LETTRES ET MANUSCRITS AUTOGRAPHES Mercredi 6 décembre 2023
Lot 133 DIVISION DU CATALOGUE BEAUX-ARTS Nos 1 à 65 MUSIQUE ET SPECTACLE Nos 66 à 87 LITTÉRATURE Nos 88 à 194 SCIENCES Nos 195 à 212 HISTOIRE Nos 213 à 356 Abréviations : L.A.S. ou P.A.S. : lettre ou pièce autographe signée L.S. ou P.S. : lettre ou pièce signée (texte d’une autre main ou dactylographié) L.A. ou P.A. : lettre ou pièce autographe non signée Thierry BODIN Syndicat Français des Experts Professionnels en Œuvres d’Art Les Autographes 45, rue de l’Abbé grégoire 75006 Paris lesautographes@wanadoo.fr Tél. : 01 45 48 25 31 EXPERT
LETTRES ET MANUSCRITS AUTOGRAPHES vente aux enChÈres publiques Salle des ventes Favart 3, rue Favart 75002 Paris Mercredi 6 décembre 2023 à 14 h exposition privÉe CheZ l'expert Uniquement sur rendez-vous Du lundi 27 novembre au vendredi 1er décembre exposition publique Salle des ventes Favart 3, rue Favart 75002 Paris Lundi 4 et mardi 5 décembre de 11 h à 18 h Mercredi 6 décembre de 11 h à 12 h Téléphone pendant l’exposition: 01 53 40 77 10 Catalogue visible sur www.ader-paris.fr Enchérissez en direct sur www.drouotlive.com, interencheres.com et auction.fr En 1re de couverture est reproduit le lot 155. En 4e de couverture est reproduit le lot 30.
Lot 295
David NORDMANN Xavier DOMINIQUE Commissaires-priseurs Responsable de la vente Expert Marc GUYOT Responsable du département marc.guyot@ader-paris.fr Tél. : 01 78 91 10 11 Thierry BODIN lesautographes@wanadoo.fr Tél. : 01 45 48 25 31
4 Beaux-arts 1. ALBUM AMICORUM. Album de dessins, poèmes, pensées et musiques autographes signés, 1877-1882 ; album oblong in-8 de 70 feuillets (le reste vierge), reliure maroquin tête de nègre, cadre de filets à froid sur les plats, avec le nom CÉCILE en lettres dorées sur le plat sup., tranches dorées. 1 000 / 1 500 € Dessins par Bertall (jeune femme penchée sur un nid d’amours), Léon Bonnat (ange enlevant un martyr), Michel Bouquet (marine), Carolus Duran (l’assassin Bistor et Anna Perrin en Cour d’assises, 12 mai 1882), Guillaume Dubufe (Santa Cecilia), Edmond Dupain (2 : le Girondin Buzot dévoré par un loup, et « Sur les rochers »), Alexandre Falguière (Salomé), Hector Giacomelli (aquarelle : oiseaux), Louise Heger (paysage), Louis-Eugène Lambert (aquarelle : chat), Madeleine Lemaire (aquarelle : roses), Louis Olivié (sanguine : bébés), Giuseppe Palizzi (âne dans une basse-cour), Henri Schlesinger (Bretonnes au bord de la mer), Alfred Stevens (« La Parisienne mélange d’anémie et d’exaltation »), J. Westwood (château au bord de la mer), etc. Musiques par Gaetano Braga (Serenata polacca), Charles Gounod (Amen avec une pensée), Ernest Guiraud (air de Piccolino), Jules Massenet (« Divertissement des esclaves Persans », Roi de Lahore, acte 2). Poèmes par Émile Augier, Louise Ackermann, Théodore de Banville (Le Vallon), Henri de Bornier, Michel Bouquet, François Coppée, Cuvillier-Fleury, Paul Déroulède, Émile Deschanel, Camille Doucet, Eugène Manuel, Xavier Marmier (La source, traduit du suédois), Eugène Muller, Jean Richepin (Ballade pour les pauvres petits Pierrots), Georges Rodenbach (Le coffret), Edmond Rousse, André Theuriet, Gaston Tissandier, René Vallery-Radot, J. Westwood… Pensées et proses par Édouard Allou, Jules Barbey d’Aurevilly (« Aux yeux inconnus ! »), Paul Casimir-Périer, Jules Claretie, Alexandre Dumas fils, Octave Feuillet, Adophe Franck, Edmond Gondinet, Guillaume Guizot, Édouard Laboulaye, Ernest Legouvé, Jules Levallois, Adolphe Mézières, Désiré Nisard, Camille Perier, Jules Sandeau, un «ambassadeur du Foutah Djallon»…
5
6 2. Balthazar Klossowski dit BALTHUS (1908-2001). L.A.S., Rossinière 24 novembre, à Andrea Kwapisz ; 1 page in-4, en anglais. 400 / 500 € Il n’a pu répondre à sa demande arrivée en décembre dernier, car il a dû subir une opération et a frôlé la mort. Il a été coupé du monde pendant de longs mois, « a strange and rather painful experience ». Il revient à la vie et à son travail, et lui envoie le livre écrit par son fils aîné. [Stanislas Klossowski de Rola a écrit plusieurs livres sur l’alchimie]. 3. André BAUCHANT (1873-1958). 2 L.A.S., octobre-novembre 1947, à M. Van der Klift ; 1 page in-8 chaque (trous de classeur). 250 / 300 € À un collectionneur. – 20 octobre. Il lui a laissé « un tableau religieux N° 40 “Laissez venir à moi les petits enfants” et 2 qui furent au Salon des Tuileries », qu’il l’a prié de retirer en son nom. Il lui donne la préférence s’il souhaite les acquérir, « comme je ne fais plus que peu de tableaux et que je tiens les soigner »… – 18 novembre. Il lui rappelle qu’il lui donne la préférence, pour ces trois tableaux, dont une Tentation de St Antoine : « à défaut je ne les vendrai pas je les garderai pour ma famille »…. 4. BEAUX-ARTS. 39 lettres ou pièces, la plupart L.A.S. 400 / 500 € Pierre Argillet (carte de vœux gravée), Ferdinand Bac (3), George Barbier, Gus Bofa (3), William Bouguereau (avec petit dossier iconographique), Émile Antoine Bourdelle, Louise-Catherine Breslau (à Lucie Félix-Faure), Alexandre Cabanel, Pierre Cadiau (carte de vœux gravée), Étienne Carjat, Henri Cernuschi, Paul Colin, Fernand Cormon, Maurice Delcourt (au dos d’une aquarelle), Gustave Doré, Édouard Dubufe, Raoul Dufy (et 3 photos de tableaux), Henri Epstein, Jean-Louis Forain, André Galle, Charles Garnier, André Gill, Marcel Gromaire, Jean Messagier, Georges Lafosse (lettre illustrée), Fernand Legout-Gérard, Alfred Le Petit, Lucien Lévy-Dhurmer, Mariette Lydis, Radin-Saleh, Henri Rouart, Sem, Jacques Sennep, duchesse d’Uzès « née Mortemart (statuaire), Jacques Villon (à Marguerite Steinlen). On joint 9 photographies d’artistes ou de leurs œuvres (Kimié Bando, Jacqueline Deyme, Jacob Epstein, Max Ernst, E. Othon Friesz, Jacques Le Chevallier, Louis Thuillier) ; 3 dessins par P.L. Dessau, G. Randon, Rip ; et 2 catalogues d’exposition : Maurice Denis (Druet 1921) annoté, et Fernand Léger (1954), signé par Nadia Léger. 5. Albert BESNARD (1849-1934). L.A.S., Palazzo Massimo à Rome 14 mars 1906, à Alfred Roll (président de la Société Nationale des Beaux-Arts) ; 3 pages in-8 à l’encre violette. 200 / 300 € Il est retenu à Rome par l’achèvement du portrait de l’ambassadeur [Camille Barrère], qu’il enverra au Salon avec un autre tableau, « son antipode », représentant « une heureuse mère entourée de ses quatre enfants abrités sous des platanes contre trente cinq degrés de chaleur. L’un est silencieux énergique et calme, l’autre coloré sinueux et effréné »… 6. Jacques-Émile BLANCHE (1861-1942). L.A.S., 1er février 1931, à André Berge ; 2 pages petit in-4, enveloppe. 200 / 250 € Il le remercie de son article [sur son roman Aymeris], « d’une ampleur telle et d’une analyse si fine, si compréhensif, que j’en suis ravi ». Il s’explique longuement sur l’épilogue et le suicide de Georges Aymeris qui donne au livre « tout son sens social, d’époque. Georges a joué avec le feu, il a fait le révolutionnaire en révolte contre les conventions bourgeoises […] il se tue, comme par caprice d’enfant gâté – alors que tant d’autres fois il n’avait pas eu le courage de se supprimer. […] Au fond, toute la narration était composée pour aboutir à ce geste effectif, d’un velléitaire »… 7. Léon BONNAT (1833-1922). L.A.S., Paris 25 juin 1919, [à Lucie Félix-Faure] ; 1 page et demie in-8 à entête de l’École Nationale des Beaux-Arts. 300 / 400 € Sur la paix après la guerre 14-18… « un des bienfaits de la Paix sera la disparition en France de l’art bosche, art lourd, sauvage, barbare qui n’avait que trop de tendances à s’installer chez nous et à influencer notre jeune école ». Il voudrait aussi qu’on oblige les Allemands à démolir la colonne de bronze devant le Reichstag à Berlin, « colonne faite avec nos canons pris en 1870»… 8. Rosa BONHEUR (1822-1899). L.A.S., By 12 mai 1895, à la générale Perigot à Melun ; 3 pages in-8 (fendue en deux et réparée), enveloppe. 200 / 300 € Elle regrette d’avoir manqué sa visite, ainsi que celle de Mme Auguste Ducrot ; elle était à Paris pour visiter le Salon. Elle est prise toute la semaine, et dîne le 17 chez Mlle Garner, « ma sœur du pinceau », avec le « maître peintre » Bouguereau, Mme Demont-Breton et son père Jules Breton, pour « fêter la décoration de mon frère Isidore »… On joint une carte de visite autogr. avec enveloppe à la même.
10 9 7 9. Fernando BOTERO (1932-2023). L.A.S., 15 décembre 1986, au Dr. Salzmann ; 1 page in-4 ; en anglais. 400 / 500 € Il regrette de ne pouvoir accepter son invitation à l’occasion du vernissage de son exposition à Bremen, devant être à cette date en Colombie pour des affaires de famille. Il espère venir en février… 10. Émile Antoine BOURDELLE (1861-1929). L.A.S., 17 décembre 1922, à l’enlumineur Jean Saudé ; 2 pages in-4. 400 / 500 € Sur la publication des Décorateurs du livre de Charles Saunier : « un livre vient de paraître qui parlant de mes peintures pour la Reine de Saba dit tout ce que cet ouvrage doit à Saudé. Il dit que votre travail votre goût sûr vous font honneur. Cela est immense car peu de ceux qui honorent le livre de vos confrères sont si bien loués que vous. Le livre est d’un écrivain très écouté de grande valeur et probe. […]. Le passage qui vous cite et vous loue justement, est dans les pages 114-115-116. j’ai cru devoir tout cordialement vous signaler ce livre. C’est moi qui ai informé de votre œuvre – l’écrivain. […] Ai-je tenu envers vous toutes mes promesses. Je suis bousculé […] comptez sur ma reconnaissance absolue pour votre art et vos soins »… 11. Félix BRACQUEMOND (1833-1914). L.A.S., 14 octobre 1908, à Maurice Guillemot ; 1 page et demie oblong in-8. 200 / 300 € Il remercie le critique de son bel article, sur le sculpteur et céramiste Ernest Chaplet (1835-1909) : « vous ne sauriez trop admirer Chaplet pour toutes les couleurs qu’il a trouvées dans la porcelaine la faïence. Il dépasse les Chinois, Bernard Palissi, mais hélas il ne voit pas assez clair pour discerner toutes les couleurs les moyens céramiques qu’il a inventés. Vous avez bien raison de dire qu’il devrait être – non pas directeur – mais le maître des pâtes des fours des couleurs de la Manufacture de Sèvres où il a débuté étant moutard»… Il encourage Guillemot à écrire une brochure sur Chaplet « que tout [le] monde aujourd’hui ignore presque»… 12. [Bernard BUFFET (1928-1999)]. 18 photographies de presse ; environ 18x13cm chaque, plusieurs avec légendes dactylographiées au dos. 300 / 400 € Portraits de Bernard Buffet, souvent en compagnie de son épouse Annabel; vernissages (un en compagnie de Jean Cocteau); soirées mondaines; tableaux… On joint la page de titre de La Corrida du veau d’or avec envoi a.s. d’Annabel Buffet à André Maurois.
14 13 8 14. César Baldaccini dit CÉSAR (19211998). L.A.S., Paris 13 décembre 1990, au Président François Mitterrand ; 1 page in-4 à son en-tête. 500 / 700 € Nommé commandeur dans l’Ordre national du mérite en février 1988, il ne s’est pas encore fait remettre sa cravate et serait « particulièrement heureux et flatté si vous acceptiez de me remettre personnellement cette croix de commandeur »… 13. Jean CARZOU (1907-2000). L.A.S. avec dessin, Paris 24 novembre 1948, à une amie ; 2 pages in-8 (trous de classeur). 500 / 00 € Il voudrait avoir la toile dans la semaine : « C’est bientôt mon exposition et le tableau en question doit y figurer sans compter que j’ai quelques retouches à y faire. […] C’est une toile de 20 P tonalité verte » ; et il dessine le tableau, représentant un buste de femme dénudé avec en arrière-plan une fenêtre ouverte. On joint deux cartes postales a.s. (1990) reproduisant ses œuvres ; et une page (21 x 15,5 cm) où, autour d’une photographie de Vierge à l’enfant, Carzou a dessiné un encadrement de feuillages et de masques (signé et daté 1990).
15 16 9 17. Alexandre-Gabriel DECAMPS (18031860). L.A.S., au Veyrier 13 mars 1854, à un ami ; 4 pages in-8 à son chiffre. 200 / 300 € ... « J’ai une peine infinie à me remettre à peindre. Je dessinote bien quelquefois parce que cette sorte de travail se peut quitter ou reprendre sans inconvénient, il n’en est malheureusement pas ainsi de la Peinture qui exige une application plus prolongée et plus suivie. [...] Je compte travailler un peu dehors d’après nature quand la dame aura quitté sa robe grise car il fait ici une sécheresse fabuleuse ». Il ne sait de quelle « halte de caravane » veut parler son ami. Il a griffonné quelques notes pour sa biographie, mais « au milieu des soucis résultant de l’état politique de l’Europe les nécrologies seront cultivées ». Il parle de sa femme, et des « dames indigènes » dont certaines sont « fort désagréables »... 15. [Gabrielle dite Coco CHANEL (1883-1971)]. Photographie originale par Paul O’DOYE, [1928] ; photographie au gélatino-bromure d’argent (16,5 x 11,5 cm), signée en bas à gauche par le photographe, montée sur carte. 800 / 1 000 € Rare photographie prise lors du Bal Proust donné par la princesse de Faucigny-Lucinge à Paris le 12 juin 1928, représentant (de droite à gauche) Coco Chanel, la comtesse de Beaumont et Marcel Herrand. 16. Jacques-Louis DAVID (1748-1825). L.A.S., 8 nivôse XII (30 décembre 1803), à Vivant Denon, Directeur général du Musée Napoléon, aux galeries du Louvre; 1 page in-8, adresse (mouillures avec petites manques, papier fragile). 1 000 / 1 200 € Denon avait proposé de « faire monter les têtes sur l’antique qui doivent servir au perfectionnement du tableau qui m’occupe en ce moment»; toutes ne peuvent être montées en même temps. David donne ici la liste de «celles qui pressoient le plus » : « Le Jupiter n° 116 celui qui est placé à la porte qui conduit à la Salle de l’Apollon. L’Esculape n° 40. Ptolémée n° 0. Cette tête avec une bandelette dans le coin de la fenêtre qui éclaire le Laocoon. La tête seulement avec le casque d’une petite figure de Mars plus petite que nature n° 157. L’Antinoüs n° 177 »…
23 22 10 18. Leonor FINI (1908-1996). 2 L.A.S., 26 octobre 1976 et s.d., à Gerhard Weber ; 2 pages in-4 (trous de classeur). 150 / 200 € Elle a reçu ses poèmes et aime leur « grâce bizarre. Je peux très bien imaginer de dessins de moi équivalents comme esprit. On va les choisir ensemble »… – Elle lui envoie le contrat. 19. André FRANQUIN (1924-1997). P.A.S. sur carte de vœux illustrée, 1979 ; 17,5 x 23,5 cm. 100 / 150 € Amusante carte de vœux illustrée par le créateur de Gaston Lagaffe et du Marsupilami, représentant une lutte entre le gros camion Ducon et une petite voiture. Autour de la reproduction de ce dessin, Franquin a écrit : « Toutes nos amitiés émues et nos vœux affectueux à Jean-Louis et Odile, les p’tits Miquets qui n’ont pas peur des gros camions Liliane et André Franquin 79 ». 20. Hubert de GIVENCHY (1927-2018). L.A.S. « Hubert », 10 octobre 2002, à « Très chère Nicole » ; au dos d’une photo (carte postale). 100 / 120 € Billet amical, signé de son prénom et d’un cœur, au dos d’une photographie le représentant marchant sur les quais de Paris en compagnie d’Audrey Hepburn: «Merci d’être ici avec nous. Votre Amitié me touche profondément»… 21. Édouard GOERG (1893-1969). 2 L.A.S., « 3 Villa Seurat » 1931-1933, à André Berge ; 3 pages et demie in-8, une enveloppe. 150 / 200 € 14 janvier 1931. Il regrette de n’avoir recueilli que 3 signatures à la circulaire, à cause du court délai et de la demande de discrétion : « Sans cela je vous aurais recueilli plus d’une centaine de signatures d’artistes peintres ou sculpteurs en renom»… – 26 avril [1933], après la lecture du Visiteur nocturne de Berge : « je ne vous croyais pas aussi connaisseur des règles du jeu, des traditions policières, et des fils qu’il faut tirer pour tenir le lecteur en intérêt et agacer ses nerfs»… avant de revenir malheureusement assez vite pour finir de préparer mon exposition de novembre chez Drouant»… Deux dessins à l’encre de Chine occupent toute la largeur de la page, en haut et en bas de la lettre : vues de plages normandes. 23. Henri HARPIGNIES (1819-1916). 2 L.A.S., 1884-1910 ; 5 pages in-8. 300 / 400 € Briare 23 juillet 1884, à un élève : conseils pour visiter le Saut du Loup à Hérisson dans l’Allier : « le Saut du Loup est le nec plus ultra » mais il faut aussi visiter « le petit village de Chasteloy et les gorges superbes qui l’entourent », le château Benard et « l’intérieur d’Hérisson fort pittoresque avec son château en ruine & les vieux murs d’enceinte dont vous trouverez encore maints vestiges. Travaillez bien et surtout dessinez beaucoup»…. 25 mars 1910, à un, ami : « Les bras me tombent à ce que je lis dans le Journal de ce matin. 12 œuvres lacérées dans les salles. Je n’y comprends rien »… 22. André HAMBOURG (1909-1999). L.A.S. avec dessin, 28 août 1958, à un ami; 1 page oblong in-4. 250 / 300 € Jolie lettre illustrée. Il remercie d’un article « au sujet de Cagnes. […] Après notre séjour humide en Normandie, nous partons nous sécher à Mougins,
26 11 24. Paul HELLEU (1859-1927). L.A.S., [23 juillet 1924], à un imprimeur ; 1 page petit in-4. 100 / 120 € « N’imprimez pas la gravure de l’Infirmière »… 25. Johann Barthold JONGKIND (1819-1891). L.A.S., Paris 14 avril 1876, à M. Vial ; 2 pages et demie in-8 (deuil). 400 / 500 € Il remercie pour l’envoi de médicaments et d’une « bouteille de la bonne Cognac », mais il manque « les gravures des épreuves de votre invention, que vous avez probablement oublié ». Il le remercie, et ira le voir avec Mme Fesser. 26. Johann Barthold JONGKIND. L.A.S., [Saint-Égrève] 2 février 1891, à Pauline Fesser à La Côte SaintAndré ; 1 page in-8, adresse. 1 000 / 1 200 € Dernière lettre pathétique à son amie, une semaine avant sa mort; avec un intéressant ensemble de documents joints. « Cher Pauline dis que Julien vient tout suite à l’Hôtel Isale [sic pour Asile] St Robert. Depuis que je suis ici les surveillant disent que vous memener souvent venir me voir. Je la penne de écrire et avoir la nouvelle de Grand maman»…. On joint : – le faire-part de décès de Jongkind (9 février 1891), au nom de ses amis Fesser ; – une lettre adressée à Jongkind par « un vieil amateur » au sujet du tableau du peintre dans l’exposition des refusés, juin 1873 ; – 2 l.a.s. du marchand de tableaux A. Diot à Mme Fesser, février-mai 1891, déplorant la mort de Jongkind ; – l.a.s. de l’artistepeintre Couty, Malain 25 avril 1891, après le décès de son ami Jongkind ; – 3 l.a.s. de Jules Bernard, du Musée de peinture et de sculpture de Grenoble, février-mars 1893, à Jules Fesser, au sujet de l’acquisition d’une aquarelle de Jongkind (plus un modèle de facture) ; – une l.s. du maire de Grenoble, Auguste Gaché, remerciant Jules Fesser du don d’une vue de Grenoble au Musée, 5 mars 1894; – 2 l.a.s. de Paul Colin, maire du VIe arrondissement, au sujet de la demande de Jules Fesser de donner le nom de Jongkind à une rue ; – une l.s. d’Albert Kaempfen, directeur des Musées nationaux, remerciant Jules Fesser du don d’une aquarelle de Jongkind, Vue de Paris prise du quai de l’Hôtel de Ville, 27 avril 1894 ; – 2 l.a.s. d’E. Liaud à Jules Fesser au sujet des ventes Jongkind, 28 avril 1899 et 3 décembre 1906 (plus 3 coupures de presse, et 2 cartons d’exposition).
30 12 27. Paul JOUVE (1878-1973). 5 L.A.S, Paris et Fleury-la-Rivière août-octobre 1967, à M. Hinglais, pharmacien à Épernay ;7 pages in-4 et in-8, une enveloppe. 300 / 400 € Il demande des médicaments pour ses crises de névralgie faciale. ; il remercie la famille Hinglais pour la belle journée passée à Épernay et pour «votre étonnante compréhension et amour des animaux qui comprennent tellement votre affection à leur égard » et pour « le rarissime riz indien au curry de Madame Hinglais » ; il félicite le pharmacien pour ses photos, notamment ses photos en couleurs d’Islande : « l’âpreté et la grandeur du paysage, les bleus violacés de mer et les multiples gris du paysage sont inimaginables»…Il donne les dimensions des œuvres qui sont restées chez lui : « 2 têtes de buffles sous cadres 1m90 sur 0m89 […] 2 tigres haut. 1m42 large 1m07 […] tigre lithographie fond or […] panthère noire litho. fond or » ; il l’invite à venir à l’atelier et va envoyer pour sa fille « d’autres bonnes marques de crayons Caran d’Ache, Conté, Hardemuth, des mines de plomb – et noirs»…» 28. Irène LAGUT (1893-1994). 2 dessins originaux signés, 1976 ; 19,5 x 12,5 cm et 21 x 15 cm. 150 / 200 € Tête de femme au collier vert, plume et crayons de couleur. Carte de vœux de bonne année sur carton, au stylo bille bleu et crayon rouge, « Pour mes chers amis Marthe et Lucien » [Blomet]. Catalogue joint de l’exposition d’Irène Lagut à la Galerie Malaval de Lyon (mars 1971) avec texte de Paul Morand. 29. Paul LANDOWSKI (1875-1961). 3 L.A.S., Boulogne s/ Seine 1923-[1926], à Henry de Montherlant ; 1 page oblong in-8, et 2 pages in-12 avec adresse. 150 / 200 € 11 avril 1923, invitation à déjeuner avec Mme Paul Adam et Camille Mauclair. « Je vous montrerai Les Fantômes complètement terminés»… – 9 juin 1923, il aimerait lui parler de ses Fantômes. – [27.XII.1926]. L’enterrement d’un « ami très cher » l’oblige à remettre leur rencontre. On joint une L.S. à un candidat à l’Institut (21 novembre 1934), et une carte de visite autogr. 30. Léon LEBÈGUE (1863-1930) illustrateur et affichiste. 5 L.A.S. et 6 enveloppes dessinées et aquarellées, 1898-1899 et s.d., à Maurice Curnonsky ; 9 pages in-8 à son monogramme, 800 / 1 000 € Amusante correspondance amicale, avec ses curieuses enveloppes illustrées. Nous n’en citerons que deux extraits. 31 octobre 1899, au sujet du Bréviaire des courtisanes (de Curnonsky et Toulet, sous le pseudonyme de Perdiccas) : « Ainsi vous n’êtes donc pas mort, noyé selon mes présomptions dans un des cock-tails servis au bar du Soufflot ! Je suis bien content de vous avoir démêlé dans la double personnalité de Perdiccas. Il y a là nombre de pages dans lesquelles je vous retrouve en entier […] C’est la première fois que S’en-Batl’Œil apparaît dans un livre et pourtant j’aurais voulu lui serrer la main comme à une vieille connaissance, tellement il avait pris corps dans nos conversations de jadis et naguère. Merci de vous être souvenu de moi et de ne m’avoir pas cru incapable d’apprécier votre bréviaire spécial »... – Lundi (Ste Flemme – demi-vierge et martyre). « Cher élève, Puisque vous daignez être, vous aussi, l’homme des enveloppes, permettez-moi de vous féliciter d’un essai qui, tel ceux de Montaigne vous classe du coup parmi les maîtres du genre. Oui, ô éphèbe talentueux, je suis des vôtres et vous autorise à m’entraîner vendredi, vers la folle orgie à 35 sols. Le rêve étoilé dans lequel je marche n’implique pas que j’aie les pieds nickelés pour une manifestation gastronomiquement terrestre et je compte vous le prouver »... Etc. Les enveloppes, avec dessins à la plume aquarellés, présentent d’amusantes scènes : jeu de massacre forain, ivrogne vomissant son vin (figuré par une coulée de cire), chanteurs de rue, chaise à porteurs… On joint une autre enveloppe illustrée à la plume ; une amusante lettre-canular signée « Rose Laculotte concierge » (28 mars 1895) ; et 2 cartes de vœux gravées par Lebègue (1896, 1906).
32 31 33 13 31. Pierre LEGRAIN (1888-1929). L.A.S., 26 mars 1920, [à Michel Dufet] ; 2 pages in-4. 200 / 250 € Il remercie d’un article élogieux consacré « dans Ève à mes reliures […] Il m’est particulièrement agréable de les trouver sous la plume de vous-même qui faites profession de goût»… 32. Maximilien LUCE (1858-1941). 2 dessins signés et P.A.S., 1925 et s.d., [à ses amis Thorndike] ; 3 feuillets formats divers. 300 / 400 € Vue d’une entrée de village, signée et datée 1925 (crayon et plume, 10,3 x 13,5 cm), au dos d’un carton d’exposition à la Galerie Georges Petit (décembre 1925) avec envoi a.s. : « à M. Thorndike avec mes meilleurs souhaits de 1926 Luce ». Vue d’un bord de mer avec rochers et pins, signé (crayon et plume sur papier chamois, 12 ;3 x 16,5 cm). «Mes chers amis Entendu pour Lundi Midi Amitiés à tous »… (oblong in-12 au dos d’une carte avec gravure pacifiste). 33. René MAGRITTE (1898-1967). L.A.S., [fin mars 1961], à André Bosmans ; 1 page in-8. 600 / 800 € Il lui retourne le manuscrit [pour la revue Rhétorique]. « J’aime bien la page “Eluard”, mais je crois qu’il vaut mieux la supprimer étant donné l’abus que l’on fait dans des catalogues ou revues de cette manière de “référence”, qui n’exige aucun accord de la part de l’évoqué : n’importe qui pourrait se “réclamer” du vers d’Eluard [...] Nous ne devons nous “réclamer” que du contenu donné par nous (ou approuvé) à Rhétorique. Nous n’avons pas, je suppose, plus besoin d’un “patron” qu’Eluard n’en avait »... On joint une l.a.s. de Frédéric Luce, Paris 11 janvier 1949, à Mme Thorndike et aux Henri Donias.
35 14 34. René MAGRITTE. L.A.S. « RM », Bruxelles [9.IX.1964], à André Bosmans ; 1 page in-8 à son en-tête, enveloppe. 600 / 800 € À propos d’une mise au point dans la revue Rhétorique sur l’affaire des fausses Cartes d’après nature (éditées par le groupe de la revue Vendonah)... « Jugez si au lieu de “confusion d’esprit” (à propos des Salons dits surréalistes) il ne vaudrait pas mieux dire : “crétinisation confortable” ? »... (Au dos de l’enveloppe, une mention au crayon : « plutôt peut-être “le confort de leur crétinisation” »). Il donne une nouvelle adresse pour le service de Rhétorique. Samedi, il montrera à son ami La Grande Guerre. 35. Henri MATISSE (1869-1954). 2 L.A.S., 4 avril et 3 mai 1951, à Mme Thorndike à Nice ; 1 page oblong in-12 (au dos d’une carte postale illustrée Étude pour La crucifixion, Chapelle de Vence), et 1 page et demie in-4 avec enveloppe. 500/600€ 4/4/51. « Chers amis, j’irai vous voir un de ces matins. Votre carte de Pâques m’a beaucoup touché! Restez en bonne santé!»… Vendredi 3 mai. Il a répondu à la touchante lettre de sa chère amie instantanément, mais l’a ensuite égarée : « Excusez, j’étais heureux de votre manifestation de sympathie mutuelle et ça ne m’a pas réussi ». Il compte aller la voir dimanche matin, et la prie de saluer Henri… 36. Aimé MILLET (1819-1891). 50 L.A.S., un télégramme et 10 cartes de visite a.s., 1859-1890, à Henri Dumesnil ; 75 pages in-8 ou in-12, quelques-unes à son chiffre ou adresse, 2 enveloppes, quelques adresses. 800 / 1 000 € Belle correspondance du sculpteur à son ami critique d’art. Il est beaucoup question d’invitations à dîner (et réponses), notamment pour le dîner des Amis du Vendredi. Millet évoque ses expositions (1869), et mentionne quelques-uns de ses amis et confrères : Paul de Musset, Louis Cabanel, Chenavard, les obsèques de Corot (25 février 1875). Il convie souvent Dumesnil à son atelier, le présente à un rédacteur en chef en vue d’un article sur le Salon (mai 1866), lui envoie un bibelot (« Une jne Italienne en terre cuite que j’ai demandée à Millet, » note Henri Dumesnil, 21 mai 1869). Il le remercie de ses félicitations pour sa croix d’officier (28 juin 1870), l’encourage à aller chez le baron Taylor pour déposer une notice biographique pour l’exposition Corot et à rencontrer Philippe Burty (mai 1875). Il lui envoie une longue lettre de condoléances et de consolation à la mort de son fils (12 avril 1877). Il propose deux places pour aller à l’Opéra voir Les Huguenots : « Ce n’est pas neuf mais ce vieux là vaut mieux que le neuf d’aujourd’hui » (12 janvier 1885). Il parle de son travail : « Je trouve qu’il n’y a rien de mieux que d’être à l’atelier, il y fait plus frais et … sec » (15 juin 1873) ; il évoque sa condition d’artiste que Dumesnil pense libre et heureux : « Eh, bien, votre Millet est là, cloué, vissé, rivé, à Paris, dans Paris, sur son boulevard des Batignolles et ne sait encore si et quand il en démarera ! Elle est jolie la liberté des artistes ! M’en parlez pas !… » (1878). Il participe à des jurys à l’École des Beaux-Arts et à Munich d’où il va à Nuremberg voir le tombeau et la maison de Dürer (20 août 1883). Il mentionne quelques-unes de ses œuvres: sa statue de George Sand : « George Sand est moulé et le marbre en train (20 août 1883) ; Phidias (9 juillet 1886) : « Je suis attaché de la façon la plus violente au modèle de mon Phidias [.…] Je retourne à mon Phidias qui m’attend et me fait de l’œil ». Il participe au dîner des membres du jury de l’exposition où il parle avec le président de la République et envisage de recommencer «le modèle de Phidias: 2 m 20 en terre car je ne puis me résoudre à laisser la pierre comme mon dernier mot ! ». Dernière lettre du 21 août 1890 : « Hélas ! hélas, je sens bien que je suis fi…ni » ; il fait part de sa faiblesse et doit faire des efforts considérables pour écrire : « J’espère que nous nous reverrons encore, mais je ne vous promets rien. Si je claque bien tôt, je vous regretterai à mon enterrement, car vous avez été un bon et fidèle mai auquel je tenais et tiens encore »… On joint un brouillon de lettre de Dumesnil à Millet : « V[ou]s ferez bien de décerner à v[otre] Phidias les honneurs du marbre, il en est digne »… ; et une lettre de la veuve de Millet (1893) à Dumesnil au sujet d’un buste.
36 15 37. Pablo PICASSO (1881-1973). Signature autographe sur Denis Diderot, Mystification ou histoire des portraits (Les Éditeurs Français Réunis, 1954) ; in-8 ; broché. 150 / 200 € Préface de Pierre Daix. Portrait de Diderot par Picasso en frontispice. Couverture illustrée par Picasso. Sur le faux-titre, grande signature « Picasso » au crayon noir, et celle de Pierre Daix au stylo bleu. 38. Pierre PUVIS DE CHAVANNES (1824-1898). 2 L.A.S., Paris 1891-1896 ; 1 page et demie in-8, 1 page in-12 avec adresse (portrait gravé joint). 150 / 200 € 27 décembre 1891. Il doit renoncer « à remplacer notre éminent Meissonier à la Présidence de la Société des Beaux Arts à Nice […] ne pouvant m’y consacrer comme je le devrais »… – 26 août 1896, à Jérôme Doucet : « L’épreuve que vous m’envoyez est aussi bonne que possible et puisque votre intention est de joindre ce portrait à votre publication je n’hésiterais pas à le prendre tel qu’il est » ; il lui serait d’ailleurs impossible de faire des retouches. On joint une carte de visite a.s. 39. Pierre PUVIS DE CHAVANNES. L.A.S., Paris 1er juillet 1894, au sénateur Édouard de Marcère ; 5 pages in-8. 300 / 400 € Comme Président de la Société Nationale des Beaux-Arts, il recommande vivement le sculpteur Arthur Le Duc (1848-1918), dont il retrace la carrière et signale les œuvres les plus remarquables, depuis le Centaure et Bacchante du musée de Caen à la statue équestre du Connétable de Richemond… «Le Duc semble s’être attaché à retracer la gloire des grands hommes de la Normandie où il s’est retiré. Tous les loisirs que lui laisse l’administration de sa commune, il les consacre au travail et si une ville fait appel à son talent, c’est généreusement qu’il lui offre son travail sans aucune rémunération»…
16 40. Jean-François RAFFAËLLI (1850-1924). 8 L.A.S. 1902 et s.d., à ses « chers enfants », sa fille Germaine et son gendre Félix Chevrier de Beauchesne ; 22 pages in-8. 800 / 1 000 € La fille de Raffaëlli, Germaine, vient d’épouser Félix Chevrier de Beauchesne et ils sont en voyage de noces en Italie ; le père se réjouit du bonheur de sa fille, même si elle lui manque et si la maison lui semble vide. Il leur écrit des lettres affectueuses, raconte la vie quotidienne et mondaine, déjeuners, dîners, sorties : « Demain nous recevons la veuve de Johann Strauss, le grand compositeur viennois. – Mardi Montesquiou nous a invités à un petit goûter intime au Pavillon des Muses. – Mercredi noces d’argent des Marc » ; il donne des nouvelles des amis : « les Barrès sont à Hyères»; il envoie à Félix un extrait de catalogue où figure un ouvrage de M. de Beauchesne sur Madame Élisabeth. Il parle de son travail : « J’ai travaillé dans ma voiture ce matin à mon tableau de la “Porte St Denis” – un tableau important que vous n’avez pas encore vu. […] Mon Victor Hugo commence enfin à marcher !... Le portrait est fini. Il n’est pas trop mal. ». « Je travaille beaucoup. – Le portrait de Mlle Gallot est fini. Il est très bien je crois. – Et mon “Victor Hugo” avance. – Et la Porte St Denis aussi»…Il va recevoir une bobine de Ruhmkorff (générateur électrique) : « Il y a mille expériences à faire avec, des plus étonnantes. Et cela me permettra de tenter la réalisation de quelques idées »… Il a reçu un « stéréoscope avec une dizaine de vues représentant … votre mariage sortant de l’église !!! C’est absolument délicieux. Il faut voir Germaine, réservée, discrète, gentille, un peu effarouchée au bras de Félix, absolument vainqueur ! »… Mais la grande affaire est son invention des « “couleurs à l’huile, en morceaux à employer par frottement”. Ce sont des couleurs à l’huile que je solidifie sans les dénaturer. Elles s’emploient en bâtons, comme les pastels […] Le résultat est merveilleux. Les bâtons sont solides et cependant doux à employer. Je compte que cela va bouleverser l’art moderne. Car l’art est étroitement uni aux moyens d’expression existants. Je prends en ce moment des brevets dans le monde entier ». Il va les proposer à Lefranc, qui fabrique déjà le « Pastel Raffaëlli ». Il s’inquiète de ne pas avoir de réponse pour sa demande de brevet en Allemagne : « Il y a de quoi car j’ai la certitude d’avoir là une grosse, grosse affaire en mains ! »… On joint 13 l.a.s. de sa femme Rosine (une avec un post-scriptum du peintre), aux mêmes pendant leur voyage de noces en Italie, où elle les suit par la pensée ; plus une lettre à elle adressée au sujet du mariage de sa fille ; et le manuscrit d’une étude de Florence Heywood sur Raffaëlli (8 p. et demie in-4).
41 42 43 17 43. Paul ROBERT. 7 L.A.S., 1896-1917, à Pierre Louÿs ; 17 pages formats divers, 6 enveloppes ou adresses. 400 / 500 € [15 janvier 1897] (Louÿs est à Alger). Il remercie de l’envoi d’Aphrodite et de dattes « Fasquelle continue à me raser, il veut à tout prix vous avoir. Il n’est pas dégoûté. Le pôvre vient d’éditer le livre ridicule du Môme “la Jaunisse” sur Napoléon. Hier, chez Charpentier, nous nous sommes tous foutus de lui. Il voudrait bien prendre sa revanche avec vous. La petite Forain a fait une pantomime exquise. Claude A.D. [Debussy] ravi, en fait la musique »… – [9 février 1898] (Louÿs est au Caire). Propositions insistantes du « môme Fasquelle »… « Si vous avez un moment de loisir envoyez-moi des nouvelles des Ptolémées. Je suis très inquiet, il y a très longtemps que je n’ai reçu le moindre papyrus ». Amusant quatrain libre de Ponchon... – Il voudrait lui présenter le sculpteur Desbois, qui « professe pour l’auteur des Chansons de Bilitis un culte qui me le rend très sympathique » ; nouvelles de Forain… – [1918]. Il a lu La Jeune Parque de Paul Valéry : « c’est très beau. Est-il possible de lire d’autres vers de votre ami ? »… – [5 mai 1919] : « Ponchon est très touché de vos éloges, et il est confus, car il ne les mérite pas »… Etc. On joint une L.A.S. de Pierre Louÿs à Paul Robert, 11 septembre [1917 ?] ; devenant aveugle, il cherche désespérément un secrétaire. Avec 3 enveloppes de Louÿs à Robert. 41. Anita RÉE (1885-1933). L.A.S. avec dessin, Oldesloe 30 juin 1901, à Fräulein Toni Martens à Hambourg; 1 page oblong in-12 au crayon, adresse au verso (Postkarte) ; en allemand. 200 / 300 € Carte de jeunesse, illustrée d’un dessin de maison à la mine de plomb. Lettre amicale, illustrée du dessin de sa maison. 42. Paul ROBERT (1857-1925). 10 L.A.S. et 13 cartes postales a.s. ou autographes, [1906-1911] et s.d., à Curnonsky ; env. 20 pages in-8 et 13 cartes, enveloppes et adresses. 400 / 500 € Amusante correspondance fantaisiste du peintre. « J’ai reçu le volume et ta dédicace d’ami égaré par l’amitié m’a fait rougir… heureusement, tu me donnes en même temps la preuve par 69 de ma pauvre misère spirituelle. Si j’étais des dix O ! Goncourt – ça se saurait ! et je serais dans les tranchées du livre au lieu de rester à l’arrière comme un embusqué – pendant que tu montes fièrement à l’assaut aussi audacieusement que le dollar triomphant. Ma dernière érection je me la dédie – Au zéro inconnu !! J’ai heureusement une excuse – le sel m’est défendu – aussi bien dans la conversation que sur le bout de la queue»… – Après la première de Lohengrin : « Quand on a de l’argent on est intelligent – quand on n’a pas d’argent on est intransigeant. […] J’ai vu ton portrait à la Biche – ce soviet à trois est terrifiant ! Vous avez l’air de bouffer les enfants de Thyeste – et comme toujours, je te regarde manger, et moi, je prends la ceinture. Merrrdre !!! ».. – « Comme il n’y a plus que les Juifs qui soient chez eux dans nos églises on peut prévoir que bientôt ils s’empareront du trou du culte comme si c’était celui de Léon Blum»… Etc. On joint 7 feuillets de dessins et caricatures (plume ou crayon) : Oscar Wilde, Adolphe Retté, docteur Festus, « Tarierikoff », cochons…
46 45 18 44. Albert ROBIDA (1848-1926). L.A.S., Neuilly mardi 24 juillet, [à l’éditeur Charles Meunier] ; 1 page in-8. 80 / 100 € À propos de la publication de la nouvelle de Balzac La Connestable, illustrée de 14 de ses eaux-fortes [Ch. Meunier, 1914] : « Je suis heureux de savoir que la Connestable va voir le jour – enfin ! » Il passera chez lui demain matin, avant son départ « demain soir pour une quinzaine de jours, c’est vous dire si je suis bousculé »… 45. Georges ROCHEGROSSE (1859-1938). L.A.S. « Geo », Alger lundi soir [7 avril 1894], à Mme Théodore de Banville ; 6 pages in-8, enveloppe. 400 / 500 € Belle lettre d’Algérie à sa mère, alors qu’il travaille à l’illustration de Salammbô de Flaubert. [Élise Rochegrosse, née Bourotte, avait épousé en secondes noces Théodore de Banville, qui considéra Georges Rochegrosse comme son fils adoptif. L’édition de Salammbô illustrée par Rochegrosse parut chez Ferroud en 1900.] « C’est vraiment un endroit épatant, ici. J’y trouve presque tout ce qu’il me faut pour ma Salammbô… Ça serait vraiment le cas d’être pieuvre et d’avoir un pinceau au bout de chaque tentacule ». Il a pu entrer dans une maison et, sur une terrasse qui domine la ville arabe, a «commencé une série d’études, qui seront exactement le décor qu’il me faut pour les compositions qui se passent sur la terrasse de Salammbô ». Il évoque d’autres séance de travail « dans le jardin d’une petite mosquée », entouré de gamins, dans les campagnes et sur les collines... Les habitants sont sympathiques, et Rochegrosse s’insurge contre l’injustice de l’occupation française… On joint 3 L.A.S. à un ami éditeur, sur leurs projets, un travail de coloration… (6 p. in-8) ; plus une lettre de sa femme. 46. Auguste RODIN (1840-1917). L.A.S. [à Jane Catulle-Mendès] ; 2 pages in-8 à son adresse 182 rue de l’Université (encadrée avec photographie signée). 600 / 800 € Il a reçu « les deux dernières pages de votre poésie sur le sculpteur. J’ai profité largement de votre génie et de votre si gentille amitié, je suis dans l’impossibilité de vous remercier. Un dessin serait-il assez important pour vous témoigner de mon souvenir reconnaissant. Votre sympathie ma chère grande amie est précieuse aux heureux gagnants que vous choisissez. Votre ardente poësie est le nimbe d’or que vous mettez à vos Saints. J’embrasse avec bonheur vos mains chère Madame, grande Madame»... La lettre est encadrée avec une photographie (carte postale) avec signature autographe « Aug. Rodin ». 47. Ary SCHEFFER (1795-1858). L.A.S., mercredi, au violoncelliste Auguste Franchomme ; 2 pages in8, adresse. 150 / 200 € Il ne pourra se rendre à la soirée de Madame Omeare, sa femme étant souffrante. Il regrette de ne pouvoir « jouir d’une distraction aussi grande que celle que le talent de Madelle Omeare, soutenu par le votre, doit donner»…
49 50 19 .../... 48. Maurice Féaudière, dit SERGE (19011992) historien du cirque et dessinateur. 7 dessins originaux. ; formats divers. 150 / 200 € Les dessins, provenant d’archives de la revue Comoedia (un porte au dos le cachet de Comoedia et la date 1934), sont à l’encre de Chine, parfois rehaussés à l’aquarelle ou aux crayons de couleur, représentent un coq, diverses scènes ou interprètes de music-hall…. On joint une L.A.S., 1er mars 1958 (à entête de l’Académie du Cirque et du MusicHall), condoléances à une dame, après la disparition de l’ami Poirier. 49. Paul SIGNAC (1863-1935). 3 L.A.S., 1926 et s.d., à Jean Dissard ; 6 pages in-8 à en-tête de la Société des Artistes Indépendants. 500 / 600€ Au sujet de la documentation pour son travail sur Jongkind, le prêt d’un manuscrit, et l’acquisition de dessins de Jongkind (Jean Dissard était le mari de Marie Fesser, amie de Jongkind). On joint 2 lettres relatives à l’exposition Jongkind à La Haye en 1930. 50. Théophile-Alexandre STEINLEN (1859-1923). L.A.S. « Alex » et L.A. (la fin manque), Mulhouse lundi [1881] et Paris 29 décembre 1881, à sa sœur Henriette Steinlen ; 8 pages in-8. 500 / 700 € Intéressantes lettres de jeunesse, montrant les raisons qui ont poussé Steinlen à quitter Mulhouse, où il suivait une formation au dessin d’ornement industriel chez Schoenhaupt et où il était hébergé confortablement par son oncle, et à tout abandonner pour venir à Paris. Mulhouse lundi. « Je suis vraiment dans de beaux draps ! » Il ne regrette pas son escapade à Winterthur, qui a duré plusieurs jours et dont il n’a pas avisé sa famille, qui s’inquiétait, « même à présent que le bonheur est passé et que les désagréments arrivent grand train. Je vois d’énormes nuages à l’horizon […] et je n’ai pas de parapluie, tanpis ! ». Il avait dit à l’oncle qu’il ne s’arrêterait qu’à Aarau, il a menti et dans sa peur de se faire sermonner, il a volé la lettre de sa mère qui vient d’arriver : « Si l’oncle […] me force à la lui faire voir je pars de Mulhouse, j’irai s’il le faut casser les pierres sur les routes, mais je ne reste pas s’il vient à savoir que je lui ai menti : je veux avoir toute sa confiance »… Il raconte à sa sœur son escapade de plusieurs jours, ses différentes visites, et sa joie de recevoir un télégramme de Marie qui lui propose de venir la voir : « juge de mon bonheur!», comment il a été retenu plusieurs nuits par les circonstances et le bon accueil de ses hôtes, entre Aarau, Zurich, Winterthur, puis Bâle, Weltheim, etc. Paris 29 décembre. La lettre de sa sœur, la première depuis son départ pour Paris avec sa future femme Émilie, l’a beaucoup ému : « Ton “malgré tout” gros de chagrin sinon de reproche m’a remué intimement. […] ma désertion finale accompagnée de toutes les fautes qu’elle laissait à découvert, voilà des torts suffisants pour m’aliéner les plus dévoués et les plus confiants ». Mais cette catastrophe devait arriver, sa position n’était plus tenable, il a préféré tout lâcher : « mon but était fixé depuis longtemps. J’ai suivi ma voie et désormais y
20 .../... marche ferme. J’ai mon but, je ne me fais aucune illusion, je sais que je joue tout ou rien. Gloire ou misère avec plus de chances pour l’une que pour l’autre. J’y vais gaîment, hardiment, je me sens dans mon élément – tandis que la bonne vie toute plate, unie et bourgeoise que l’oncle me faisait entrevoir […] me laissait dans une indifférence qui explique en quelque mesure mon honteux laisser-aller […] Après les déconvenues et les jours de misère noire inévitables dans un débarquement à Paris sans un sou et sans un ami », il a pris le dessus et gagne un peu d’argent. Ne voulant rien devoir à personne, il ne s’est pas servi de ses lettres de recommandation ; « et c’est précisément cette liberté absolue, ce sentiment de n’avoir à compter qu’avec moi-même qui me tiendront ferme et droit dans le dur chemin des artistes pauvres, qui font et feront ma force »… Ses idées leur sembleront trop indépendantes « pour la vie ratatinée et un peu mesquine de votre petit coin de terre, vie dont j’aime à me souvenir mais comme d’une chose bien passée»… Il reviendra leur demander pardon quand il aura mérité qu’on le lui accorde … 51. Théophile-Alexandre STEINLEN. L.A. (la fin manque) avec dessin, Paris 18 août 1887, à sa mère ; 8 pages in-8. 500 / 600 € Sa dernière lettre l’a rassuré sur son rétablissement, mais l’attriste « par la teinte de désespérance qui s’en dégage ». Il se remémore le souvenir de leurs amis Bache, et se régale de « l’esprit cancannier vaudois », à propos de l’accident de Louise : « La bonne grosse poule s’est laissée prendre comme une simple perdrix par le premier chien coiffé venu – que veux tu c’est presque la loi », mais le principal est que la mère et le gosse aillent bien – il aurait aimé être son parrain, « quoique pour lui ce ne puisse être riche emplette qu’un parrain tel que moi. […] Je les revois tous ces chers amis roux ou noirs roses et rouges aussi ; les bonnes figures, comme elles allaient bien avec la bonne vieille maison »… Il s’interrompt, dérangé par un musicien (dessin) : « sa chevelure le trahit. C’est Marcel Legay. Voilà une heure que le susdit me chante ses nouvelles compositions. Rien n’est tannant comme un mauvais musicien»… Puis Steinlen replonge dans ses souvenirs, et évoque ses connaissances parisiennes, dont un certain Grobéty, qui n’est pas aussi honnête qu’il en a l’air, et qui les aurait filoutés. Il rassure sa mère à propos de Fred, qui est entré chez un mouleur : son patron semble très satisfait de lui, Fred gagne suffisamment sa vie et a l’air très satisfait de ce nouveau métier. Il la rassure sur sa santé : « je ne suis ni n’ai été sérieusement malade. […] Mes affaires sans être très brillantes sont tout au moins satisfaisantes ». Il a adopté un plan de conduite nouveau : « j’ai rompu avec le Chat-Noir, or il me rapportait quelques travaux courants mais je vise ailleurs et plus haut – c’était un sacrifice nécessaire. […] Bref, malgré la gêne que cette brusque rupture me cause […] je suis beaucoup moins embarrassé que je ne l’ai été en diverses phases de mon séjour à Paris. J’ai des travaux, pas très nombreux, pas très rémunérateurs, mais enfin j’en ai. À mon égard vous pouvez être sans inquiétude aucune. […] J’ai un idéal et un but, or je ne sais personne en art qui soit arrivé à quelque chose, si peu de chose que ce soit, sans luttes et sans souffrances ». Les moments de découragement sont inévitables, mais alternés par des enthousiasmes : cette lutte qui est aux artistes la condition même de l’existence: «Si nous sommes nés cuirassés d’idéal et armés de talent c’est pour nous en servir dans la bataille de l’existence »… Il a vu son ancien ami Vuillermoz : « il ne m’a pas paru être ce que j’aurais attendu, aussi je ne cherche pas à renouer intimement nos anciennes relations »…
52 21 52. Théophile-Alexandre STEINLEN. 14 L.A.S. « Alex », [mai-septembre 1891], à sa femme Émilie ; 40 pages in-8 ou in-12, 10 enveloppes. 1 000 / 1 200 € Mai 1891 : en route pour Lausanne, où il va voir sa famille, il visite Dijon. Séjour à Thonon et Genève avant de gagner Lausanne. 13 lettres sont écrites pendant le séjour de sa femme et de sa fille à Arromanches dans l’été 1891. Steinlen, resté à Paris, donne à sa « chère Méluche » des nouvelles de la famille et des amis ; parle de ses problèmes de santé : il lui est impossible de s’asseoir à cause de ses clous et « même de supporter une culotte de sorte que j’ai passé les 2 journées de lundi et mardi en costume d’Ecossais… des Batignolles – bannière au vent »… Il travaille, mais s’ennuie de sa femme et de sa petite fille ; il envoie des colis et une poupée pour Colette. Il n’arrive pas à se faire payer, notamment par « le petit juif » pour qui il a fait des chats. Il fait des dessins pour le Gil Blas, pour Maizeroy, et pour Aristide Bruant avec qui il a déjeuné. « Les dessins sont longs à sortir, longs comme les journées et j’ai vraiment hâte de vous rejoindre »… On joint 7 billets a.s. à sa femme pour l’avertir qu’il ne rentrera pas pour déjeuner ou dîner, 1884-1891 et s.d. 53. Théophile-Alexandre STEINLEN.11 L.A.S. « Alex », [Paris août-septembre 1892], à sa femme Émilie ; 27 pages in-8 ou in-12, 10 enveloppes (signature découpée à la fin d’une lettre). 800 / 1 000 € Les lettres sont écrites pendant le séjour de sa femme et de sa fille à Saint-Aubin-sur-Mer (Calvados). Il se plaint de ne pas recevoir de nouvelles et s’inquiète de leur santé. Il envoie des journaux et un peu d’argent. Il a participé au déjeuner de Courteline «où nous étions Bruant et moi en compagnie de 2 autres amis Schwob et Renard»; il est allé le soir avec Bruant aux Ambassadeurs. Il a déjeuné à Lagny chez Jules Renard. Il va passer la journée chez Grosclaude près de Meaux : « Nous faisons ensemble la Semaine comique illustrée à l’Éclair le premier numéro de lundi dernier n’a pas été fameux, nous nous voulons mettre sérieusement à celui de lundi prochain »…
RkJQdWJsaXNoZXIy NjUxNw==