Lot n° 395
Sélection Bibliorare

VERLAINE (Paul). Sagesse. Paris : Société générale de librairie catholique, Ancienne Maison Victor Palmé ; Bruxelles : Ancienne Maison Henri Goemaere, 1881. — In-8, 232 x 147 : (4 ff. premier blanc), 106 pp., (1 f. blanc), couverture imprimée.

Estimation : 15 000 - 20 000 €
Adjudication : Invendu
Description
Maroquin bleu nuit janséniste, dos à nerfs, doublures de maroquin bleu de prusse bordé d’un filet doré et orné d’un encadrement de roses dorées et mosaïquées de maroquin blanc, gardes de soie bleu nuit, doubles gardes, tranches dorées sur témoins, couverture et dos conservés, étui (Joly fils).

► Édition originale de l’un des titres les plus recherchés de Paul Verlaine, regroupant les poésies parmi les plus célèbres du poète. Publiée à compte d’auteur, elle n’a été tirée qu’à 500 ou 600 exemplaires sur papier vélin blanc d’édition. Il n’y a pas eu de grands papiers.

► Précieux exemplaire enrichi des 2 pièces suivantes :
─ LAS de l’auteur à Ernest Delahaye, Boston, mardi 23 mai 1876, 2 pages in-8. Verlaine écrit sa déception de n’avoir que 3 élèves : « Aussi serait-il des plus probables que jeudi en huit Boston perdît l’honneur de m’avoir en ses murs. » Il irait à Londres, « histoire d’y gagner sûrement du moins je le pense, mon loyer et ma nourriture… »
Il lui demande de lui trouver un Tennyson et une édition d’Edgar Poe et lui envoie « une petite pièce bien curieuse pour le sujet », sans doute, se demande-t-il, « une traduction d’une vieille hymne latine oubliée. »
Il joint également une pièce cueillie dans le dernier numéro du journal Wibéral. Il termine avec des considérations plus politiques :
« La France va «à la merde».
C’est clair. Mais que penses-tu des orateurs de la gauche ? Jamais je crois pareilles nullités n’eurent lieu. Quelle crasse, quelle crasse ! »

Au verso, Verlaine a ajouté un sonnet autographe, « fragment de «Sago» », première abréviation utilisée pour Sagesse, signé « P.V. » et daté « Boston mai 76 ». Il s’agit du poème figurant à la page 19 du recueil. Il présente des ratures et deux variantes, l’une au début du premier vers du premier tercet où Et le cœur ! est devenu dans la version définitive imprimée Et le reste !, et à la fin du premier vers du second tercet où dans l’orgueil est devenu sous l’orgueil.

Cette lettre fut collationnée par Pakenham dans l’édition de la Correspondance générale de Verlaine, pages 511-512, lettre 76-10.

─ lithographie originale de Maurice Denis, rehaussée à la gouache par l’artiste, illustrant ces 5 vers extraits du poème figurant pages 62 à 69 :
« Et je te (sic) bénirai d’un repas délectable / Auquel l’ange n’aura lui-même qu’assisté / Et tu boiras le Vin de la Vigne immuable / Dont la Force, dont la douceur, dont la bonté / Feront germer ton sang à l’immortalité. » (page 67).
Pierre Cailler cite deux versions de cette illustration, mais ne connaissait semble-t-il pas celle-ci.
La première date de 1896 et a été gravée sur bois en couleurs, intitulée Scène biblique.
La seconde, datant de 1907, représente le même sujet avec des variantes mais lithographiée en couleurs ; elle est intitulée La Communion de Noëlle Denis.
Celle que nous avons dans cet exemplaire propose une troisième version, en partie lithographiée, en ce qui concerne notamment le vert, et rehaussée à la gouache.

Les 3 portent bien autour les vers de Verlaine. Il s’agit très vraisemblablement d’une pièce de circonstance donc publiée à un nombre très restreint d’exemplaires. Elle a été introduite dans l’ouvrage par Gabriel Thomas, grand collectionneur de Maurice Denis ; les notices des catalogues de ventes où il figurait, décrivent par erreur cette illustration comme une gouache originale.

Très bel exemplaire en maroquin doublée.

─ Provenances :
• Lacombe (vente 20 janvier 1921, n° 582, avec la lettre à Delahaye).
• Gabriel Thomas (vente 27 mars 1936, n° 320, illustration de Maurice Denis ajoutée).
• Laurent Meeüs, avec ex-libris.
• Raoul Simonson, avec ex-libris (Sotheby’s, 19 juin 2013, n° 294).

─ On joint :
• VERLAINE (Paul). Sagesse. Manuscrit remis, en 1880, à la Société de Librairie catholique, pour l’impression de la première. Avertissement d’Ernest Delahaye.
Paris : Albert Messein, 1913.
— In-8, 226 x 170 : portrait, (2 ff.), 28 pp., (1 f.), (102 ff.), couverture imprimée.
Bradel cartonnage de papier marbré, dos lisse, non rogné, couverture et dos conservés (reliure de l’époque).
Fac-similé du manuscrit original de Sagesse, illustré d’un portrait de l’auteur sur papier de Chine d’après Eugène Carrière.
Un des 922 exemplaires sur vélin réglé.
Exemplaire bien conservé.

─ On joint également :
• un poème autographe signé de Paul Verlaine, Souvenirs de prison (Mars 1874), une page in-8, sur un feuillet découpé de l’administration générale de l’assistance publique à Paris.
Il s’agissait à l’origine du 9e et avant-dernier dizain du long poème intitulé Vieux Coppées faisant partie du recueil Cellulairement qui ne vit jamais le jour du vivant de l’auteur.
Les pièces qui le composaient furent entre autres redistribuées dans Jadis et naguère (1884), Parallèlement (1889) ou Invectives (1896).
C’est dans ce dernier ouvrage que fut publié ce dizain, formant le 35e poème du recueil. Il sera rétabli dans son poème d’origine dans l’édition posthume de Cellulairement faite en 2013.

Le manuscrit ne possède aucune rature. Il ne figurait pas à la collection de Raoul Simonson.
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