AGUTTES . Vente Judiciaire, Aristophil

AUTOGRAPHES & MANUSCRITS 9 & 10 JUILLET 2025

1 MERCREDI 9 & JEUDI 10 JUILLET 2025, 11H PUIS 14H Autographes & Manuscrits

2 Responsable de la vente Sophie Perrine +331 41 92 06 44 perrine@aguttes.com Assistante spécialisée Quiterie Bariéty +33 1 47 45 00 91 bariety@aguttes.com Avec la participation de Laurent Bartholomot Enchères par téléphone Ordre d’achat bariety@aguttes.com Relations acheteurs Quiterie Bariety +33 1 47 45 00 91 bariety@aguttes.com Délivrances & Expéditions +33 1 47 45 00 91 bariety@aguttes.com CONTACTS POUR CETTE VENTE Experts Thierry Bodin, membre du Syndicat Français des Experts Professionnels en Œuvres d’Art 67 avenue du Suffren, 75007 Paris +33 1 45 48 25 31 lesautographes@wanadoo.fr À décrit les lots 160 à 307 lots 515 à 876 BEHR Auction - Cabinet d’Expertise 5 rue Drouot, 75009 Paris + 33 1 47 70 16 90 info@behrauction.fr À décrit les lots 308 à 341 Délivrances à Neuilly-sur-seine, sur rendez-vous uniquement

3 Aguttes Neuilly 164 bis, avenue Charles de Gaulle 92200 Neuilly-sur-seine Exposition publique Lundi 7 et mardi 8 juillet : 10h - 18h Vente aux enchères PARTIE I Mercredi 9 juillet 2025 11h : lot 1 au lot 159 (lots non décrits vendus en lot | Liste disponible sur demande) 14h : lot 160 au lot 341 (lots vendus à l’unité) Cliquez et enchérissez sur aguttes.com PARTIE II Jeudi 10 juillet 2025 11h : lot 343 au lot 514 (lots non décrits vendus en lot | Liste disponible sur demande) 14h : lot 515 au lot 876 (lots vendus à l’unité) Cliquez et enchérissez sur aguttes.com Autographes & Manuscrits Vente judiciaire sur ordonnance du TC de Paris (contrats Aristophil non réclamés) par le ministère de SEINE OUEST commissaires de justice en partenariat avec AGUTTES. Honoraires acheteurs: 14,28%TTC

4 Les conditions et termes régissant la vente des lots figurant dans le catalogue sont fixés dans les conditions générales de vente figurant en fin de catalogue dont chaque enchérisseur doit prendre connaissance. Ces CGV prévoient notamment que tous les lots sont vendus « en l’état », c’est-à-dire dans l’état dans lequel ils se trouvent au moment de la vente avec leurs imperfections et leurs défauts. Une exposition publique préalable à la vente se déroulant sur plusieurs jours permettra aux acquéreurs d’examiner personnellement les lots et de s’assurer qu’ils en acceptent l’état avant d’enchérir. Les rapports de condition, ainsi que les documents afférents à chaque lot sont disponibles sur demande. Nous attirons votre attention sur les lots précédés de +, °, *, ¤, #, ~, = pour lesquels s’appliquent des conditions particulières visibles en fin de catalogue. PRÉCISION IMPORTANTE À L’ATTENTION DES ENCHÉRISSEURS

PARTIE I Mercredi 9 juillet LOTS 160 À 341

6 Beaux-Arts 160 AMBROGIANI Pierre (1907-1985). L.A.S. « Ambro » avec DESSINS, Les Baux 26 juillet ; 1 page in-4 à l’encre bleue (petit manque à un coin). Amusante lettre illustrée de 5 dessins. Il raconte la fête de Saint-Martin de Crau, à laquelle il s’est rendu avec Antoine SERRA et René SEYSSAUD. Il se dessine en compagnie de ses deux amis ; puis il montre la fuite de Serra au premier taureau, Seyssaud qui s’est endormi, et lui-même derrière la barrière face au taureau. Le dernier dessin le montre sur une camionnette chargée de tableaux… 300 - 400 € 161 BELLMER Hans (1902-1975). L.A.S. « Bellmer », Castres 7 juillet 1945 ; 1 page oblong in-8. Lettre probablement adressée à un éditeur, lui demandant notamment l’adresse de Victor BRAUNER, « qui est resté, tant que je sache, en France ». Il reçoit plusieurs demandes « de réunir des documents surréalistes pour la publication » ; il a écrit à André BRETON à ce sujet. « Il y a une faim étonnante parmi beaucoup de gens de ce que nous aimons. – Évidemment, les deux, trois, quatre, restés en France, sont relativement isolés pour le moment ». Il enverra à son correspondant « un exemplaire d’un Album que j’ai publié fin 1944 »... 200 - 300 € 162 BELLMER Hans (1902-1975). L.A.S. « Hans Bellmer », 10 avril 1963, à Herr Punte ; ¾ page in-4 sur papier fin rose, au stylo rouge ; en allemand. Punte lui ayant demandé un exemplaire de son petit livre, Bellmer propose de le lui envoyer par la Copley Foundation, à condition de connaitre la raison de cette demande, et si c’est en tant que collectionneur, libraire, ou par pur intérêt littéraire ?... Il signale l’ouvrage publié en Allemagne : Die PUPPE. Il contient trois ouvrages qui ont été publiés à Paris à différentes époques : “La Poupée”, “Les Jeux de la Poupée”, “L’Anatomie de l’image” »… 400 - 500 € 160 161 162

7 Autographes & Manuscrits • 9 juillet 2025 163 BERNARD Émile (1868-1941). L.A.S. « E. Bernard », [Tonnerre 20 mars 1916], à son amie Mme DUCHATEAU à Paris ; 1 page in-fol., bois gravé décoratif en bandeau, enveloppe. Il informe sa « très chère amie » qu’il a quitté trop rapidement Paris pour aller lui dire au revoir, ce qu’il comptait faire « sachant votre inquiétude actuelle. Dieu vous garde et vos enfants ! Ici j’ai trouvé tout en soleil, en santé, en renouveau. Ne viendrez-vous pas un peu cet été ? On parle de mobiliser une partie de ma classe. En serai-je ? J’attends en travaillant »… 300 - 400 € 164 BLANCHE Jacques-Émile (1861-1942). 37 L.A.S. « J.E. Blanche » ou « JEBl », Paris ou Offranville 1893-1926, à Francis VIELÉ-GRIFFIN ; 65 pages in-8 ou in-12, quelques lettres à son adresse 19, Rue du Docteur Blanche. Belle correspondance amicale où l’on sent l’admiration du peintre pour le poète et où on le voit au travail. Blanche félicite Vielé-Griffin pour La Chevauchée d’Yeldis (1893) et se réjouit « de voir répandre les trésors de vos méninges ». Une grande partie des lettres de 1901-1902 est consacrée à l’élaboration et au travail du tableau Portrait de Vielé Griffin et sa famille :« C’est une entreprise dans laquelle une collaboration intime du peintre et des modèles est nécessaire » ; il demande de nombreuses séances de pose, notamment des enfants, se soucie des vêtements portés par les modèles, de la qualité de la lumière, et, insatisfait de son travail, procède à des retouches : « c’est la longueur de vos jambes qui rend votre tête si petite d’aspect ». Il mettra longtemps à l’achever et demande au poète de bien vouloir prêter le tableau au Salon de la Libre Esthétique à Bruxelles organisé par Octave Maus (2 janvier 1909), alors qu’il le lui a récemment livré. 20 janvier 1902. Il évoque ses expositions, l’achat par la Ville de Paris du Réveil, le prêt du portrait de Leconte de Lisle, et le don au Musée municipal du portrait de Jules Chéret (aujourd’hui au Petit Palais). 2 mai 1902, après la création de Pelléas et Mélisande le 30 avril : « Avez-vous entendu l’étonnant DEBUSSY à l’Opéra Comique ? On ne sait si c’est admirable ou ridicule. Je pencherais pour le premier. Comme de telles choses neuves sont embarrassantes ! », et il cite plusieurs phrases de l’œuvre ; en avril, il était allé avec GIDE voir la pièce de MAETERLINCK. Il évoque Henri GHÉON et son roman Le Consolateur (1903) : « Je crois qu’il a beaucoup à apprendre et qu’il est bien loin d’avoir un métier. La langue est pleine de formules, d’une trop faible et démodée qualité », ainsi que BARRÈS dont il loue « l’étonnant, l’admirable, le très important volume : Scènes et doctrines du Nationalisme » Il cite d’autres peintres : ZULOAGA, Walter SICKERT, WHISTLER (il se rend à Londres pour l’inauguration de son Mémorial), et fait le portrait de RODIN « seul bon esprit quand on le pénètre » (7 juin 1904). Les lettres ensuite se font plus rares en raison du mauvais état de santé de Blanche ; la dernière lettre est datée de Vichy (4 juillet 1926) où il fait une cure en compagnie de nombreuses personnalités : « J’ai beaucoup peint, ayant eu des demandes de petits portraits. Je crois que je finirai par tendre une sébile et mes pinceaux dans les halls des Palaces »… 1 500 - 1 800 €

8 166 BRAQUE Georges (1882-1963) peintre. L.A.S. « G. Braque », Varengeville 5 août 1936, à Marie CUTTOLI ; 1 page in-4. Remerciements pour son chèque de 13.500 francs « en règlement provisoire des droits de reproduction concernant votre tapisserie »… [Marie CUTTOLI (1879-1973) collectionneuse et gérante de l’atelier de tapis d’art Myrbor, confia la création de modèles à des artistes et renouvela la tapisserie dans l’entre-deux-guerres en faisant appel à des artistes d’avant-garde.] 400 - 500 € 167 BUFFET Bernard (1928-1999). L.A.S. « Bernard Buffet », Rousset-sur-Arc 20 janvier 1959, à André PARINAUD ; 3 pages petit in-4 à en-tête du Château L’Arc. Buffet s’insurge violemment contre les informations que Parinaud a fait paraître : « Je trouve la suite d’échos que tu as fais paraitre sur nous injurieuse et déplaisante. Je ne sais pas où tu puises tes informations qui, faute d’être exactes, viennent visiblement de gens qui ne nous aiment pas [...] Ça n’est pas parce que nous avons trouvé un bonheur qui nuit à beaucoup qu’il faille forcément nous noircir ».... 500 - 700 € 168 CHAGALL Marc (1887-1985). L.A.S. « Marc Chagall », Paris 26 novembre 1930, à Hermann STRUCK à Haïfa (Palestine) ; 1 page in-4 à son adresse 5, avenue des Sycomores, Villa Montmorency, enveloppe ; en yidich. Ils projettent de venir en Palestine, où Dizengoff [maire de TelAviv] les a invités. Mais il ne sait pas au juste quand ce serait le mieux d’y aller. Il se réjouit d’avance de voir ce pays, ce qui sera peut-être régénérant pour son art… 600 - 800 € 165 BOURDELLE Antoine (1861-1929). L.A.S. « Antoine Bourdelle », 6 juillet 1927, à Édouard HERRIOT, ministre de l’Instruction publique et des Beaux-arts ; 1 page in-4. « Infiniment touché de votre accueil à ce désir que j’ai de pouvoir confier toute mon œuvre à notre Nation, je sollicite ici de vous, Monsieur le Président, afin de bien vous exposer l’ordre du don que je désire faire, […] quelques instants d’audience »… 200 - 300 €

9 Autographes & Manuscrits • 9 juillet 2025 169 CHAISSAC Gaston (1910-1964). L.A.S. « Gaston Chaissac », Boulogne les Essarts (Vendée) [1948, à Henri POULAILLE] ; 4 pages petit in-4. Étonnante lettre autobiographique, parlant de ses écrits et de Jean Dubuffet. « Je ne veux ni vous parler de souris laitière ni de ceux qui font du pseudo-académisme ou du pseudo non académisme ou d’autres choses mais seulement que je dois à la charmante, aimable, généreuse Jeanne KOSNICK-KLOSS qui m’a délié et massé la langue de pouvoir m’exprimer dans un langage particulier et par souvenir et reconnaissance je lui dédie mes dires d’aujourd’hui qui vous affirmeront que je suis natif de la petite ville proche de Vassy ou c’est qu’on fabrique du ciment. Et ma mère qui était la fille du père Breuil le colporteur, avait été servante chez le fabricant de ciment. Il y a ciment et ciment. Et le ciment n’est pas tout il faut de l’eau pour le mouiller. Il y a eau et eau. Les sources d’eau exquisement plus et les plus hautes perchées que je connaisse c’est la fontaine Saint-Pierre sur le Mont Beuvray et la fontaine Maria proche du hameau des Buteaux qui est la source de la petite rivière qui porte ce même joli nom de Maria et qui est un affluent de la Dragne. La fontaine Maria est également pas tellement éloigné d’un endroit nommé les Rastes et qui m’est apparu la première fois avec son allée de pommiers en fleurs. Le poëte qui sommeillait en moi vibra de tout son être devant cette férie ». Il évoque le panorama de cet endroit, les trains qui y passaient, puis les feux de la Saint-Jean : « A propos de la Saint-Jean, ça me fait penser à la roulette de cimentier de Jean DUBUFFET que Paulhan lui a payé à la dernière Saint-Jean. Jean Dubuffet notre charmant cimentier de fraîche date a du pain sur la planche s’il veut seulement cimenter le dixmillième de ce qui a besoin de l’être. Il est allé en Algérie où il porte burnous et qui sait si en revenant il ne passera pas à Vassy faire l’emplette d’une tonne de ce ciment qui l’intéresse tant. Jeanne KOSNCIK-KLOSS me fait penser aux gars du batiment qui me plaisent particulièrement. J’en ai beaucoup vu dans le métro. Ils descendaient comme moi à Italie. La mesquinerie purulente est raréfiée chez eux. J’en avais vu avant d’aller dans le métro, tenez lorsque dans ma ville natale on a batit le crédit Lyonnais. Avant on a démoli plusieurs maisons et à cette occasion le chauffeur du camion qui transportait les matériaux de démolition avança un jour jusque sur le chantier pour éviter de la peine aux camarades ». Il raconte l’incident quand le camion s’estt enfoncé dans la cuve... « C’était au temps où j’étais marmiton […] j’entendais le chef me dire de répondre “de me prêter ses fesses” 170 CHAISSAC Gaston (1910-1964). L.A.S. « G. Chaissac », [L’Oie 20 janvier 1955], à son « confrère » Pierre GIRAUD à Choisy-le-Roi ; 2 pages in-4, enveloppe. Félicitations pour l’heureuse nouvelle, « et merci de ta lettre qui m’est parvenue le vingt janvier, jour de la St Sébastien alors que Christian Villeneuve, enfant du bourg de Ste Florence apprenait à monter à bicyclette, tenu par un parent venu au baptême de sa petite sœur qui a eu lieu dans la même matinée. C’est après ce baptême que j’ai appris qu’il y a dans le même canton que nous un endroit habité du nom du Petit lundi ». Il évoque la mort du père Carcaud… Puis il parle de sa « gamine interne au collège » et qui part en vacances : « Et ça n’est pas d’être maintenant au musée des beaux arts de Nantes qui va me permettre de la récupérer car c’est surtout honorifique et j’exagère à peine en te disant que je n’espère plus guère qu’en la mort. C’était du reste bien saugrenu de ma part de faire cette enfant. […] Je fais des expositions et comme fonction c’est quelque chose comme gardien de musée bénévole en province. Tu vois ça d’ici. Toujours le même refrain »... 400 - 500 € au plongeur qui ricanait de moi parce que j’étais puceau comme si à 13 ans on n’était pas sans excuse de l’être encore. [...] Dans le batiment je pense que j’aurais pu faire un couvreur possible, le reste je me le demande. Dans un roman que j’ai écri le mari (en crise de jalousie) d’une actrice vint lui faire une scène, oui sur la scène, et juste au moment qu’elle mourrait au second acte. Le régisseur chercha à s’interposer : “Vous voyez bien qu’elle doit être morte” lui dit-il – Il n’y a pas plus de mort que de beurre au cul”, répartit l’homme en montant sur ses grands chevaux ». Chaissac raconte la suite de son livre... Puis il ajoute :. « Je veux écrire un poëme qui dira ça à la classe ouvrière. Si tu veux faire œuvre je t’en supplie ne fait plus tinter des enclumes appartenant à ceux que tu fais riche mais seulement des enclumes à toi. L’Amérique donnera les outils qu’il faut à vous tous rien qu’en échange du musée du Louvre. Ça veut pas dire qu’il faut le prendre d’assaut, non pas. Mais à vous tous vous auriez tôt fait avec vos mains, vos intelligences, vos cœurs et votre âme de faire l’équivalent du musée de Louvre, et avec ça vous auriez des outils et seriez libres avec ces outils ». 1 000 - 1 200 € 169 170

10 171 CHAISSAC Gaston (1910-1964). L.A.S. « g chaissac », [L’Oie (Vendée) 23 avril 1957], à André BLOC, à Aujourd’hui [Art d’aujourd’hui] ; 2 pages in-4 sur papier quadrillé d’un cahier d’écolier, adresse avec timbre. Ce pauvre curé de Sainte-Florence a, pendant le Carême, vendu aux paroissiens un numéro spécial de la revue Fêtes et saisons, de mars 57, intitulé L’Église familière et mystérieuse : ils « ne furent pas peu surpris d’y voir ma photo au nombre des illustrations. J’ai même l’honneur d’y signer “le Christ continué”. Qui aurait prévu une chose pareille ? Certainement pas moi qui croyait naïvement qu’on venait me photographier pour illustrer des articles sur mes activités artistiques. Voilà qu’on me met vraiment à toutes les sauces et d’ici qu’on me demande à poser pour des illustrations il n’y a peut-être pas loin. On continue à me solliciter ou à me recommander pour que j’expose mais ma nervosité me fait tout envoyer promener. Vous ai-je dis que Jacques Prévost, le journaliste avait fait photographier ce que j’ai peint sur les toiles que vous m’avez donné ? »… Dans un long post-scriptum, il dit avoir terminé la lecture du Dernier Feu [de Maria Borrély], préfacé par Giono, et il parle de sa participation aux travaux de ferme : « Mon goût pour ces travaux me faisait taxer de complexe d’autopunition par Louis Gattiaux, qui disait la même chose du prince LANZA DEL VASTO, pour les mêmes raisons. En ce qui concerne ce châtelain, ce devait pourtant être dans ces traditions ou habitudes dérivant de son éducation de tâter à ces gros travaux malgré ses dons et la pratique des arts d’agréments. C’est du reste tellement en forgeant qu’on devient forgeron qu’on sait le mieux ce qu’on a eu l’occasion de pratiquer le plus. Mais alors qu’il me paraît plus utile d’être meilleur jardinier, ces travaux de ferme, que j’ai eu l’occasion d’apprendre avec de bons professionnels ne me serviront vraisemblablement pas à grand-chose, sinon faire jacter la gente journalistique peut-être. Cette année au jardin, mon bêchage fut encore plus mauvais que d’habitude mais je m’en console en me disant que ça n’a rien de tellement catastrophique pour un néo-primitif, au contraire. Rémi Seillier, enfant de Ste Florence, qui avait débuté dans la mécanique est maintenant élève maçon »… 700 - 800 € 172 CHAISSAC Gaston (1910-1964). POÈME autographe signé « Gaston Chaissac » et DESSIN signé, Sainte-Florence 7 juin 1959, à Hubert Connil ; 2 pages in-4 (22 x 17 cm) au stylo bille bleu sur un feuillet quadrillé de cahier d’écolier (trous de classeur marginaux). Poème de 26 vers, publié partiellement dans Phantomas (n° 15 /16, p. 59). « Quelle cohorte galvanisée sans façon En mangeant la précieuse haligourde Tandis que tes yeux de jeune campagnard S’acheminaient les bœufs en bandoulière Et la tête rejetée en arrière Et te voilà le maçon d’une truelle enchantée »... En marge, Chaissac a noté : « Pierre Benoîssac, l’orfèvre en vieux cuir alias Gaston Chaissac ». Au verso, dessin signé et daté 736.59 : personnage et chapeau. 800 - 1 000 € 171 172

11 Autographes & Manuscrits • 9 juillet 2025 173 Giorgio de CHIRICO (1888-1978). 2 L.A.S. « G. de Chirico », Paris 4 février 1929 et s.d., à André de RIDDER ; 1 page in-8 et 1 page oblong in-8. « C’est entendu. Je vous donnerai 2 toiles de 25 en échange de 68 photos et des “hommages” ajoutés au texte de Courthion »... – « Voici les épreuves corrigées. Est-ce que je ne pourrais aussi corriger celles de ma biographie écrite par moi-même ? – Dans 2 ou 3 jours je vous enverrai les dessins »... 300 - 400 € 174 COROT Camille (1796-1875). L.A.S., « C. Corot » Paris 9 avril 1855, [à Adalbert CUVELIER] ; 1 page in-8. Au sujet de ses clichés-verres. Il serait « heureux de recevoir une ou deux collections des épreuves sur verres. Mes pratiques sont impatientes. Je vais faire un tour à Fontainebleau lundi prochain. Je n’aurai pas la place de vous voir, seulement si vous en avez de prêtes, ayez la bonté de les remettre à la maison »… 500 - 700 € 175 DAVID D’ANGERS Pierre-Jean (1788-1856). L.A.S. « David », Paris 17 mai 1840, [au musicien Auguste PANSERON] ; 2 pages in-8. À propos de son monument d’Ambroise Paré [statue érigée à Laval en 1839]. Il avait trouvé à Rome l’ouvrage d’Ambroise PARÉ, et, « témoin de la vénération des étrangers pour notre célèbre compatriote, je conçus l’idée de lui élever un monument. À mon retour en France, sous la Restauration, et encouragé par mon ami Béclard, je fis la proposition d’une statue dont j’aurais exécuté le modèle gratuitement », mais cette offre fut refusée « l’autorité d’alors ne comprenant pas sans doute le mérite du grand chirurgien. J’exécutai alors un buste en marbre plus en rapport avec mes moyens pécuniaires ; et dans la crainte trop juste qu’il ne fut pas agréé par le Maire de la ville natale de Paré, je le donnai à l’académie de médecine de Paris. Cette affaire fut donc ajournée […] jusqu’à l’époque où les médecins de Laval et ses nouveaux fonctionnaires décidèrent l’érection de ce monument. On ne saurait trop louer l’élan honorable et généreux de ces Messieurs ». Il désire donc sincèrement qu’on oublie à présent « les entraves passées », tout le monde ne pouvant « apprécier le mérite de certaines spécialités scientifiques » !... Il souhaiterait maintenant faire la même chose pour BICHAT, et il ira consulter Panseron et lui demander sa coopération pour mettre en place une souscription permettant de payer et de fondre la statue… 500 - 700 € 173 174

12 176 DELACROIX Eugène (1798-1863). L.A.S. « E. Delacroix », 21 avril 1826 ; 1 page in-8 (cote d’inventaire notarial). « Je suis bien privé de ne pouvoir accepter pour dimanche l’aimable invitation que j’ai reçue de votre part par Mr Bra [le sculpteur Théophile BRA] »... Il est cependant reconnaissant de cette attention : « Je n’ai pas oublié que vous m’avez permis de venir quelques fois vous importuner de mon amour pour la musique »… 400 - 500 € 177 DELACROIX Eugène (1798-1863). L.A., Samedi [Champrosay 9 juin 1849], à la baronne Joséphine de FORGET ; 3 pages et demie in-8. Belle lettre à sa maîtresse, évoquant Chopin. Il a fait le paresseux, et donne des nouvelles du temps, très orageux. « J’ai trouvé mon prétendu jardin en assez mauvaise tournure et fort négligé »... Le docteur lui avait recommandé de partir, et il n’est donc pas allé la voir. « Je crois qu’enfin le beau temps a envie de s’établir et les pauvres santés comme les miennes en ont bien besoin. [...] Je suis parti de Paris mécontent de l’état du bon petit Chopin [Frédéric CHOPIN, que Delacroix aimait beaucoup, était en effet très souffrant ; il mourra le 17 octobre] et cela m’a affligé de le quitter ainsi. [...] Amuse-toi bien, chérie et pense à moi. Je t’ai vue en rêve avant hier et je te conterai cela : c’était fort joli, mais n’était pas audessus de ce que la réalité accorde quelque fois. Ecris moi ausi si tu as rêvé de moi, en attendant que je t’embrasse en chair et en os »... 1 000 - 1 500 € 178 DELACROIX Eugène (1798-1863). L.A.S. « Eug. Delacroix », 9 novembre [1853] ; 2 pages et demie in-8. Réponse à une recommandation. « Une recommandation de vous est, pour moi, l’une des plus puissantes qu’il puisse y avoir. Je ne connaissais point l’artiste dont vous me parlez et j’avoue également ne point connaître ses ouvrages : ce que vous me dites suffit pour m’en donner une bonne opinion »... Mais pour lui être utile, il faudrait qu’il soit appuyé par des personnes influentes « qui feraient la demande pour lui, demande à laquelle je donnerais l’assentiment le plus complet. […] Une autre personne m’avait déjà parlé de M. Dumas [...] je serai bien heureux de trouver une occasion de vous être agréable [...] Je n’ai pas oublié sous quels auspices se sont établis entre nous des relations dont j’ai eu tant à m’applaudir et malheureusement trop rares entre gens que l’art et le travail enchaînent chacun à son poste »... [Il s’agit probablement du peintre lyonnais Michel DUMAS (18121885), ancien élève d’Ingres, qui était de retour en France après avoir passé une quinzaine d’années à Rome. En 1853, il réalisa une copie d’une Vierge à l’Enfant de Murillo pour l’église de Saint Maurice-sur-Aveyron (Loiret).] 500 - 700 € 176 177 178

13 Autographes & Manuscrits • 9 juillet 2025 179 DELACROIX Eugène (1798-1863). L.A.S. « Eug. Delacroix», jeudi [1855], à Paul CHENAVARD ; 1 page in-8. Il voulait recommander à François « les tableaux de M. Jeanmot [JANMOT]. Ayez la bonté de les lui recommander de manière à ce qu’on les reçoive tous. La manière dont vous lui en parlerez lui confirmera leur mérite quand il les verra. J’ai demandé à rester chez moi pou finir mes tableaux, et voilà que je ne puis ni travailler ni sortir. Je suis pris depuis que je vous ai vu chez Bertin exactement, d’une prostration et d’une impossibilité de bouger qui est la suite de séances trop fortes de travail dans lesquelles je me suis forcé. Le remède serait 4 ou 5 jours d’absence de Paris et j’ai beaucoup de soins à prendre qui m’en empêchent »… [Les peintures du cycle du Poème de l’âme de Louis JANMOT (1814-1892) figureront à l’Exposition universelle de 1855.] 500 - 700 € 180 DELACROIX Eugène (1798-1863). L.A.S. « Eug. Delacroix », Champrosay ce 28 [automne 1862 ?, à Étienne-François HARO] ; 2 pages in-8 (lég. mouill.). Au sujet des collections Campana et Ravaisson. [La collection archéologique du marquis romain Giampietro Campana fut acquise par la France le 11 mai 1861, et la collection de 120 moulages de statues antiques appartenant au philosophe et archéologue Félix Ravaisson avait été composée par celui-ci dans le but de former un nouveau musée. Ces deux collections furent exposées à partir du 1er mai 1862 au palais de l’Industrie dans ce qui devint le musée Napoléon III, mais l’existence et l’autonomie de ce musée ayant suscité une violente polémique, il fut réuni finalement au Louvre le 15 août 1863.] « J’arrive dans ce moment de mon voyage, et je trouve votre lettre et les convocations pour les deux séances qui ont eu lieu au sujet du musée Campana. On m’avait assuré que cette affaire ne serait pas soumise à l’Académie avant le milieu de novembre, et dans cette confiance, comme vous voyez si mal placée, j’avais négligé de me faire adresser les convocations. J’ai beaucoup de chagrin de cette omission : vous savez que j’avais fort à cœur la conservation du musée : je conserve l’espoir que l’Institut n’a pas encore pris sa détermination et vais de suite écrire à M. Beulé [Ernest Beulé, secrétaire perpétuel de l’Académie des Beaux-Arts] une lettre dans laquelle j’exprimerai tous mes sentiments dans cette circonstance. Si effectivement l’académie ne s’est pas encore prononcée, ma lettre pourra témoigner plus vivement que ma présence ne l’eût fait peut-être, de tout l’intérêt que les artistes prennent à cette question. Je dirai aussi quelque chose relativement à la collection de Mr Ravaisson que je trouve admirable »… 600 - 800 € 180 179

14 181 DERAIN André (1880-1954). DESSIN original ; 27 x 25,5 cm. Plume et encre de Chine. Deux femmes en buste, conversant. Cachet Atelier André Derain en bas à droite. 700 - 800 € 182 DUFY Raoul (1877-1953). L.A.S. « Raoul Dufy », Barjols 1er août 1914, à Fernand FLEURET ; 1 page et demie in-4 à en-tête du Grand Café de l’Univers, Barjols. Belle lettre juste avant le début de la Grande Guerre. Il est installé à Barjols « pays perdu au milieu des monts de l’Argens. Pays doux mitigé de Provence et d’Alpe. Soleil ardent ombre fraîche. Il y a dans ce village une petite place et une fontaine qui m’ont retenu. Je n’ai d’ailleurs pas commencé à travailler tellement cet atmosphère de guerre est horrible. Les nouvelles qui parviennent ici sont très en retard et de plus en plus mauvaises. Quand nous avons quitté Paris rien ne nous faisait prévoir un tel état. C’est seulement pendant que nous faisions la très jolie découverte du Rhône de Lyon à Avignon par le bateau que les premières nouvelles alarmantes sont parvenues et depuis nous avons voyagé à l’aventure par diligences automobiles et autres pour parvenir à ce charmant endroit de Barjols. Peut-être serait prudent de regagner Paris peut-être le retour est-il imprudent, car je [n’ai] aucune confiance dans la tenue de la population parisienne je crains que les vieilles bêtises ne recommencent »… Il ajoute qu’il est « convenu que le tirage de Friperies commencerait à notre rentrée ». 500 - 700 € 183 DUFY Raoul (1877-1953). L.A.S. « Raoul Dufy », Paris 20 janvier 1919, à Luc-Albert MOREAU ; 1 page in-4 à en-tête Bibliothèque et Musée de la Guerre. « De tout cœur je vous envoie mes compliments et la satisfaction que j’ai personnellement de voir une croix bien placée et si bien méritée. Puisse-t-elle avec l’amitié de tous vos vieux camarades de la Guerre et de la Paix vous faire oublier les années de misère qui viennent de se terminer. Apollon vous donnera à présent les faveurs que vous n’avez plus à recevoir de Mars »… 400 - 500 € 182 183

15 Autographes & Manuscrits • 9 juillet 2025 184 DUNOYER DE SEGONZAC André (1884-1974) et DORNY Thérèse (1891-1976). 5 L.A.S. par les deux, 1936-1940, à Francis et Éliane CARCO ; chacun sur une page in-fol. à large bordure dentelée et ornée d’un ruban rose et d’une vignette chromolithographiée. Charmantes lettres de vœux sur papier décoré du peintre et de sa compagne. [La comédienne Thérèse Dorny fut longtemps la fidèle compagne du peintre ; ils se marièrent en 1964.] Ces lettres de vœux, sur de jolis papiers décorés, disent l’affection d’André et Thérèse à leurs amis Francis et Éliane Carco ; deux sont écrites de Saint-Tropez. 500 - 700 € 185 ENSOR James (1860-1949). L.A.S. « James Ensor », Ostende 4 juin 1926, au Professeur Dr W. BREDT à la Neue Pinakothek de Munich ; 1 page in-4. Il autorise bien volontiers son correspondant à reproduire à titre gracieux « en photogravure mon eau-forte “Volupté”, sans doute La Luxure (car aucune de mes eaux fortes porte le titre “Volupté”) dans votre bel ouvrage, Livre des tentations, qui sera orné de quatre-vingt photogravures d’après les œuvres des plus grands maîtres anciens et modernes. Très touché de votre marque de sympathie pour mon art » … En P.S., il demande si l’eau-forte en question « appartient à la série des “Péchés capitaux” », car il tient à savoir exactement de laquelle il s’agit ; et de lui « expliquer le sujet avant de publier l’eau-forte dans votre beau livre »… 500 - 700 € 184 185

16 186 ERNST Max (1891-1976). L.A.S. « Max », Saint-Martin d’Ardèche 5 septembre 1939, à Joë BOUSQUET ; 1 page et demie in-4. Lettre inquiète, au début de la seconde guerre mondiale. Il a bien reçu ses livres, « peut-être le dernier événement heureux avant longtemps, car qui sait quand le “Passeur” si attendu, pourtant, suivra (ou paraîtra même ?) »… Sujet allemand, Ernst est assigné à séjour dans un « Centre de Rassemblement pour les Étrangers » en Ardèche, dès vendredi prochain : « Je ne sais pas ce qui m’y attend »… Il demande à son ami d’user de son influence pour lui éviter cet internement, et d’écrire au chef de ce Centre « en faisant valoir que tu es commandant de la Légion d’Honneur, que tu réponds de mes sentiments loyaux et amicaux envers la France ». Il aimerait au mieux obtenir la permission de retourner à Saint-Martin-d’Ardèche, « où nous avons une maison et des terres, et de m’y rendre utile dans le sens que les autorités civiles décideront (les vendanges sont proches et la main-d’œuvre y manquera) »… 800 - 1 000 € 187 ERNST Max (1891-1976). L.A.S. « Max Ernst », St. Martin d’Ardèche 25 décembre 1939, à une « Bien chère amie » ; 1 page et demie in-4. Sur son séjour en Ardèche, après avoir été libéré du camp des Milles. « Une des premières choses à laquelle je tiens en sortant de mon four à briques, c’est de vous remercier de tout mon cœur de votre extrême gentilles, de votre dévouement amical, qui m’ont bien aidé à supporter la vie en cage, et qui étaient pour beaucoup dans le résultat enfin, enfin obtenu. Je vais écrir aussi à Monsieur Laugier, dont la signature a eu des effets quasi magiques ! Je suis donc rentré à St. Martin, où, à la place d’un batiment mi-ruine, mi-chantier, j’ai eu la surprise de trouver une maison confortable, terminée et respirant par tous les détails la personalité que vous connaissez. Je tiens encore à vous dire que j’ai été très touché par la gentillesse avec laquelle vous avez accueilli Léonora [CARRINGTON] dans ses démarches. Ce qui m’attriste un peu, c’est d’avoir laissé là-bas mon ami BELLMER dans un état assez lamentable de désespoir. Mais j’ai l’impression que son cas est plus facile que le mien (il est “apatride”), et qu’il suffirait pour lui d’avoir quelques certificats de loyalisme avec signatures importantes »… 800 - 1 000 € 188 ERNST Max (1891-1976). L.A.S. « Max », Reno 7 octobre [1946 ?], à Bernard REISS ; 2 pages petit in-4 (trous de classeur en haut de page) ; en anglais. À son ami conseiller financier, au sujet de son divorce avec Peggy GUGGENHEIM qui cause des difficultés : depuis leur séparation, elle a changé son nom légal. Il faut lui faire comprendre que le nom figurant sur l’acte de divorce doit être le même que sur l’acte de mariage : « Even a feather brain should understand that, shouldn’t she ? ». De plus elle refuse de prendre un avocat, sur le conseil de Reiss, dit-elle. Elle devrait être représentée par un avocat, mais s’obstine à ne pas comprendre ; sans doute craint-elle la dépense : « Probably her famous fear to spend a little money is involved in that matter »… Il prie Reiss de lui expliquer qu’il ne lui en coûterait pas plus de 50 $, si elle accepte l’avocat proposé par l’avocat d’Ernst. Si elle ne peut s’en acquitter, il propose de l’aider à payer, etc. 500 - 700 € 186 187

17 189 GAUGUIN Paul (1848-1903). L.A.S. « Paul Gauguin »), [Tahiti] Juillet [1901], à Ambroise VOLLARD ; 1 page in-4 (encadrée avec la reproduction d’un portrait de Gauguin). Lettre de Tahiti au sujet de la vente de son grand tableau D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? [Charles MORICE (1860-1919), ami de Gauguin et l’éditeur de Noa-Noa dans La Revue blanche, a eu l’idée, avec des artistes comme Degas ou Redon, des écrivains comme Jean Dolent, et des amateurs, de former un comité qui achèterait le grand tableau de Gauguin pour l’offrir au Musée du Luxembourg. Ce projet n’aboutit pas, et Gauguin quitta Tahiti pour les îles Marquises où il mourut deux ans plus tard. Cette grande toile, que Gauguin avait envoyée en 1898 à Georges-Daniel de Monfreid, se trouve à présent au Musée des Beaux-Arts de Boston, qui en fit l’acquisition en 1936.] Gauguin avait bien reçu les 350 F que Vollard lui a envoyés ; mais le dernier navire « n’avait rien de vous juste au moment où j’avais le plus besoin de fonds pour partir aux Marquises. Espérons que le prochain comblera la lacune ». Il a reçu une lettre de Charles MORICE « qui me dit qu’il a formé un comité d’amateurs pour acheter ma grande toile pour l’offrir au Luxembourg. Je lui écris que s’il y a nécessité il peut retirer la toile de chez vous pour la confier à Monsieur Jean Dolent. De celui-ci il n’y a rien à craindre. Si cette affaire réussit, en outre de l’argent qu’elle me rapporterait, elle aurait dans l’avenir très proche une très grande importance ; pour vous aussi. Vous auriez sur la vente de mes tableaux un très grand appui moral – le public est si bête. Veuillez donc faire tout votre possible pour faciliter cette affaire »… 8 000 - 10 000 € Autographes & Manuscrits • 9 juillet 2025

18 190 GLEIZES Albert (1881-1953). MANUSCRITS et notes autographes, avec 3 croquis et correspondance ; 20 et 11 pages in-8 et in-4, quelques à son adresse à Saint-Rémy. Manuscrits, ébauches et notes sur la peinture et le cubisme. Sommaire d’Homocentrisme ou le retour de l’Homme (publié en 1937) ; notes sur l’histoire de la peinture ; Directions et translations, dans les différents arts, avec un croquis ; L’art mural, La Terre et les Artistes ; extrait d’une conférence « faite à l’Université de Londres – Courtauld Institute of art – le 5 juin 1934 – sur la Peinture Moderne », etc. Correspondance. 2 L.A.S., [New York] 15 novembre [1918], à son beau-père Jules Roche, sur son retour en France ; à Laurent Monnier (Serrières mars 1929), au sujet d’un panneau qu’il souhaiterait « voisin de Delaunay, Léger et Lhote. Mais pourquoi pas aussi un Picasso de la Bonne Époque, un Braque aussi et un Metzinger d’avant guerre ou de 1922 ? Il faudrait un ensemble complet »… Plus 4 brouillons de lettres autogr., Saint-Rémy (1943-1947), critiques des livres de Louis Hautecœur Littérature et Peinture en France du XVIIe au XXe siècle, et de Bernard Dorival sur la peinture contemporaine ; sur ses problèmes de ravitaillement et sur le compte-rendu de son livre Life and Death of the Christian West (1947) par une revue londonienne, dont il n’est pas satisfait ; et une L.A.S. (1934) pour une exposition. 1 000 - 1 500 € 191 GREUZE Jean-Baptiste (1725-1805). L.S. « Greuze », 17 germinal [VII] (6 avril 1799), au citoyen Tupinier, homme de loi à Tournus ; 1 page in-4, adresse, cachet cire rouge brisé. « Quand est-ce que je ne m’occupperai plus que de la tendre amitié que j’ai pour vous ? Toujours importun je voudrois que vous terminiés les affaires de cette succession, je suis bien persuadé que vous avés fait toutes les diligences possible. Faites moi l’amitié de me faire part du resultat de vos operations afin de me tranquilliser. Je sais que vous avés fait des avances qui vous doivent rentrer, je ne peux vous exprimer combien j’ai à cœur que cette maison soit vendue puisque c’est sur son produit que je pourrai payer ce qui vous est du et que mon cher compatriote j’ai extremement besoin d’argent. Ne tardé pas à me faire reponse si vos affaires vous le permettent »… 1 000 - 1 500 € 192 GREUZE Jean-Baptiste (1725-1805). L.S. « Greuze », 20 germinal (9 ou 10 avril), au citoyen Tupinier, à Tournus ; 1 page in-4, adresse, traces de cachet cire rouge. Il s’inquiète de sa santé, n’ayant pas reçu de réponse à sa lettre d’il y a un mois. « Faite moi le plaisir de m’ecrire le plutot possible, l’amitie que j’ai pour vous est trop allarmée, pour que je ne sois pas impatiens. Je ne vous recommande pas le procès que j’ai avec ma cousinne Commerçon, je sais que vous avés bien voulu vous en charger, je ne vous en parle, que parce qu’elle vient de m’envoier une assignation pour m’indiquer l’epoque ou nous serons jugés, le premier floréal »… 1 000 - 1 500 €

19 Autographes & Manuscrits • 9 juillet 2025 193 HARDOUIN-MANSART Jules (1646-1708). P.S. « Mansart » avec apostille autographe, 12 septembre 1700 ; 1 page in-fol. Mémoire d’ouvrages d’architecture. « Pour chacune toise superficielle de saillies d’architecture de liais tant aux faces exterieures, quinterieures aux ouvrages dans lesquelles elles ne sont point comprises et dont la pierre a esté comptée dans le prix des murs » : 45 livres. Et « Pour chacune toise superficielle de saillies d’architecture de pierre de bomban, tant aux faces exterieures qu’interieures aux ouvrages dans lesquelles elles ne sont point comprises et dont la pierre a esté comptée dans le prix des murs » :16 livres. Au bas, Mansart a écritde sa main et signé : « Il faut faire ce marche conformement à ce qui est marque sy dessus comme chosse reglee et arete le 12 septambre 1700 Mansart » 800 - 1 000 € 194 INGRES Jean-Dominique (1780-1867). L.A.S. « Ingres », Florence 28 septembre 1821, à Jules RAMEY « statuaire » à Paris ; 2 pages in-4, adresse. Belle lettre lors de son séjour à Florence à son ami sculpteur. [Ingres était parti vivre à Florence en 1820, logeant d’abord chez son ami le sculpteur Lorenzo BARTOLINI (1777-1850), avant d’avoir son propre appartement avec sa femme. Jules RAMEY (1796-1852), fils du sculpteur Claude RAMEY (1754-1838), avait remporté le grand prix de Rome de sculpture en 1815.] Ingres prie son ami d’excuser son retard à répondre à son aimable lettre, reçue avec plaisir et reconnaissance : « Ma femme et nos bons amis y ont pris la même part, mais ce qui nous a affligés a été de vous savoir encore souffrant de votre main, un bon artiste qui n’a pas ses mains est bien à plaindre, et quoiqu’elles ne soient que les obeissantes de la tette, toujours, il les faut. Nous pensons et désirons que dans ce moment vous êtes parfaitement guéri, rien n’est au dessus des soins paternels et vous êtes si bien partagé de ce côté que tout le monde peut envier votre sort même avec la main malade, et je m’empresse de vous prier de faire agréer à Monsieur votre père toute l’expression de mon souvenir respectueux et attaché je me rappelle toujours avec un nouveau plaisir le temps où il m’honorait de sa bienveillante amitié. Moi, et aussi Mr BARTOLINI, nous y pensons souvent, et j’ose la réclamer encore pour tous deux. Celui cy est bien sensible à votre bon souvenir. Il est aussi fier que sensible de la bonne opinion que vous avez de lui et d’une manière aussi généreuse. D’autant plus […] que bien peu d’autres agissent ainci, mais ceux là sont les véritables ». 195 KLIMT Gustav (1862-1918). Carte postale a.s. « Gustav », [Kammer am Attersee] Juillet 1909, à sa mère Anna KLIMT à Sieghartskirchen ; au verso d’une carte illustrée en couleurs (Nussdorf am Attersee) avec adresse et timbre ; en allemand. Souhaits affectueux à sa mère : « Die besten Wünsche und Grüsse »… 1 000 - 1 200 € Ingres ne doute pas que les « excellentes œuvres » de Ramey ne soient bien appréciées et lui valent « des éloges et des profits bien mérités, j’apprendrai vos succès avec un infini plaisir, puissent ils être apréciés de tous ; chose presqu’impossible aujourd’hui, si cela n’est pas consolons nous en avec Horace qui dit si bien à cette occasion, “que me fait qu’un tel ou un tel me critiquent, pourvu que je puisse plaire seulement à Virgile à Varius &c &c »….. Ingres est sensible au bon souvenir du « brave et bon CORTOT » et de LETHIÈRE : « Leur bon désir pour moi renouvelle bien sensiblement l’extrême désir d’aller à Paris ce quil n’est pas impossible que je ne puisse exécuter peut être cette année cy »… Il espère alors que Ramey pourra lui « preter quelques heures à Paris pour vous offrir un petit gage d’amitié et de souvenir »... En post-scriptum, il charge Ramey de transmettre une lettre à leur ami MICHALLON qui doit être arrivé à Paris : « Il m’a fait à Florence des offres si obligeantes pour des détails sur le costume de mon Louis XIII que je le ai acceptées de bon cœur »… 1 500 - 2 000 € 193 194 195

20 196 LA FRESNAYE Roger de (1885-1925). L.A.S. « R de la Fresnaye, Jeudi soir [vers 1911-1912], à « cher enfant » [son cousin Georges de MIRÉ ?] ; 3 pages et demie in-8. Très belle lettre illustrée de trois petits dessins, sur les débuts du cubisme. « Gentille, à la vérité, était, cher enfant, ta lettre, et comme moi aussi je suis gentil, je ne demande pas mieux que de t’écrire bien vite ; et je le fais à la brasserie du Coq [dessin d’un coq] sur la place du Trocadéro [dessin du palais du Trocadéro] avec devant moi, un petit verre [dessin d’un verre sur une table de bistrot]de chartreuse jaune »... Il raconte une soirée chez Charlotte GARDELLE (peintre, 18791953), qui « s’est prolongée jusqu’à 6 h. du matin ; j’ai goûté à l’opium (à autre chose aussi, et même je le préfère de beaucoup) et j’ai bu d’un thé extraordinaire que rapportent de Chine les officiers de marine, et qui sent les fleurs. Charlotte est une femme aimable, belle et parfumée. J’avais un vif plaisir à la serrer sur un cœur qui ne cessait pas cependant d’appartenir à la gentille amie que tu connais, et je commence à croire que la polygamie est naturelle à l’homme. Il y a un an, une telle idée m’eût révolté. Maintenant je ne sais trop si le mariage même me l’enlèverait ». Puis il évoque une « grande conjuration […] tout le monde démissionne du monument Rousseau [Douanier ROUSSEAU] et laisse DELAUNAY seul, sur l’ordre de LE FAUCONNIER, qui dévoile les machinations ignobles, les combinaisons illicites. Moi je m’en fous, mais je serai bien obligé de démissionner aussi, d’autant que Delaunay m’est bien antipathique. Hier et aujourd’hui j’ai travaillé un peu à mon tableau de l’artillerie, et cela commence à aller [La Fresnaye peignit deux versions successives de L’Artillerie, en 1911 et 1912, toutes deux dans le style cubiste]. Ce soir j’ai vu en passant chez KAHNWEILER, une nature morte de PICASSO que j’ai trouvée fort bien, vraiment très jolie, quoiqu’on ne voie pas du tout ce que ça représente. Mais c’est très bien fait, très bien peint, très fini. »… 800 - 1 000 € 197 LAMI Eugène (1800-1890). 70 L.A.S. « Eug. Lami » ou « Eugène », Paris, Londres, etc., 1823-1857, à Charles SAUVAGEOT ; environ 80 pages, la plupart in-8, nombreuses adresses, cachets de cire rouge. Correspondance amicale au fameux collectionneur. Charles SAUVAGEOT (1781-1860), fonctionnaire des Douanes, violoniste et collectionneur, que Lami appelle son « cher docteur », ou son « bon petit docteur », a servi de modèle au Cousin Pons de Balzac. Nombreuses invitations à dîner ou à des parties de campagne avec son frère Ernest Lami de Nozan, pour visiter son atelier, y voir ses tableaux et prendre le thé où il réunit des amis (notamment en compagnie du portrait de Mademoiselle Clairon). Une lettre d’une écriture appliquée et contrefaite vante à « Son Altesse Royale Monseigneur Sauvageot » les mérites de la lithographie, « une découverte qui mérite les plus grands encouragements de la part de Votre Altesse puisque l’on peut tirer d’un seul dessin 30,000 exemplaires sans que la planche soit altérée et qu’un peintre peut se passer d’un graveur »…Il veut lui présenter un ami : « il est fort amateur d’art, des trésors du moyen âge et n’est pas éloigné de la pornographie. Voilà bien des titres pour un bon accueil de votre part ». Il se fait l’écho de la vie parisienne, de ses spectacles : le ballet Giselle, l’opéra Don Juan de Mozart, avec la Sontag, Le Vétéran, La Reine de Chypre, les chevaux du cirque Franconi ; et de la vie mondaine : bals chez Duponchel ou la baronne Sellières pour lesquels il demande à Sauvageot de lui prêter « un joli poignard car ma grande diable d’épée gêne tout le monde et relève tous les cotillons ». Il lui emprunte aussi des livres, lui fait livrer un tapis turc, et cultive son goût pour les antiquités. En 1838, il visite les châteaux de la Loire, dont Chambord, « cet immense palais qui s’écroule petit à petit » et dont il rapporte des lithographies. De 1848 à 1851, il est en exil en Angleterre, où il a suivi la famille d’Orléans : « Nous vivotons ici avec Al. Dedreux, Gavarni, Montfort, &c. en vrais français que nous sommes nous avons grand peine à nous faire à l’ennui et à la monotonie de ce pays-ci » (16 avril 1848). Il invite Sauvageot à venir voir les trésors de l’abbaye de Westminster. En 1853, il ouvre son nouvel atelier et demande au collectionneur de lui prêter son portrait d’Henriquel. En janvier 1854, il est à Nice pour porter à Anatole DEMIDOFF un ouvrage sur lequel il travaille depuis 3 ans [il s’agit de son tableau Bal de l’Opéra], puis se rend à Florence pour des travaux dans sa villa ; il en profite pour visiter l’Italie du Nord, malgré la chaleur et le choléra, et est ébloui par « la richesse des monuments »… Etc. On joint une L.A.S., d’Arthur de Nozan, neveu de Lami, à Sauvageot, le remerciant pour l’envoi de son portrait (1852) et une lettre de femme.. 1 000 - 1 200 €

21 Autographes & Manuscrits • 9 juillet 2025 198 LAURENCIN Marie (1883-1956). L.A.S. « Votre Marie », [Paris] « 1 rue Savorgnan de Brazza » [années 1930], à une amie ; 2 pages in-8. « Ma chère amie, Contente que Jacqueline aille mieux. Mais je m’ennuie de ne pas vous voir. Ici rien – on travaille pour P. Rosenberg – curieuse du résultat ! à tous points de vue ! Jacques Heim m’a demandé un petit article pour sa revue – en échange – robe. C’est toujours ça. Quel dommage que vous ne soyez pas là pour m’aider à choisir. Valentine T. [TESSIER] grosse opération elle va bien – mais commence à avoir des soucis. L’autre soir j’ai rencontré Thérèse DORNY à un dîner. Elle m’a dit n’avoir pas d’engagement depuis un an. L’autre soir j’ai manqué un dîner chez Jean GIRAUDOUX avec les Jean-Louis Vaudoyer et MarieLouise Bousquet. J’ai dû aller chez des inconnus la maîtresse de maison avait un diamant de 4 millions au doigt. Son mari trouvant qu’elle se sentait emportée d’un côté en achetait un autre pour faire pendant. Il y a encore des gens riches ! Réjouissons-nous »... Elle fait suivre sa signature d’une arabesque tracée à la plume. 600 - 800 € 199 LAURENCIN Marie (1883-1956). L.A.S. « Marie Laurencin », Paris [1946], à la poétesse GEORGE- DAY ; 1 page in-8. « Chère chère George-Day. Quand vous voudrez, quand vous pourrez. – Mais je suis bien contente de votre nomination [comme secrétaire générale de la Société des gens de lettres]. On a moins travaillé avec cette grosse neige. Comme c’était triste. Ce matin + 9 – on ressuscite ».. Sous sa signature, dessin à la plume d’une arabesque. 400 - 500 € 200 LHOTE André (1885-1962). L.A.S. « André Lhote » avec Dessin, [fin 1937 ?], à Paul CHADOURNE ; 1 page oblong in-4 (légères marques de plis). Belle lettre de vœux illustrée. « Je vous envoie mes vœux les plus affectueux pour 1938 avec l’expression de ma gratitude »… Un grand dessin à la plume d’une femme nue assise occupe toute la page. 500 - 700 € 201 LHOTE André (1885-1962). Manuscrit autographe signé « André Lhote » avec DESSIN ; 1 page in-fol. Beau texte sur l’Art, avec dessin. « Le principal intérêt de l’œuvre d’art réside dans la distance que l’artiste a su mettre entre l’objet et sa représentation »… Etc. Au bas de la page, dessin à la plume d’une femme nue allongée. 500 - 700 € 201 200 198 199

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