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Lot n° 184
Sélection Bibliorare

VINCENT VAN GOGH (1853-1890). Champ de blé fermé par un mur - coin de la clôture derrière l'hospice Saint-Paul, 1890. Crayon sur papier, marouflé sur papier 24.5 x 33 cm - 9 5/8 x 13 in.

Estimation : 250 000 - 300 000 €
Adjudication : 390 000 €
Description
Pencil on paper mounted on paper

PROVENANCE
Collection Johanna Gesina van Gogh-Bonger, Amsterdam (belle-soeur de l'artiste)
Collection Vincent Willem van Gogh, Laren (par transmission familiale)
Collection privée
Vente Christie's, Londres, 25 juin 1991
Collection privée
Vente Sotheby's, New-York, 3 mai 2012
Collections Aristophil

BILBIOGRAPHIE
Jacob Baart de la Faille, L'Oeuvre de Vincent an Gogh: Catalogue raisonné, vol. III, Paris & Brussels, 1928, n° 1560, repr. vol. IV, part II, pl. CLXXXV, fig. 1560
Jacob Baart de la Faille, The Works of Vincent van Gogh: His Paintings and Drawings, Amsterdam, 1970, n° 1560, repr. p. 538
Jan Hulsker, The Complete Van Gogh: Paintings, Drawings, Sketches, New-York, 1980, n° 1718, repr. p. 395
Han van Crimpen & Monique Berends-Albert, De Brieven van Vincent van Gogh, The Hague, 1990, n° 778
Jacob Baart de la Faille, Vincent Van Gogh: The Complete Works on Paper, Catalogue Raisonné, vol. II, San Francisco, 1992, n° 1560, repr. pl. CLXXXV Jan Hulsker, The New Complete Van Gogh: Paintings, Drawings, Sketches, Amsterdam & Philadelphia, 1996, n° 1718, repr. p. 395
Marije Vellekoop & Roelie Zwikker, Vincent Van Gogh: Drawings, Arles, Saint-Rémy & Auvers-sur-Oise, 1888-1890, Van Gogh Museum, vol. IV, Amsterdam, 2007, fig. 447d, repr. p. 400

VINCENT VAN GOGH (1853-1890)
La famille de Vincent Van Gogh s’affirme depuis quelques générations dans le commerce et le négoce d’uvres d’art. Son frère Théo et lui-même passent par la société Goupil et Cie _ que Théo reprendra. Mais Vincent, lors d’un voyage à Paris est choqué par le regard et le traitement réservé aux artistes, conçus comme des pourvoyeurs de bien marchands. En proie à de sérieuses questions existentielles et spirituelles, le jeune garçon veut entrer au séminaire pour devenir pasteur, mais échoue aux examens de théologie.
C’est seulement à partir des années 1880 qu’il s’oriente vers le dessin puis la peinture, en voyageant en Belgique et à Paris. D’une curiosité vorace, il arpente les galeries et musées de Paris sans cesse pour s’y découvrir une affection réelle pour Rembrandt, Delacroix, Millet mais aussi Gauguin. Toute sa courte vie, Van Gogh ne cesse d’approfondir sa culture picturale et littéraire.
Il s’installe vingt mois en 1882 à la Haye, où il commence à dessiner abondamment. Il y décide de rompre avec le milieu bourgeois qui était le sien, pour s’intéresser aux milieux plus humbles, ouvrier et essentiellement paysan. Il y lit Balzac, Zola, Dickens et s’intéresse beaucoup à l’oeuvre de Daumier. Le retour chez ses parents, écourté par une énième dispute est tributaire de l’intérêt qu’il porte à la cause sociale: il y réalise en effet ses études pour Les mangeurs de pomme de terre.
Au moment de son dépar t pour Anvers en 1885, sa palette s’éclaircit incontestablement, c’est l’époque des séries d’Autoportraits de l’artiste et de la constitution de sa collection personnelle d’oeuvres.
Il arrive enfin à Paris au moment de la dernière exposition impressionniste en 1886, et de la rétrospective Millet de 1887. Installé dans un atelier à Montmartre et soutenu financièrement par son frère Théo, il fréquente ses contemporains artistes et s’inspire de son entourage. Il entretient notamment de forts liens d’amitié avec Signac dans la Boutique du Père Tanguy, et écoute avec attention les théories divisionnistes de Pissarro.
Comme eux, il ne résiste pas à l’appel des lumières aveuglantes de la Provence et se rend à Arles pour s’y installer. Cependant sa condition mentale, toujours fragile, s’aggrave et une crise l’envoie à l’Hôpital de Saint Rémy-de Provence. Lorsque ses crises ne l’en empêchent pas, Van Gogh peint sans cesse.
Les dernières années de sa vie, troublées par ces accès de folie terribles, Van Gogh les passe à Auvers-sur-Oise, village déjà prisé des Barbizonniens et des impressionnistes. Il décéde deux jours après une tentative de mettre fin à ses jours, loin des honneurs et du succès, n’ayant vendu qu’une toile de son vivant.
Le succès et l’aura qu’on lui reconnaît aujourd’hui ne datent que des années 1930, grâce à une immense exposition au MOMA. Certains de ses contemporains avaient cependant décelé le génie d’un artiste prolixe, dont les inspirations diverses ont forcé l’évolution d’un style caractéristique, par sa maitrise de la ligne et de la couleur. Parmi eux, retenons l’emphase d’Antonin Artaud, dans Van Gogh, le suicide de la société: « Il avait raison, Van Gogh, on peut vivre pour l’infini, ne se satisfaire que d’infini, il y a assez d’infini sur la terre et dans les sphères pour rassasier mille grands génies. »

Vincent Van Gogh’s family has established itself over several generations in the sale of art works. He himself and his brother Théo went through Goupil & Cie, a company that Théo eventually took over. But during a trip to Paris, Vincent was shocked by the attitude towards artists, treated as purveyors of merchandise. In the grip of serious existential and spiritual doubts, the young man wanted to enter a seminary and become a pastor, but failed the theology examinations.

It was only in 1880 that he turned to drawing and then painting, travelling to Belgium and Paris. His voracious curiosity led him to tirelessly explore the museums of Paris, developing a deep affection for Rembrandt, Delacroix, Millet and Gauguin. Throughout his brief life, Van Gogh constantly expanded his pictorial and literary culture.

In 1882, he moved to The Hague for twenty months, and began drawing prolifically. He decided to break with his bourgeois background, and took an interest in humbler environments, essentially working class and peasant society. He read Balzac, Zola and Dickens and became fascinated by the work of Daumier. His return to his parents, a stay cut short by yet another quarrel, was determined by his interest in the social cause: this is where he made his studies for The Potato Eaters.

When he left for Antwerp in 1885, his palette had lightened considerably: this was the period when he painted a series of selfportraits, and began to build up a personal collection of works.

He finally reached Paris at the time of the last Impressionist exhibition in 1886 and the 1887 retrospective on Millet. Now set up in a studio in Montmartre, and receiving financial support from his brother Théo, he got to know his fellow contemporary artists and took inspiration from the people around him. He developed a strong friendship with Signac, whom he met in Père Tanguy’s art store, and absorbed Pissarro’s Divisionist theories.

Like them, he was powerfully drawn to the dazzling light of Provence and went to live in Arles. However, his ever-fragile mental condition worsened, and an attack landed him in the hospital of Saint Rémy-de Provence. When he was not incapacitated by his fits, Van Gogh painted ceaselessly.

The last years of his life were blighted by these terrible periods of mental illness. Van Gogh spent them in Auvers-sur-Oise, a village that had already inspired the Barbizon artists and Impressionists. After a hypothetical failed suicide attempt on 27 July 1887, he died two days later, having never known honours or success. He only sold one painting during his lifetime.

His current popularity and the aura surrounding him only began to develop in the 1930s, thanks to a huge exhibition at the MOMA. However, some of his contemporaries had recognised the genius of a prolific artist whose diverse sources of inspiration drove him to develop a characteristic style with a highly idiosyncratic mastery of line and colour. One of them, Antonin Artaud, wrote forcefully in Van Gogh, le suicide de la société: “Van Gogh was right: we can live for the infinite; be satisfied with nothing but the infinite; there is enough infinity on earth and in the spheres to nourish a thousand great geniuses.”

Peu avant son suicide, en mai 1889, Van Gogh fut admis à l’asile de Saint-Rémy et soigné à Saint Paul de Mausole. Il partagea son temps entre le jardinage dans les potagers et champs fermés, situés derrière l’hospice, la peinture et le dessin de la nature qui l’entourait.
Notre dessin fait partie, selon le catalogue de la collection du Musée Van Gogh à Amsterdam, d’un corpus plus important éxécutés à cette période: «Van Gogh dépeint le champ dans quatorze oeuvres peintes et treize dessins, soit du point de vue de la fenêtre de sa chambre soit directement du champ... Tous les dessins représentent une vue d’un champ muré, chacun d’un point de vue légèrement différent. » 1. Dans une lettre à son frère Théo datée de mai 1889, Van Gogh décrit ainsi: «A travers la fenêtre à barreaux de fer, je vois un champ de blé de forme carrée entouré d’une clôture: une perspective comme celles de Van Goyen, au-dessus de laquelle je vois se lever le soleil dans toute sa splendeur ».2 Ce corpus met une fois encore en évidence l’émerveillement de l’artiste devant la beauté de la nature: «Le cycle annuel du blé - les semences, la pousse, la récolte - rappellent à Van Gogh le cycle éternel de la vie: ‘Leur histoire [celle des cultures] est la nôtre, car nous qui vivons de pain, ne sommesnous pas nous-mêmes en grande partie le blé, tout au moins ne devrions-nous pas nous soumettre à la croissance, totalement impuissants tels des plants de blé, croissance relative à ce que notre imagination désire parfois, et prêts à être récoltés lorsque nous sommes mûrs ?’ Cette idée fit du champ de blé un motif réconfortant pour Van Gogh: ‘Que d’autre pouvons-nous faire, quand on pense à toutes ces choses dont on ne saisit pas la raison d’être, à part regarder les champs de blé ?’ ».3

In May 1889, around a year before his suicide, Van Gogh was admitted to the Saint- Rémy asylum. While he was undergoing treatment at Saint Paul de Mausole, the tormented Van Gogh, always subject to fits of violence due to his long mental illness, began to work in kitchen gardens and the enclosed fields lying behind the hospital. He constantly painted and drew, and throughout the year he spent in Saint Paul, he found subjects in views of nature within and outside the confines of the institution. The catalogue of the Musée Van Gogh’s collection in Amsterdam includes this painting in a larger body of drawings on paper produced by Van Gogh in the asylum: “Van Gogh depicts the field in fourteen paintings and thirteen drawings, seen either from his bedroom window or from a spot in the field... All the drawings show a view of the walled field, each from a slightly different viewpoint.” (1). In 1889, Van Gogh described the walled field in a letter to his brother Théo: “Through the iron-barred window I can see an enclosed square wheat field: a perspective like Van Goyen’s, above which I can see the sun rising in all its splendour.”2 In this drawing, as in others of the series, Van Gogh’s profound feeling for nature is evident: “The annual cycle of wheat – sowing, growth and harvest – reminded Van Gogh of the endless cycle of life: ‘Their story [that of the crops] is ours, too, because we, who live by bread, are also wheat to a certain degree, aren’t we? At least, don’t we have to submit to growth, as powerless as wheat plants – growth that is sometimes subject to the desires of our imagination – and finally become ripe for reaping?’ This idea made the wheat field a comforting theme for Van Gogh: ‘What else can we do, when we think of all those things whose purpose is unknown to us, but look at wheat fields?’”3
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