LETTRES ET MANUSCRITS AUTOGRAPHES Vendredi 21 juin 2024
Lot 19 Abréviations : L.A.S. ou P.A.S. : lettre ou pièce autographe signée L.S. ou P.S. : lettre ou pièce signée (texte d’une autre main ou dactylographié) L.A. ou P.A. : lettre ou pièce autographe non signée EXPERT Thierry BODIN Syndicat Français des Experts Professionnels en Œuvres d’Art Les Autographes 45, rue de l’Abbé grégoire - 75006 Paris lesautographes@wanadoo.fr Tél. : 01 45 48 25 31
Catalogue visible sur www.ader-paris.fr Enchérissez en direct sur www.drouotlive.com et interencheres.com LETTRES ET MANUSCRITS AUTOGRAPHES vente aux enChères publiques Salle des ventes Favart 3, rue Favart 75002 Paris Vendredi 21 juin 2024 à 14 h exposition privÉe CheZ l'expert Uniquement sur rendez-vous exposition publique Salle des ventes Favart 3, rue Favart 75002 Paris Jeudi 20 juin de 11 h à 18 h Vendredi 21 juin de 11 h à 12 h Téléphone pendant l’exposition: 01 53 40 77 10 En 1re de couverture est reproduit le lot 119. En 4e de couverture est reproduit le lot 341.
Lot 177
David NORDMANN Xavier DOMINIQUE Commissaires-priseurs Responsable de la vente Expert Marc GUYOT Responsable du département marc.guyot@ader-paris.fr Tél. : 01 78 91 10 11 Thierry BODIN lesautographes@wanadoo.fr Tél. : 01 45 48 25 31
3 4 1. John ACTON (1736-1811) marin anglais, commandant en chef et ministre du royaume de Naples. 2 L.S. avec compliment autographe, Naples 1779-1803 ; sur 2 et 4 pages in-fol. ; en italien. 300 / 400 € 14 septembre 1779, au marquis della Sambuca, sur l’incident survenu dans le canal du Gozo entre une galiote maltaise et le commandant (soprastante) du fort du Gozo, et la remontrance du Grand Maître faite par son ministre Carignani ; il annonce le départ pour Livourne du cavaliere Adami avec deux bateaux (sciabecchi) pour recevoir la frégate… – 26 juillet 1803, au cavalier Luigi de Medici, sur l’état alarmant des finances et les mesures urgentes à prendre pour les mettre en ordre et rétablir le crédit pour la tranquillité de l’état… 2. Paul ADAM (1862-1920). Manuscrit autographe signé, La Fin de l’Aventure, [1901] ; 8 pages in-fol. avec ratures et corrections. 150 / 200 € Sur l’intervention européenne contre la révolte des Boxers, et la situation embrouillée à la fin de l’opération qui se caractérise par une valse-hésitation des puissances intervenantes après la répression du mouvement, surtout en ce qui concerne le rapatriement du corps expéditionnaire. « Lasse d’avoir inutilement réclamé des vengeances barbares, l’Europe, avec les États-Unis et le Japon, s’apprête à rappeler de Chine les troupes internationales. Au moins les diplomates l’annoncent. On cite même les noms des navires destinés aux rapatriements. Mais, en fait, aucune puissance n’entreprend avec activité les opérations du retour »… Etc. 3. AFFICHES. 27 affiches, 1710-1962 ; impressions de Paris, Bordeaux, La Rochelle et principalement Saintes ; in-fol. ou grand folio (défauts à qqs affiches) 400 / 500 € Arrest de la Cour des Aides : droits sur les huiles (1785). 1789-1790 (vignettes aux armes royales) : proclamations du Roi concernant les impositions et contributions ; Lettres-patentes du Roi sur les officiers municipaux, le recouvrement des impositions, annulation de procès pour perception de droits, jugements des juridictions prévôtales, marque des fers et cuirs ; Arrest de la Cour des Aides sur les impositions. 10 août 1792 : Adresse de l’Assemblée Nationale aux Français (respect des droits de l’homme et des propriétés, le Roi est suspendu et gardé en otage). Avis aux créanciers de la République (8 prairial II). Arrêtés du Comité de Législation (4 frimaire III), du Représentant du peuple Bailleul concernant l’Instruction publique (Séez 25 prairial III). École polytechnique, Concours pour l’admission des élèves (vendémiaire III). Pièces trouvées à Venise dans le portefeuille de d’Antraigues (prairial V, déchir.).
5 Décret impérial : formalités au débarquement des personnes arrivées sur des navire de commerce (22 nivôse XIII). Adresse du Corps municipal de la Ville de Paris à S.M. l’Empereur et Roi (13 janvier 1813). Extrait des registres de la Secrétairerie d’État pour le renouvellement des municipalités (30 avril 1815). Ordonnance du Roi concernant les Militaires (9 mars 1815). Discours du Roi à l’ouverture de Chambres (22 décembre 1824). 2 décembre 1851 : Décret du Président de la République, dissolution de l’Assemblée et état de siège. Plus 3 affiches de dépêches télégraphiques du ministre de l’Intérieur sur la situation à Paris, du 4 au 6 décembre 1851. Décret du 20 mars 1962 sur le referendum. 4. AFFICHES. LOIS. 21 affiches, novembre 1790-août 1792 ; impressions de Paris (1), La Rochelle (1) ou Saintes ; in-fol. ou grand folio, avec vignette aux armes royales (fentes ou mouillures à qqs affiches). 300 / 400 € 1790 : liquidation de la Dette publique, voies de fait à Cambrai, grains et farines, droits féodaux rachetables, acquisition des biens nationaux, protection des établissements à Avignon, enfants abandonnés et orphelins, vote des frères et sœurs convers. 1791 : liquidation des offices de barbier-perruquiers, Douanes Nationales, dettes de villes et communes. 1792 : peine de mort, saisies et oppositions, certificats de résidence, interdiction d’exportation des laines et cuirs, aliénation des maisons religieuses et paiement des pensions des religieux, serment des fonctionnaires publics, « formation de la prochaine Convention nationale » (21 août). 5. AFFICHES. LOIS. 41 affiches, 1796-1804 ; impressions de Saintes ; in-fol. ou grand folio, (fentes ou mouillures à qqs affiches). 400 / 500 € 6 floréal IV : mandats territoriaux. 26 fructidor VI : sursis à l’aliénation des Domaines nationaux. Frimaire-fructidor an VII : paiement des acquisitions de Biens nationaux, l’Enregistrement, biens indivis, contributions, adjudication des Biens nationaux aux communes, hypothèques, taxe sur les portes et fenêtres, créances, secours provisoires, Dette publique, traitement des fonctionnaires, dispense de patente pour les manufacturiers, partages, subvention de guerre, droit de timbre, répression du brigandage et des assassinats, adresse du Corps législatif sur la situation intérieure et extérieure de la France, danger des dissensions civiles, serment civique, créanciers de la République, justice de paix, réduction des traitements payés par le Trésor public, droit sur les spectacles, etc. 13 ventôse IX : listes d’éligibilité. 12 floréal XII : bois nationaux. 6. Jean AJALBERT (1863-1947). 3 poèmes autographes signés, [vers 1888] ; 5 pages formats divers. 150 / 200 € Hiver, en 3 parties de 4 quatrains chacune : « Le jour blanchâtre somnole sinistrement »… (3 p. in-12 sur papier rose, fentes). Le Clown, sonnet : « Il surgit en clarté du fond de l’éteignoir »… (1 p. in-4). « On dit : “ça calme les nerfs, la grrande nature” »…, 4 sizains (1 p. in-fol., fentes et rouss.). On joint 2 L.A.S. d’envoi à Georges Lecomte, directeur de la Cravache, 1888. 7. Jean AJALBERT (1863-1947). L.S. et L.A.S., Laubade par Sorbets septembre 1930, à Louis Anquetin ; 13 pages in-8, vignettes et en-tête, enveloppe. 100 / 150 € Au sujet des commandes de tapisseries par la Manufacture de Beauvais à Anquetin. [Beauvais (dont Ajalbert était le directeur) avait commandé à Anquetin une série de quatre tapisseries, inspirées par la Grande Guerre, dont il ne put réaliser que les deux premiers cartons : Le Départ ou la Mobilisation (livré en janvier 1926) et Le Retour (livré en septembre 1919).] 8 septembre. Ajalbert répond point par point aux récriminations d’Anquetin. « Comme remerciements, vivement l’engueulade. J’y suis habitué. Quand je suis venu à vous, en 1917, qu’après bien des efforts, enfin, j’ai obtenu la commande, je me vois montant votre escalier. Il y avait longtemps que vous ne faisiez rien. J’espérais un éclair de joie. Tout le remerciement a été : « ah, les salauds, il leur en a fallu du temps pour se décider. » Ç’a été tout. Sans doute, vous ne devez aucune reconnaissance à l’État. Mais, moi, je croyais vous avoir obligé. Et, même si je me trompais, vous pouviez ne pas me le faire sentir aussi fort. J’ai ravalé ma sensibilité et me suis donné tout à la réalisation de votre œuvre. Si elle demeure incomplète, à deux panneaux – et si vous n’avez pas fait les quatre, est-ce de ma faute ? Que de démarches inutiles, pour essayer de vous remettre le pinceau en main ! »… Etc. – 25 septembre. Après de nouvelles et longues explications, Ajalbert conclu : « Vous voulez bien, à la fin, me dire, que cette discussion ne saurait entamer notre amitié. S’il n’y avait pas admiration et amitié de ma part, je ne me serais pas ému de vos réclamations qui m’étaient pénibles, me traitant comme un bureaucrate négligent, oublieux, ou de mauvaise foi ! »… On joint le brouillon autographe de la réponse d’Anquetin à la première lettre (3 p. in-fol. au crayon), répondant aux reproches d’Ajalbert : « Et par-dessus le marché vous m’accusez d’être un orgueilleux, un homme d’argent – et de vous avoir fait encaisser ma mauvaise humeur depuis douze ans »….
6 8. ALBUM AMICORUM. Album, 1843-1848 ; in-4 oblong, chagrin vert, dos lisse orné, plats richement ornés d’un décor de guirlandes dorées et d’entrelacs entourant le nom en lettres dorées du possesseur Emilie de Botella, doublure de soie moirée blanche dans un large cadre de chagrin vert orné de rinceaux dorés, gardes de moire blanche, tranches dorées (reliure de l’époque). 2 000 / 2 500 € Bel album amicorum d’une jeune femme espagnole du nom d’Emilia de Botella, appartenant à la colonie hispanique de Paris du milieu du XIXe siècle. Dans l’entourage de cette femme figuraient notamment des diplomates, des musiciens et des écrivains. Des textes manuscrits d’hommage, en français ou en espagnol, sont mêlés à des dessins, des aquarelles et des lithographies. Parmi ces textes figurent des pièces autographes adressées à Emilia de Botella par plusieurs personnalités connues, la plupart espagnoles ou sud-américaines : Un poème autographe signé du poète sud-américain José Heriberto Garcia de Quevedo né à Coro (Venezuela) en 1819, mort à Paris en 1871 : « Lo pasado no ecsiste »… (novembre 1851). Une mélodie autographe signée du compositeur José Jabier Guelbenzu sur un poème de Ramon de Campoamor, Los Ayes del Alma ; et un Andante pour piano. Une Mazurka pour piano par Casto de Ugalde (1816-1858). Un poème autographe signé du diplomate et écrivain espagnol Francisco Martinez de la Rosa (1789-1862) : « Para vos me piden versos »… (3 mai 1841). Poème autographe signé d’Alexandre Le Brun de Charmettes (1785-1850) : Marie (9 juin 1844).. Poème autographe signé du diplomate et littérateur Leopoldo Augusto de Cueto, marquis de Valmar (18151901) : « En la edad de los amores »… (janvier 1852). Poème autographe signé de José de Olona : A S.M. la Reine Dona Isabel 2a (16 mars 1852) ; et un autre A Emilia (20 octobre 1851). Une mélodie autographe signée du compositeur espagnol Rafael Hernando (1822-1888), sur un poème de Gonzalez de la Cruz : « Joven diligente »… Un dessin signé de Louise de Pontlevoy représente peut-être Émilie de Botella. Bel exemplaire dans une belle et riche reliure de l’époque.
7 9. ALGÉRIE. Pierre-Sosthène MORLAN, capitaine de zouaves (1830-1894). Environ 140 L.A.S. (signées Sosthène ou Peire), 5 janvier 1853-5 juin 1867, principalement à sa mère Mme Émilie Morlan à Fargues par Saint-Sever-sur-Adour (Landes) ; env. 620 pages in-8 (quelques défauts, et quelques lettres incomplètes). 800 / 1 000 € Très intéressante correspondance sur les opérations militaires en Algérie et sur la frontière algéro-marocaine, et sur la guerre de Crimée. Nous ne pouvons en donner ici qu’un très rapide aperçu. Oran 1853. 5 janvier. La colonne expéditionnaire du général Pélissier rentre de Laghouat... –24 avril : la grande expédition est encore ajournée ; elle devait mettre la dernière main à la guerre d’Afrique, soumettre les montagnards de la Grande Kabylie très fanatiques. Les bataillons sont à Alger depuis huit jours, on attend le général Randon… 1854. 19 mars, du camp de Saboun-Hadjera : après « la hautaine réponse de l’Empereur Nicolas, les troupes ne devraient pas tarder à embarquer… – Oran 17 juillet : il rentre d’Orléansville où il a conduit 500 hommes, en longeant la mer jusqu’à Mostaganem, marche pénible pour les hommes avec ; ils sont entrés dans les montagnes du Dahra uniquement habité par les Arabes… – 27 août : nouvelles de Varna où le choléra fait des ravages dans l’armée... – Tlemcen 25 octobre : description de la ville couverte de neige depuis 15 jours… – Oran 28 octobre : nouvelles de la bataille de l’Alma où les Zouaves se sont distingués, notamment le 2e Régiment… 1855. – Saint-André 6 mars : prise d’un bateau russe naviguant sous pavillon espagnol pour la Mer noire ; départ du général Pélissier pour l’armée de Crimée, « c’est un fameux débarras pour toute la province d’Oran »... – Rade de Beÿkos 28 juin : départ précipité pour la Turquie ; relation du voyage. – Camp de la Tchernaia 7 juillet : départ pour Kamiesch et arrivée à la Tchernaia, à l’armée d’observation, séparée de l’armée russe par une plaine ; il espère une fin proche des hostilités pour rentrer. 1856. – Alger 14 mai : voyage de retour, avec escale à Malte. – Oran 27 mai : arrive après une espèce de quarantaine de deux jours pour rassurer la population d’Oran qui croyait le régiment atteint de typhus, brillante réception ; la ville a offert aux Zouaves 5 ou 6 bœufs ; ils attendent l’ordre de départ pour aller encore une fois travailler aux interminables routes de ce pays. – 10 juin, au camp de Rio-Salado entre Tlemcen et Oran ; la chaleur commence à devenir brûlante ; beaucoup de gibier pour la chasse... – Oran 3 septembre : ils vont embarquer pour Alger, et seront probablement dirigés sur la Kabylie... – Dra-el-Mizan 22 septembre, le général Renault est installé ; la division du général Yusuf est à quelques lieues devant.... On a fait filer sur Alger un convoi d’une centaine de prisonniers de guerre arabes – Nemours 9 décembre, le projet d’expédition est ajourné ; on parle de Djemma-Ghazamat où se réunissaient les pirates qui infestaient les côtes d’Afrique... .../...
8 1857. Oran 17 février : ils sont revenus sains et saufs de l’expédition ; mais leur capitaine a été blessé et est mort de sa blessure à l’hôpital d’Alger. Les Kabyles se sont toujours très bien défendus, il ont une tactique ; on occupe alors leurs villages, on les pille, on les détruit, on les rase, on brûle leurs moissons, on coupe leurs arbres, etc. – Alger 11 mai, où ils sont arrivés au bout de 27 jours de marche ; la division est sous le commandement du général MacMahon ; la colonne se compose de 3 divisions commandées par le maréchal Randon ; en tout 4 bataillons de zouaves ,1 de chasseurs à pied ,1 de tirailleurs indigènes et 4 d’infanterie ; le départ est fixé pour Tizi-Ouzou... – Camp de Souk-el-Arba 31 mai, récite de la bataille contre la tribu des Beni-Raten, la plus puissante de la Kabylie... – 15 juin : les Beni-Raten se sont décidés à se soumettre et leur soumission a entrainé celle de plusieurs tribus voisines : Beni-Fraoussen, Beni-Jeni, Beni-Touareg, Beni Menguellat… – Alger 12 juillet : il se remet de ses blessures… – Oran 26 août : il est nommé chevalier de la Légion d’Honneur.... 1858. Au camp de Lourmel 12 janvier, ils ont quitté le camp de Sfa-el-Has… – Oran 10 mars, il a fait une demande pour aller aux eaux à Bourbonne ; on parle du voyage de l’Empereur en Afrique… – Mers-el-Kebir 24 mars : le régiment est détaché , sur la route de Tlemcen échelonné en plusieurs camps ; il espère aller à Fargues en août.. – Camp de Lourmel 5 avril : il est nommé capitaine à 27 ans à l’ancienneté, après plusieurs combats et 2 blessures… 1859. – Mers-el-Kebir 23 mars, récit de la grande revue pour l’anniversaire du Prince Impérial. – El-Rahel 29 mars : le bataillon va remplacer la Légion étrangère qui part en France, sans doute pour réorganiser tous les nouveaux déserteurs allemands qui arrivent en grand nombre à la frontière... – Ain-Temouchen 12 avril : sur l’organisation d’un bataillon de tirailleurs indigènes… – Oran 31 août : retour d’Italie… – 13 septembre : les tribus marocaines recommencent leurs éternels brigandages ; nouvelle de la mort de l’empereur du Maroc ; des troupes considérables de cavaliers ennemis excités par des fils de l’empereur du Maroc menacent la frontière… – Camp du Kiss 13 octobre : l’expédition se prépare contre les Béni-Snassen, tandis que les Espagnols vont attaquer le Maroc du côté de leur possession de Ceuta ; construction d’une immense redoute qui servira de dépôt pour les approvisionnements et ambulances, et facilitera le passage du Kiss au moyen d’un pont situé en arrière de la redoute. Les Beni-Snassen se sont présentés en grand nombre, cavaliers et fantassins, pour essayer d’empêcher le travail mais ils ont toujours été tenus à distance par les tirailleurs... Le général Martimprey est le général en chef gouverneur de l’Algérie... – Camp de Menasebt-el-Kiss 19 octobre : la grande redoute est terminée et est à l’abri d’un coup de main de la part des Arabes ; une ambulance y est organisée pour 500 hommes ; les approvisionnements s’achèvent ; le télégraphe électrique a été installé ; les attaques ont été repoussées… – Bivouac à Aïn-Tafour-Al 31 octobre : récit de la bataille contre les Marocains… – Bivouac à Aïoun-Sidi-Mellouck 4 novembre : composition de la colonne ; traversée de la plaine d’Angad pour venir surprendre la tribu des Mahias ; incendie de Sidi-Mellouck… ; poursuite de la tribu des Angads et expédition punitive… – Sidi-Zaher 13 novembre : rentrée sur le sol algérien, à la petite redoute de SidiZaher où s’est livré le 31 août dernier le combat qui a amené l’expédition. – Tlemcen 21 novembre : l’expédition du Maroc est décidément close. Le danger le plus sérieux de cette campagne n’a point consisté dans les balles mais surtout du choléra excessivement virulent qui a enlevé près de 3600 hommes dont 68 officiers… – Oran 21 décembre : rentrés depuis un mois de la dernière expédition du Maroc, ils repartent à la frontière pour maintenir les tribus marocaines… 1860. – Hamman-Sidi-bel-Khreir 22 janvier : visite des mines de plomb argentifère de Gar-Rouban. – Oran 26 avril : ordre de repartir pour la Kabylie pour opérer contre les tribus kabyles. – Alger 1er mai : récit de la traversés d’Oran à Alger, avant le départ pour Aumale ; le commandement général est dirigé par le général Desvaux… Suivent de nombreux bivouacs : Maison Carrée, L’Arba, Sakamodi, Tablat, El-Betoun, Aumale, El-Magghour, Ouled-Adjibba, Beni-Mansour, Bordj-Bou-Harcridj, etc. jusqu’à Tafertas 20 juin : « Les Beni-Khettab ont fait, dit-on, des offres de soumission, mais il paraît que le général Desvaux n’a pas voulu les accepter, parce qu’il veut leur imposer des conditions excessivement dures […] nous descendons de nos positions […] pour aller dans les vallées et sur le versant de ces montagnes, incendier et ravager tout ce qui peut leur appartenir »… Incendie des villages… Etc. – Alger 24 août-12 septembre : sur la venue de l’Empereur… – Blidah 22 septembre : grande fantasia et revue des troupes… 1865. Alger 1er novembre : retour sur la terre d’Afrique, après un séjour en France. 4-9 novembre : traversée du désert de Boghari à Djelfa… – Djelfa 8 décembre : nuages de sauterelles…. 1866. – Djelfa 10 janvier : attaque du courrier par une tribu insurgée. – 6 février : les colons viennent pour la plupart des pénitenciers ou des travaux forcés, d’où ils passent aux bataillons d’Afrique avant leur libération définitive…. Etc. On joint quelques lettres familiales et divers documents (dont un billet de l’hôpital d’Alger) ; et 5 documents en arabe (certains avec petits dessins en guise de signatures), principalement relatifs à l’expédition contre les BeniSnassen en 1859, ainsi que la fable Le Loup et l’agneau en arabe et en français. .../...
9 10. Alphonse ALLAIS (18541905). 2 manuscrits autographes, le 1er signé, [1887-1888] ; 4 et 2 pages in-8. 400 / 500 € Deux contes pour Le Chat Noir. Pour se donner une contenance. Conte publié dans Le Chat Noir le 10 décembre 1887 (repris dans Le Journal sous le titre Un garçon timide, et recueilli en 1897 dans Le Bec en l’air, sous le titre Un garçon timide ou Pour se donner une contenance). « Comme tout le monde, j’ai quelques cadavres sur la conscience, pas mal même, et quand j’y pense, un petit frisson me court à fleur de peau, et la lividité envahit ma sympathique physionomie. Des femmes, surtout »… Le mariage manqué. Texte recueilli, avec modification, sous le titre Le bizarre correspondant, dans Rose et VertPomme (1894). Ce conte met en scène Sapeck abordé par un collégien qui le prie de le raccompagner au lycée en se faisant passer pour son oncle…Il s’agit ici de la version primitive, publiée dans Le Chat Noir du 5 mai 1888, où elle était suivie d’un autre conte (qui ne figure pas ici), repris sous le titre Simple vaudeville dans Rose et Vert-Pomme. 11. Alphonse ALLAIS. 3 L.A.S., 1894-1895, à Catherine Stevens ; 10 pages in-8. 400 / 500 € Paquebot Touraine 14 juin 1894 (en-tête et vignette Compagnie Générale Transatlantique). Allais vogue vers l’Amérique. Il se rappelle sa « dernière bonne soirée d’Europe » en compagnie de de sa « jeune fille toute d’ambre clair » et de Catherine. « La vie à bord est un peu abrutissante mais dénouée d’angoisse, ce qui est déjà très joli. J’ai une jolie petite cabine pour moi tout seul. Je mange comme un tigre et flirte, sans conviction, avec de ridicules américaines jolies mais sans tendresse. C’est idiot. Heureusement qu’après demain, on sera à New-York, et le lendemain soir à Montréal. Mais tout ça ne vaut pas Winnipeg. Oh Winnipeg ! Je ne sais quel frisson de mystère me dit que c’est à Winnipeg la fin de mes détresses — Si c’était vrai, pourtant ? »… – [Novembre 1894]. Il n’est pas allé la voir : « je ne fis que traverser la Babylone moderne. Je compte être de retour à Paris dans une dizaine de jours. Ma première démarche sera sûrement pour vous et pour tous les flachatic people. J’espère que vous êtes toujours bien portante et votre papa aussi et aussi les grands garçons, et les personnes de Bruxelles aussi et en particulier tout le monde de vos parents et de vos amis. Moi autrement, ça ne va pas pire, si ce n’est que je suis en proie à un accès de flemme à peu près irréductible (Depuis plus de deux mois, je n’ai pas touché une plume) »… – [Honfleur 1895]. Sa femme Marguerite termine une lettre à sa mère : « Cette lettre aussitôt terminée, ma jeune compagne se fera un devoir doublé d’un réel plaisir, de vous donner de ses nouvelles, en s’excusant, toutefois, d’avoir mis un si longtemps à le faire. […] il n’y a point là de sa faute, la pauvre enfant ayant eu, depuis son arrivée à Honfleur, ses loisirs à peu près complètement occupés. Marguerite, en petite personne très roublarde, a su se faire bien voir de tout le monde ici. Dans ma famille, on ne jure plus que par elle, et, moi, je suis devenu un être à peu près négligeable. C’est bien triste ! »… Puis Marguerite Allais prend la plume : « je nage dans la joie et l’admiration, la joie d’avoir un papa, une maman et une sœur – tous si gentils si affectueux pour moi, et gais aussi car on ne s’ennuie pas une minute »… Elle n’a pas beaucoup aimé Le Havre : « J’aime mieux les petits quais et rues d’Honfleur. Il n’y en a de jolies comme des bijoux »… On joint une L.A.S par Marguerite et Alphonse Allais à Pierre Stevens, 6 février 1895 (2 p. in-12, enveloppe). 12. Alphonse ALLAIS. L.A.S., Marseille [1895], à Jean Stevens ; 2 pages in-8 à en-tête du Grand Café de la Bourse (bord un peu effrangé). 120 / 150 € « Je crois que tu exagères un peu et que la chose ne comporte pas de si grands airs de croquemitaine, lesquels me terrifient d’ailleurs fort peu. […] J’ai dit à Mademoiselle Catherine Stevens [sœur de Jean] l’étonnement et la peine .../...
10 que j’avais eus en apprenant qu’elle tenait sur moi et mes produits littéraires des propos désobligeants et, dans tous les cas, parfaitement inutiles. Entre autres, que j’écrivais dans le Journal des vieilles histoires qu’on avait entendu raconter plus de vingt fois à Ponchon (assertion complètement contraire à la vérité). Venant de n’importe qui, ces propos m’auraient laissé parfaitement froid. J’en ai vu bien d’autres ! Et ça ne m’a jamais empêché de gagner ma vie proprement. Mais de la part de Mademoiselle Catherine Stevens, j’avoue que la chose m’a un peu serré le cœur et que je n’ai su résister au besoin de le lui dire. Les mots ont-ils dépassé ou trahi ma pensée ? Je ne le crois pas, mais si cela était, j’en serais désolé, car Mademoiselle Catherine Stevens est une des rares personnes pour lesquelles j’éprouve toute la gamme des meilleurs sentiments depuis la plus vive sympathie jusqu’à la plus profonde estime et surtout l’inaltérable reconnaissance pour le grand bonheur que je lui dois »... 13. Alphonse ALLAIS. 2 manuscrits autographes signés, La Vie Drôle, [1900] ; 4 pages in-8 (au dos de circulaires du Crédit International, 17 janvier 1900) et 4 pages petit in-4 (lég. fentes au pli). 300 / 400 € Le mauvais dicton (publié dans Le Journal du 24 janvier 1900). « Dans l’obscur labyrinthe du devoir, notre homme marche, marche sans hésitation, guidé par le fil d’Ariane du Dicton, éclairé par la lanterne du Proverbe, appuyé sur le bâton de l’Apophtegme. Jamais je n’ai connu, dans son genre un plus drôle de bonhomme que ce bonhomme-là »… Les Obus-vrilles. Allais cite une lettre qu’il a reçue, signée « Commodore Caporal », exposant son invention, « victorieux levain des artilleries futures »… 14. ANCIEN RÉGIME. Environ 80 documents, XVe-XVIIIe siècles ; parchemin ou papier, plusieurs cachets fiscaux. 100 / 150 € Actes et documents divers, principalement des XVIIe et XVIIIe siècles. Acquisitions, baux, cessions, comptes et mémoires, contrats, correspondances, déclarations, impositions, inventaire, jugements, obligations, quittances, rentes, requêtes, ventes, etc., dans les généralités de Amiens, Chalons, Dijon, Limoges, Lyon, Montauban, Moulins, Paris, Rouen, Soissons, Toulouse, et les bailliages d’Albi, de Chalons sur Saône, de Saint-Florent et Saint-Crapaix, l’Artois, la Bourgogne, la Picardie, la Savoie, etc. On joint une soixantaine d’actes et documents du XIXe s., une affichette de part de décès (Orléans, 1815), et 10 journaux toulousains (1834-1837). 15. ANCIEN RÉGIME. 13 lettres ou pièces. 200 / 250 € Ch. Alex. de Calonne (1784, au duc de Castries), Charles-Augustin de La Touche de Tréville (Rochefort 1784, vignette et en-tête), Antoine de Sartine (2 à M. de La Touche, 1777), Louis-Philippe marquis de Vaudreuil (l.a.s., Brest 1777). Certificat militaire (île de Ré 1765). Billet d’invitation de la comtesse Esterhazy (Valenciennes 1788). 6 quittances fiscales de la généralité de La Rochelle (1755-1768) : droits de courtiers-jaugeurs, bouilleurs d’eau de vie… 16. ANCIEN RÉGIME. 3 lettres et documents. 150 / 200 € Louis XV (secrétaire, 1767, convocation aux états généraux d’Artois), Philippe comte de Noailles (l.a.s., 1751, à Trudaine, concernant une route dans la principauté de Poix, avec note de Trudaine). Jean de Turmenyes (1698, reçu de Dominique Spinola, marquis del Campo pour le Trésor royal, vélin). 17. ANCIEN RÉGIME. 4 documents, dont 3 sur vélin. 150 / 200 € Paris 20 mai 1676. Arrêt du Parlement de Paris en faveur de Symphorien Busson et sa fille Renée, héritière de François Véga, contre François Daniel de Bonju, sieur de Monterbault (cachet du Cabinet d’Hozier). – 1693. Quittance de François de la Chapellerie, écuyer du seigneur De Breuil de Pouilly. – 1786. Acte de vente à Fontenay le Comte, avec document liassé. Manuscrit sur papier : « Conseils establis par Mr le Régent en Septbre 1715 ». On joint une image-souvenir en soie brodée, 1875 (24,5 x 13 cm) aux armoiries de la ville de Saint-Étienne, surmontées d’un phylactère portant : « 1re Session provinciale Congrès des Orientalistes St Étienne 12-25 8bre 1875 ». 18. Louis-Antoine de Bourbon, duc d’ANGOULÊME (1775-1844) fils de Charles X, il combattit dans l’Émigration et aux Cent-Jours ; il épousa Madame Royale. L.A.S., Hartwell 29 mars 1813, à un « cousin » ; 1 page in-4 (petit deuil). 100 / 120 € « Je m’empresse, Monsieur, de vous témoigner combien nous partageons profondement la Duchesse d’Angoulême et moi la perte affreuse que venez de faire. Nous avons été saisis de cette cruelle nouvelle à laquelle nous étions si loin de nous attendre. Vous me connoissez depuis assez longtems […] pour ne pas douter de tous les sentiments que mon cœur éprouve en ce moment et que je ne puis vous rendre autant que je les sens »… On joint une P.S., brevet d’enseigne de vaisseau pour Jacques-Nicolas Lemarié, 10 décembre 1817, cosigné par Louis XVIII (secrétaire) et le comte Molé (vélin, sceau aux armes sous papier et cachets encre). .../...
19 19 11 19. Guillaume APOLLINAIRE (1880-1918). 7 cartes postales autographes dont 6 signées de son vrai nom « Wilhelm de Kostrowitzky » (ou «W. Kostrowitzky », 1901-1902, à Mlle Émilie Gaillet, à Paris ; cartes illustrées, adresses au dos, montées sur onglets en un volume in-12 avec texte impr. en regard, reliure demi-box noir, titre en rouge en long au dos (D. Montecot). 2 500 / 3 000 € Bel ensemble de cartes postales écrites pendant le premier séjour du poète en Allemagne, qui allait profondément marquer son œuvre, notamment dans les « Rhénanes » d’Alcools dont ces cartes sont comme une illustration. Ces charmantes cartes, la plupart en couleurs, sont adressées à Émilie Gaillet, la sœur du journaliste Ernest Gaillet, directeur de Tabarin. [Apollinaire, qui n’a pas encore adopté son pseudonyme, était alors précepteur de la fille de la vicomtesse de Milhau, et passionnément épris d’Annie Pleyden, la gouvernante anglaise qui les accompagnait en Rhénanie.] En tête du volume, sur la 3e page de garde on a dessiné une carte du ciel astrologique correspondant à sa naissance (« Roma 25/8/1880 – 5 h »). Une transcription est collée en regard de chaque carte. Trier [Trèves] 25 août 1901. En marge d’une image coloriée à la main des ruines du palais du Kaiser : « Pas eu le temps de revenir. Voilà qui vient de Trèves. C’est la Moselle. Michaux nous a quittés à Luxembourg. Écrirai bientôt »… Honnef am Rhein 21 [septembre ?]. En marge d’une vue du parc de la Kurhaus (maison de cure thermale) : « J’ai quitté Neu Glück. Me voici à Honnef, “la Nice rhénane”. C’est une ville de malades mais très jolie et au bord du Rhin »… Siebengebirge 28 septembre. En marge d’une vue de la ville et des Sept-Monts, avec médaillon d’une promenade à âne : « Mes dates sont stupéfiantes, mais l’auto va plus vite que les gens qui marchent à pied ; j’espère que vous allez tous bien ! Voici les sept montagnes au fin fond desquelles je vis et je bois un verre de pas fameux vin du Rhin à votre santé »… Laach dans l’Eifel 6 octobre. Vue de l’église abbatiale de Laach : « au bord du lac. Mes amitiés à tous »… * Blankenberg am Sieg 23 octobre. Sous une vue de la forteresse et le bourg de Blankenberg : « On peut voir d’ici jusqu’à la ville de Siegburg qui ressemble au Mont St Michel. J’espère que vous allez tous bien. L’automne est fort beau je ne reviendrai pas avant mi-novembre. Amitiés à vos parents et merci à Tabarin »… * Königswinter [26 novembre]. En marge d’une vue en couleurs de cette ville rhénane, avec le mont Petersberg au fond : « Mes meilleures amitiés. Vous seriez bien aimable de m’envoyer 16 nos de Tabarin contenant les Puerilia Verba contre remboursement »… Il demande des nouvelles d’Esnard [Henry Esnard, avocat sans cause et plumitif, que Gaillet et Apollinaire avaient aidé à écrire son roman Que faire ?] ; il ajoute : « Nous ne tarderons pas à rentrer »… * Munich [24 mars 1902]. Autour d’une vue en couleurs du palais de justice de Munich : « Me voilà dans le pays de la bière. Figurez-vous que La Revue blanche du 15 publie une nouvelle que je lui avais porté il y a 10 mois [L’Hérésiarque] »… 20. Louis ARAGON (1897-1982). Épreuves corrigées, avec titre et 6 lignes autographes, Les Voies aériennes de Boris Pasternak, [1966] ; placard en bandeau in fol. (65 x 15 cm.). 200 / 250 € Article paru dans Les Lettres Françaises, le 12 mai 1966, à l’occasion de la sortie chez Gallimard de quatre nouvelles de Boris Pasternak sous le titre Les Voies Aériennes. Sur cette épreuve, qu’il a corrigée à l’encre turquoise, Aragon a ajouté le titre et rédigé lui-même le chapeau : « La collection Littératures soviétiques que dirige Aragon chez Gallimard publie ces jours-ci, sous le titre de la première (Les Voies aériennes) quatre nouvelles de Pasternak. Le texte ci-dessous est l’avant-propos écrit par notre directeur pour cet ouvrage ». Citons la conclusion : « Cette unité de la prose et des vers n’est pas hasard, mais dessein profond du poète, et partout [...] il ne nous parle que de sa profonde tragédie ».
12 21. Angélique ARNAULD D’ANDILLY, Mère Angélique de Saint-Jean (1624-1684) abbesse de Port-Royal en 1678. Manuscrit, [Relation de captivité, fin XVIIe siècle] ; un volume in-4 (26 x 19 cm) de 156 feuillets écrits recto-verso, relié à l’époque veau brun, dos à nerfs orné de fleurons (charnières usagées). 700 / 800 € Célèbre relation de la captivité subie par la Mère Angélique et une douzaine de ses sœurs de PortRoyal des Champs, entre le 26 août 1664 et le 2 juillet 1665, chez les Annonciades de la rue CoutureSainte-Catherine, par ordre de l’archevêque de Paris, qui voulait obtenir leur soumission en leur faisant signer un formulaire reconnaissant les condamnations papales des doctrines de Jansénius. La Mère Angélique rédigea sa Relation dans les mois suivant son retour à Port-Royal. Le texte fut publié pour la première fois en 1711, par les soins du Père Quesnel (probablement aux PaysBas), et réédité en 1724 avec d’autres relations ; en 1954 Louis Cognet en donna une édition chez Gallimard. Le manuscrit original semble être perdu. La présente copie ancienne, d’une écriture soignée et très lisible, comprend quelques feuillets d’une autre main plus cursive. Incipit : « Ce que l’on demande de moy en m’ordonnant d’ecrire une Relation exacte de ce qui s’est passé dans ma captivité »… 22. Sophie ARNOULD (1744-1803) cantatrice. L.A.S., Paris 26 brumaire X (17 novembre 1801), au citoyen Arnaud, chef de division au ministère de l’Intérieur ; 2 pages in-4, adresse. 500 / 700 € Lettre émouvante de la célèbre cantatrice à la fin de sa vie. Elle écrit de son lit pour réclamer ce qui lui reste dû sur la représentation donnée à son bénéfice au Théâtre des Arts, pour laquelle une somme de 6000 francs lui avait été promise : « Nouvelle Cigalle, je viens vous crier famine... car, voilà la bize venue... […] Comme la Cigalle : je chantais, ne vous déplaise !... Comme elle, mon doux printems, mon été, eh ! presque mon automne ; ont fait le sault par la fenèstre... Eh ! Partant ; voila que je déchante : cependant, j’espère encore, retrouver dans ma voix des accents assez doux, pour que mes sollicitations, et ma plainte, aille jusqu’à votre cœur »… Elle assure Arnaud de ses meilleurs sentiments et sa plus parfaite considération, et fait suivre sa signature de ses titres : « Pensionnaire vétérante du théatre des Arts », et donne son adresse à l’hôtel d’Angivillier. Elle ajoute : « Si la rarretée du numéraire estoit un obstacle a ma demande, eh bien, faite Citoyen que l’ordre de ma représentation me soit rendu, pour avoir son execution, et alors, je rendrais, sur son produit, les sommes que jay recu en accompte sur cet objet ; et nous y gagnerons tous »…
13 23. Raymond ASSO (1901-1968) auteurcompositeur, parolier, amant d’Édith Piaf, dont il lança la carrière. 9 L.A.S. et 3 L.S. « Raymond », Digne septembrenovembre 1939, à Germaine Sablon ; 22 pages in-4 ou in-8 (quelques en-têtes d’hôtels), 2 enveloppes. 800 / 1 000 € Intéressante correspondance du début de la guerre, hantée par le souvenir de sa maîtresse Édith Piaf. [C’est en 1936 que Raymond Asso a lancé la carrière de Piaf, pour qui il va écrire quelques chansons, et dont il devient l’amant et l’impresario. Appelé sous les drapeaux en août 1939, Asso est vite remplacé par un nouvel amant, dont Paul Meurisse. Asso s’adresse ici à son amie « Maimaine », la chanteuse Germaine Sablon (1899-1985), compagne de Joseph Kessel (dont elle créera plus tard le Chant des partisans).] Le 12 octobre, d’Avignon en revenant de Paris, Asso confie son désespoir après la trahison de Piaf : « Ce choc m’a fichu par terre. La nuit en chemin de fer, avec toutes ces images sales qui me poursuivaient... La recherche des larmes qui ne voulaient plus venir [...] le souvenir des insultes et des lâchetés [...] et j’ai ce matin le corps rompu et la tête vide. […] La Môme Piaf n’a pas le droit n’est-ce pas de tuer à la fois l’auteur et l’homme. Un doit lui suffire ! Tout me revient tout à coup... mille choses laides, mille phrases, mille regards... Quelle lâcheté ! Je ne veux plus rien lui devoir ! […] Ne lui parlez pas de moi ! Je vous en prie ! Il faut qu’elle revienne d’elle-même, à genoux... ou plus du tout. […] Quelle lâcheté peut avoir la femme parfois ! Mais est-ce une femme ? »… Quelques jours plus tard, il est malade : « Ça m’apprendra à courir comme un dératé pour surprendre Monsieur Paul [Meurisse] dans mon lit... Je grelottais ce matin là. Décidément cette Piaf est un porte bonheur (sic) remarquable »… Il a pourtant la volonté de se changer les idées, de penser à autre chose – il s’informe des projets des compositeurs Léo Poll et Marguerite Monnot, prend constamment des nouvelles de Jef (Joseph Kessel), parle de la création de sa chanson Ma jolie France par Germaine Sablon et de son prochain spectacle à l’A.B.C. – mais il en revient toujours à « la Môme Piaf », s’inquiétant pour elle au début ; inquiétude teintée de regrets : « Piaf... Je puis dire “ma”, tous les espoirs mis en elle ; toutes ces souffrances morales [...] J’étais si près de la voir réussir, je croyais la partie gagnée... Plouf ! » ; « Cette pauvre gosse complètement isolée, sans amis, avec des faiblesses, va mal tourner peut-être [...] Nous avions fait un si beau rêve… ce départ le 7 septembre pour le Brésil… les robes, les costumes ! »… Au fil des semaines il ne parvient plus à dissimuler sa rancœur : « Qu’est-ce qu’elle m’a sali... Elle essaye de me faire du mal. Elle est méchante »… « Elle est folle ! » ; « Et puis je me fous de Piaf... “Oh, Oh ! Fais attention à tes fréquentations qu’elle m’a dit” »… « Je voudrais rattraper un peu les quelques lignes méprisantes de la Môme sur Voilà. [...] Quelle idiote ! [...] De quoi se plaint-elle lui avais-je dit. Elle a la gloire, la jeunesse et l’amour. Hein ? Alors »… Transparaît également la douleur et le désespoir d’un homme brisé par le chagrin : « Piaf ? Mon dieu Maimaine, ne me parlez pas d’elle ! [...] Il y a des gens au front qui meurent ! Il y a des gens derrière qui meurent d’une autre façon ! Il y a la souffrance physique et l’autre ! »… On joint la photocopie d’une lettre d’Édith Piaf à Germaine Sablon.
26 14 24. Famille AUBARET. Ensemble de 6 L.A.S., 1897-1900, adressées à Thérèse Aubaret née Granier ; 37 pages formats divers, enveloppes, qqs en-têtes et vignettes. 100 / 150 € Intéressantes correspondances, notamment des États-Unis. 5 mai 1897, lettre de sa fille Léontine sur l’incendie du Bazar de la Charité. 1899-1900, longues lettres de son fils Antoine (1870-1906 ?) et de sa femme Louise, de New York, décrivant les gratte-ciels et les trains sur les ponts métalliques (croquis) ; Washington, sur les exploits de l’amiral Dewey, et relation d’une réception à la Maison Blanche par le président Mac Kinley ; Chicago, avec le lac Michigan et sa population grouillante… On joint :2 fascicules des allocutions prononcées à Poitiers, pour les mariages de Auguste Véron et Léonine Aubaret et celui du comte Antoine Aubaret et de Louise Siry. Poitiers 1891 et Paris 1898 ; morceau exécuté au mariage de Cécile Aubaret avec le comte du Pavillon (1899) ; notice ms sur l’amiral Auguste-Joseph Veron. 25. Henri d’Orléans, duc d’AUMALE (1822-1897) fils de Louis-Philippe ; général, il se distingua en Algérie contre Abd-el-Kader. L.A.S., Twickenham, 1er août 1856, à un ami ; 3 pages in-8. 100 / 150 € Il remercie pour l’envoi de fromages, puis parle des « vaches Bretonnes ; ma femme voudrait décidément en avoir huit avec leur taureau ; elle a pensé que personne ne pouvait mieux que vous composer et expédier ce petit troupeau » ; il leur faudra d’abord vendre leurs vaches. « Je vous envie bien vos explorations agricoles dans votre belle et bonne Normandie qui est encore après tout et de toutes manières un des meilleurs pays de France »… 26. AVESNOIS. Charte, Moreausart 6 juin 1611 ; parchemin oblong in-fol. (15,5 x 48 cm), avec 4 sceaux de cire brune aux armes pendant sur double queue. 300 / 400 € Déclaration de foi et hommage passée devant Louis Mabire, Nicolas Du Casteau, Philippe et Charles de Main, par Nicolas Bouchier, ouvrier en bois demeurant à Moreausart, pour ce qu’il tient de Guillaume de Mont-le-Comte, savoir, un fief comprenant une maison, grange, étable et jardin, enclos de haies vives, avec les arbres fruitiers, en la seigneurie de Moreausart, valant soixante livres l’an. On joint 4 actes sur papier, Fromelles (ou Frouville ?) en Flandre 1590-1613 (un incomplet). Ventes de terres en faveur de Denis Potin et Jacques Caritat, archers de la maréchaussée de France, par des vignerons et laboureurs.
15 27. AVIATION. Léopold VARCIN (1884-1967) as de l’aviation, capitaine, commandant l’école d’aviation militaire de Châteauroux pendant la guerre 14-18. 3 L.A.S., 1913-1917, à Jacques Mortane ; 8 pages in-8 ou in-12, 2 à en-tête École d’aviation militaire de Châteauroux. 100 / 150 € Lens 19 octobre 1913, envoyant un article : « je ne puis que vous féliciter bien sincèrement pour la belle campagne que vous n’hésitez pas à entreprendre »… Châteauroux 26 juillet 1916, remerciant de « l’article très élogieux que vous avez bien voulu écrire dans La Vie au grand air pour mon frère et pour moi. […] je ne dis rien en ce moment de peur de passer pour un grincheux, mais cela n’empêche pas l’optimisme le plus complet et la confiance la plus absolue dans la bonne fin des opérations »… Châteauroux 31 mai 1917, le remerciant de ses articles élogieux sur son frère ; « si la polémique et la discussion ne peuvent actuellement être ouvertes complètement, elles n’y perdent rien pour attendre car les faits se chargent tous les jours de justifier pas mal de prévisions ». Il explique son refus de laisser publier des photographies de « reconnaissances au-dessus ou au départ de “Châteauroux”... On joint une L.A.S. à la veuve de Jacques Mortane, Lens 29 septembre 1966 (3 p. in-8), déplorant la disparition prématurée de Mortane. Plus 3 l.a.s. de son frère Hector VARCIN (1891-1965, pilote de guerre), 1914-1916, à Jacques Mortane. 28. AVIATION. André BLAIGNAN (1890-1968) pilote de la guerre 14-18. L.A.S., Aix-les-Bains 12 janvier 1916, à Jacques Mortane ; 16 pages in-8. 100 / 120 € Après son accident, il rassemble ses souvenirs sur le début de la guerre, à Dijon, puis Belfort, où il retrouvé ses anciens camarades : Caron, Sadi Lecointe… Il dresse la liste des camarades tués ou prisonniers. Puis il raconte l’affaire du camp de Châlons, où il est allé chercher un appareil Blériot (biplace 80 Hp) ; mais celui-ci a été détruit avant son arrivée, les Boches étant à Mourmelon. Il repart, laissant les appareils qui ont été sabotés… Etc. 29. AVIATION 1940. Manuscrit autographe d’un aviateur, Journal 2, mars-août 1940 ; cahier d’écolier Fleur des Neiges (22 x 17 cm), 98 pages. (lég. mouill.). 200 / 300 € Récit journalier du militaire passé par Salon, Châteauroux, Paris, Dijon, Macon, Montluçon, Compiègne, Avignon, Vierzon, Saint-Priest, Tours, Savonnières, Limoges, Angoulême, Saint-Jean d’Angély, Saintes, Cognac, Bagnères de Bigorre, Lourdes, Varenne sur Allier. Ce cahier, suite d’un n° 1 manquant, va du 24 mars au 23 août 1940. Nous en donnerons de brefs extraits. 11 avril. « Le capitaine et 3 hommes d’équipage allant convoyer un Bloch 210 se sont carbonisés dans un atterrissage forcé après le décollage ». 14 avril. « Pendant ma permission la plupart des avions Bloch sont partis. Des Potez 633 sont venus compléter la formation car les Bréguets se démolissent assez facilement… le Bréguet est assez bien armé mais le Potez ne l’est guère ». 11 mai. Bombardement : « nous entendimes des sifflements dont le bruit nous remplit d’horreur et presque aussitôt le bruit des bombes explosant. Tout tremblait dans un vacarme épouvantable. Je m’étais jeté dans le couloir et m’étais couché, je me relevai aussitôt après l’éclatement pour gagner l’extérieur, mais de nouveaux sifflements me firent me jeter sous les lavabos et pendant quelques secondes ce fut un tonnerre indescriptible. Parmi la poussière, les débris, des hommes jonches le sol. Je passai les premiers abris avec tant d’autres fuyant et couru m’abriter sous une haie d’arbres à 500 m de la caserne en passant à travers champs, marécage ou j’avais de l’eau et de la boue jusqu’au ventre »… 14 juin. Exode… Etc. 30. Pierre BALMAIN (1914-1982) couturier. L.A. (signée au dos de l’enveloppe), Paris [14.XI.1975], à Mlle Anna Maillard ; 8 pages in-8, enveloppe autographe signée. 300 / 400 € Longue lettre amicale à sa « Chère Michou ». Il la remercie de sa lettre, trouvée au retour de son long séjour habituel « en orient extrême » : « l’amitié, vous le savez, n’a pas besoin de génie – la plus simple de ses expressions réchauffe le cœur »… Il était très à plat lorsqu’il a écrit sa lettre de Marrakech : « la fatigue d’une longue année d’angoisses et d’efforts m’avait chargé d’une lassitude qui virait au noir. Certes, ma situation personnelle n’est guère meilleure et j’ai vu s’effriter un patrimoine patiemment arrondi au cours des ans – mais les affaires se présentent mieux et je pense tout de même sortir enfin de l’ornière »… Il finit même par aspirer à la retraite « à laquelle, curieuse attitude de l’esprit, je n’ai jamais cédé jusqu’ici […]. M’arranger un train train plus modeste finit par me paraitre souhaitable – me défaire encore de ce qui me reste d’objets précieux, patiemment réunis au cours de mes voyages me semble tout à fait possible – et, je suis étonné de m’en rendre compte, indifférent ! »… Il envisage avec un certain soulagement de quitter son « caravansérail » pour une garçonnière beaucoup plus petite près du Bois, sans autant de personnel, mais souhaite garder Marrakech « (Inch’Allah) » pour y faire de longs séjours… Il met Michou en garde à propos de son projet de cohabitation avec Paul André à Beauvoir, qui lui semble dangereuse pour leur amitié, car ce dernier est « de tous vos amis, le plus attentionné, le plus disposé toujours à se mettre à vos ordres »… Balmain viendra comme à son habitude en Savoie pour la Toussaint : « Il sera bon de se retrouver encore dans cette bonne maison – nous nous draperons de châles et de lodens et nous essaierons de nous souvenir mieux pour oublier l’instant […] et nous avons tant à nous dire ! »… Juillet 23 R 200 n° 2))
35 16 31. Balthazar Klossowski dit BALTHUS (1908-2001) peintre. L.A.S., Rossinière 24 novembre, à Andrea Kwapisz ; 1 page in-4, en anglais. 200 / 300 € Il n’a pu répondre à sa demande arrivée en décembre dernier, car il a dû subir une opération et a frôlé la mort. Il a été coupé du monde pendant de longs mois, « a strange and rather painful experience ». Il revient à la vie et à son travail, et lui envoie le livre écrit par son fils aîné. [Stanislas Klossowski de Rola a écrit plusieurs livres sur l’alchimie]. 32. BARCELONE. 3 manuscrits émanant de chapitres provinciaux tenus dans le monastère bénédictin de San Pablo del Campo, 1566 ; 16 pages in-4, 8 pages in-fol. (petits trous par corrosion d’encre), et 33 pages in-fol. foliotées 77 à 93 ; en latin. 150 / 200 € Copie des constitutions provinciales prises au cours d’un chapitre général célébré à San Pablo del Campo de Barcelone en présence des abbés des monastères de Sant Cugat del Valles et de Sant Stephani Balneolar… Célébration d’un chapitre provincial à San Pablo del Campo, avec mention de visites des monastères de Sant Cugat del Valles, Sant Salvador de la Vedella, Sant Pere de la Portella, Santa Maria de Serrateix, Sant Benet de Bages, Sant Saturnino de Tabérnolas, Santa Clara de Barcelona, Sant Daniel de Girona… Statuts de l’église paroissiale Santa Maria del Mare, 9 septembre 1566… 33. Maurice BARRÈS (1862-1923). L.A.S., [vers 1890], à un critique ; 3 pages in-8 (petit deuil). 100 / 150 € Il le remercie pour son article « Il y a une grande douceur à voir sa pensée ainsi comprise. […] C’est surtout par convenance que j’ai dû envelopper très fort un livre qui a aussi des allures de confessions ; c’est aussi pour quelques principes d’art ». Anatole France n’y a rien vu… Il félicite son correspondant pour son talent et craint « de ne pouvoir faire à ces belles pages le sort qu’elle mériterait. Mon ami Paul Adam me dit qu’il sait une revue qui conviendrait […] On pourrait aussi vous expédier en Belgique où Péladan a des amis »… 34. André BAUCHANT (1873-1958) peintre. 2 L.A.S., octobre-novembre 1947, à M. Van der Klift ; 1 page in-8 chaque (trous de classeur). 150 / 200 € À un collectionneur. – 20 octobre. Il lui a laissé « un tableau religieux N° 40 “Laissez venir à moi les petits enfants” et 2 qui furent au Salon des Tuileries », qu’il l’a prié de retirer en son nom. Il lui donne la préférence s’il souhaite les acquérir, « comme je ne fais plus que peu de tableaux et que je tiens les soigner »… – 18 novembre. Il lui rappelle qu’il lui donne la préférence, pour ces trois tableaux, dont une Tentation de St Antoine : « à défaut je ne les vendrai pas je les garderai pour ma famille »… 35. Pierre-Augustin Caron de BEAUMARCHAIS (1732-1799). L.S., Paris 9 octobre 1774, à M. Airain, procureur à Tours ; 3 pages in-4, adresse. 300 / 400 € Lettre concernant ses affaires et l’exploitation de la forêt de Chinon, au retour d’une mission secrète à Vienne. Il est de retour à Paris « après trois mois d’une absence forcée », et en vient à son affaire avec le Major, afin de se « faire payer de 30 mille francs de fourniture que nous avons faite à la Marine du Roy ». L’instant est propice, « le nouveau Ministre de la Marine [Sartine] m’honorant d’une bonté toute particulière ». Il réclame donc à Airain un « petit mémoire instructif » sur le marché des bois livrés au commissaire de la Marine ; il le présentera au ministre : « si je n’en obtiens pas d’argent je tacherai de faire faire une virement de partie entre le Controlleur General [Turgot] et M. de Sartine pour que cet objet de 30 mille francs que le Roy me doit passe en compte sur les sommes que je luy dois moi-même ». Il évoque également « notre procès contre le debiteur de Nantes en faillite », ainsi que d’autres affaires en cours…
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