Que la bibliothèque de Jean Giono demeure !

Que la bibliothèque de Jean Giono demeure ! La maison est sauve, ou presque. Un accord de rachat par la mairie de Manosque devrait être bientôt scellé. Maintenant, il ne reste plus qu’à sécuriser l’âme de cette bâtisse, autrement dit sa bibliothèque.

Des milliers de titres

Jean Giono est mort en 1970 en laissant derrière lui une collection importante de livres, des milliers, dont plusieurs ont été annotés de sa main. D’Aragon à Cocteau, de Pagnol à Stendhal, de la littérature extrême-orientale à des récits sur les conquistadors, des trésors sommeillent dans cette maison sise dans un écrin de verdure et de palmiers, là même où Giono a écrit l’intégralité de son oeuvre. Il n’est pas une pièce de cette demeure typiquement manosquaise où le « voyageur immobile » n’a pas posé son cahier, enfilé une robe de chambre et allumé sa pipe. Rituel immuable avant d’écrire – parfois debout !

La mairie de Manosque qui consent à reprendre les murs et le terrain ne souhaite pas, faute de moyens, faire l’acquisition des objets intérieurs. Classé « Maison des illustres », le « Paraïs », c’est son nom, héberge aujourd’hui l’association les Amis de Jean Giono, qui compte parmi ses membres, et non des moindres, la fille de l’auteur, Sylvie Giono. À 85 ans, cette femme, belle et admirable battante, se démène pour éviter la dispersion de ces livres rares et, pour elle, d’une grande valeur sentimentale. « Mon père a accumulé des milliers de titres qui intéressent aujourd’hui les chercheurs et les visiteurs », explique-t-elle.

200 000 euros nécessaires au sauvetage

Celle qui a glorifié la mémoire de son père dans un très bel album de cuisine, riche en photos inédites, La Provence gourmande de Jean Giono (Belin), confie qu’à chaque fois qu’elle se saisit de l’un de ses ouvrages un souvenir lui revient en mémoire. « Il me parlait beaucoup de ses livres, qui ont inspiré ses écrits. Il m’en parlait pour me donner envie. Il achetait quantité de livres, dont nombre de traductions, en plus de ceux qu’il recevait en tant que membre du jury Goncourt. »

La Fondation du patrimoine et l’association les Amis de Jean Giono ont donc lancé une souscription nationale pour récolter les 200 000 euros nécessaires au sauvetage de cette bibliothèque, mais aussi d’objets ayant appartenu à l’écrivain. « La maison et moi sommes vieillissantes. La charge, notamment financière, est lourde. Je rends hommage aux bénévoles qui font vivre cette maison en la maintenant ouverte au public », clame Sylvie Giono, qui peut compter sur le soutien de Pierre Bergé, ami de son père, et des écrivains Gilles Lapouge et Françoise Chandernagor.

Ref : Le Point Par Saïd Mahrane 23/06/2015

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