Thierry de MAIGRET Commissaire -Priseur Livres 10 décembre 2024
ExpErt Emmanuel de BROGLIE Cabinet Revel 57, rue de Verneuil - 75007 Paris T. +33 (0)1 42 22 17 13 cabinetrevel@noos.fr www.cabinet-revel.com Expert pour les autographes, lots 1 à 52, 57, 62, 64, 72 Thierry BODIN 45, rue de l’Abbé Grégoire - 75006 Paris T. +33 (0)1 45 48 25 31 - lesautographes@wanadoo.fr Catalogue et résultats consultables sur www.thierrydemaigret.com Commissaires-priseurs habilités à diriger les ventes : Thierry de MAIGRET, Marie OLLIER, Stéphanie BUHOT, Paloma LARCHEVÊQUE En 4e de couverture : lot 228. Page précédente : lot 63.
5, rue de Montholon - 75009 Paris Tél. +33 (0)1 44 83 95 20 - Fax. +33 (0)1 44 83 95 21 www.thierrydemaigret.com - contact@thierrydemaigret.com SVV 2002 - 280 Vente aux enchères publiques Hôtel Drouot, salle 15 Mardi 10 décembre à 14h Livres Autographes Manuscrits Expert Emmanuel de BROGLIE Contact à l’Étude : Marie Ollier mollier@tdemaigret.fr Exposition partielle sur rendez-vous à l’Étude Lundi 9 décembre de 11 h à 18 h et mardi 10 décembre de 11h à 12h Téléphone pendant l’exposition & la vente : +33 (0)1 48 00 20 15 Possibilité d’enchérir en direct sur www.drouotlive.com Thierry de MAIGRET Commissaire -Priseur
4 A U T O G rA P H es & M A N U sC riT s A médée G I R O D D E L ’ A I N ( 17 8 1- 18 47 ) - l o t s 1 à 22 Magistrat et homme politique, il fut député, préfet de police, ministre, vice-président du Conseil d’État et président de la Chambre des députés 1 Anthelme BRILLAT-SAVARIN (1755-1826). L.A.S., Paris 15 novembre [vers 1820], à [Amédée Girod de l’Ain]; 1 page in-4°. 250/300 Il recommande à son «cher compatriote» M. Berard des Glageux, qui souhaite être nommé à la Cour royale: «Il est d’une très bonne famille, il aura un jour 20 MF de rente, il a fait de très bonnes études, il a déjà obtenu du succès dans la carrière du Barreau»… 2 Alexandre BRONGNIART (1770-1847). 17 L.A.S., Sèvres 1832-1833, au baron de SaintJoseph; 29 pages in-4° ou in-8°, la plupart à en-tête Manufacture Royale de Porcelaine de Sèvres, une adresse. 400/600 Correspondance concernant un service de table, commandé par les frères Pastré de Marseille pour le Vice-Roi d’Égypte Mehemet Ali: commande, échantillons, livraison, emballage, expédition… JOINT : le mémoire de la commande, signé par Brongniart et Pastré frères (22 décembre 1832), le détail du supplément, la facture acquittée, et 2 lettres jointes. 3 Benjamin CONSTANT (1767-1830). 3 L.A.S., 1828-1830 et s. d., à Amédée Girod de l’Ain, et un manuscrit autographe avec dessins; 2 pages in-8° et demi-page in-4°, adresses, et un feuillet in-8 (bords déchirés). 1 000/1 500 [Vers 1815], il avait oublié un dîner; ne voulant pas faire attendre son correspondant, il passera le voir chez lui le lendemain. – 24 avril 1828, le priant d’écouter M. Caquelard, «excellent électeur & ami intime de M. de Schonen, sur une affaire très facheuse qui arrive à un de ses amis»… – 29 juillet 1830 au matin. «Je suis venu ici après une opération de la vessie ne pouvant pas marcher & j’ai été forcé de m’arrêter ici. Ne pourriez vous pas me faire l’extrême plaisir de venir me voir. Ce serait un service pour toute ma vie. Je suis impatient de me réunir à vous ni plus ni moins» (une note indique qu’il est chez M. Cassin, rue Taranne). Brouillon de notes pour un discours en 1817: «Pas d’accusation sur les pairs mais simplement d’un meurtre rétractée / déclaré calomniateur / Dissolution des Députés) à cause de l’opposition grossissant / espérance d’avoir une chambre à lui / fraudes électorales»… Etc. Dans les marges et au dos, 8 dessins à la plume de têtes. JOINT : une feuille in-fol. avec des comptes et une dizaine de dessins à la plume: têtes et un cheval. Voir la reproduction 3
5 4 [DIVERS]. Environ 80 lettres, la plupart L.A.S. adressées à Amédée ou Édouard GiroD de L’ain. 300/500 •Arrighi de PaDouE, •BauffrEmont, •Carlo Botta, •AgnEl de Bourbon, •Bourbon-BussEt, •J.F.C. Carnot, •ChâtEaurEnarD, •Michel ChEValiEr (3), •Damiron, •Benjamin et Gabriel DElEssErt, •Firmin DiDot, •J. DufaurE (3), •Prosper Enfantin (3), •baron Fain (2), •L. FEuillEt, •F. FEuillEt de ConchEs, •Achille FoulD, •IsambErt, •Alexandre et Léon de LaborDE, •J. LaffittE (3), •LapommErayE, •P. LEbrun, •John LEmoinnE, •Locré, •A. Maury (2), •MongEz, •J. NicolEt, •V. de NoaillEs, L.J.M. de Bourbon duc de PEnthièVrE, •Em. PErEirE, •F. Dal Pozzo, •J. RosEnhain, •James de RothschilD, •Ségur d’AguEssEau, •Jean-Baptiste Say (4), •SèzE, •SommErarD (2), •P. Talabot (2), •J. TaschErEau, •P. de WurtEmbErg, etc… JOINT : un dossier de documents divers, manuscrits ou imprimés: plan sur calque de la citadelle de Blaye, bulletins de vote, affiche, calendriers, cartes d’entrée de théâtres et musées, etc. 5 [FEMMES]. L.A.S., la plupart adressées à Amédée de GiroD de L’Ain, années 1830. 200/400 •Madame Ch. AlExanDrE née LahurE, •Pauline AnDryanE, •Sophie BauDranD, •Duchesse de BéthunECharost née TourzEl, •Zoé du Cayla, •Duchesse de Dino (2), •Marquise de DolomiEu (2), •Comtesse Foy, •Lady GranVillE, •Louise HErsEnt, •Lamoignon née Molé, •Comtesse LucottE (2, et une du comte), •Comtesse MolliEn, •Eliza O’Connor née ConDorcEt (3), •Duchesse de Praslin née SEbastiani, •Rigny, •Marquise du RourE, •Paméla de Vatry. • GASTYNES (Marco de), voir MUSIQUE. Voir la reproduction 6 [GÉNÉRAUX]. 27 lettres, la plupart L.A.S. adressées à Amédée GiroD de L’Ain ou au général de Saint-JosEph, XIXe siècle. 200/300 •Arrighi de PaDouE, •BErtranD (2), •BoyEr, •BrunEt-DEnon (2), •ChangarniEr (plus 2 imprimés sur la soumission d’Abd-el-Kader), •CramayEl, •DaumEsnil, •Drouot, •DumoustiEr (2), •FErriEr, •FEuchèrEs (2), •Foy (2), •Fririon, •HouDEtot, •LamarquE (3), •LE Flô, •NégriEr, •T. SEbastiani, •Trochu, •VincEnt. 7 François GÉRARD (1770-1837). L.A.S., mardi [1826], au général O’Connor; 2 pages in-8°. Au sujet de son portrait du général Foy. 200/400 «Je n’ai point oublié que le Général O’Connor a bien voulu me demander de voir le Portrait du Gl Foy, dès qu’il serait montrable. Je viens de le terminer, et je m’empresse d’en prévenir le Général, en le priant de me faire la grâce de venir le plus tôt qu’il pourra, ayant lieu de craindre que le tableau ne reste pas longtems chez moi»… Voir la reproduction 5 7
6 8 [Amédée GIROD DE L’AIN (1781-1847) magistrat et homme politique, il fut député, préfet de police, ministre et président du Conseil d’État.] Dossier d’environ 120 documents, lettres, pièces d’état-civil et concernant sa carrière. 400/500 Actes d’état-civil (naissance, mariage, contrat de mariage, décès); comptes, service militaire, diplôme de licence en droit, nominations pour sa carrière de magistrat et d’administrateur, certificats, diplômes et lettres de sociétés (Accademia d’Alessandria, Maryland Agricultural Society, Sociétés de Statistique universelle, pour l’Instruction élémentaire), etc. On relève les signatures de •BarthE, •BEllart, •BrogliE, •CourVoisiEr, •DuchatEl, •Dumon, •LaffittE, •LaplagnE, •Mackau, •MarEt duc de Bassano, •MartinDu NorD, •PElEt de la LozèrE, •RégniEr duc de Massa, •Saint-cricq, •SalVanDy, •SauzEt, •SEbastiani, •ThiErs, •VitEt, etc. Minutes autographes de lettres, correspondances familiales, etc. • HESPEL voir n° 68 9 JOSÉPHINE (1763-1814). L.S., Malmaison 16 juillet 1813, à Amédée Girod de l’Ain, avocat général; demi-page in-4°. 300/600 Elle recommande M. Després et ses pupilles et belles-filles: «Je ne connais pas l’affaire qu’il défend,[…] mais je sais que, s’il a le bon droit, votre équité lui garantit le succès de sa cause»… JOINT : une l.a.s. et une l.s. de la Princesse Mathilde, et une l.a.s. de son chevalier d’honneur le général Chauchard. 10 Henri LACORDAIRE (1802-1861). L.A.S., Paris 7 novembre 1831, à Amédée Girod de l’Ain, Président de la chambre des députés; 2 pages et demie in-4°. 200/300 Il soutient la requête de l’abbé Antoine Saulnier, propriétaire de l’abbaye de Meilleray, pour poursuivre Casimir Périer et «obtenir réparation des torts qui lui ont été faits dans sa personne, son domicile, sa propriété et tous ses droits de citoyen»… 11 Gilbert du MotiEr DE LAFAYETTE (1757-1834). 7 L.A.S. et 2 L.S., 1820-1832, à son «collègue» Amédée Girod de l’Ain; chacune sur une p. in-4° (inégalement remplies), une adresse. 800/1 200 Au sujet de l’examen de la dépense du ministre de la Guerre [1820], des pétitions de vétérans de la Légion d’honneur [1828 ?]… La Grange 9 janvier 1829, au sujet de «l’amélioration des laines», et de son ami américain Skinner, «secrétaire de la Société d’agriculture de Baltimore, éditeur de l’American Farmer», dont l’influence est très importante aux États-Unis: «Il n’y a pas de païs où les soins industriels soient plus actifs, et l’esprit d’entreprise plus grand; cela est vrai surtout dans les états plus septentrionaux qui sont allés chercher en Saxe la race électorale». Quant à lui: «J’ai déjà 280 agneaux; ils sont très beaux; le bélier a plus de quarante enfans bien venus, et une des brebis m’a donné un bon agneau mâle». 3 juillet 1830, au sujet de l’envoi en Amérique d’un troupeau avec un jeune bélier. «Je ne vous parle pas de politique. Nous savons, l’un et l’autre, à quoi nous en tenir»… (brouillon de réponse au bas de la lettre). – 22 août, en faveur de Mme de Malaret (lettres jointes de la baronne de Malaret et de M. de Briqueville). – 20 octobre, recommandation d’un employé. 5 août 1831, concernant une pétition du Comité polonais. Etc. JOINT: 4 L.A.S. de son fils George Washington Lafayette (1828-1830); une de sa fille Virginie, Mme de Lasteyrie; de sa belle-fille Émilie, née Tracy; et 3 de Victor de Tracy (1829-1832). Voir la reproduction 11
7 12 Emmanuel de LAS CASES (1766-1842). L.A.S., 10 décembre [1831], à Amédée Girod de l’Ain, président de la Chambre des députés; 1 page in-4°, adresse. 300/400 Il ne peut se rendre à son invitation: «Mon état de santé est devenu si mauvais depuis mon retour à la chambre[…] Je vais même me trouver dans l’obligation de m’absenter de la chambre pendant quelque tems»… 13 Charles-François LEBRUN, duc de PLAISANCE (1739-1824). 2 L.A.S. et 9 L.S., 18001810, au baron Jean-Louis Girod de l’Ain ou son fils Amédée; 1 page in-4° chaque, une à son en-tête, une adresse. 200/300 Correspondance amicale, comme Consul d’abord, puis comme Architrésorier de l’Empire. JOINT : 3 L.A.S. de son fils le duc de Plaisance, 1824-1847. 14 [MARÉCHAUX]. 33 lettres ou pièces, la plupart L.A.S. adressées à Amédée Girod de l’Ain ou au général de Saint-Joseph, 1807-1868 (3 doc. réparés au papier adhésif). 300/500 •AugErEau, •BugEauD (6), •CastEllanE (2), •ClarkE, •ClauzEl, •DoDE, •ForEy, •MacDonalD (2), •MassEna, •NiEl (3), •REgnauDDEsaint-JEanD’angély, •Soult (4), •Vaillant. Plus les maréchales •BErthiEr, •DoDE (4), •LannEs, •NEy, •Soult. 15 Karl-Wilhelm NAUNDORFF (1785?- 1845). L.A.S. «Le Duc de Normandie», Paris 28 juillet 1830, à Amédée Girod de l’Ain; demi-page in-8°, adresse. 400/600 Révolution de Juillet. «Je suis dans la capitale depuis quelques jours, et Charles a abandonné le peuple à la merci des assassins ministériels. Il est tems de mettre un terme à tant de calamités. Je présume assez de votre patriotisme pour croire que vous vous joindrez aux Français généreux qui, en reconnaissant mes droits, assureront pour jamais le triomphe des libertés publiques sans lesquelles il n’y a ni paix, ni sécurité, no bonheur pour notre malheureux pays»… Voir la reproduction 16 [Famille d’ORLÉANS]. 8 L.A.S. ou L.S., la plupart adressées à Amédée Girod de l’Ain. 150/200 •Louis-PhilippE (1832), •MariE-AméliE (2, 1832-1864, plus 6 lettres la concernant), •Ferdinand-Philippe duc d’Orléans (2, 1830-1832), •Henri duc d’AumalE (2, 1846-1848), •Philippe comte de Paris (1885). 17 [PAIRS DE FRANCE]. Environ 115 lettres, la plupart L.A.S., 1814-1845, à Amédée Girod de l’Ain (quelques minutes de réponse jointes). 300/500 •Abrial, •AligrE, d’Argout (3), •Aubusson de La FEuillaDE, •Aumont, •AymarD, •BarantE (2), •Barbé Marbois, •BarthE (3), •BastarD d’Estang (2), •BérEngEr, •BErtin de Vaux, •BonDy, •BrigoDE, •Cassini, •CastriEs, •CorDouë, •Daru, •Daunant, •Daunou, •DEcazEs (3), DuchatEl (2), •Dumas, •Dupin aîné (4), •FabViEr (2), •FréVillE, •Fulchiron, •GéranDo (2), •GilbErt de Voisins, •HaubErsart, •Hautpoul, •Humann (3), •JacquEminot (2), •JaubErt, •Kératry (8), •LacuéE de CEssac, •Lainé, •LaplagnE-Barris, LariboisièrE, •La RochEfoucaulD, •Lauriston, •Louis (2), •Lusignan, •MaillarD, •MalEVillE, •MarEt de Bassano, •Mérilhou (4), •MolliEn, •MontalEmbErt, •MontaliVEt (3), •MontEbEllo (3), •MontEsquiou, •MontlosiEr, •MouniEr, •NEigrE, •ODiEr, •OrVilliErs, •PaJol, •PasquiEr, •Passy, •PElEt de La LozèrE (3), •PErsil, •PlaisancE, •Portalis, •RambutEau, •Roy, •RulhièrE, •Saint-Aignan (2), •SchonEn, •Schramm, •SéguiEr (2), •Ségur, •Siméon (3), TEstE (2), •ThénarD (2), •TirlEt, •TripiEr, •TupiniEr. 15
8 18 [POLITIQUE]. 105 lettres, la plupart L.A.S. adressées à Amédée Girod de l’Ain, XIXe siècle. 300/500 • Argenson (2), • Audry de Puyraveau, • O. Barrot, • Baude (2), • Bavoux (3), • Bérard (5), • Berryer (3), • Berville, •Brun (2), •Capelle (3), • Chevreau, • Comte, • Cormenin (4), • Courvoisier (2), • CuninGridaine (3), • David, • Dechamps, • Demarçay (4), • Drouyn de Lhuys, • S. Dumon (3), •Ch. Dupin (2), • Dupin jeune, • Dupont de l’Eure (7), • Flocon (2), • Fonfrède, • Fresneau, • Ganneron, • Garnier-Pagès, • Gisquet (3), Glais-Bizoin, • Guizot (13), •Heeckeren, • La Valette, • Madier de Montjau, • Manuel, • Martignac, • Martin du Nord, • Méchin, • A. de Noailles, • C. Périer (5), • Pons de l’Hérault (3), • Rigny (2), • Salverte (2), • Subervie, • Teisserenc de Bort, • Thiard, • Thiers, • Vatimesnil (3), • Vuitry. 19 [SCIENCES & MÉDECINE]. 16 lettres, la plupart L.A.S. adressées à Amédée Girod de l’Ain. 300/500 •François Arago (4), •Antoine Becquerel (2), • L. A. Bosc d’Antic (2, plus carte d’entrée signée d’entrée au Muséum), •Auguste-François Chomel (consultation cosignée par Gueneau de Mussy), •René Desfontaines, •Mathieu de Dombasle, •François-Joseph Double, •Henri Milne-Edwards, •C.F. de Mirbel, • Mathieu Orfila, •Armand Seguin. 20 Famille de STAËL. 15 L.A.S. adressées à Amédée Girod de l’Ain. 400/500 •Auguste de Staël (4, 1819-1826), •baronne Auguste de Staël (Coppet 1832), •Albertine de Staël duchesse de Broglie (4, 1828-1830), • Victor duc de Broglie (6, vers 1820-1832). 21 [SUISSE]. 7 L.A.S. adressées à Amédée Girod de l’Ain (avec 2 minutes de réponse). 300/600 •Hortense de Budé (Mont-Riant, •Grand-Saconnex, 1838), •Jacob Frédéric Lullin de Châteauvieux (Choulli 1816, évoquant la mort de son père), • Elisabeth Lullin de Châteauvieux née Fabri (Genève 1822, annonçant le mariage de sa fille avec Édouard Naville), • Camille Pictet (Genève 1828), •Jean-Marc PictetDiodati (Genève), •Jean-Jacques de Sellon (la Fenêtre près Genève 1828, au sujet de ses Lettres et discours en faveur de l’inviolabilité de ma vie de l’homme), • Jean-Charles Léonard Simonde de Sismondi (Paris 1832). 22 Pierre-Henri VALENCIENNES (1750-1819). L.A.S., Paris 30 août 1818, à Madame Girod de l’Ain à Valognes ; 3 pages in-4°, adresse. 300/500 Conseils du peintre à de jeunes élèves. Remarques sur les dessins envoyés par sa correspondante et sa sœur Léontine à leur « maître et ami », dont il est très content ; ainsi : « l’étude que vous aves faite de la fenetre de notre maman, et très bien pour le faire, mais elle est un peu triste, et cest bien heureux quil se trouve un vernis du Japon qui rechauffe le site, mais qui paroit un peu rouge, parce qu’il est tout seul et que l’on en desireroit, au moins un autre dans le païs quand même il ni en auroit pas. Le numero 4 est très bien fait, et pour le site, et pour la couleur, et pour le faire »… Etc. JOINT : 5 lettres par •Jules Coignet (2), •Théodore Gudin, •François-Joseph Heim, • Ary Scheffer.
9 C O rresP O N D A N C es D ’ A rT isT es ( l o t s 23 à 5 1) C O rresP O N D A N C eeU G È N e B O U D iN 1 à 12 23 Eugène BOUDIN (1824-1898). L.A.S., Paris 22 janvier 1857, à M. Mangin; 2 pages in-8°. 300/500 Il lui envoie enfin «les deux panneaux de bois tant de fois promis. Je désire que votre attente ne soit pas trompée quant à la qualité. La marine, qui est ma dernière étude de la saison, vous semblera peut-être simple – C’est une plage de Ste Adresse par un temps un peu nuageux. Or vous voyez que sur cette plage, il n’y a guère qu’un petit bateau, des chevaux qui transportent du caillou ou de la glaise, des riens. Pour le paysage, j’aurais voulu vous choisir une toile plus forte, plus colorée, mais je n’avais cela que dans des grandes dimensions. J’ai dû me tenir à cette petite saulaie dans laquelle l’effet est trop diffus, trop faible – vous serez indulgent»… Si toutefois cela ne lui convenait pas, il l’échangera volontiers… «Si par hasard il se trouvait parmi les personnes de votre connaissance quelques amateurs qui voudraient quelques petits essais de marines, j’en ai des études très simples que je finirais bien volontiers. – Ce sont les seuls essais que je désire produire à Paris où peu de peintres font ce genre – Car pour les paysages je n’apporterais rien d’assez fort pour réussir parmi tant d’habiles peintres. J’ai envoyé dernièrement huit natures de marine à Paris, mais j’ai mis cela dans de si piètres mains que je les crois très compromises comme succès»… Voir la reproduction 24 Eugène BOUDIN (1824-1898). L.A.S., Quimper 14 septembre 1857, à ses parents; 3 pages 24 demie in-8° (mouillures). 300/400 VoyagE EnbrEtagnE. Il est heureux de savoir tout le monde en bonne santé. Quant à lui, il se porte bien «malgré de copieuses averses, des courses à pied ou en charrette à travers le pays; le souci continuel de trouver du nouveau, d’assister à tous les pardons, concours, noces & autres cérémonies habillées, de me caser tous ces détails dans la tête afin d’en tirer parti pour ma peinture»… Après d’insupportables chaleurs, il est victime du mauvais temps, mais ne se décourage pas. Il avait commencé des vues de Quimper, dont une commandée par un riche Anglais des environs, qui s’est depuis envolé, et qui lui avait fait une avance qu’il avait dépensée en collectionnant de beaux «costumes précieux du pays», mais il lui en faut encore plus, «sans cela je ne puis rien faire de complet». Or s’il ne «tire pas le canon d’assistance, comme dit papa, je vais me trouver assez embarrassé». Il demande à sa mère de lui expédier de l’argent afin de pouvoir rentrer au Havre: «je suis pressé de retourner à l’atelier achever & vendre mes bretonneries ébauchées, ce qui vaudra mieux ce qui vaudra mieux que de rester ici à attendre le résultat de méchantes peintures»… Il partira dès réception de la réponse afin d’être au Havre à la fin du mois, donne les prix du gibier sur les marchés, et embrasse tout le monde… Voir la reproduction
10 25 Eugène BOUDIN (1824-1898). L.A.S. «E. Bou», Honfleur 20 janvier 1862, au peintre Constant Troyon; 2 pages in-8°. 300/500 Demande d’emploi pour faire face à ses difficultés financières. Boudin s’inquiète de la santé de son correspondant qu’il regrette de ne pas avoir vu l’été passé: «Les bords de la mer ne conviendraient donc point à votre tempérament ?»… Il se plaint «de notre infortune au milieu de concitoyens si indifférents», et lui fait part de son besoin d’aller à Paris: «Je désirerais bien vivement passer encore cette année quelques mois à Paris afin de ne pas perdre le peu de relations que je m’y suis créées l’an passé, mais tout le monde s’accorde à me faire un tableau si sombre de la situation que j’hésite à partir malgré l’état précaire de nos pauvres affaires ici». Il demande à Troyon s’il n’aurait pas quelques travaux qui lui permettraient «de m’employer à vous préparer quelques ébauches[…], cette perspective d’un travail assuré pour quelques temps pourrait me permettre de chercher à me créer quelque autre ressource[…] si toutefois vous avez l’emploi de mes bras pour un travail quelconque»… Il le remercie avec effusion de son entremise auprès de M. Marade qu’il le prie de remercier «d’avoir saisi avec tant d’empressement l’occasion de m’être agréable»… Voir la reproduction page 9 26 Eugène BOUDIN (1824-1898). L.A.S. «E. B», Paris 11 février 1866, à son frère Louis; 4 pages in-8° (quelques légères taches et petite fente). 500/800 Sur le suicide du peintre Léon Bonvin (30 janvier 1866). Eugène s’empresse d’abord de rassurer Louis «sur mon état de santé physique et moral», et il raconte comment Léon Bonvin «frère de François Bonvin que l’on compare à Chardin (ce qui ne l’a pas empêché de recourir à une maigre place de percepteur au marché de Poissy), a pris la funeste résolution de se détruire pour échapper aux ennuis de quelques centaines de francs de dettes criardes. Il était établi cabaretier à Meudon. Tourmenté du besoin de sonder la nature il aura bien un peu négligé la chopine & la cave pour courir au soleil voir épanouir ces petites fleurs qu’il s’était mises à peindre avec un amour naïf et une passion bien mal récompensés !! Mais à qui s’en prendre de ces trop fréquents malheurs ? Tandis que ce malheureux frappait à toutes les portes son carton sous le bras et ne trouvait que déboires, on portait chez la mère Troyon plus d’un demi-million dont elle n’a que faire»… [On venait en effet de vendre à Drouot l’atelier de Troyon pour une somme considérable]. Boudin ne pense pas que ce soit pour la mémoire du mort, mais que l’acheteur est persuadé de faire une bonne affaire: «C’est cet exemple de gains imprévus qui a fait de la Salle Drouot une espèce de bourse» qui donne le ton pour quelques noms, à l’exclusion des autres: «En effet il faut être certain qu’un monsieur dont le début promet arrivera à l’apogée des noms pour en entasser chez soi. Cette foi est lente à venir, c’est pourquoi nous autres petits qui végétons dans l’ombre des grands nous servons de pis-aller aux amateurs de province ou à quelques pauvres curieux qui se hasardent jusqu’au billet de cent… Quant à notre constitution morale, je suis persuadé qu’elle est assez bonne, le passé le prouve du reste, et si nous n’étions pas soutenus par une très vive tendresse pour ces riens éternels, le ciel, l’eau, les bois, le spectacle du monde devant lequel tant de malheureux sont passés et passeront éternellement sans rien voir, nous aurions sauté probablement[…] C’est à croire que ce pauvre Bonvin n’aura pas vu, le jour funeste où il s’est tué[…] le vaporeux fouillis des branches qui bourgeonnent déjà»… On met en place une loterie au profit de la veuve de Bonvin et de ses enfants… «Nous nous occupons tous assez activement de notre Salon. Nous profitons du temps d’arrêt occasionné par la vente Troyon qui a nettoyé le gousset des amateurs et arrêté net le commerce dans les boutiques. Pour nous surtout qui ne vivons que des marchands cela nous coupe l’herbe de dessous le pied»… Etc. Voir la reproduction page 9 27 Eugène BOUDIN (1824-1898). L.A.S., Paris 6 mai 1866, à son frère Louis; 3 pages et quart in-8°. 300/500 Ces derniers temps lui ont apporté une prospérité relative: «Nous avons vu s’ouvrir quelques portes de marchands qui étaient restées closes pour nous jusqu’à ce jour; le suffrage de quelques-uns de nos collègues qui ont vanté mes essais n’y ont pas peu contribué. Enfin le Salon dont on ne dit pas trop de mal, tout cela pourrait nous faire monter d’un bon cran. Mais je crains beaucoup que ces bruits de guerre ne viennent entraver tout cela[…] Le Salon je ne l’ai pas encore visité et je ne sais si j’aurai l’honneur d’être cité par Messieurs du Journal.[…] Courbet a du succès cette année. On en cite encore d’autres nouveaux venus qui ont déjà vendu & cher»… Quelques journalistes s’intéressent à lui: Chesnais du Constitutionnel, qu’il a convié à venir voir ses études, Delveau du Figaro, etc. Voir la reproduction page 9
11 28 Eugène BOUDIN (1824-1898). L.A.S. «E.B.», Paris 26 février 1867, à son frère Louis; 4 pages in-8°. 300/600 Intéressante lettre sur la préparation du Salon de l’Exposition Universelle de 1867, dont furent exclus de nombreux peintres, notamment Monet. Il n’a pu s’arracher «de cet affreux cauchemar que me donne tout éveillé la préoccupation et l’absorption de ce maudit salon. Depuis un mois et plus je consacre un temps précieux à ce travail je me suis fait un mauvais sang impossible à dire – une espèce de déraison dans la recherche, un cherché trop loin qui m’a fait gâter tout ce que j’ai touché. Enfin depuis plusieurs jours je me suis mis à refaire sur de nouveaux frais mes tableaux manqués & j’en ai à peu près sorti deux de ce massacre insensé, mais ce n’est ni sans peine, ni sans anxiété. C’est que ce Salon est une question vitale pour nous autres qui commençons à attirer l’attention des amateurs. Il est présumable qu’une abstention ou un insuccès nous seraient très préjudiciables»… Il regrette le temps perdu en essais infructueux. «On se plaint en général beaucoup surtout chez nos marchands. Il y a une sorte d’attente qui n’est pas réjouissante pour ceux qui sont pressés. Malgré cela il faut se mettre ne mesure de satisfaire l’étranger qui est attendu ici le mois prochain»… Il semble que Courbet n’ait pas bien réussi ses ventes, «c’est assez triste»… Au quotidien, rien de particulier: «Marianne lave, cuisine, coud, fait du feu, moi attaché à mon chevalet je m’évertue à bien faire & ne réussis pas toujours»… Il reprend sa lettre dix jours plus tard, car il a été totalement happé par le Salon, et y joint un mandat; il évoque encore ses difficultés matérielles, se plaint de son abrutissement, etc. Voir la reproduction page 9 29 Eugène BOUDIN (1824-1898). L.A.S., [Paris] 20 mai 1867, à son frère Louis; 4 pages in-8°. 300/500 Il est tellement occupé qu’il ne voit pas le temps passer; il voulait envoyer un mandat mais se plaint d’avoir les plus mauvais clients possibles, qui lui doivent des sommes importantes, qu’ils ne peuvent absolument pas toucher. Ils ont toutes les peines du monde à se faire payer malgré l’Exposition… «En fait de choses d’art je ne puis que te répéter que j’ai eu les honneurs d’un ballotage pour la médaille qui m’échappe cette année encore. Je le regrette au point de vue de la vogue si difficile à conquérir quoiqu’on fasse. Malgré tout l’attrait qu’offre Paris en ce moment nous nous occupons tout doucement à le quitter». Il fait très chaud et «Paris est encombré de monde – les affaires reprennent dit-on – Pour nous, nous n’avons pas fait de profit que l’augmentation des cotelettes[…] Nous allons aussi bien que possible pour le moment, moi et Marianne et nous commençons à jeter un regard vers l’ouest»… Voir la reproduction page 9 30 Eugène BOUDIN (1824-1898). L.A.S., Paris 25 mai 1867, à son frère Louis; 3 pages in-8°. 300/500 Il est très préoccupé «par le côté absorbant du métier qui consiste à chercher un mieux constant qu’on a bien du mal à trouver à cause peut-être du désir ardent et de la persistance qu’on met à le poursuivre». Sa santé va à peu près bien, mais «la patronne» est toujours malade». Ils ont ainsi repoussé leur départ pour la Bretagne, d’autant qu’il a du retard dans ses travaux: «il faut que j’achève différentes choses qui sont en train»… Son frère, qui désire créer un journal, lui a commandé une gravure sur bois qu’il n’a pas encore commencée. Mais ce projet l’inquiète: «Mon idée est que vous ne tiendrez pas longtemps et que c’est une entreprise hasardeuse qui n’est pas viable[…] en admettant que vous trouviez quelques abonnements, vous arriverez peut-être à couvrir une partie de vos frais d’impression et vous vous endetterez à chaque tirage. De plus vous prenez le titre de populaire qui veut s’adresser au plus grand nombre; or le populaire se f…. de la littérature; il lui faut du ronflant ou du gros sel, or votre feuille est plutôt une feuille littéraire que critique – et la critique en province est bien peu lue»…. Il ne voudrait pas que Louis s’embarque «dans une affaire sans gloire ni profit». S’il est malgré tout décidé, il recommande de changer le titre, qui n’est vraiment pas bon. «Je suis tout prêt à te faire un bois que je donnerai à graver[…] il me faudrait un petit bout de photographie des phares afin de les indiquer sur le sommet de la falaise.[…] Les nouvelles d’art vont te faire défaut. Je ne sais quoi te dire & mon indifférence est telle que je n’ai pas encore visité l’Exposition quoiqu’elle touche bientôt à sa fin»… Voir la reproduction page 9
12 31 Eugène BOUDIN (1824-1898). L.A.S., Deauville 30 juillet 1895, à son frère Louis; 2 pages in-8°. 200/400 Il lui envoie un billet de 100 francs. «Pour moi je suis fort occupé à cause d’une exposition qui se fait à Trouville et d’ailleurs je n’ai pas une minute à perdre: aussitôt que le vent devient un peu maniable je me hâte de courir aux marines»… Depuis leur retour en Normandie, le temps a été bien peu favorable; «mais peut-être désirez-vous un peu de pluie pour votre jardin». Y a-t-il des voiliers au Havre ? «Plus un seul à Trouville. Ce ne sera bientôt plus qu’un souvenir le voilier !»… Voir la reproduction page 9 32 Eugène BOUDIN (1824-1898). L.A.S., [Deauville] 30 septembre 1897, à son frère Louis; 3 pages in-8°. 300/500 Ils étaient à Honfleur depuis quelques jours, mais il a dû rentrer à Deauville «pour t’envoyer ton mois et celui de notre sœur», et va retourner à Honfleur où il a laissé ses bagages, «croyant être favorisés de quelques jours de beau temps. «J’ai été pincé par quelques collants entre autres par Soudan [Jehan Soudan de Pierrefitte]. Pour m’en débarrasser j’ai dû lui donner ton adresse et il t’écrira[…] pour te demander quelques souvenirs de Honfleur si tu en as mis sur le papier. Il se propose de préparer un volume pour une conférence qui doit se tenir l’été prochain à Honfleur.[…] Pour moi ça n’a aucun intérêt ces machines-là quoiqu’on me mette en évidence ce à quoi je ne tiens nullement.[…] nous irions assez bien, mais je suis extrêmement fatigué et ce travail, par ces temps variables, me devient par trop fatiguant car je suis perclus de douleurs. Je fais quelques études à Honfleur, le marché, le port, mais la navigation est appauvrie comme partout». Il charge Louis de porter à leur sœur Désirée son billet de 100 francs, et les embrasse tous… Il lui enverra le recueil de M. Bréard «sur les vieux marins Honfleurais»… Voir la reproduction page 9 33 Eugène BOUDIN (1824-1898). L.A.S., Pont-Aven 28 mai 1897, à son frère Louis; 3 pages in-8°. 300/500 Visite de la Vendée et de la Bretagne. Il lui écrit du «fond de la Bretagne», de Pont-Aven, et jusqu’à présent la météo n’a pas facilité leur voyage: après quelques jours de beau temps, ce n’est que bourrasques, vent et pluie… Ils ont visité «les plages du pays en passant par Nantes et St-Nazaire, pays assez insignifiants du côté pittoresque, et qui m’ont fait regretter notre Havre. Quand aux autres plages, les îles etc comme Belle-Île, Quiberon, Le Croisic[…] ça ne vaut pas nos côtes normandes malgré les on dit des visiteurs et la rude écorce de granit au sol»… Ils pensent ensuite aller à Concarneau «mais que tout cela est fatigant surtout lorsqu’il faut trainer un lourd bagage[…] nous n’en pouvons plus et je crois que nous ne rapporterons pas de quoi payer nos dépenses». Son lumbago le fait horriblement souffrir, et le temps humide n’arrange rien. «Enfin nous faisons une sorte d’escale ici car nous sommes à deux lieues de la mer quoique le petit port ici près renferme un certain nombre de lougres caboteurs»… Sa femme Juliette leur envoie ses amitiés et «elle partage mon dévouement car il en faut pour aller aussi à la découverte du pittoresque nouveau – Oh les voyages, quelle corvée mes enfants !…» Voir la reproduction page 9
13 34 [Eugène BOUDIN]. J. VALLS, collectionneur, un des premiers acheteurs de Boudin. L.A.S., Paris 13 mai 1855, à Eugène Boudin; 4 pages in-8°. 300/600 Très intéressante lettre du collectionneur, qui commence par bousculer Boudin pour son retard: «Il y a juste un mois[…] que je vous ai demandé le tableau de poissons; vous n’avez pas encore votre toile. À l’empressement que vous apportez, votre œuvre n’est pas près de se terminer.[…] laissons ce sujet sur lequel je me monte si facilement jusqu’à la colère, plus à cause de vous, qui arriveriez si facilement jusqu’à la célébrité si vous vouliez profiter de votre jeunesse et déployer quelque énergie, qu’à cause de moi qui n’aurai jamais d’autre mérite que celui d’avoir su vous apprécier»… Il s’inquiète du marché de l’art: «La peinture de l’école moderne gagne chaque jour des adhérents, les amateurs passionnés pullulent, les prix ont presque triplé pour certains artistes que nous aimons, ils s’enrichissent de gloire et d’argent. Malgré la guerre et le malaise général on couvre leurs toiles de pièces d’or. Quelques amateurs, qui ont été assez heureux pour acheter il y a quelques années, profitent des hauts prix et vendent leurs collections». Il a assisté hier à la vente de la collection du «riche juif» Halphen, où il n’a pu acheter que deux toiles: un tigre de Delacroix et une esquisse de Diaz. Il commente certains des tableaux présentés, et donne les enchères, qu’il trouve très élevées: Rousseau, Jules Dupré, Guillemin, Millet «toujours ignoble dans ses sujets, une affreuse fille cherchant des puces dans des draps en carton-pâte», Rosa Bonheur, Corot, Diaz, 10 «misérables petits bonhommes de Meissonnier», 5 Troyon qui «a triplé de valeur», etc. Il n’avait pas prévu d’acheter, mai au vu de l’envol des prix il a eu peur «de ne jamais réaliser mon désir d’avoir un spécimen de chacun de nos grands maîtres, si je n’achetais pas maintenant»… Il part chez Paul Barroilhet, qui veut lui acheter son grand Rousseau: «Comme ce tableau ne m’a jamais beaucoup plu, il est probable que je vais le lui lâcher». Une heure plus tard, de retour de chez Barroilhet qui lui acheté le tableau, il s’empresse de demander à Boudin de s’occuper immédiatement du transport: aller chez lui prendre les mesures du tableau, obtenir une caisse pour le transport, le protéger et l’emballer selon ses instructions (croquis à l’appui), car il veut que le colis quitte Paris demain: «Si je prends la liberté de vous donner cet ennui, c’est que je tiens à ce que l’emballage soit bien soigné, que mon tableau ne courre aucun risque d’être crevé ou la bordure endommagée»… Il lui demande enfin son opinion sur ce grand Rousseau: a-t-il raison de le vendre ? Il ajoute: «Ne dites à personne que j’achète des tableaux, cela me ferait beaucoup de mal». JOINT : une L.A. (la fin manque) d’Eugène Boudin (1 p. in-8). Il est résolu à abandonner la carrière artistique. Au moment de prendre une «résolution héroïque», il s’adresse à lui, auquel il doit «en partie le court moment de succès dont j’ai joui dans cette bonne ville du Havre». Il a tout fait pour mériter sa réputation, mais les amateurs sont blasés, il n’arrive plus à vendre assez pour vivre: «Il faut abandonner cette carrière dans la lutte que nous avons à soutenir contre la misère et les difficultés; c’est vraiment trop lourd», surtout en étant privé de ressources et d’appuis: «cette année c’est vraiment une année néfaste pour nous». Toutes ses maigres économies sont parties sou à sou: «Aujourd’hui tout est épuisé et ne voulant absolument pas continuer une carrière si ardue, j’ai recours à vous pour vous demander si je ne serais pas en état de remplir un emploi quelconque». Voir la reproduction page 9 35 Antoine BOURDELLE (1861-1929). L.A.S. (incomplète), Paris 15 juin 1909, à Maurice Fenaille ; 1 page in-12 à l’encre violette avec signature au verso (manque le 2e feuillet, bords un peu effrangés). 100/120 Il lui transmet des revues avec des reproductions de ses œuvres : « vous pourrez tenir peut-être à vous rendre compte par elles où j’en suis de mes travaux ». Il est rentré depuis quelque temps. Au dos, signature et son adresse : « Emile Antoine Bourdelle Impasse du Maine 16 Paris ».
14 36 Mary CASSATT (1841-1926). 9 L.A.S., [vers 1882-1893], à Camille Pissarro; 21 pages in-8° et 2 pages in-12; en anglais. 3 000/5 000 Belle correspondance de Mary Cassatt à Pissarro. Château de Bachivillers [été 1882 ?]. Ils sont presque voisins, car elle séjourne dans ce château à 6 km de Chaumont: elle espère qu’il viendra les voir et passer la nuit. Elle s’intéresse à l’exposition de Londres, mais craint qu’il n’y ait pas beaucoup d’encouragements pour eux à Londres. Les Durand-Ruel ont envoyé un portfolio de ses travaux à Dowdeswell, mais elle n’a aucun retour. Elle espère exposer à New-York à l’automne, et si cela se fait elle n’aurait rien à envoyer à Londres… Arrivée depuis deux jours elle n’a pas commencé à peindre, mais elle va s’y mettre, bien qu’elle craigne de ne pas pouvoir trouver de modèles. Son père est souffrant… –13 avenue Trudaine. Elle lui a télégraphié à propos de la maison de campagne à Auvers, car ils ont dû abandonner celle de Marly à cause de son affreuse propriétaire qui s’est outrageusement comportée à leur égard. Ils se retrouvent sans rien, et elle s’excuse de l’importuner à ce propos… – Ils ont finalement loué la maison à côté du “Cœur Volant”… – Sunday. Elle demande à Pissarro de bien vouloir recevoir une amie de Florence, qui vient la consulter à propos de ses études d’art et est une grande admiratrice de Pissarro, pour lui donner son avis et ses conseils. Son père est très malade et elle craint le pire… 10 rue de Marignan 27 novembre [1889 ?]. Après un plaisant été à Septeuil, elle s’est remise au travail, bien qu’elle n’ait pas de nouvelles d’une exposition. Elle dessine et se dit fort contente de sa presse à imprimer qu’elle trouve très pratique et très agréable: «One ought to print all one’s own plates, only it is too hard work !»… Elle a dit à Durand-Ruel de montrer à des connaissances à New York les dessins de Pissarro: «Durand-Ruel is doing very well in America». Elle a refusé de contribuer à la souscription pour Manet, car Eugène Manet [le frère] l’a assuré que cette souscription avait été ouverte pour empêcher le tableau, qu’un Américain convoitait, de quitter la France… Il est grand temps de refaire une exposition… Tuesday. Elle le remercie d’accepter si gentiment de rencontrer Miss Fahi, une jeune américaine qui viendra le visiter jeudi, et qu’elle accompagnera si elle le peut… Elle se réjouit de savoir que ses yeux vont mieux. –Thursday [1891 ?]. Elle lui demande s’il accepterait de prendre des élèves et si ceux-ci pourraient être logés à Éragny. Combien demanderait-il pour ces leçons ou plutôt ces «conseils» ?… Bachivillers 17 juin [1892]. Pissarro est en Angleterre; quant à elle, après Florence, elle séjourne à Bachivillers pour les prochains mois. Elle a été engagée [avec la peintre Mary MacMonnies] pour exécuter une superbe décoration pour un des immeubles à Chicago pour la World Fair. Degas est hors de lui à l’idée que des femmes soient employées pour un tel travail: «he has handed me over to destruction» !… Elle espère que l’an prochain ils reprendront leur combat contre les graveurs (etchers)… Mme Manet [Berthe Morisot] expose ses peintures chez Boussod et Valladon, une très charmante collection… Etc. JOINT : une L.A.S. de Mme Cassatt mère, invitation pour le «breakfast» à Bachivillers [1892]. Provenance: Archives de Camille Pissarro (vente 21 novembre 1975, n° 9). Voir la reproduction
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16 37 Edgar DEGAS (1834-1917). L.A.S. avec dessin, [1883 ?], à Camille Pissarro; 7 pages in-8° (une page un peu salie). 3 000/4 000 Longue et très belle lettre de conseils techniques sur la gravure à son «cher Pissarro» qui travaille à ses Impressions gravées… et pour leur projet de revue Le Jour et la Nuit, en association avec Mary Cassatt, Félix Bracquemond, etc. Degas félicite Pissarro de son ardeur: «j’ai couru chez Mlle Cassatt avec votre paquet. Elle vous fait les mêmes compliments que moi à ce sujet. Voici les épreuves La teinte générale noirâtre, grisâtre plutôt, vient de l’imprimeur. La plaque n’est pas assez plane». Il faudrait quelque chose de plus lisse… Degas souligne «combien le procédé a de ressources». Il conseille à Pissarro de s’exercer «à poser des grains pour avoir par exemple un ciel uni, égal et fin. C’est très difficile, si on en croit Maître Bracquemond. En ne voulant faire que des gravures d’art original, c’est peut-être assez facile». Degas indique le moyen: une plaque bien lisse, bien dégraissée au blanc d’Espagne; puis il faut verser l’alcool dissout dans la résine, «à la façon des photographes lorsqu’ils versent le collodion sur leur glace. Ayez soin[…] de bien égoutter la plaque en la penchant) [dessin]. Ce liquide s’évapore et laisse donc la plaque couverte d’une couche plus ou moins épaisse de résine, en petits grains. En faisant mordre, vous avez un dessin». Il indique comment obtenir des teintes plus claires ou plus foncées, des teintes égales plus unifiées «avec l’estompe ou le doigt[…] sur le papier qui couvre le vernis noir. Votre vernis noir me semble un peu trop gras. Vous avez mis trop de graisse ou de suif. Avec quoi avez-vous noirci votre vernis, pour avoir ce ton bistré au derrière du dessin ? c’est très joli. Essayez quelque chose de plus grand, avec une meilleure planche. Pour la couleur, je vous ferai tirer avec une encre de couleur votre prochain envoi. J’ai aussi d’autres idées pour les planches en couleur[…] Ce serait ravissant de voir des contours de champ très suivis. Pensez qu’il faut débuter par une ou deux très, très belles planches de vous. Je vais m’y mettre ces jours-ci à mon tour. – Caillebotte fait de ses fenêtres des refuges du Boulevard Haussmann, m’a -t-on dit.»… Il encourage Pissarro à poursuivre les expérimentations à Pontoise, en lui indiquant encore des techniques: «Il y aurait-là à faire de jolis essais d’impressions originales et curieuses en couleur. Travaillez un peu ça si vous pouvez – je vous enverrai bientôt les essais de moi de ce genre – ce serait économique et nouveau.[…] Pas besoin de vous complimenter sur la qualité d’art de vos potagers. Seulement, dès que vous vous sentirez un peu habitué, essayez en plus grand et des choses plus faites»… Provenance: Archives de Camille Pissarro (vente 21 novembre 1975, n° 19). Voir la reproduction
17 38 Paul GAUGUIN (1848-1903). L.A.S., [début mai 1883], à Camille Pissarro; 2 pages et demie petit in-8° remplies d’une petite écriture (légère déchirure). 4 000/6 000 Quelques jours après l’enterrement de Manet. Il a appris qu’il y avait eu une souscription à laquelle tous ont participé, «pour envoyer une couronne à l’enterrement de Manet, vous me direz ce que je vous dois. J’ai si peu de temps à moi pour travailler que je n’ai pas voulu sacrifier le jeudi [3 mai, date de l’enterrement], et j’ai été travailler à Chaville». De plus il ne voulait pas affronter la foule des curieux: «beaucoup de ses détracteurs durant son vivant ont été pour se faire voir, croyant augmenter leur célébrité et voulant se faire citer par les journaux.[…] Manet avait endossé l’uniforme de chef, maintenant qu’il est mort Degas va lui succéder, et c’est un impressionniste qui dessine ! Boudin, à ce même point de vue, doit être considéré comme des premiers, son dessin était plus écrit et dégagé de mystère»… Quant à l’exposition de Londres [la 1ère exposition impressionniste de Londres, Dowdeswell Galery, 1883, Drawings, paintings, and pastels by members of La Société des Impressionistes, organisée par Durand-Ruel], il pense que Durand-Ruel se trompe: «La même erreur a été commise, lorsqu’on voulait faire des expositions où la moitié n’était pas impressionniste. Si vous mettez Cézanne à côté d’un peintre tranquille faisant ce qui est connu, Cézanne sera rigolo. Si, au contraire, vous êtes groupés, de même nature, l’ensemble forme un principe qui s’impose. Ma femme, en voyant le tableau de Bastien-Lepage, l’a nommé un détournement de mineure. Quelle idylle»… Gauguin tente d’aider Pissarro, qui a fait assurer ses tableaux, à faire annuler cette souscription: «Il faut répondre énergiquement que vous ne voulez pas être assuré pour vos tableaux et que si vous l’aviez fait, c’était pressé par un agent et que, n’entendant rien à ce genre d’affaire, vous aviez la conviction de pouvoir la défaire l’année suivante, après promesse du courtier. Surtout, ne vous laissez pas aller à la faiblesse»… Provenance: Archives de Camille Pissarro (vente 21 novembre 1975, n° 51). Voir la reproduction
18 39 Jules CHÉRET (1836-1932). 6 L.A.S., Nice et Paris 1899-1914, à Maurice Fenaille ; 15 pages in-12 ou in-8°. 800/1 000 Au sujet de ses décorations pour la villa de Fenaille à Neuilly. Nice 16 janvier 1899. Il s’est débarrassé de ses rhumatismes « en faisant des armes et de la bicyclette. J’ai obtenu par ces exercices une sudation qui a éliminé le mal ». Il conseille à Fenaille de s’adresser à son maître d’armes qui le massera… « Notre décoration marche ». – 22 mars, il recevra Fenaille à son atelier ; il a terminé le deuxième côté de la décoration : « le troisième est en train »… – 19 avril. Il est heureux que Fenaille entre en relations avec son ami Bourdelle, qui prendra « connaissance de nos décorations. Je suis certain qu’il les exécutera avec beaucoup de talent dans le goût que nous désirons ». Il aimerait que la cheminée soit modelée par lui. « Je continue à trav ailler ferme à vos panneaux et je pense aussi à la décoration du salon dont M. Lepage m’a adressé les plans »… Paris 26 juin 1902. Il va partir pour la Bretagne, mais attend la visite de Fenaille à son atelier « pour causer de nos travaux […] Vous avez dû recevoir pour une publication d’art l’autorisation de reproduire notre salle à manger que je considère comme un de mes meilleurs ouvrages ». Nice 7 février 1903. Il a « précisé certains traits de notre tapisserie et éloigné par sa coloration la jambe de la femme au bas de la composition, je ne voyais pas le moyen de continuer le pied qui maintenant se détache bien de la bordure ». Il lui réserve la « petite femme jaune » à 400 F. « J’ai déjà placé sur le chevalet notre déjeuner sur l’herbe »… Nice 12 décembre 1914. Il accuse réception d’un chèque… « Nous sommes toujours anxieusement aux écoutes des nouvelles. Madame Chéret très occupée à la confection de chauds lainages pour ceux-là bas où vont nos pensées et notre cœur à ces chers et braves soldats parmi lesquels ce fils dont vous devez être fier »… 40 Johann Barthold JONGKIND (1819-1891). L.A.S., Nevers 4 octobre 1870, à M. Lavergne ; 4 pages in-8°. 500/700 Guerre de 1870. Il a pu quitter Paris « le dernier jour que le passage était libre de sortir et que toutes les chemins de fer de Nord étaient déjà prise, de façon que je suis parti par le chemin de fer de Bretagne», avec Mme Fesser. Ils sont à Nevers où ils ont quelques amis, mais la ville est extrêmement agitée par les mouvements de troupes et les militaires, et il s’inquiète. Il voudrait se rendre à Bordeaux, d’où il espère embarquer sur un bateau vapeur commercial hollandais ou français pour rejoindre Rotterdam, si la liaison fonctionne et s’ils prennent des passagers. Il est depuis longtemps souffrant, « mais depuis la guerre j’éprouve une grande tristesse de toutes malheur de la France ». Il attend sa réponse le plus tôt possible « si je voudrais partir et que j’aurai les bons renseignements »… Il donne son adresse à Nevers. 41 [Pierre-Firmin MARTIN (1817-1891)]. 5 documents, 1868-1893, et 2 L.A.S. à lui adressées, 1887. 300/500 Intéressant dossier sur le « Père Martin », marchand de tableaux. 17 mai 1868, actes de donation de P.F. Martin à son épouse, et de Mme Martin à son mari. – 14 juillet 1883, acte de décès de Mme Martin, née Victoire-Adèle Davy. – 14 octobre 1891, notoriété après le décès de P.F. Martin (30 septembre 1891). 23 novembre 1893, estimation détaillée du sinistre de Mme Charbuy, après incendie, faite par la compagnie d’assurances La Fraternelle parisienne : inventaire de plus de 200 tableaux, dessins et aquarelles (Boudin, Cals, Courbet, Delacroix, Th. Gautier, Hébert, Jongkind, Lépine, Pissarro, Raffaëlli, Ribot, Vignon, etc.), plus mobilier et bijoux. Plus facture de la restauration de 30 tableaux par A. Grosleau. 20 décembre 1887, 2 L.A.S. par Henri Rouart, et par le marquis de Varennes, témoignages en faveur de Martin, après la saisie d’un faux Corot (plus une enveloppe par A. de La Forge). On joint un lot de fragments d’actes anciens sur parchemin (un sur papier) 42 Henri MARTIN (1860-1943). 4 L.A.S., 1913-1916, à Maurice Fenaille ; 12 pages in-8°. 400/500 3 avril 1913. Il prie Fenaille de bien vouloir prêter « l’esquisse du carton de l’automne » pour une exposition d’art décoratif à Gand… – 28 mai 1914, le musée de Grenoble demande de lui céder « l’esquisse du carton de l’été »… – 29 février 1916. Il sollicite une obole pour la cantine qui donne des repas « à nos pauvres confrères […] Je n’ai pas osé commencer le panneau du “printemps” malgré la liberté que vous m’aviez laissée de choisir dans mes 3 esquisses »… Son fils a été au front puis « a traîné toute une année dans les hôpitaux »… – Samedi, au sujet d’un tableau pour le musée de Lyon.
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