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RESULTATS DROUOT RICHELIEU - PARIS. LUNDI 16 JUIN 2003

PIERRE BERGÉ & ASSOCIÉS

TRES BEAUX LIVRES ANCIENS & MODERNES

MANUSCRITS & AUTOGRAPHES

***

PIERRE BERGÉ & ASSOCIÉS

Éric Buffetaud - Frédéric Chambre

Antoine Godeau - Raymond de Nicolay

12, rue Drouot - 75009 PARIS

Tél. 33 (0) 1 47 70 90 90

Fax. 33 (0) 1 47 70 90 01

EXPERT : Dominique COURVOISIER

Libraire-Expert de la Bibliothèque nationale de France

Librairie Giraud-Badin.

22, rue Guynemer - 75006 - PARIS

Tél. 33 (0) 1 45 48 30 58 - Fax. 33 (0) 1 45 48 44 00

e-mail : giraud-badin@wanadoo.fr

 

 

 

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AUTOGRAPHES 
LIVRES ANCIENS & MODERNES - MANUSCRITS

Les résultats sont donnés en euros. / The results are given in euros.

AUTOGRAPHES & MANUSCRITS

1 - BARBEY D'AUREVILLY (Jules). Premier Memorandum [1836]. Manuscrit autographe, 350 pages environ. In-8, veau glacé, triple filet en encadrement, dos lisse à filets et motifs dorés (Reliure de l'époque).

IMPORTANT MANUSCRIT AUTOGRAPHE ECRIT A L'AGE DE DIX-HUIT- VINGT ANS, TITRE : "STRANGE BOOK!".

Barbey écrira cinq " Memoranda " (1835, 1836, 1838, 1856, 1858) ; celui-ci, qui est daté de 1836, est le journal intime de sa jeunesse, écrit au moment où il traverse une période difficile (rupture avec sa famille, échec sentimental, échec de publication [Paris, Caen, 13 août 1836- 6 avril 1838]).

Le modèle de Barbey est évidemment Byron, dont Moore avait publié, en les arrangeant, Les Mémoires. Mais contrairement à ce que l'on pourrait croire, tenir un journal convient assez peu à Barbey. Il a bien d'avantage besoin, comme le montrent ses lettres à Trébutien, d'un ami à qui " se raconter ". Aussi ne tint-il vraiment un journal qu'à la demande de Maurice de Guérin et sans doute aussi, de sa sœur Eugénie et c'est aussi à Maurice de Guérin que l'on doit le titre de " Strange Book !" écrit sur la première page du manuscrit et qui, selon une lettre de Barbey à Trébutien, serait écrit de sa main : " J'ai deux gros volumes de Mémoranda, écrits pour Guérin qu'ils ravissaient et sur lesquels il a écrit de sa plus profonde rêverie ces deux mots anglais : Strange Book! ", aussi il est souvent question dans ce premier journal, de Maurice de Guérin : " Guérin…va mieux, se marie et revient, trois bonnes nouvelles ! - mon rêve a eu raison. Guérin, comme de juste paraît fort heureux, et moi aussi, parce que je crois qu'il a besoin d'un foyer. Il aura le temps de travailler non pour vivre, mais pour penser ou pour retentir !… ". Un jour, Barbey à table chez Guérin, pris d'un malaise, est conduit dans la chambre de ce dernier, où il découvre le journal d'Eugénie : " il m'a lu divers feuillets du journal de sa sœur. Quelle diction charmante, pleine de traits tellement rêveurs qu'ils semblent profonds ! Quelle distinction d'esprit ! Quelle noble fille ! et que cet esprit est bien femme et que cette âme est bien sœur ! et que cette tendre relation de Guérin et d'elle est bien ce qu'elle doit être…cela est surtout marqué dans le désir ardemment exprimé de voir G…devenir pieux comme elle. Elle n'endoctrine pas, ne prêche pas, elle se rend compte de ce qui est l'obstacle et la supériorité de son frère… Talent qui ne se doute pas de lui-même, naturel, chef d'œuvre de perfection ! ".

Magnifique texte autobiographique, voici pour donner un exemple, comment il campe le portrait de sa belle sœur :

" J'avais laissé cette page en blanc. C'était le portrait le plus fidèle de ma belle-sœur . Toute réflexion faite et pour justifier le but de ce memorandum, il me faut écrire ce que je pense de cette femme. C'est un enfant moins l'âge, chose fâcheuse…un faux semblant de vie, car elle ne connaît de passion que le mot qui l'exprime et qui ne l'a même pas fait rêver. Ses yeux sont mensonges et pièges…On dirait que l'adultère repose endormi au fond de toute cette nuit, nuageuse et sombre…sans rien savoir, sans même rien sentir !- Innocence peu poétique, il est vrai. On vit dans une ville de province, au milieu d'un monde abject, on n'a jamais aimé que son mari (plaisant amour ! mais on ait toujours ce qu'on croit être), les enfants viennent, on ne lit pas, on a été dressée à l'obéissance passive par sa mère, esprit et caractère manqués, on se localise sans effort dans ces malpropretés du ménage que l'on appelle un peu vaniteusement des devoirs… "

En confiant, vers 1850, les Mémoranda à Saint-Victor, Barbey écrira : " Ils vous seront, j'imagine, un grand aliment de songerie. C'est du moins l'effet qu'ils produisaient à Guérin. Il y a là dedans un bouillonnement, une impétuosité d'impressions, une vérité brutale, un je m'en f … ! de la phrase (pardon de ce cynisme, ô délicat indulgent !), lesquels ont et exercent un ascendant véritable sur les esprits qui aiment le vrai, et surtout qui l'aiment quand il est chaud, comme le café…Ce qui me plaît surtout, à moi, c'est que ce n'est pas là de la littérature. "

Saint Victor, les gardera plusieurs années et finira par les lui renvoyer : " Saint Victor m'a enfin rendu mes Memoranda - mes crachoirs d'or, comme il les appelle…Ce sont des fragments de mon moi, des cheveux coupés sur la tête morte et inanimée du passé, une chose finie et frappée du grand caractère d'une chose finie ".

Le texte ne sera publié que d'après la copie qu'en établira son fidèle ami Trébutien ; les auteurs de l'édition de La Pléiade qui connaissaient l'existence de ce manuscrit, puisqu'il avait réapparu, chez le libraire Marc Loliée, n'avaient pu en obtenir une copie au moment de l'établissement du texte ; or il existe, entre la " copie Trébutien" qui a servit à l'édition et le manuscrit de Barbey, des variantes importantes dues à des suppressions volontaires de Trébutien.

Provenance : Marc Loliée, Hayoit. est : 70 000 e Résultat : 45 000 (295 180,FRF)

2 - BARBEY D'AUREVILLY (Jules). LE RIDEAU CRAMOISI. Manuscrit autographe signé " J. Barbey d'Aurevilly ", écrit à l'aide d'encres de couleurs différentes : rouge, noire, bleue, verte, orange, pourpre, de 36 pages collées sur 31 pages, montées sur onglets. In-folio, maroquin rouge, doublé de maroquin citron, gardes de soie, tranches dorées (Septier).

MANUSCRIT AUTOGRAPHE DE TOUT PREMIER JET, DE LA PLUS FAMEUSE DES SIX NOUVELLES DES "DIABOLIQUES ", CHEF D'ŒUVRE DE L'AUTEUR.

Les six nouvelles furent écrites entre 1849 et 1872 et publiées en 1874. La parution des Diaboliques fit scandale et Barbey fut poursuivit par la Justice. Si un non lieu fut prononcé, le 21 janvier 1875, ceci n'empêcha pas que les exemplaires saisies soient tous détruits ; Barbey ne rééditera ses Diaboliques qu'en 1882.

LE MANUSCRIT OFFRE DE NOMBREUSES VARIANTES PAR RAPPORT AU TEXTE IMPRIME, PRINCIPALEMENT DANS LA DESCRIPTION DU HEROS, LE VICOMTE DE BRASSARD.

Le Rideau cramoisi est l'histoire d'une jeune fille qui doit traverser la chambre de ses parents pour atteindre celle de son amant, dans laquelle, une nuit, il la retrouve assassinée. L'histoire est racontée rétrospectivement par son amant à un ami de voyage, dans une diligence, au moment où ils s'arrêtent devant la maison où fut commis le meurtre, et où est toujours suspendu le rideau cramoisi.

Barbey d'Aurevilly a toujours dit que ces nouvelles se basaient sur des histoires réelles : " …Mais les Diaboliques ne sont point des diableries, ce sont des diaboliques : des histoires réelles de ce temps civilisé et si divin que, quand on s'avise de les écrire, il semble que ce soit le Diable qui ait dicté…Le Diable est comme Dieu. " (Projet de préface, publié dans les Disjecta Membra).

C'est parfaitement vrai pour Le Rideau cramoisi : il connaissait Valognes, la ville dans laquelle se passe l'histoire, il était l'un des passagers réguliers de la diligence et la figure du vicomte de Brassard est basée sur un officier nommé de Bonchamp, que Barbey avait l'habitude de rencontrer dans le salon de la marquise du Vallon.

Roger Pierrot a fait remarquer justement qu' il existe entre certaines oeuvres de Balzac et cette nouvelle des similitudes, par exemple : dans La Muse du département de Balzac, c'est un médecin qui traverse la chambre d'un mari qui dort, pour aller accoucher clandestinement sa patiente, mais Les Diaboliques n'ont-ils pas été commencés lorsque Barbey lisait La Comédie humaine ? D'ailleurs , sur la première page de ce manuscrit figure un titre général " Ricochets de conversation " qui n'est pas s'en évoqué Une conversation entre onze heures et minuit, une œuvre, aussi de Balzac.

Ce très important manuscrit littéraire du XIXème siècle comporte de nombreuses corrections, ratures et additions, à l'encre et au crayon. Les pages 1 à 30 sont numérotées par l'auteur, quelques pages ont des petites déchirures (à la page 18, une déchirure avec petite perte de texte).

Le manuscrit définitif qui servit à l'impression est conservé à Paris, à la B.n.F.

Provenance : Paul Voûte (9-11 mars 1939), et H. Bradley Martin (17-17 octobre 1989).

est : 100 000 e Résultat : 66 000 (432 931,FRF)

3 - BARBEY D'AUREVILLY (Jules). Lettre autographe signée " Jules Barbey d'Aurevilly ". " Lundy et en hâte" [vers 1850] ; 1 page in-8.

CURIEUSE LETTRE, TRES SPIRITUELLE

" Un déjeuner hier avec Clocheton et une clochetée de migraine, m'ont empêché d'aller dîner avec vous…Dès que je pourrai, j'irai causé avec vous de vos embrouillamini d'amitié qui ne seront jamais des brouilleries. Savez-vous ce que vous faites, vous et elle ! je m'en vais vous le dire. Je suis cynique, moi ! Avec vos susceptibilités de femme, vous êtes des sybarites en amitié qui vous roulez des feuilles de rose sous le derrière pour vous faire souffrir ! Si bien roulées qu'elles soient des feuilles de roses roulées ne feront jamais des épines. Ce ne seront jamais que des boulettes de rose et des boulettes en amitié ! Vous ne vous en détacherez pas ! Les êtres distingués ont une poix parfumé à l'esprit et ils ne se débarbouillent jamais des sentiments qu'ils s'inspirent. On se recolle aux choses qui plaisent ! "…Il ajoute en post-scriptum, qu'il a sans doute oublié chez la comtesse O'gherty " une clé difforme et laide comme celle que j'aime…la clé de mon cabinet de Barbe-bleue, gardez la moi si vous la trouvé ". est : 1 000 e Résultat : 1 600 (10 495,FRF)

4 - BARBEY D'AUREVILLY (Jules). Vingt deux lettres autographes signées (1862-I871 et s.d.) à Théophile Silvestre ; 40 pages in-8, à l'encre noire ou rouge.

BELLE CORRESPONDANCE AMICALE ET LITTERAIRE.

Il est allé chez Nadar, voir des épreuves [photographiques] : "…une bonne pour le visage seulement. La pose mauvaise, selon moi, - on ne voit pas la tournure. Il m'ont fait gros "… Il demande un rendez-vous pour causer avec Silvestre : " Si vous venez apportez-moi Le Junius, repoussé par la stupidité de Villemessant, - ou plutôt par son esprit car il est le compère évident de Junius et il ne veut pas qu'on en finisse ". Il ira réveillonner avec lui en sortant du théâtre, et fait allusion à une audience avec l'avocat Pinard. Il propose un dîner en compagnie de Brucker. En 1862, de la Bastide d'Armagnac : " Le Sainte-Beuve m'a dénoncé à Persigny à cause de mon article sur Goethe [Le Pays, 20 octobre 1862] et il ne s'agit rien moins que de me chasser du Pays. Le Sainte-Beuve fait juste le métier que j'attendais de lui. Tout cela…n'abat pas mes esprits mais les relève "…Il s'inquiète de son article sur Augier qui n'a pas encore paru [Le Figaro, 5 février 1863]. Puis à propos d'un envoi que lui a fait Silvestre : " Les vers de Baudelaire n'ont guères que le mérite de m'être dédiés, et Le Figaro est détestable. Villemessant m'avait fait, sous le fer à friser de son coiffeur, son article mieux que ça et quand à Colombine, elle aurait du signer le bourgeois Cassandre sa patouillerie sur la noblesse…Villemessant a fait paratonnerre, après coup, à votre Fambloirade de Flaubert et il a fait paratonnerre avant coup à mon article sur Augier". Il devait lui écrire une longue lettre "sur l'Empereur tout seul ", mais le charme de son séjour à la campagne l'empêche de penser " à cette vilaine chose qu'on appelle le Gouvernement des hommes ". Il lui recommande avec insistance de chauffer son éditeur. " Amyot le tiède ", de faire envoyer son livre à plusieurs journalistes : " Puisque nous voilà au Figaro, au moins qu'on m'y examine ! "…Il parle de son article sur Buloz [Le Figaro, 30 avril] : " La littérature est vengée de trente ans d'insolence ! Je lui ai payé ses trente ans!".

En 1864, il recommande son article à propos des Mémoires de Madame Roland [Le Nain jaune, 3 août], " très bon,- j'en suis sûr,- et très en situation… Il vous plaira, l'article n'a rien de politique. C'est Mme Roland jugée en nature humaine et exterminée comme Bas bleu ". Il n'a rien d'autre à lui offrir, il a griffonné toute la nuit sans rien faire qui vaille : " Sainte-Thérèse avait des sécheresses de cœur, moi j'ai des sécheresses de tête. C'est le mal des ardents, à ce qu'il paraît " ; il a travaillé sur la " Nationalité du Rire "…

Il a fini son article sur Théodore Rousseau [Le Nain jaune, 9 janvier 1868] : " un homme si fort, un maître comme vous en ces questions de peintre, devra le trouver faible. Mais il a je crois de l'accent…C'est ma couronne d'immortel, à moi, disposée sur cette grande tombe "…Il dîne le soir même chez Mme Dash, mais propose de se voir " le premier de l'an,- cœur contre cœur ! ". 1er janvier 1868, il ne pourra pas dîner avec son ami car il doit rendre un autre article pour Le Nain jaune : " Pas moyen de dire non, c'est le théâtre, la chose incommutable. Il faut s'exécuter, rester et piocher toute la nuit. Autre ennui, je me suis bien foulé la rate pour faire mon article (Courses de Basque !) sur Rousseau. Je voulais qu'il parût aujourd'hui et leur foutue politique a débordé et tout couvert !…Rousseau ne mourra pas tous les jours pour leur faire une actualité "…Il signe : " le capitaine Sombre ". Il espère vendre ses Ridicules du Temps à Hachette : " il faut que je sorte de cette gène qui s'alourdit de tous les espoirs trompés. Voyez, que de débâcles ! " : un projet est tombé à l'eau, il n'entend plus parlé de Jouvin (gérant du Figaro) ni d'une nouvelle qu'il pourrait pourtant donner à La Vie Parisienne. 17 juin [1868], il a reçu une lettre de la baronne de Maistre " qui brame vers vous comme un cerf altéré vers l'eau des fontaines ", et il propose d'aller le lendemain soir " désaltérer cette assoiffée de votre personne ". Avant d'évoquer la situation du Nain jaune où " l'ironie s'ajoute à la décapilotade de nos espérances ", et le sort de La Gazette de Paris qui n'a pas paru faute de roman " et moi, je n'ai que des nouvelles, - auxquelles Villemessant préfère les dernières cochonneries littéraires de son Figaro ". 7 août, il se définit comme " un spartiate épistolaire, après avoir été un Athénien autrefois " et parle de son travail pour Le Constitutionnel où on lui offre deux articles par mois (" quel plantureux potage! "), et pour Le Nain Jaune " qui paye avec clodication mais qui enfin arrive à payer ". Il est question du partage de la fortune paternelle. 22 octobre, il est a Saint- Sauveur pour régler la succession de son père, et se dit très content de ses frères, il aborde une question financière qui le lie au baron de Nivière et commente quelques articles. En 1871, il a recommandé au Constitutionnel des articles de Silvestre dont un sur Blanqui : " Vous n'avez plus de ménagement à garder, le vieux Drôle de la Démocratie fanatique est jugé et condamné, allez ! Jugez à votre tour et mieux ". Quant à ses impressions sur Paris, elles sont funèbres, " partout figures de communards comprimés, mais dont le ressort est près de repartir. Conversation nulle. Bêtise et terreur universelle ! Nous ne sommes même pas des poltrons révoltés…Nous sommes des poltrons tout à plat. …J'ai la nostalgie de Valognes, le spleen de Paris "…En décembre, il mène une vie de vagabondage qui l'a empêché d'écrire, il doit aller voir son frère l'abbé qui est malade, puis il ira chez son autre frère. Il reverrait avec plaisir le commandant Le Josne et évoque un dîner au cours duquel Mme le Josne, "ennuyée de l'éloquence de Gambetta, me disait à l'oreille : tombez le ! Je n'ai pas eu besoin de m'y mettre. Depuis ce temps là, il s'est assez tombé lui-même ! "… est : 6 000 e Résultat : 13 000 (85 274,FRF)

5 - BARBEY D'AUREVILLY (Jules). Lettre autographe signée " Jules Barbey d'Aurevilly " à Poupart-Davyl. Paris, mercredi [après 1865] ; 3 pages in -4.

UNE DES PLUS BELLES LETTRES QUE L'ON PUISSE POSSEDER DE BARBEY D'AUREVILLY, ADRESSEE A L'IMPRIMEUR POUPART-DAVYL, RELATIVE A SES DIVERSES ŒUVRES (JUSQU'EN 1864), LUI PROPOSANT LES GRANDES LIGNES D'UNE NOTICE LITTERAIRE TOUT EN FAISANT SA PROPRE CRITIQUE..

" Voici l'étincelle pour allumer votre cigare " Barbey d'Aurevilly les énumère selon leur chronologie.

D'abord " Mon premier livre : - L'amour impossible [1841] roman de High life, de salon, de boudoir, fait dans un temps où toutes les vicomtesses se disaient froides et ne l'étaient point. J'ai peint ce vice du temps, avec un pinceau qui valait mieux que ce que je peignais, le caractère de cela, c'est le raffinement, l'ennui, le Dandysme ;

Le Dandysme…

puis : La Vieille Maîtresse [1851] - cette machine infernale par laquelle j'ai commencé mon petit règne littéraire- comme Bonaparte- et qui a fait sauter pas mal de femmes…Le même jour parurent Les Prophètes du Passé [1851] par Dandysme. Je trouvais dandy de faire paraître le même jour que La Vieille Maîtresse, un livre de philosophie politique. La préface est un boulet de métaphysique, qui casse tous les cristaux de ces boutiques de verroterie.

Puis L'Ensorcelée [1852], dans laquelle y a moins de la personnalité de l'auteur, mais bien plus d'art et de passions…impersonnelles. Franchement, je crois ceci grand, et que si Michel-Ange et Shakespeare revenaient au monde et lisaient cela, ils m'appelleraient…après boire, mon cousin, comme Le Roi le disait aux maréchaux qui ne l'étaient pas."

En 1865, Barbey d'Aurevilly écrit Le Prêtre marié : " - plus fort selon moi, que l'Ensorcelée dans une gamme plus profonde, plus large, plus humaine ; tous sentiments naturels, creusés jusqu'à l'axe, avec le personnage surnaturel de Calixta, - une mysthique catholique, comme il n'y en a pas une seconde, même dans Balzac. "

" Puis Le Chevalier Des Touches [1864], - une comédie héroïque,- un roman, une conversation - d'une intensité de tous les diables, - enlevé comme le héros, non par douze, mais par moi seul, qui en valait plus d'un, ce jour là !

Puis : …[des] volumes de critique (Les Œuvres et Les hommes, chez Amyot) qui seront suivis de bien d'autres, puisque j'ai le projet (dites le) de faire tous les hommes de mon temps- Le XIXe siècle, passé au crible- (j'en ai, pour l'heure, douze volumes, bons à être mis à la mer, sans les lenteurs de tortue de ce colimaçon d'Amyot.) Il y a là du sabre courbe et damasquiné ; mais la valeur de cela, c'est que c'est un livre qui a son architecture et non pas des feuilletons, enfilés comme des perles. C'est un cohérent, et chose rare par ce temps débordé ! sans une seule contradiction !! Enfin les Quarante médaillons de l'Académie chez Dentu [1864] tout un carquois vidé sur les gazons…de l'Académie, mais sacredieu pas par l'amour !!…Parlez de vos facultés de journaliste…Voilà ! un mot suffit au sage, disait Sterne…La seule chose sur laquelle j'insiste, mon Très cher, c'est que le portrait soit purement littéraire… est : 4 000 e Résultat : 7 500 (49 196,FRF)

6 - BARBEY D'AUREVILLY (Jules). Lettre autographe signée, 15 avril 1868 aux libraires Baur et Détaille ; 1 page in-8, enveloppe avec cachet, cire noire aux armes.

" La Bague d'Annibal, fut mon premier livre. J'étais, dans ce temps là, dans ma plus jeune jeunesse. La Bague ne fut tirée qu'à 150 exemplaires qui furent plus donnés de la main à la main que vendus. Je n'ai pour tout exemplaire que le mien et je le garde en vue d'une édition que je ferai certainement "…Il aimerait connaître le nom du client qui demande " un livre que je croyais oublié. Cette amitié intellectuelle me touche beaucoup ". est : 800 e Résultat : 1 300 (8 527,FRF)

7 - BARBEY D'AUREVILLY (Jules). Lettre autographe signée, mardi 29 [mai 1877 ?], à une dame ; 2 pages in-8 à son chiffre.

JOLIE LETTRE SUR LES FEMMES.

Il présente ses excuses pour n'avoir pas été la voir : " Je n'y suis point allé, parce que… comme disent les femmes. Plus on me plaît maintenant ou plus je crains que l'on ne me plaise, moins je vais chez les gens. C'est instinct de conservation ". Il est d'accord sur tout ce qu'elle pourrait dire sur lui, " même du mal…Dire du mal de quelqu'un, c'est s'en occuper. Quant à vous envoyer mon réquisitoire contre Les Bas-bleus, comme vous écrivez pour me faire honte (le mot est si laid!) je n'ai jamais fait cette vilaine chose…Ayant, Madame, le malheur d'écrire depuis quelques années, j'ai éparpillé ici et là, mes opinions sur les femmes, que j'ai la faiblesse de croire seulement géniales en une seule chose (quand elles le sont) et c'est l'amour ; mais tous les articles dans lesquels j'ai dit cela, où sont-ils ?…Je n'en ai pas un seul, rien ne m'intéresse moins que mes articles et mes livres. Quand ils sont finis, ils sont bien finis et je n'y pense plus ". (Les Bas-bleus, cinquième volume de la série Les Œuvres et les Hommes, paraîtra en novembre 1877.) est : 1 000 e Résultat : 1 700 (11 151,FRF)

8 - BAUDELAIRE (Charles). Lettre autographe signée " Charles " à sa mère, Madame Aupick. [Paris] 17 mars 1862. 8 pages in-8.

LONGUE LETTRE CONSACREE A SA MAITRESSE JEANNE DUVAL

Je n'ai pas besoin de tes conseils sur l'honnêteté, non plus que de mettre ma main sur ma conscience. Généralement je cache ma vie et mes pensées, et mes angoisses, même à toi…Etant donné mon caractère, que tu connais en partie, sensible, prodigue, violent, mettant l'orgueil au dessus de tout, est-il vraisemblable que je commette un acte de barbarie par pure avarice ? Avarice ! mais qu'ai-je fait pendant dix-sept ans, si ce n'est pardonner ?… Mais quand la maladie et la vieillesse l'ont frappé, qu'ai-je fait pendant trois ans ? J'ai fait ce que l'égoïsme des hommes ne fait généralement pas. J'ai même apporté dans la charité un enthousiasme d'orgueil… Baudelaire a voulu mettre à la porte " une servante intrigante et insolente " … Jeanne m'a signifié que c'était à moi de sortir de chez elle et qu'elle garderait cette fille. Je suis sorti, et j'ai continué à battre le pavé pour lui trouver de l'argent…Il y a presque trois ans, je reçois une lettre d'elle où elle se plaint de ce que la pension de la maison de santé n'a pas été payée et qu'elle court risque d'être renvoyée (alors que son éditeur s'était engagé à la payer. Le poète furieux, écrira à Poulet-Malassis, qui lui enverra le reçu prouvant qu'il a payé, puis écrit à l'administration des chemins de fer qui lui enverra le reçu de la maison de santé)… J'ai été ridicule. Jeanne avait, dans sa pauvre imagination d'enfant, inventé ce moyen de me faire payer deux fois… Telles sont les femmes ; tels sont les enfants ; tels sont les animaux. Cependant les animaux n'ont pas de livres, pas de philosophie, pas de religion ; donc pas d'honneur. Ils sont donc moins coupables… Il y a dix huit mois Baudelaire avait installé à Neuilly, 4 rue du pont Louis Philippe, un " establishment " pour lui et Jeanne Duval. Quand il a voulu s'y installer, il va y trouver …un frère qui pendant dix-huit ans n'était jamais venu au secours de sa sœur, et, par sa présence assidue, m'a suffisamment témoigné qu'il ne comprenait pas que j'étais pauvre…alors je me suis sauvé (le frère était en réalité, l'amant de Jeanne Duval, venu vivre à ses crochets). En janvier dernier, il s'est passé un fait monstrueux (les biographes pensent que Baudelaire sous entend que ce " frère " de Jeanne, avait été, autrefois, son souteneur). Jeanne Duval va proposer à la vente (à Poulet-Malassis !) " les souvenirs que tout homme laisse chez une femme avec qui il a longtemps vécu "… Baudelaire met en garde sa mère de ne pas se laisser piéger par Jeanne… Si tu cèdes, voilà le danger : - le mois prochain, la semaine suivante, tu recevras une nouvelle demande et cela indéfiniment… Il continuera bien évidemment à lui faire parvenir de l'argent mais d'une manière si bizarre et si détournée, qu'elle ne pourra pas deviner que cela vient de moi…Tu vois bien que je ne suis pas une bête féroce…Crois-tu donc que, si je le voulais, je ne pourrais pas te ruiner et jeter ta vieillesse dans la misère ? Mais je me retiens…il faut la laisser tranquille ; il faut tirer de moi-même l'industrie nécessaire pour me tirer d'affaire…Je ne connais rien de plus stupide que le pur sentiment qui est la seule inspiration des femmes et des enfants…Je te demande pardon de faire le pédant et le misanthrope avec toi… Il parle d'une amie de sa mère Madame Palmyre Batton qui se rendait à Honfleur, pour lui tenir compagnie : - …elle a trois béatitudes et elle est ingrate. Elle est vieille…elle est seule…elle est riche…je n'ai pas le temps de m'attendrir sur des misères fictives… et d'une autre amie de sa mère aussi, Madame de Montherot à qui on veut prêter sa chambre d'Honfleur… j'ai manifesté une certaine frayeur…on m'a répondu que je pouvais être tranquille, parce que Mme Montherot était trop nulle pour avoir envie de remuer des livres et des gravures.

Il vient d'écrire à Jeanne et persiste à vouloir retourner à Honfleur, parle de l'Académie, de l'élection de Scribe…de M. Villemain à qui, il en veut beaucoup, de Biot qui vient de mourir Lacordaire [et qui] a produit une certaine sensation,- pas mauvaise.

Provenance : Ancienne collection Armand Godoy.

Lettres de Baudelaire à sa Mère, vente du 23 novembre 1982, n° 157. Hôtel Drouot (Mes Laurin-Guilloux-Buffetaud-Tailleur). est : 15 000 e Résultat : 41 000 (268 942,FRF)

9 - CHATEAUBRIAND (François-René, vicomte de). Lettre signée " Chateaubriand ". 1 page 1/2 in-8.Vendredi 25 III 1842. (mouillure et petite déchirure touchant un mot). Texte de la main de son secrétaire H. Pilorge.

DANS CETTE LETTRE MELANCOLIQUE CHATEAUBRIAND QUI A BIENTOT 75 ANS EXPLIQUE A SON CORRESPONDANT A QUEL POINT LE COURS DE SA VIE FUT CHANGE PAR L'EXECUTION DU DUC D'ENGHIEN.

" …Ma lettre à M. l'Abbé de Bonnevie…est du 6 mars 1804 ; elle n'a donc précédée que de quatorze jours la mort duc d'Enghien, mort qui changea les dispositions et tout le cours de ma vie. Je donnais ma démission de Ministre plénipotentiaire dans le Valais le lendemain de cet assassina. Je n'ai revu Rome qu'en 1828, vingt quatre ans après le crime…A l'époque de mon Ambassade…Le Pape Léon XII eut beaucoup d'amitié et de bonté pour moi mais il mourut vite…De 1828 à 1842…des souverains et des royaumes ont été emportés…Vieux comme le Temps…je ne m'occupe plus de rien : j'ai cessé de croire aux gouvernements et à la politique, et je me repose en attendant son dernier jour dans la seule foi du Chrétien. " etc est : 1 000 e Résultat : 1 200 (7 871,FRF)

11 - FLAUBERT (Gustave). Lettre autographe signée " ton Gustave ", [Croisset] Samedi 3h " 15 janvier 1852 " (de la main de Louise Colet) ; 4 pages in-4.

TRES BELLE LETTRE SUR MADAME BOVARY.

La première partie de la lettre est consacrée au poème de Louise Colet La Paysanne. Flaubert propose une longue série de corrections et de modifications, puis conseille à la poétesse de se mettre au plus vite à son autre poème L'Acropole.

Puis il parle de son travail et de son roman. " J'ai passé un commencement de semaine affreux, mais depuis jeudi je vais mieux. J'ai encore six à huit pages pour être arrivé à un point, après quoi je t'irai voir. Je pense que ce sera dans une quinzaine…

J'ai été cinq jours à faire une page ! la semaine dernière, & j'avais tout laissé pour cela, grec, anglais. Je ne faisais que cela. Ce qui me tourmente dans mon livre c'est l'élément amusant, qui est médiocre. Les faits manquent. Moi, je soutiens que les idées sont des faits. Il est plus difficile d'intéresser avec, je le sais, mais alors c'est la faute du style. J'ai ainsi maintenant 50 pages d'affilée, où il n'y a pas un évènement. C'est le tableau continu d'une vie bourgeoise & d'un amour inactif : amour d'autan plus difficile à peindre qu'il est à la fois timide & profond mais hélas ! sans échevellements internes parce que mon monsieur est d'une nature tempérée. - J'ai déjà eu dans la première partie quelque chose d'analogue. Mon mari aime sa femme un peu de la même manière que mon amant. Ce sont deux médiocrités, dans le même milieu - et qu'il faut différencier pourtant. Si c'est réussi ce sera, je crois très fort. Car c'est peindre couleur sur couleur et sans tons tranchés (ce qui est plus aisé). - Mais j'ai peur que toutes ces subtilités n'ennuient, et que le lecteur n'aime autant, voir plus de mouvement. - Enfin il faut faire comme on a conçu. Si je voulais mettre là-dedans de l'action, j'agirais en vertu d'un système, et gâterais tout. - Il faut chanter sans la voix, or la mienne ne sera jamais dramatique ni attachante. - Je suis convaincu d'ailleurs que tout est affaire de style, ou plutôt de tournure d'aspect " …

Puis Flaubert songe à la carrière de Maxime Du Camp, qui est officier de la Légion d'honneur … " Quant il se compare à moi, et considère le chemin qu'il fait depuis qu'il m'a quitté, il est certain qu'il doit me trouver bien loin de lui en arrière, & qu'il a fait la route (extérieure). Tu le verras à quelque jour attraper une place & laisser là cette bonne littérature. Tout ce confond dans sa tête, femmes, croix, art, bottes, tout cela bouillonne au même niveau, & pourvu que ça le pousse, c'est l'important. Admirable époque, (curieux symbolisme ! comme dirais le père Michelet) que celle où l'on décore les photographes & où l'on exile les poètes (vois-tu la quantité de bons tableaux qu'il faudrait avoir faits pour arriver à cette croix d'officier). De tous les gens de lettres décorés il n'y a qu'un seul de commandeur, c'est Mr Scribe ! Quelle immense ironie que tout cela ! et comme les honneurs foisonnent quant l'honneur manque. Adieu ma pauvre chère vieille féroce "

Correspondance, Bibliothèque De la Pléiade, tome II, p. 236. est : 5 000 e Résultat : 16 000 (104 953,FRF)

12 - FLAUBERT (Gustave). Lettre autographe à Louise Colet. [Croisset], Mercredi soir, 11h [14 octobre 1846, de la main de Louise Colet].; 4 pages in-4.

SUPERBE LETTRE SUR MAXIME DUCAMP, LA LITTERATURE ET LES CRITIQUES.

Flaubert est ravi que son ami Max[ime Ducamp] ait plu à Louise : " C'est une bonne belle et grande nature que j'ai devinée du premier jour…Il y a entre nous deux trop de points de contacts dans l'esprit et dans la constitution pour que nous nous manquions. Voilà quatre ans que nous nous connaissons. C'est comme s'il y avait un siècle ! tant nous avons vécu ensemble, et par des fortunes diverses, par des temps de pluie et de soleil. Aime le comme un frère que j'aurais à Paris. Fie toi à lui comme à moi et plus qu'à moi- même car il vaut mieux que moi. Il y a chez lui plus d'héroïsme et plus de délicatesse…Moi je suis plus grossier, plus commun et plus ondoyant. J'ai le fumet plus âcre ". Il parle ensuite des qualités littéraires de son ami, " je suis un peu son maître. Je l'ai tiré de la bourbe du feuilleton… et je lui ai inspiré l'amour des études sérieuses…Il a maintenant un joli talent… "

Flaubert évoque ensuite sa rencontre avec le journaliste Armand Malitourne à qui il doit paraître un géant de la blague et de gaieté " …J'ai été si crapuleusement aimable qu'à coup (sûr) il ne m'a pas oublié. J'étais ce jour là en veine. J'avais de la verve…J'ai passé pour être tant de choses et on m'a trouvé des ressemblances avec tant de gens ! Depuis ceux qui ont dit que je m'étais rendu malade pour l'abus des femmes, ou des plaisirs solitaires, jusqu'à ceux qui me disaient pour me flatter que je ressemblais au duc d'Orléans " …

Puis il parle du drame que Louise est en train d'écrire [Madeleine qui sera publié en 1850] et dont il imagine la première représentation et le triomphe : " cette gloire bruyante dont le fantôme évoqué me faisait tressaillir j'aurai donc tout cela - moi et dans toi - c'est-à-dire dans la partie sensitive de moi-même. Le soir j'embrasserai cette noble poitrine dont le sentiment aura remué la foule comme un grand vent fait sur l'eau. Depuis que mon père et ma sœur sont morts je n'ai plus d'ambition …Je ne sais pas même si jamais on imprimera une ligne de moi. Je ne fais pas comme le renard qui trouve trop vert le fruit qu'il ne peut pas manger. Mais moi je n'ai plus faim. Le succès ne me tente pas - celui qui me tente c'est celui que je peux me donner, ma propre approbation " … Il encourage Louise à travailler : " Travaille, médite, médite surtout, condense ta pensée, tu sais que les beaux fragments ne font rien. L'unité, l'unité tout est là. L'ensemble voit tout ce qui manque à tous ceux d'aujourd'hui aux grands comme aux petits. Mille beaux endroits, pas une œuvre. Serre ton style, fais en un tissu souple comme de la soie et fort comme une cotte de mailles. Pardon de ces conseils mais je désire te donner tout ce que je désire pour moi… "

De son côté, il travaille à des choses qui l'ennuient mais dont il espère retirer quelque chose, et au printemps prochain, il se mettra à écrire de nouveau. " Mais je recule toujours. Un sujet à traiter est pour moi comme une femme dont on est amoureux - quand elle va vous céder on tremble et on a peur. C'est un envoi voluptueux. On n'a pas touché son désir. - J'ai relu ce soir l'épisode de Velleda des Martyrs. Quelle belle chose ! Quelle poésie ! Mais si j'avais été Eudore et que tu eusses été le druidesse j'aurais cédé plus vite. Je ne peux pas me défendre d'un sentiment d'indignation bourgeoise quand je vois dans les livres des hommes qui résistent aux femmes. On pense toujours que c'est l'auteur qui parle de lui et on trouve ça impertinent parce que c'est peut-être faux après tout " … Il lui conseille de ne pas s'inquiéter des journalistes, " ces merles piailleurs ", et des critiques : " on fait de la critique quand on ne peut pas faire de l'art de même qu'on se met mouchard quand on ne peut pas être soldat…Plaute aurait ri d'Aristote s'il l'avait connu : Corneille se débattait sous lui. Voltaire, malgré lui, a été rétréci par Boileau. Beaucoup de mauvais nous eût été épargné dans le drame moderne sans W. Schlegel ; et quand la traduction de Hegel sera finie Dieu sait où nous irons ! Et qu'on ajoute les journalistes par là dessus eux qui n'ont pas même la science pour cacher leur lèpre jalouse ! " Sa haine de la critique et des critiques à pris toute la place mais il l'embrasse tout de même " avec leur permission mille grands baisers sur ton beau front et sur tes yeux si doux et … "

Correspondance, Bibl. de la Pléiade I p. 388-391. est : 5 000 e Résultat : 8 000 (52 476,FRF)

13 - FLAUBERT (Gustave). Lettre autographe signée à Ivan Tourguenieff. 3 pages in-8. Timbre sec de la collection de Pauline Viardot

BELLE ET INTERESSANTE LETTRE INEDITE SUR ZOLA ET SUR LA PIECE L'ASSOMMOIR [JANVIER 1879]

Flaubert commence par se plaindre de sa santé et de la vie en général " partout les douleurs, les chagrins ! …il est temps de s'en aller !…Finissons en- La vie est trop dure. "

Puis, des considérations sur la fortune " L'argent est utile. Maintenant que je n'en ai plus -mais plus du tout- je suis fortement convaincu de cette vérité ", l'amène à évoquer les " affaires, jolie chose ! " ainsi que les déboires financiers de sa nièce, qu'il aide car il a " tout sacrifié au préjugé de l'Honneur".

Son état moral n'est guère brillant : " Votre solitude n'est pas comparable à la mienne… moi, mon cher ami, depuis le 2 janvier, je n'ai pas vu une personne…mes matins…se passent en tête à tête avec mon chien " et il n'écrit même pas de notes puisqu'il ne fait " que lire de la métaphysique !…puis quand je suis écœuré de cette besogne, j'ai comme distraction l'idée de ma misère, qui commence à se faire sentir effectivement. "

Une visite de Tourguenieff l'aurait enchanté : " C'eut été une bonne détente pour mon cœur et pour mes nerfs qu'un long tête à tête avec mon cher ami, le grand Tourguenieff ! -il faut s'en priver- mais au moins, écrivez-moi. Vous n'avez pas été gentil cet été. Vous m'avez laissé trop longtemps sans nouvelle. " Mais l'auteur se rendra à Paris : " Il me faut pour Bo [Bouvard] des renseignements scientifiques " qu'il ne peut trouver ailleurs, et de conclure : " -quel livre ! quel accablant fardeau ! et la conception en est peut-être vicieuse ? il est peut-être impossible de faire un roman avec cette idée-là ? C'est trop voulu…R n'était rien auprès de moi. J'arrive à le croire. " Viennent alors ses sentiments sur l'Assommoir : " Son succès (pécuniaire) dont je me réjouis pour Zola ne prouve rien quant au Naturalisme puisque c'est un mélodrame -très ordinaire, et ça ne pose pas votre ami comme auteur dramatique puisque la pièce n'est pas de lui. Son fameux article a suscité des -et c'est pour cela qu'il n'est pas -est-ce bête ! mais qu'est-ce qui n'est pas bête ? à commencer par moi - et surtout moi ! "

Enfin Flaubert conclut : " espérons que nous nous verrons au printemps, plus gaillards l'un et l'autre- et n'oubliez pas votre vieux…qui vous chérit ".

Provenance : Ancienne collection Pauline Viardot. est : 4 000 e Résultat : 7 000 (45 916,FRF)

14 - GERICAULT (Théodore). Lettre autographe datée du 17 août [1822], à Madame Trouillard, poste restante à Dieppe. 3 pages in-4, adresse et cachet de poste.

TRES BELLE ET RARE LETTRE D'AMOUR, INEDITE.

"On ne se refait point et une fois dans ce monde l'éducation et le désir de plaire ne peuvent ajouter que bien peu de choses aux qualités que nous avons reçues en naissant et je doute que nous puissions davantage changer nos mauvaises inclinations, le seul parti raisonnable est de nous servir de tout cela de manière à ne nuire à personne. Etes-vous sage en me désirant plus tendre, que voulez-vous, et qu'entendez-vous par tendresse, croyez vous pouvoir m'aider à acquérir ce que vous pensez qu'il me manque? Je répondrais de ma constance à suivre vos conseils et je me sens capable de mille efforts pour vous plaire mais que gagneriez vous à cela? Et moi n'y perdrais-je pas encore car enfin si vous ne trouvez point en moi ce sentiment tendre et vrai qui tire toute sa grace du cœur et que l'étude ne peut donner, une affectation ridicule vous en offrira-t-elle le dédommagement, n'attirerait-elle pas plutôt sur moi votre haine et une juste indignation car la sincérité doit vous plaire par dessus tout. Pesez bien ce que je vous la ma bonne amie et cherchez à m'aimer un peu tel que je suis et n'attachez point trop de prix à de certaines expressions qui me semblent plus triviales que tendres oui ma chère petite le tu si charmant si aimable lorsqu'il est inspiré par le plaisir et l'enthousiasme me déplaît habituellement : on détruit tout son prestige par un usage trop fréquent; ce n'est plus qu'une familiarité en somme sans aucun attrait: que tu me rends heureux! que tes caresses sont précieuses, que ton haleine est douce! que tes bras &c-tous ces mots qui échappent dans l'ivresse ne perdraient-ils point tout leur piquant si l'on s'habituait à dire écris moi plus souvent, donne moi mon chapeau va-t-en, envoye moi des huîtres le plus souvent possible. Je n'insisterai pas davantage la dessus votre bon goût vous indiquera mieux que je ne le pourrais faire toutes les raisons qui me font préférer le vous (…)".

Des "travaux" vont l'obliger à quitter sa "petite chambre"; "le petit escalier qui vous conduisait auprès de moi va être entièrement démoli". Il va donc partir à la campagne pour "dessiner" un moi. Il promet à son amie des lithographies pour ses jolies Anglaises. Il termine ardemment : "(…) revenez moi plus belle s'il est possible mais toujours fidèle et gracieuse. Je n'aime pas du tout ces mouvements de sang dont vous me parlez et que vous regrettez de voir inutiles tenez la mer n'est point du tout une chose tranquilisante et toutes ces ardeurs là, mais… enfin… après tout, j'espère qu'il… encore et qu'il… rien de mon côté… anglaises… venger".

Cette précieuse correspondance, restée inédite, ainsi que l'épisode sentimental auquel elle se rattache, a échappé à tous les biographes de Géricault. Elle nous dévoile une liaison tumultueuse et passionnée, peut-être le dernier amour du génial peintre, mort en 1824, âgé à peine d'un peu plus de 32 ans.

Légère mouillure marginale et petite déchirure à un coin sans manque.

est : 6 000 eRésultat : 7 000 (45 916,FRF)

15 - GERICAULT (Théodore). Lettre autographe signée "T.G.", 25 août [1822, à Madame Trouillard]. 3 pages in-4.

EXTRAORDINAIRE ET BELLE LETTRE DE VENGEANCE AMOUREUSE, INEDITE.

"Vous me paraissez, ma très belle amie, aussi fatiguée, ennuyée de moi, que dans votre munificence vous me faites l'honneur de croire que je le suis de vous; ainsi il serait plus sage, pour éviter de plus graves inconvénients, d'en finir là sans attendre que la haine et le dégoût soient venus empoisonner notre courte liaison (…) Le style amer de votre m'autoriserait suffisamment à n'y pas répondre et c'est le parti que je prendrai à l'avenir, si vous daignez m'honorer encore de pareils billets, mais aujourd'hui je ne puis resister au plaisir si doux de la vengeance, et je vous vous déchirer le cœur ou te déchirer le cœur ce qui est bien plus tendre, n'est-ce pas? Oui, ton âme traîtresse ne goûtera plus de repos, et le remords t'obsédant nuit et jour, ne te permettra plus d'oublier, dans le doux sommeil des nuits, ton ingrate conduite. Combien seront sans effet alors les tendres soins et les huîtres et les violettes, seule, errante sur les bords des flots, plus infortunée qu'Ariane tu éprouveras une joie cruelle à leur aspect et ils ne t'inspireront plus que l'horrible pensée d'aller chercher dans leur sein le seul soulagement possible à ton desespoir, arrêtez… diantre… n'allez pas si vite, je ne veux point que cela aille jusques là, il y a des moyens moins violents. Vous êtes beaucoup plus folle que je ne croyais, ma chère amie, trouvez donc bon que sans vous noyer absolument je vous cause quelque chagrin pour votre inconcevable facilité à m'accuser et me mal juger (…)".

Il n'est pas parti pour la campagne : "(…) je ne suis pas encore en état d'aller m'y fixer, j'arrête ainsi les travaux de la maison, ma santé comme vous le voyez n'est pas déjà si bonne pour que cela puisse vous donner de l'humeur, par conséquent je n'ai pu sortir"… Il se réjouit de la "savoir pourvue à Dieppe, le plaisir et la gaîté sont deux excellents remèdes […] encore quelques moustaches et je ne vous souhaiterai plus rien "… En post-scriptum, il la remercie de l'envoi d'huîtres, et baise ses mains "avec gratitude, reconnaissance, affection et tendresse, vous allez croire que je me ris de vous, quelle folie!".

Mouillure marginale, petite fente sans perte. est : 7 000 e Résultat : 9 000 (59 036,FRF)

16 - MAUPASSANT (Guy de). Coco. Manuscrit autographe signé " Guy de Maupassant ". 5 pages in-folio.

MAGNIFIQUE TEXTE.

Rare manuscrit qui a servit à l'impression dans Le Gaulois du 21 janvier 1884 (il a été de ce fait découpé et recollé). Ce conte de Maupassant sera repris par la suite, dans bien d'autres journaux et recueilli dans Les Contes du jour et de la nuit (1885).

Comme L'Âne, comme Pierrot, ce conte fait partie des œuvres à travers lesquelles Guyde Maupassant évoque les animaux livrés aux cruautés de l'homme. On pourra le comparer, pour le fond, aux idées exprimées dans une chronique du Gaulois, intitulée " La Pitié " (22 décembre 1881), où l'écrivain, y évoque la souffrance des bêtes, notamment celle des chevaux. est : est : 15 000 e Résultat : 11 000 (72 155,FRF)

17 - PROUST (Marcel). Portrait photographique de l'écrivain. Tirage au sel d'argent. Diamètre : 8, 5 cm

UN DES PLUS BEAUX PORTRAITS DE MARCEL PROUST. est : 6 000 e Résultat : 12 200 (80 026,FRF)

18 - CELINE (Louis-Ferdinand Destouche, dit). Lettre autographe signée " Céline ", datée " Le 24 ". Huit pages gr. in-4.

TRES IMPORTANTE LETTRE DE CELINE SUR SON ART.

Céline commence par remercier son correspondant de son article : "Je ne sais ce qu'il faut aimer le plus votre bienveillance ou votre courage ! " en effet " il est plus (bien) facile de m'accabler ". Puis il évoque les " querelles " dont son écriture est victime et qui sont l'occasion d'un véritable manifeste sur son style : " griefs de l'argot : tout procédé, manière, artifice, ennui etc. …!. Mais non ! J'écris comme je parle, sans procédé, je vous prie de le croire. Je me donne du mal pour rendre le " parler " en " écrit ". Parce que le papier retient mal la parole, mais c'est tout…Point de génie en cela ! de la condensation c'est tout. Je trouve quant à moi en ceci le seul mode d'expression possible par l'émotion. Je ne veux pas narrer, je veux faire "

Ceci l'amène à des considérations plus générales sur la langue classique : " Je crois impossible de le faire avec le langage académique usuel le beau style… c'est toujours de la guimauve…Je ne peux pas lire un roman en langage classique. Ce sont des projets de romances ce ne sont jamais des romans. Tout le travail reste à faire. Le rendu émotif n'y est pas et c'est lui seul qui compte. " D'ailleurs : " sans camaraderie…complaisance, pénurie, on ne les lierait plus depuis longtemps ! Leur langue est impossible elle est morte aussi illisible…que le latin. "

C'est pour s'opposer à cette décadence que Céline fait dans ses écrits : "tant d'emprunts à la langue, au " jargon " à la syntaxe argotique…parce que l'art vit de l'instant ! ". En effet : "elle meurt vite cette langue…elle vit tant que je l'employe…la langue dite pure, bien française, raffinée, est toujours morte…morte depuis Voltaire - cadavre " dead as a door mail "…une langue c'est comme le reste ça meurt tout le temps - ça doit mourir. Il faut s'y résigner, la langue des romans habituels est morte, syntaxe morte, tout mort. Les miens mourront aussi, bientôt sans doute. Mais ils auront eu la petite supériorité sur tant d'autre…Le reste n'est que grossière, imbécile, gâteuse vantardise. Dans toute cette recherche d'un français absolu il existe une niaise prétention, insupportable, à l'éternité d'une forme d'écrire une seule, le joli français!, le joli style !, la jolie momie ! Bandelettes ! Ne rien risquer. Vite en momie ! c'est le mot d'ordre de tous les lycées. "

Enfin, il cite Elie Faure : " La plupart du temps les artistes sous prétexte d'art s'arrangent pour faire plus mort que la mort, ils lui ajoutent un poids spécifique que la mort n'a pas. La mort possède encore une espèce de vie… "

est : 7 000 e Résultat : 7 000 (45 916,FRF)

19 - CELINE (Louis-Ferdinand Destouche, dit). Lettre autographe signée. Copenhague le 1er mars 1947.

" Du train où vous y allez dans le Figaro littéraire, je ne peux plus imaginer que Gustave Lanson, est bien mort, pour ne point vous sembler suspect ! J'ai toujours lu vos chroniques avec grand intérêt et nous avons même je crois correspondu autrefois avec sympathie…et vous en êtes arrivé là !. Chénier explique tout ceci vous le savez dans " La Peur ". Je ne serai pas cruel. C'est à mon tour d'être indulgent, à un engagé des 2 guerres, mutilé 80 pour cent médaille militaire depuis octobre 1914 ! Je ne referai pas Montherlant il se refait très bien tout seul la preuve. Il s'en tire sans une égratignure…mais nous sommes quelques uns à crever de crimes imaginaires. Dans votre revue les écrivains et la génération ne comptes pour rien Morand ?

Qui présente aujourd'hui " ouvert la nuit " ? Est-ce Aragon-Balzac ? Georges Sand-Triolet ?

Vous êtes trop avisé…non en vente la dégringolade est complète. Trop de guerres ont épuisé le sang. Nous en sommes au sang de navet. Et de navets fous d'eux-mêmes !

Précisément ce que j'ai voulu éviter, épargner le sang. Rien d'autre !

Vous me ferez l'honnêteté de le penser et de m'épargner l'injure. Je tiens beaucoup à votre estime. Il ne faut pas que le martyre comporte l'outrage et le crachat des imbéciles. Je ne vous range pas parmi ces derniers, c'est beaucoup de ma part.

J'ai fait trop d'envieux pour m'en tirer je le sais…je suis vraiment…dans l'arène, et la bête m'a éventré, je gis, monsieur, je n'en ai plus pour longtemps, et je vous salue, mais ne m'insultez pas.

Votre article est plein d'insultes, informelles, mais présentes. " est : 1 500 e Résultat : 1 500 (9 839,FRF)

20 - CELINE (Louis-Ferdinand Destouche, dit). Lettre autographe signée à Charles Deshayes, trois pages et demie in folio ; Copenhague, 3 juin 1947. Enveloppe autographe.

CELINE RESUME DANS CETTE LETTRE LES ARGUMENTS DE SA DEFENSE DANS LE PROCES QUI LUI ETAIT INTENTE DEVANT LA COUR DE JUSTICE DE LA SEINE.

Céline envoie un document (le factum, rédigé le 6 novembre 1946 et titré Réponse aux accusations) qui "…n'a rien de bien mystérieux, ni secret. Il est le résultat de 17 mois de cellule …J'ai tenté gauchement, à la mesure de mes misérables forces de m'opposer à une guerre que je jugeais maladroite, désastreuse, imbécile…J'ai tout perdu, pays, sous, santé…On m'a tout pris, je n'ai plus rien sauf 54 ans d'âge et une mutilation de guerre de 75 p. 100. On a même tué mon éditeur Denoël !…

est : 1 200 e Résultat : 1 200 (7 871,FRF)

21 - CELINE (Louis-Ferdinand Destouche, dit). Billet autographe signée " L. F. Céline ", Danemark, le 28 octobre 47. Une page in-folio.

" Nous nous retrouvons après un bien long orage ! et furieux !… Dieu qu'il s'en est passé des choses ! Les curieux animaux qui descendent de l'Arche !…Votre bien cordial " est : 800 e Résultat : 800 (5 247,FRF)

22 - CELINE (Louis-Ferdinand Destouche, dit). Lettre autographe signée " " à Charles Deshayes, datée "le 18 Avril " [Korsör, 18.IV.1948]. Cinq pages in-folio ; enveloppe autographe.

POUR SE DEFENDRE DE L'IDEE COMMUNEMENT ACQUISE QU'IL EST ANTISEMITE, CELINE DONNE CARTE BLANCHE POUR LA PUBLICATION D'UN OPUSCULE QUI DEVRAIT AIDER A LA COMPREHENSION DE SES IDEES ET DE SON LIVRE BAGATELLES POUR UN MASSACRE.

" Je vous signale, je leur signale, que mes ennemis feignent toujours (en hurlant, en bramant) d'être convaincu de ma manie de massacreur de Juifs ? Bagatelle pour un massacre. Mais foutre c'est le contre sens !..J'ai demandé à ce que les Juifs ne nous fassent pas massacrer, nous aryens français, ne nous précipitent pas, par hystérie, dans une guerre perdue d'avance, grotesque, désastreuse à coup sûr… "

" …Le Patriote jaloux du sang français c'est moi et même du sang juif. Guerre veut dire Buchenwald, Auschwitz etc. …Massacres imbéciles. " Petioteries " - Hiroshimies... etc.…une fois le sadisme assassin déchaîné, plus de limite… " et " …les traîtres à la France…ce sont les autres, responsables d'une guerre idiote… "

Céline ne nie pas qu'il a pu se tromper, car il n'écrit pas " …d'Evangile. Certes Hitler et sa bande étaient des fous impérialistes, mais les Juifs…Voir la Palestine ! J'ai cru au pacifisme des nazis. là fut ma connerie…Je n'ai pas voulu tremper dans les comités Franco-allemands…Je n'ai pas voulu être soupçonné de collusion avec les nazis. J'ai eu tort… "

Il reconnaît avoir pêché par scrupule d'indépendance : " …8 jours à Nuremberg, j'aurais compris…Mais que l'on me montre une seule ligne de tous mes écrits où j'ai demandé qu'on touche le cheveu d'un seul Juif et je me suicide ! Quelle joie pour Sartre… " et Céline désabusé et amère de conclure : " …l'espèce française est devenu trop veule, trop lâche, trop serve, pour reconnaître les siens. Sa fainéantise est telle qu'elle préfère qu'on tue ses défenseurs… " etc.

MAGNIFIQUE DOCUMENT est : 1 500 e Résultat : 4 800 (31 485,FRF)

23 - CELINE (Louis-Ferdinand Destouche, dit). Lettre autographe signée de ses initiales datée " Le 19 " [Korsör, 19 août 1948 ?]. Trois pages et demie in folio ; manuscrit autographe d'une page.

MISSIVE TRES INTERESSANTE, ADRESSEE A CHARLES DESHAYES, OU IL DENONCE LE GRAND NOMBRE " D'INGRATS " AYANT TIRE PROFIT D'HITLER ET OU IL SE DEFEND D'AVOIR ETE UN ANTI-SEMITE.

Céline approuve l'article préparé par son correspondant en vue d'être publié et suggère même d'y ajouter quelques nouvelles idées : " … il faut créer le petit jeu des ingrats d'Hitler - puisque la mode est aux listes -Amuser les lecteurs à dresser des listes de personnage, ministres, écrivains, journalistes, ambassadeurs… qui pourriraient actuellement…obscurs en qq. sous préfecture sous la providence d'Hitler !…Mais ne citer aucun nom, laissez ce soin au lecteur… ".

" …Vous ferez remarquer que… je n'avez rien à gagner d'un côté ou d'autre… Je voulais la Paix, c'est tout. Je ne demandais rien à personne. Et puis gardez toute votre violence dans votre texte… Procès de sorcière qu'on intente à Céline, qu'on s'en fout de ses écrits antijuifs… ! La Palestine est pleine d'antisémites… Céline n'était pas antisémite, il était profrançais et proanglais. Enfin ce qu'on veut lui faire expier, son crime irrémissible : Le Voyage au bout de la nuit… "

A cette lettre est jointe une feuille autographe de Céline, texte fort curieux et sarcastique, où l'écrivain se plaît à imaginer l'institution d'un "… culte de la Fière chandelle qui réunirait tous ceux qui doivent une fière chandelle à Hitler… aussi bien les constructeurs d'un mur atlantique…que les gâtés, goulues de la Libération et les vampires de l'Epuration. Ils se réuniraient en cavernes ombreuses (comme les premiers chrétiens) pour célébrer les cultes honteux et celui auquel ils doivent leur élévation et leur fortune : Adolphe, le Dieu Secret, Les compagnons de la Fière chandelle, comme il existe les chevaliers du Tastevin… " est : 1 500 e Résultat : 4 800 ( 31 485,FRF)

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