 1923 à 1925, alors qu'il vivait à Cagnes-sur-Mer, il effectua plusieurs séjours à Paris durant lesquels il ne manqua pas de retourner dans ce musée.
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