ALEXANDRE DUMAS COLLECTION Kahn.

RTCURIAL ALEXANDRE DUMAS Collection Geneviève & Jean-Paul Kahn Mercredi 27 septembre 2023 - 14h30 7 rond-point des Champs-Élysées Marcel Dassault 75008 Paris

Mercredi 27 septembre 2023 - 14h30 7 rond-point des Champs-Élysées Marcel Dassault 75008 Paris ALEXANDRE DUMAS Collection Geneviève & Jean-Paul Kahn Lot 218, Alexandre DUMAS, Portrait photographique, Cliché Liébert, ca 1867 - p.142 Lot 231, Alexandre DUMAS Fils, La Dame aux camélias, Paris, Alexandre Cadot, 1848 - p.153

EXPOSITIONS PUBLIQUES Téléphone pendant l’exposition Tél. : +33 (0)1 42 99 20 84 Vendredi 22 septembre 11h - 18h Samedi 23 septembre 11h - 18h Lundi 25 septembre 11h - 18h Mardi 26 septembre 11h - 18h Reproduction de l’intégralité des lots consultable sur internet : www.artcurial.com Graphiste Pascal Cossu VENTE AUX ENCHÈRES Mercredi 27 septembre 2023 - 14h30 Commissaire-priseur Stéphane Aubert Directeur Frédéric Harnisch Tél. : +33 (0)1 42 99 16 49 fharnisch@artcurial.com Expert Jacques Benelli Expert près la cours d’appel 244, rue saint Jacques 75005 Paris librairie.benelli@gmail.com https://www.jacquesbenelli.com/ tel. : +33 (0) 6 07 46 56 40 assisté de Chantal Bigot Administratrice junior Emeline Duprat Tél. : +33 (0)1 42 99 16 58 eduprat@artcurial.com ALEXANDRE DUMAS Collection Geneviève & Jean-Paul Kahn vente n°4359 Catalogue en ligne www.artcurial.com Comptabilité acheteurs Tél. : +33 (0)1 42 99 20 71 salesaccount@artcurial.com Comptabilité vendeurs Tél. : +33 (0)1 42 99 17 00 salesaccount@artcurial.com Transport et douane Marine Renault Tél. : +33 (0)1 42 99 17 01 mrenault@artcurial.com Ordres d’achat, enchères par téléphone Kristina Vrzests Tél. : +33 (0)1 42 99 20 51 bids@artcurial.com Assistez en direct aux ventes aux enchères d’Artcurial et enchérissez comme si vous y étiez, c’est ce que vous offre le service Artcurial Live Bid. Pour s’inscrire : www.artcurial.com Lot 2, Alexandre DUMAS, Réunion de deux pièces de jeunesse, exceptionnel exemplaire de Mademoiselle George - p.10 Couverture : lot 227, Alexandre DUMAS, Grand Dictionnaire de cuisine, Paris, Alphonse Lemerre, 1873 - p.147 4ème couverture : lot 40, Alexandre DUMAS, L’Alchimiste, [1839] - p.37 Stéphane Aubert Frédéric Harnisch Emeline Duprat Les lots précédés du symbole ★ sont soumis à une TVA sur les frais acheteur de 20 %. Lots marked with the symbol ★ are with a VAT on buyer’s premium of 20%.

Lot 71, Alexandre DUMAS, Les Trois Mousquetaires, Paris, Baudry, 1844 - p.57

Presque tout Dumas Tout le monde a lu Dumas, mais personne n’a lu tout Dumas, pas même lui, a écrit Charles Hugo dans Les Hommes de l’exil. L’image associée usuellement à Alexandre Dumas père est bien celle d’un fleuve, impétueux, intarissable, irrésistible. Le catalogue de la collection, consacré à Alexandre Dumas père, patiemment rassemblée par Geneviève et Jean-Paul Kahn, et, dans la réserve d’Artcurial, les rayons surchargés supportant l’édition originale de presque tous les livres sortis de sa plume, apportent la plus éclatante des reparties à la question angoissée que, à la veille de sa mort, le vieil écrivain posait à son fils : – Eh bien ! Crois-tu, qu’il restera quelque chose de moi ? Le fils, souriant, ses yeux dans les yeux de son père, pouvait lui répondre avec assurance : – Si tu n’as pas d’autre inquiétude que celle-là, tu peux être tranquille, il restera beaucoup de toi. Il démentait ainsi ceux qui mettaient en doute la pérennité de l’œuvre paternelle. Longtemps, en effet, l’audience de l’auteur des Trois Mousquetaires était loin d’égaler sa popularité. Il était considéré comme un écrivain de seconde zone, un histrion, qu’un Balzac, par exemple, flagellait violemment : « C’est un homme taré, un danseur de corde et, pis que cela, un homme sans talent », écrit-il à Mme Hanska le 1er décembre 1836. Au contraire, et c’est tout naturel, Alexandre Dumas fils, dans une lettre à George Sand, s’est plu à rendre hommage à son père, ce « Prométhée bon enfant qui avait fini par désarmer Jupiter et par mettre son vautour à la broche. » Tout lecteur de Dumas entretient avec lui un lien presque charnel, fait de connivence et d’admiration. « Je le lis et le relis, continue son fils, et je suis écrasé par moments par cette verve, cette érudition, cette fécondité, cette bonne humeur, cet esprit, cette grâce, cette puissance, cette passion, ce tempérament et cette assimilation originale des choses et même des gens, sans imitation et sans plagiat. Il est toujours clair, précis, lumineux, sain, naïf et bon. Il ne plonge jamais profondément dans l’âme humaine, […] D’ailleurs s’il ne s’enfonce pas dans les profondeurs, il monte très souvent dans l’idéal. Et quelle sûreté ! quelle fermeté dans les lignes. Quelle composition admirable quelle perspective ! Et comme l’air circule dans tout cela ! Quelle variété de tons toujours justes. […] Et toujours amusant. Quelqu’un me disait un jour : Comment se fait-il que votre père n’ait jamais écrit une ligne ennuyeuse ? Je lui répondis : Parce que ça l’aurait ennuyé. » Nous qui, depuis cinquante ans, avons pris l’habitude de commencer la journée en ouvrant un livre signé Dumas, et de l’achever en le fermant, nous feuilletons les innombrables pages, retrouvées grâce à Geneviève et Jean-Paul Kahn, avec le respect presque religieux qui s’impose. Nous admirons le superbe exemplaire de lA’ lchimiste calligraphié sans doute par Dumas luimême et orné d’aquarelles d’Adrien Dauzats, Louis Boulanger, Jules Dupré. Ce livre unique était destiné « À sa Majesté : Nicolas 1er / Empereur / de toutes les Russies / Son très humble et très obéissant serviteur ». Dumas, avide de décorations, s’attendait à être honoré de l’ordre de Saint-Stanislas. « Une bague avec chiffre suffira » décréta le décevant Nicolas Ier. Nous sommes émus en retrouvant, sur son habituel papier bleu, la superbe écriture du maître : il s’agit du manuscrit autographe complet du Dernier Roi1, c’est-à-dire Louis-Philippe. C’est un violent réquisitoire contre son ancien employeur qui avait trahi la révolution de Juillet. Nous nous penchons avec curiosité sur d’autres autographes : ceux d’articles du journal L’Indipendente qui, rédigés en français, ont été publiés en italien à Naples : l’épopée des Mille achevée, Dumas avait fondé ce journal afin de soutenir de sa plume l’action de salubrité politique entreprise par son ami Garibaldi. Nous découvrons encore une des très rares éditions originales des Trois Mousquetaires (Baudry, 1844), qui, plus que du roman, relève du mythe. Comme Edmond Dantès, ébloui par la découverte de son trésor, nous fermons les yeux, comme font les enfants, pour apercevoir, dans la nuit étincelante de leur imagination, plus d’étoiles qu’ils n’en peuvent compter dans un ciel encore éclairé. C. S. 1 Le Dernier Roi. Paris, Hippolyte Souverain, éditeur, rue des Beaux-Arts, 5, 1852. L’ouvrage, illustré, est titré Histoire de la vie politique et privée de Louis-Philippe (Paris, Dufour et Mulat, 21, quai Malaquais, 1852). Je remercie mon ami Philippe Luiggi d'avoir eu la gentillesse de me confier l'expertise de la bibliothèque de Geneviève et Jean-Paul Kahn. La rédaction de ce catalogue nous a fait remonter le temps quarante ans en arrière à l'époque où nous nous retrouvions à la librairie Nicaise où travaillait mon épouse Véronique. Ce travail m'a ainsi permis de leur exprimer ma reconnaissance et d'y associer ma défunte épouse. Je remercie enfin Chantal Bigot de l'aide précieuse qu'elle m'a apportée. Merci à tous, Jacques Benelli Lot 37, Alexandre DUMAS, Mademoiselle de Belle-Isle, Drame en cinq actes, en prose, Paris, Dumont, 1839 - p.33

8 Alexandre Dumas, collection Kahn RTCURIAL 27 septembre 2023 14h30. Paris 9 Alexandre Dumas, collection Kahn RTCURIAL 27 septembre 2023 14h30. Paris 1 Alexandre DUMAS. Canaris. Dithyrambe. Au profit des Grecs. Paris, Sanson, 1826. In-12, demi-maroquin à coins vert, filets dorés sur les plats, dos lisse orné, couvertures imprimées conservées, non rogné (Reliure de Semet et Plumelle). 10 pp., [1] f. blanc, portrait en frontispice et vignette au titre par Louis Jolly lithographiés par Engelmann. Édition originale. À la suite de Byron qui paya de sa personne, nombre d’écrivains dans le confort de leur cabinet s’enthousiasmèrent pour la cause des Grecs en guerre contre les Turcs pour leur indépendance. Béranger, Delphine Gay, Casimir Delavigne, rimèrent en faveur de la liberté des Hellènes. Dumas choisit la figure de Constantin Canaris (1793-1877), futur Premier ministre, héros national grec, terreur des Turcs, qui détruisit de nombreux navires ennemis en prenant des risques fous. L’exploit que célèbre Dumas est l’incendie du navire-amiral turc en juin 1822. Canaris mit à profit la fête organisée sur le navire pour fêter le massacre de Chio pour, ni vu ni connu, attacher un brûlot à son flanc. Les accents de Dumas sont tout aussi brûlants, nés d’une conviction profonde qu’il portera lors des journées de 1830 : « Peuple, réveille-toi, la Liberté t’appelle !… » Vicaire III, 335-336 ; Talvart, 3 ; Carteret, 224 ; Munro, 1-2. Tache claire à un feuillet. Ravissant exemplaire relié par Semet et Plumelle d’un des tout premiers poèmes de Dumas, hymne échevelé à la liberté des peuples. Très rare. 1 000 - 1 500 € 1 1 Lots 71, 72 et 90

10 Alexandre Dumas, collection Kahn RTCURIAL 27 septembre 2023 14h30. Paris 11 Alexandre Dumas, collection Kahn RTCURIAL 27 septembre 2023 14h30. Paris 2 Alexandre DUMAS. Réunion de deux pièces de jeunesse. L’exceptionnel exemplaire de Mademoiselle George 2 ouvrages en un volume in-8, plein maroquin violet, grande plaque dorée et mosaïquée sur les plats portant au centre du premier plat le nom de « Mlle Georges », dos à nerfs orné d’un décor mosaïqué et doré, date dorée en pied, double filet sur les coupes, dentelle intérieure et tranches dorées, emboitage de chagrin marron postérieur (Reliure de Thouvenin). Henri III et sa cour ; Drame historique en cinq actes et en prose. Deuxième édition. Paris, Vezard et Cie, Le Normant Père, 1829. 171 pp. « J’ai fait cinquante drames depuis Henri III, aucun n’est plus savamment fait. » La pièce fut créée le 10 février 1829 à la Comédie-Française avec Mlle Mars dans le rôle de la duchesse de Guise, devant le duc d’Orléans venu aider au succès de celui qui était encore un de ses employés. Mêlant habilement amour et politique, Dumas, qui prend quelques libertés avec l’Histoire, raconte les sombres intrigues qui bouillonnaient à la cour d’Henri III : soucieuse de garder la réalité du pouvoir, Catherine de Médicis décide d’abattre Saint-Mégrin le favori du roi qui pourrait le convaincre de gouverner lui-même, ainsi que le duc de Guise, qui rêve d’être roi à la place du roi et, première étape, qui veut convaincre celui-ci de le nommer chef de la Ligue. L’intrigue se déroule les 20 et 21 juillet 1578. Le rideau s’ouvre sur l’inquiétant cabinet de l’astrologue de la reine, Ruggieri. Et le drame se met en place : Catherine s’arrange pour que le duc de Guise, mari fort jaloux, apprenne l’amour de Saint-Mégrin pour sa femme Catherine de Clèves. La pièce se déroule sur deux plans. Politique : Henri III, en se déclarant chef de la Ligue, se joue du duc de Guise. Amoureux : Guise prend sa revanche, avec la complicité forcée de sa femme, en attirant Saint-Mégrin dans un piège et en le faisant assassiner. Dumas, dans un style qui lui permettra de triompher sur scène pendant trente ans, exacerbe les passions de ses personnages, et n’hésite pas sur la représentation de la violence ce qu’interdisait absolument le théâtre classique : la scène au cours de laquelle Guise oblige sa femme à fixer par lettre un rendez-vous à Saint-Mégrin n’a guère d’équivalent par sa violence que celle où Othello tue Desdémone. Le public pantelant fit un triomphe au jeune dramaturge inconnu et Dumas devint célèbre du jour au lendemain. La pièce fut reprise de nombreuses fois durant tout le XIXe siècle. Munro, 10. Stockholm, Fontainebleau et Rome, Trilogie dramatique sur la vie de Christine. Cinq actes en vers, avec prologue et épilogue. Paris, Barba, 1830. [3] ff., 191 pp., frontispice dépliant d’après Raffet lithographié par Charlet. Édition originale. La pièce a été créée au théâtre de l’Odéon le 30 mars 1830 avec Mlle George dans le rôle de Christine de Suède, Lockroy dans celui de Monaldeschi et Alexandrine Noblet dans celui de Paula. Elle est dédiée au duc d’Orléans. Cette pièce fut inspirée à Dumas par une sculpture de Félicie de Fauveau exposée au Salon de 1827, Christine, reine de Suède, refusant de faire grâce à son grand écuyer Monaldeschi. La rédaction de la pièce avance vite mais sa création tardera, d’abord à cause du Théâtre-Français qui l’ayant reçue… l’enterre, ensuite à cause d’une censure soupçonneuse qui oblige Dumas à quelques aménagements. La pièce, jouée un peu plus d’un mois après Hernani, permet au public, adversaires et partisans du romantisme, d’en découdre une fois de plus. Frédéric Soulié, qui avait refusé sa collaboration à Dumas, rejoint la cohorte romantique accompagné de 50 ouvriers de la scierie qu’il dirige pour faire la claque. La première se déroule dans un tel tumulte qu’il est impossible de savoir si elle a réussi ou chuté. Vicaire III, 337-338 ; Talvart 7 ; Carteret, 224 ; Munro, 15. Des bibliothèques Ch. Bouret, Rahir, Robert Hoe, Régine et Bernard Loliée avec leurs ex-libris sur le contreplat. Précieux exemplaire de Mlle George créatrice du rôle de Christine de Suède qui, avec Mlle Mars, créatrice du rôle de la duchesse de Guise, domina la scène théâtrale pendant la première moitié du XIXe siècle. Magnifique reliure de Thouvenin, superbes provenances. 10 000 - 15 000 € 2 2 2

12 Alexandre Dumas, collection Kahn RTCURIAL 27 septembre 2023 14h30. Paris 13 Alexandre Dumas, collection Kahn RTCURIAL 27 septembre 2023 14h30. Paris 3 Alexandre DUMAS. Réunion de deux pièces de jeunesse. 2 ouvrages en un volume in-8, demi-chagrin vert, filet à froid sur les plats, dos à nerfs orné de doubles caissons dorés, tranches jaspées, 2 ex-libris (Reliure vers 1850). Henri III et sa cour ; Drame historique en cinq actes et en prose. Deuxième édition. Paris, Vezard et Cie, Le Normant Père, 1829. 171 pp., un portrait ajouté. Envoi autographe signé : « A mes bons amis Alfred et Tony Johannot » Avant la création d’Hernani un an plus tard et la célèbre bataille littéraire à laquelle elle donna lieu, Henri III et sa cour marque l’entrée du Romantisme dans la citadelle du théâtre classique et le début de la célébrité de Dumas. Mademoiselle de Belle-Isle. Drame en cinq actes, en prose. Paris, Dumont, 1839. [2] ff., 202 pp., [1] f. Édition originale. La pièce est dédiée à Mlle Mars qui joua le rôle-titre lors de la création de la pièce au Théâtre-Français le 2 avril 1839. C’est la première comédie historique de Dumas et la plus célèbre (voir infra n° 37). Envoi autographe signé : « A mon bon camarade Tony Johannot » Vicaire III, 348 ; Talvart, 33 ; Carteret I, 232, Munro, 82. Dos pâli avec des frottements sur les nerfs, coins légèrement émoussés, rousseurs, fortes à quelques feuillets de la première pièce. Portrait piqué. Des bibliothèques - Tenant de La Tour, famille du Limousin avec ex-libris armorié (OHR 1046). - Victor Deléglise avec son ex-libris gravé par Stern à sa devise « Donne et pardonne ». Exceptionnelle réunion de deux pièces, jalons importants dans la carrière théâtrale de Dumas, avec des envois à ses vieux amis Alfred et Tony Johannot. 1 000 - 1 500 € 5 Alexandre DUMAS. Stockholm, Fontainebleau et Rome, Trilogie dramatique sur la vie de Christine. Cinq actes en vers, avec prologue et épilogue. Paris, Barba, 1830. In-8, broché, couvertures imprimées, dos muet, non rogné, chemise, étui. [4] ff. (catalogue, faux-titre, titre et dédicace), 191 pp., frontispice dépliant d’après Raffet lithographié par Charlet. Édition originale. Petits défauts à la couverture, rousseurs. Bel exemplaire tel que paru. 500 - 700 € 4 6 5 4 Alexandre DUMAS. Stockholm, Fontainebleau et Rome, Trilogie dramatique sur la vie de Christine. Cinq actes en vers, avec prologue et épilogue. Paris, Barba, 1830. In-8, demi-maroquin à coins rouge, filets dorés sur les plats, dos à nerfs orné, date dorée en pied, tête dorée, ex-libris (Reliure R. Raparlier). [3] ff., 191 pp., frontispice dépliant d’après Raffet lithographié par Charlet. Édition originale. Envoi à : A Mademoiselle Victorine Colas Souvenir d’une soirée chez M. Belloc Alex. Dumas Dos légèrement foncé, quelques frottements aux mors et aux coins, rousseurs éparses. Ex-libris armorié Selden avec la devise “Liberty above all things”. Bel exemplaire d’une pièce dont le succès dut beaucoup à Victor Hugo et Alfred de Vigny. 1 000 - 1 500 € 3 3 6 Alexandre DUMAS. Charles VII chez ses grands vassaux. Tragédie en Cinq Actes. Paris, Publications de Charles Lemesle, Se vend chez Ve Charles-Béchet, Werder, Lecointe et Pougin, Riga…, 1831. In-8, demi-percaline à coins bleue, petit fleuron et dates dorés au dos, pièce de titre en maroquin aubergine (Reliure de la fin du XIXe siècle). 120 pp., papillon d’erratum contrecollé au verso du titre. Édition originale. La pièce a été représentée pour la première fois au théâtre de l’Odéon le 20 octobre 1831 avec Mlle George, Alexandrine Noblet, et Delafosse dans le rôle de Charles VII. Alors qu’il a choisi la forme classique de la tragédie en 5 actes et prit modèle sur Racine, Dumas livre au public un authentique drame romantique dont il résuma l’action en une phrase : une femme pousse l’homme qu’elle n’aime pas à tuer l’homme qu’elle aime. La pièce est en fait une suite de rebondissements où se succèdent un meurtre, une condamnation à mort, la grâce du roi, un nouveau meurtre et le suicide final. Si le roi donne son nom à la pièce, il n’est en fait qu’un comparse, et le véritable héros est Yaqoub l’esclave arabe du comte de Savoisy qui aime en secret la comtesse Bérangère et qui « regrettant sa terre natale [est] retenu sur la terre d’exil par une chaîne plus forte que celle de son esclavage. » (Dumas, Mémoires, chap. CCIX). La pièce dérouta le public, les classiques la trouvant trop violente, les romantiques la trouvant trop classique. Dumas récolta un demi-succès. Elle poursuivit néanmoins sa carrière tout au long du XIXe siècle et fut même reprise à l’Odéon en 1909. Vicaire III, 339 ; Carteret I, 226 ; Talvart, 11 ; Munro, 21. Petite griffure sans gravité sur le premier plat, pièce de titre un peu frottée, rousseurs. Agréable exemplaire de cette pièce dans laquelle Dumas tenta l’impossible fusion du drame romantique dans la tragédie classique. 200 - 250 €

14 Alexandre Dumas, collection Kahn RTCURIAL 27 septembre 2023 14h30. Paris 15 Alexandre Dumas, collection Kahn RTCURIAL 27 septembre 2023 14h30. Paris 7 MM. DINAUX. Richard Darlington, drame en trois actes et en prose, précédé de la Maison du Docteur, prologue. Paris, J. N. Barba, 1832. In-8, maroquin fauve à grain long, filet doré sur les plats, dos lisse richement orné de volutes et de roulettes dorées, date dorée en pied, couvertures imprimées et dos conservés, non rogné (Reliure de Stroobants). [2] ff., 132 pp. Édition originale. Dinaux est le pseudonyme collectif de MM. J.-F. Beudin et P.-P. Goubaux. Bien que son nom ne figure pas sur le titre, Alexandre Dumas a collaboré à cette pièce et a touché un tiers des droits d’auteur. La pièce a été créée au théâtre de la Porte-Saint-Martin le 10 décembre 1831 avec Frédérick Lemaître et Alexandrine Noblet. C’est pressé par le besoin d’argent que Dumas accepta de collaborer à cette pièce que Beudin et Goubaux n’arrivaient pas à mener à bien. Sa construction actuelle est clairement presque entièrement de la main de Dumas. Mais, peu soucieux de voir son nom accolé à une œuvre collective, un mélodrame de surcroit, il exigea que son nom n’apparaisse pas. C’est l’histoire d’une ambition politique forcenée. Dans une société corrompue, tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins : mensonge, argent, rapt, meurtre même. La pièce se déroule en Angleterre, mais Dumas, en décrivant la manière dont Darlington, député à la Chambre des Communes, s’apprête à trahir le peuple qui l’a élu, pense sans doute à d’autres trahisons survenues deux années auparavant en France. La pièce fera un triomphe et sera représentée plus de 70 fois en 1831 et 1832. C’est aussi pour Dumas le début des collaborations théâtrales. Vicaire III, 339-340 ; Talvart, 12 ; Munro, 23. Légers frottements aux mors et aux coins, réparations à la couverture. Un premier essai et un coup de maître dans le mélodrame. Bel exemplaire. 200 - 250 € 8 Alexandre DUMAS. Teresa, drame en cinq Actes et en Prose. Paris, Barba, Ve Charles-Béchet, Lecointe et Pougin, 1832. In-8, vélin ivoire à recouvrement, pièce de maroquin vert titrée en long, date dorée en pied, non rogné (Reliure de Pierson). [1] f. (faux-titre), 164 pp. Édition originale. La pièce, écrite à partir d’un canevas d’Anicet Bourgeois, fut créée à l’Opéra-Comique le 6 février 1832 avec Mme Moreau-Sainti dans le rôletitre, Ida Ferrier et Bocage. C’est pendant les répétitions de la pièce que Dumas fit la connaissance d’Ida Ferrier qu’il finira par épouser. Un mélodrame bourgeois : un jeune époux découvre que son beau-père, le baron Delaunay, vient de se remarier avec son ancienne maîtresse Teresa. Lors d’une absence du baron, les anciens amants reprennent leur liaison. L’épouse, pressentant la trahison de son mari tombe malade, le mari cocu cherche un moyen d’assouvir sa colère… Vicaire III, 340-341 ; Talvart, 13 ; Carteret, 228 ; Munro, 26. Pièce de titre frottée, quelques rousseurs et taches sans aucune gravité. Un des premiers mélodrames de Dumas dans une élégante reliure de Pierson. Très rare. 300 - 500 € 9 Alexandre DUMAS et autres. [Théâtre]. Recueil factice de 6 pièces. Un volume in-8, demi-veau bleu, dos lisse, titres dorés entre 3 fleurons et dans un grand encadrement de filet doré, chiffre doré en pied, tranches mouchetées (Reliure de Closs). Quelques pièces emblématiques du mouvement romantique – Alexandre DUMAS. Antony. Drame en cinq actes en prose. Deuxième édition. Paris, Auguste Auffray, 1832. [4] ff., 100 pp., [1] f., frontispice de Tony Johannot gravé par Thompson. Envoi : A mon bon ami Alcide. A. Dumas – Victor HUGO. Hernani ou L’Honneur castillan. Drame. Deuxième édition. Paris, Barba, 1830. [2] ff., VII pp., [1] p., 154 pp., frontispice dépliant de Raffet lithographié par Charlet. Envoi : A mon bon et cher ami Beauchêne. V. H. – Messieurs Alexandre SOUMET et Louis BELMONTET. Une fête de Néron. Tragédie en cinq actes. Paris, Barba, 1830. [2] ff., 120 pp., frontispice dépliant de Raffet lithographié par Charlet. Édition originale. Envoi autographe signé des deux auteurs : A Mr A. de Beauchêne hommage et souvenir d’amitié. L. Belmontet A. Soumet – Alexandre DUMAS. Stockholm, Fontainebleau et Rome, Trilogie dramatique sur la vie de Christine. Cinq actes en vers, avec prologue et épilogue. Paris, Barba, 1830. [3] ff. (faux-titre, titre et dédicace), 191 pp., frontispice dépliant d’après Raffet lithographié par Charlet. Édition originale. 8 7 9 9

9 9 10 10 17 Alexandre Dumas, collection Kahn RTCURIAL 27 septembre 2023 14h30. Paris Envoi autographe signé : A Monsieur de Beauchesne Fraternité A. Dumas - M. MAZÈRES. Le Jeune Mari, comédie en trois actes et en prose. Paris, Bezou, 1826. 72 pp. Édition originale. Envoi autographe signé : A son ami de Beauchesne Ed. Mazères – Alexandre de LONGPRÉ. Le Rendez-vous, esquisse de mœurs sous la Régence (1722.) En trois actes, en vers. Comédie. Paris, Amyot, 1831. viij, 100 pp. Édition originale. Envoi autographe signé : A Monsieur Alcide de Beauchesne. Hommage amical de l’auteur. Alexdre de Longpré. Relié en tête : Billet autographe signé pour 3 places dans une loge de galerie pour la représentation du 18 juillet 1831 au Théâtre Français. Alcide de Beauchesne (1804-1873), poète et historien, fut un des grands soutiens des romantiques lorsque, sous le règne de Charles X, il était chef de cabinet au département des Beaux-Arts. Dumas faillit se battre en duel avec lui pour une raison dont il admit lui-même qu’elle était absurde et heureusement le duel n’eut pas lieu. Coiffes, mors et coins légèrement frottés rousseurs. Remarquable réunion de pièces représentatives du théâtre romantique, chacune portant un envoi à Alcide de Beauchêne ardent défenseur du jeune mouvement romantique, dans une reliure faite pour lui à son chiffre B dans lequel pousse un chêne. 2 000 - 3 000 € 10 Alexandre DUMAS. Impressions de voyage. Paris, [Guyot pour le premier volume imprimé par H. Fournier – Charpentier pour le second volume, imprimé par Crété], 1834. 2 volumes in-8, plein veau chagriné lavallière, grande plaque à froid sur les plats dans un encadrement de filets dorés et à froid, au centre un médaillon portant le chiffre « LB » en caractères gothiques dorés, dos à nerfs ornés de fleurons à froid, de filets et de roulettes dorées, coupes ciselées, roulette intérieure et tranches dorées (Reliure de Koehler). [2] ff., 388 pp. ; [2] ff., 368 pp., titre-frontispice répété au second volume gravé à l’eau-forte par Célestin Nanteuil. Édition originale. Récit de son voyage en Suisse et en Italie du Nord effectué du 21 juillet aux environs du 20 octobre 1832. Dumas avait quitté Paris pour échapper à l’épidémie de choléra meurtrière qui sévissait dans la capitale. Impressions de voyage deviendra le titre générique de toutes les relations de voyage que Dumas donnera par la suite. « Dumas invente un genre, presque à son usage particulier. Un genre aux lois fantasques qui ne constitue pas une simple relation de voyage, mais intègre des écrits de genres différents ; chroniques historiques qu’expérimente par ailleurs l’écrivain, contes, traditions et légendes recueillis en route et mises dans la bouche de locuteurs, nouvelles contemporaines. Les Impressions de voyage apparaissent aujourd’hui comme le laboratoire de la prose narrative dumasienne. » (Schopp, Dictionnaire Dumas). Rien de convenu dans ce récit allègre qui appartient autant à la littérature de voyage qu’au genre romanesque, plein de bonne humeur et de fantaisie, dans lequel Dumas déverse son énergie débordante, sa curiosité des choses et des gens. Vicaire III, 341-342 ; Talvart, 17 ; Carteret, 228 ; Munro, 38-39. Magnifique frontispice de Célestin Nanteuil (1813-1873), illustrateur inspiré des romantiques, Hugo, Gautier, O’Neddy et Dumas à qui il donna encore les frontispices d’Angèle (voir n° 11 et 12), de Catherine Howard (n° 13 et 14), du Théâtre (n° 15). Exceptionnelle reliure de Koehler un des tout premiers, voire le premier, relieurs de son temps. Lors de sa première exposition en 1834 (année de l’édition de cet ouvrage) il reçut une médaille d’argent avec ce commentaire : « les reliures de M. Koehler sont au rang des plus belles qu’on connaisse en Europe… Ainsi dès son début il n’a pas de supérieur. » Nodier enfonça le clou en affirmant : « jamais le bon goût de la décoration, l’élégance et la pureté du dessin, le fini et la précision des dorures n’ont été poussés plus loin, et je serais fort surpris qu’il existât dans les bibliothèques de l’Europe vingt ouvrages d’art capables de contester la prééminence à celui qui, au moment où j’écris, enrichit probablement le cabinet d’un monarque ou d’un agent de change. » (cités par Fléty, p. 100). Le chiffre « L.B. » que l’on trouve en médaillon au centre des plats pourrait être celui du peintre Louis Boulanger (1806-1867), proche ami de Dumas qu’il accompagna notamment dans son voyage en Espagne. Petites restaurations aux coiffes, très légers frottements marginaux sur les plats et aux dos, quelques rousseurs pâles sans gravité au premier volume. Une des œuvres majeures de Dumas dans un exemplaire qui réunit un maître de la littérature romantique, un maître de l’illustration romantique et un maître de la reliure romantique ! 3 000 - 4 000 €

18 Alexandre Dumas, collection Kahn RTCURIAL 27 septembre 2023 14h30. Paris 19 Alexandre Dumas, collection Kahn RTCURIAL 27 septembre 2023 14h30. Paris 11 Alexandre DUMAS. Angèle. Paris, Charpentier, 1834. In-8, demi-percaline à coins havane, petit fleuron et date dorés en pied, couverture conservée (Reliure du XIXe siècle). [2] ff., 254 pp., [1] f., frontispice gravé à l’eau-forte par Célestin Nanteuil. Édition originale. Ce drame, écrit en collaboration avec Anicet-Bourgeois, a été créé à la Porte-Saint-Martin le 28 décembre 1833 avec Ida Ferrier dans le rôletitre. Deux ans après Richard Darlington, Dumas présente sur scène un autre arriviste forcené : la révolution de 1830 a fait perdre à Alfred les pensions et les titres qu’il avait gagnés grâce aux femmes. Alors qu’il a séduit une jeune fille de 15 ans, Angèle, en lui faisant miroiter le mariage, c’est la mère de celle-ci, mieux à même de favoriser sa carrière, qu’il décide d’épouser. Angèle, qui est enceinte de son amant, et qui vit dans la honte et le chagrin, parvient, grâce au médecin qui la soigne, à avoir une explication avec sa mère. Contraint d’épouser Angèle et ne le souhaitant guère, surveillé par Henri le médecin, Alfred provoque ce dernier en duel et est tué. Angèle épouse Henri qui l’a toujours aimée et tout rentre dans l’ordre. Dumas donnait à Ida Ferrier, sa maîtresse, son premier grand rôle. Son embonpoint précoce fit merveille quand Angèle se présenta sur scène sur le point d’accoucher ! La comtesse Dash, future collaboratrice de Dumas, qui assistait à la première se souvenait : « le grand talent de Dumas était surtout de remuer les âmes […] Cette jeune fille trahie, abandonnée, a des accents sublimes de douleur. […] Il y avait une grande hardiesse à mettre sur la scène cette fille grosse, arrivant au moment de faire ses couches ; quand Mlle Ida entre en scène, couverte de son ample manteau, il y avait une sorte de frémissement dans la salle […] Mlle Ida commençait à engraisser ; elle était si jolie qu’on le lui pardonnait. Angèle est son meilleur rôle. » Dumas, en peignant un personnage prêt à tout pour arriver quel que soit le régime politique, a sans doute mis beaucoup de sa déception des promesses non tenues de la révolution de 1830. Vicaire III, 343 ; Talvart, 18 ; Carteret, 229 ; Munro, 32-33. Rousseurs éparses. Ex-dono à demi-effacé : Offert à leur père par Alfred Hedouin et Edmond Hed[ouin]. On connaît les frères Hédouin – l’un écrivain et traducteur – le second peintre et graveur – pour avoir traduit et illustré ensemble le Voyage sentimental de Sterne (Jouaust, 1875). Un drame contemporain où perce l’amertume de Dumas quant à la révolution dévoyée. Bon exemplaire, bien complet de l’admirable frontispice de Célestin Nanteuil. La reliure est attribuable à Champs. 500 - 600 € 12 Alexandre DUMAS. Angèle. Paris, Charpentier, 1834. In-8, demi-veau rouge, dos lisse orné de fleurons à froid et de roulettes dorées, pièces en veau brun, tranches marbrées (Reliure de l’époque). [2] ff., 254 pp., [1] f., frontispice gravé à l’eau-forte par Célestin Nanteuil. Édition originale. Relié à la suite : MM. GAILLARDET et ***. La Tour de Nesle, Drame en cinq actes et en neuf tableaux. Nouvelle édition. Paris, Barba, 1833. [4] ff., 98 pp. La pièce fut créée au théâtre de la Porte-Saint-Martin le 29 mai 1832 avec Mlle George dans le rôle de Marguerite de Bourgogne, bru de Philippe le Bel et épouse adultère de Louis X le Hutin, qui mourut étranglée à Château-Gaillard. Un drame « gothique » des plus noirs. « Il n’y a pas dans la fiction de terreur une demeure de désolation plus ténébreuse que cette Tour de Nesle, d’où si l’on est assez téméraire pour y entrer, l’on ne ressort jamais vivant ; où des lumières mystérieuses paraissent tous les soirs aux fenêtres, d’où sortent des bruits de fêtes, de musique, où les hôtes entrent masqués, où une nuit d’orage prépare la grande catastrophe finale, lorsqu’au crime de l’inceste succède celui de l’assassinat. » (Loliée, 164). Dumas pousse en effet au plus noir les orgies de la reine, de sa sœur et de leur cousine en les épiçant, sans grand souci de la réalité historique, d’une touche d’inceste inattendue. Ce fut un triomphe et le début des ennuis pour Dumas. Le jeune Gaillardet, dont Dumas avait juste pris l’idée de départ pour faire un drame à sa façon, s’estima lésé, malgré le triomphe et bien que le seul nommé. Menace de procès, campagne de presse, plus la pièce remporte de succès, plus Gaillardet s’étouffe de colère et réclame un duel ! Dumas conciliant finira par ramener le jeune blanc-bec à la raison et la pièce continuera sa carrière. Munro, 30. Dos pâli, coiffes et coins légèrement frottés, quelques rousseurs et taches, annotation manuscrite moderne sur le titre. Chiffre doré CG sur le dos. De la bibliothèque de Simone André-Maurois (ex-libris dessiné par Henri Mondor et gravé par Jacquin). André Maurois est l’auteur d’un ouvrage sur les Trois Dumas. Intéressante réunion de deux pièces dans les genres où Dumas triompha, le drame bourgeois et le drame historique. Exemplaire dans sa reliure de l’époque et d’une jolie provenance. 700 - 800 € 11 11 12

20 Alexandre Dumas, collection Kahn RTCURIAL 27 septembre 2023 14h30. Paris 21 Alexandre Dumas, collection Kahn RTCURIAL 27 septembre 2023 14h30. Paris 13 Alexandre DUMAS. Catherine Howard. Drame en cinq actes et huit tableaux. Paris, Charpentier, 1834. In-8, demi-maroquin à grain long aubergine, coins, filets dorés sur les plats, dos lisse orné, date dorée en pied, couvertures jaunes imprimées et dos conservés, non rogné (Reliure de Stroobants). [2] ff., IV, 208 pp., frontispice à l’eau-forte par Célestin Nanteuil. Édition originale. La pièce a été créée au théâtre de la Porte Saint-Martin le 2 avril 1834 avec Ida Ferrier dans le rôle-titre, Delafosse et Lockroy. Dans ce drame, l’histoire est quelque peu malmenée. Dumas avait rafistolé une pièce en vers, Édith, qu’il n’avait pas trouvé à placer, située en Allemagne au Moyen Âge pour la transporter, en prose, dans l’Angleterre d’Henry VIII. Il reconnut volontiers : « Catherine Howard est un drame extra-historique, une œuvre d’imagination procurée par ma fantaisie ; Henri VIII n’a été pour moi qu’un clou auquel j’ai accroché mon tableau. » Vicaire III, 343-344 ; Talvart, 19 ; Carteret, 229 ; Munro, 43-44. Relié en tête : LAS. 1 p. in 8° à son chiffre couronné. Cher Buchon J’aurais bien besoin d’une bonne carte d’Espagne – en avez-vous une prêtez la moi. Si par hasard vous en aviez une du 13 ou 14e siècle cela vaudrait bien mieux. Quand vous verrai-je ? – venez donc mercredi me demander à dîner A vous A. Dumas Alexandre Buchon (1791-1846), journaliste et historien ami de Dumas, participa entre autres à de vastes entreprises éditoriales comme la Collection des chroniques nationales (47 volumes, 1824-1828) et le Panthéon littéraire (56 volumes, 1836-1845). Dumas fit régulièrement appel à lui pour des recherches historiques. Mors, coiffes et coins légèrement frottés, faux-titre bruni en tête, infimes rousseurs. Bel exemplaire élégamment relié de cette pièce très rare, enrichi d’une intéressante lettre. 600 - 800 € 14 Alexandre DUMAS. Catherine Howard. Drame en cinq actes et huit tableaux. Paris, Charpentier, 1834. In-8, demi-maroquin à grain long fauve, coins, filets dorés sur les plats, dos lisse orné couvertures jaunes imprimées conservées, non rogné (Reliure de Mercier Sr de Cuzin). [2] ff., IV, 208 pp., frontispice à l’eau-forte par Célestin Nanteuil. Édition originale. Manques marginaux à quelques feuillets, très rares rousseurs. Ex-libris : P. Villebœuf. Bel exemplaire élégamment relié par Mercier. 500 - 600 € 15 Alexandre DUMAS. Œuvres complètes. Théâtre. Paris, Charpentier, 18341836. 6 volumes in-8, demi-maroquin à coins vert, dos à nerfs ornés, date dorée en pied, têtes dorées, non rognés (Reliure de la fin du XIXe siècle). [2] ff., XLVII, 325 pp., [1] f., frontispice par Célestin Nanteuil ; [2] ff., 384 pp., [2] ff. (table et catalogue) ; [2] ff., 490 pp., [1] f. ; [2] ff., 416 pp., [1] f. de table mal relié à la fin du volume 5 ; [2] ff., 500 pp., [1] f. ; [2] ff., 443 pp., [1] p. Première édition collective du théâtre de Dumas. Elle comprend : Tome I : Henri III, Antony – Tome II : Christine, Charles VII – Tome III : Teresa, Richard Darlington – Tome IV : La Tour de Nesle, Angèle – Tome V : Catherine Howard, Napoléon – Tome VI : Don Juan de Marana, Kean. Édition originale du long texte introductif « comment je devins auteur dramatique ». Le théâtre à l’époque était le genre noble, et un écrivain pour atteindre à la notoriété… et à la fortune se devait d’y réussir. On comprend l’acharnement que Dumas mit, au début de sa carrière, à se faire représenter. Récits de voyage et romans ne viendront que plus tard. Il faut noter que dans cette édition Dumas revendique la paternité de la Tour de Nesle « en participation avec M. F. Gaillardet », et que Don Juan de Marana perd la qualité de « mystère » pour celle de « drame ». Vicaire III, 435-436 ; Talvart, p. 42 ; Carteret, 243 : « Édition très rare » ; Munro, 361. Dos légèrement passés, quelques coins émoussés, les autres légèrement frottés, rares rousseurs et taches claires. Bel exemplaire des premières œuvres théâtrales du formidable auteur dramatique que fut Dumas. Une édition très rare surtout dans cette condition. 600 - 800 € 13 15 15 14

22 Alexandre Dumas, collection Kahn RTCURIAL 27 septembre 2023 14h30. Paris 23 Alexandre Dumas, collection Kahn RTCURIAL 27 septembre 2023 14h30. Paris 16 Alexandre DUMAS. Gaule et France. Deuxième édition. Paris, Victor Magen, 1835. In-8, demi-basane fauve à petits coins, dos à nerfs orné, pièces de titre noires, tranches jaunes (Reliure de l’époque). [2] ff., 375 pp. Instruire en amusant L’édition originale a paru en 1833. Dans cette « longue préface » aux études historiques à venir, Dumas raconte mille ans d’histoire de France « depuis l’établissement des Germains dans les Gaules jusqu’aux divisions entre l’Angleterre et la France par la mort de Charles le Bel ». Dumas, dont l’instruction avait été des plus négligées, notamment en histoire dont « il ne savait pas le moindre mot », se plongea dans de vastes lectures : mémoires, chroniques, études historiques. L’Histoire est à l’époque l’apanage d’ennuyeux érudits et Dumas ressent le besoin pour lui et pour ses lecteurs de trouver moyen de joindre science et plaisir de lire. Dumas n’entend pas seulement donner le goût de l’histoire à ses lecteurs mais également éveiller leur conscience civique. Dans un long épilogue, il avance dans le temps jusqu’au XIXe siècle, n’hésitant pas à développer quelques idées à priori paradoxales : trois hommes « ont été choisis de toute éternité dans la pensée de Dieu pour accomplir l’œuvre de la régénération : César, Karl-le-Grand, Napoléon. César prépare le christianisme. Karl-le-Grand la civilisation. Napoléon la liberté. » À la fin du livre, Dumas, qui ne digéra jamais la révolution confisquée de 1830, se fait plus polémique, reprochant véhémentement à Louis-Philippe un système gouvernemental qui, par un suffrage censitaire très restreint, profite à 14 000 privilégiés. Vicaire III, 341 ; Talvart, 16 ; Carteret, 228 ; Munro, 36. Relié à la suite : Alexandre DUMAS. Souvenirs d’Antony. Paris, Dumont, 1835. [2] ff., 360 pp. Édition originale. Un recueil de nouvelles : « Cherubino et Celestini », « Antonio », « Maria, suite d’Antonio », « Le cocher de cabriolet », « Blanche de Beaulieu », « Un bal masqué », « Jacques Ier et Jacques II ». Vicaire III, 344 ; Talvart, 20 ; Carteret, 229 ; Munro, 48. Dorure ternie, coins un peu écrasés, rousseurs, mouillures, feuillets brunis. Précieux exemplaire de la duchesse de Berry avec l’étiquette et le numéro d’inventaire de sa bibliothèque au château de Brunsee. 1 500 - 2 000 € 17 Alexandre DUMAS. Chroniques de France. Isabel de Bavière. (Règne de Charles VI). Paris, Dumont, 1835. 2 volumes in-8, demi-basane rouge, dos à nerfs ornés, pièces de titre et de tomaison en maroquin fauve, couvertures et dos conservés, non rognés (Reliure de Franz). [2] ff., 406 pp. ; [2] ff., 419 pp., vignette en tête de chaque volume reprise sur les couvertures, celle du second volume est signée Paul Huet. Édition originale. L’entrée de Dumas dans le genre de la vulgarisation historique. Pour le réaliser, il prit ses sources dans Monstrelet, Froissart et Barante. Le règne de Charles VI qui sombre dans la folie et la très controversée Isabeau de Bavière, avec la guerre civile qui fait rage, permettent à Dumas de construire un récit plein d’anecdotes hautes en couleurs et riches de rebondissements. Récit historique, l’ouvrage tend vers le roman notamment par l’utilisation de dialogues. À partir de 1831, sous le titre de « Chroniques de France », Dumas en donna de nombreux chapitres à la Revue des Deux-Mondes au fur et à mesure de la rédaction. Il pointa ce qui fait l’intérêt du livre : « Dès ce moment éclatèrent dans ces essais mes deux principales qualités, celles qui donneront dans l’avenir quelque valeur à mes livres et à mes pièces de théâtre : le dialogue, qui est le fait du drame ; le récit qui est le fait du roman » (Mes Mémoires). Vicaire III, 344 (qui ne l’a pas vue et la cite en décrivant la deuxième édition) ; Talvart, 21 ; Munro, 47. Épidermures aux dos, 2 coins émoussés au premier volume, les autres légèrement frottés, petites mouillures marginales claires au premier volume, très rares rousseurs. Édition originale peu courante, à toutes marges, d’un ouvrage précurseur des grands romans historiques à venir. 350 - 400 € 18 Alexandre DUMAS. Don Juan de Marana ou La Chute d’un ange. Mystère en cinq actes. Musique de M. Piccini ; décors de MM. Cicéri, Nolau, Devoir et Pourchet. Paris, Marchant, 1836. In-8, demi-veau à coins blond, filets dorés sur les plats, dos lisse richement orné, pièce en maroquin chocolat, date dorée en pied, couvertures et dos conservés, non rogné (Reliure de V. Champs). [2] ff., 302 pp. Édition originale. La pièce a été créée le 30 avril 1836 sur le théâtre de la Porte-Saint-Martin avec Ida Ferrier dans le rôle de l’ange. L’embonpoint de l’actrice suscita de nombreux quolibets et la représentation fut un désastre. C’est une adaptation très libre de la nouvelle de Mérimée les Âmes du Purgatoire. Don Juan de Marana, descendant du héros de Mozart et de Molière, est un libertin endurci, meurtrier et débauché, tiraillé entre le bien et le mal et succombant toujours. Son bon ange, pour tenter de le sauver, prend la figure de sœur Marthe une religieuse que Don Juan séduit également. La fin de la pièce dut terrifier les spectateurs car son dernier mot, prononcé par l’ange du jugement, après que Don Juan a refusé de se repentir, est « Justice » pendant que la toile tombe sur les corps de Don Juan et de Marthe enfermés dans un triangle de flammes. En 1864, Dumas changea la fin de la pièce lui donnant une fin édifiante avec le remords in-extremis du héros. Vicaire III, 344-345 ; Talvart, 22 ; Carteret, 230 ; Munro, 55. Petits frottements au dos, coiffes et coins, décharge de la doublure des couvertures sur le faux-titre et le dernier feuillet. Bel exemplaire dans une élégante reliure de Champs de ce nouvel avatar du mythe de Don Juan. 350 - 400 € 19 Alexandre DUMAS. Don Juan de Marana ou La Chute d’un ange. Mystère en cinq actes. Musique de M. Piccini ; décors de MM. Cicéri, Nolau, Devoir et Pourchet. Paris, Marchant, 1836. In-8, demi-maroquin à coins à grain long rouge, filets dorés sur les plats, dos lisse richement orné, date dorée en pied, couvertures et dos conservés, tête dorée, non rogné, ex-libris (Reliure de Yseux Sr de Thierry-Simier). [2] ff., 302 pp. Édition originale. Coiffes et mors légèrement frottés, taches sur la couverture, rousseurs. Ex-libris Eug. Richtenberger gravé par A. Lanson. Plaisant exemplaire bien relié. Peu courant. 300 - 350 € 16 17 19 18

24 Alexandre Dumas, collection Kahn RTCURIAL 27 septembre 2023 14h30. Paris 25 Alexandre Dumas, collection Kahn RTCURIAL 27 septembre 2023 14h30. Paris 20 Alexandre DUMAS. Kean. Comédie en cinq actes. Paris, J. B. Barba, 1836. In-8, demi-percaline prune, pièce de titre en maroquin vert, date dorée en pied, non rogné (Reliure de la fin du XIXe siècle). [3] ff., 263 pp. Édition originale. D’après le Catalogue général des œuvres dramatiques et lyriques Théaulon et Fr. de Courcy ont collaboré à la pièce. Elle a été créée au théâtre des Variétés le 31 août 1836 avec Frédérick Lemaître dans le rôle-titre. La stature du Kean (1787-1833), sans doute le plus grand acteur shakespearien de son temps, tout autant qu’homme de passions à la vie tumultueuse, permit à Dumas d’écrire une comédie pleine de rebondissements. En 1953, Jean-Paul Sartre en donna une version révisée dont Pierre Brasseur jouera le rôle-titre. Vicaire III, 345, Talvart, 23 ; Carteret, 230 ; Munro, 56-57. Coins légèrement frottés, rares rousseurs. Ex-libris manuscrit pâli sur le titre « Madame Parker Paris » ? Bon exemplaire de cette pièce, publiée trois ans après la mort de Kean, qui contribua à l’élaboration de la légende de l’acteur. 200 - 250 € 21 M. Alexandre DUMAS. Piquillo, opéra-comique en trois actes, musique de M. H. Monpou. Paris, Marchant, 1837. In-8, demi-maroquin à coins rouge, dos lisse, nom, titre et date dorés, couvertures imprimées conservées, non rogné (Reliure de Carayon). 82 pp. Édition originale. L’œuvre, écrite en collaboration avec Gérard de Nerval, fut créée à l’Opéra-Comique le 31 octobre 1837 avec notamment Jenny Colon dont Nerval était follement amoureux. Elle se passe à Séville vers 1650. Une œuvre pleine de fantaisie où, comme dans les pièces de Marivaux – un des personnages s’appelle d’ailleurs Silvia – les couples se font et se défont. Au bout du compte chacun partira avec sa chacune, et Piquillo, le voleur, sauvera sa peau. Berlioz consacra son feuilleton du Journal des Débats du 2 novembre 1837 à la première : « Un opéra-comique de M. Alexandre Dumas ! C’est de l’imprévu, j’espère ! Qui pouvait s’attendre en effet à voir l’auteur d’Antony, de Richard, de Christine et de tant d’autres drames où la poésie et la passion débordent, se faire en riant le serviteur d’un musicien, et tisser, sous ses ordres, la trame d’un imbroglio espagnol ? […] Constatons seulement le succès des paroles et de la musique de Piquillo : c’est un des plus complets dont nous ayons été témoins depuis longtemps à l’OpéraComique. » Vicaire III, 345 ; Talvart, 24 ; Munro, 64. Trace blanche et frottement aux coins supérieurs. L’entrée réussie de Dumas dans le répertoire lyrique et la première collaboration avec Gérard de Nerval. Bel exemplaire sans rousseurs dans une sobre reliure de Carayon. 400 - 500 € 22 NON VENU 23 Alexandre DUMAS. Nouvelles Impressions de voyage. Paris, Publications du Figaro, 1837. In-8, demi-maroquin à grain long, dos lisse orné, date dorée en pied, non rogné (Reliure de Stroobants). 410 pp., [1] f. blanc, [1] f. de table. Édition originale très rare. Elle a paru en 52 livraisons journalières dans le Figaro à raison de 8 pages quotidiennes. La suite du voyage en Suisse que Dumas avait commencé de raconter dans ses Impressions de voyage publiées en 1835. Ayant quitté la Suisse des glaciers et des montagnes, il s’attache à celle des lacs et des prairies, « non plus au sol fabuleux, mais à la terre historique ». Comme dans les deux volumes précédents, il offre à ses lecteurs « un bavardage, au coin du feu d’une auberge, une causerie, au retour de la chasse, une rêverie au clair de lune » où se succèdent chroniques historiques, contes, traditions et légendes, nouvelles contemporaines, aventures pittoresques arrivées aux voyageurs. Ce volume, complet des 52 livraisons, est évidemment de toute rareté. Ni Clouzot, ni Carteret n’en font mention. Vicaire III, 342-343, le seul à y faire allusion, mais qui ne l’a pas vue, ne la cite que d’après la Bibliographie de la France, dans l’entrée qu’il consacre aux Impressions de voyage, les Nouvelles… formant les tomes III à V avec des variantes et des textes originaux. Si l’on en croit Bourquelot III, 339, la publication de ces fragments dans le Figaro donna lieu à un procès pour plagiat, Dumas y ayant inséré un texte qui ressemblait furieusement à une nouvelle parue dans le Mercure, sous le titre « Histoire d’un homme timide ». Munro, 40. Mors et coiffes frottés, dos réparé en tête sur deux centimètres. Le dos porte le titre « Pauline » qui est en fait le titre du premier chapitre. Il n’a rien à voir avec le roman éponyme publié par Dumas en 1838. Une des plus rares éditions originales de Dumas, dans une reliure décorative de Stroobants, à l’intérieur de toute fraîcheur et à grandes marges 2 500 - 3 000 € 24 MM. Alexandre DUMAS et ***. Le Mari de la veuve, comédie en un acte et en prose. Paris, Marchant, Bruxelles, Librairie Belge Française, 1838. Grand in-8, demi-basane verte, dos à nerfs orné de fleurons et de roulettes dorés, date dorée en pied, pièce de titre en long de maroquin rouge, couvertures imprimées conservées, non rogné (Reliure de Franz). 18 pp. L’édition originale date également de 1832, année de la création de la pièce au Théâtre-Français le 4 avril pour le bénéfice de Mlle Dupont, avec Monrose, Mlle Mars, Mlle Anaïs. Les collaborateurs de Dumas furent Anicet Bourgeois et Durieu. La pièce fut donnée en pleine épidémie de choléra devant une salle à moitié vide. Le succès vint plus tard et la pièce était encore représentée au début du XXe siècle. Ce petit acte est un marivaudage spirituel et une suite de quiproquos : Adèle qui se fait passer pour veuve veut marier sa nièce Pauline à Léon qui en fait aime Adèle. Retour subit de l’époux ressuscité qui comprend la situation et ouvre les yeux de sa femme. Tout finira bien, et Léon épousera Pauline. Vicaire III, 341 ; Talvart, 14 ; Munro, 28. Dos passé, coiffes frottées, rares taches et mouillures. Un essai réussi de comédie à la Marivaux qui annonce par son format court les proverbes de Musset. 100 - 150 € 20 21 24 23

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