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LEPRINCE, Robert-Léopold (Paris 1800 - Chartres 1847). Ecole française. Peintre d'histoire, paysagiste et lithographe.

Fils du peintre Anne-Pierre Le Prince et frére de Xavier Le Prince. Il fut l'élève de l'un et de l'autre qui lui enseignèrent une technique solide et l'encouragèrent à peindre dans le genre du paysage. Il s'établit à Chartres et se fit une certaine réputation comme peintre de paysages champêtres, dans lesquels il révélait une réelle virtuosité technique et un sens évident du pittoresque. Il exposa au salon, de 1822 à 1844. Première médaille en 1824. Il a également exposé régulièrement, entre 1825 et 1845, à Douai, Valenciennes et Lille. Il eut pour élève son frère Gustave.

De nombreux musées français possèdent des paysages de Léopold Leprince, qui aborda le genre du paysage historique : Musées Besançon, Le Louvre, Chartres, Clameçy, Narbonne, Versailles ( Trianon), Scène mythologique, Quimper, musée des Beaux-Arts, Fête de village, Bagnères-de-Bigorre ; Paysage, Tours, musée des Beaux-Arts. Paysage de la Sarthe, 1825, et Pré à Thorigni (Sarthe), mais aussi d'autres régions françaises, comme le prouve la jolie Vue de Royat, musée de Rochefort.....(E. BENEZIT)

Trois frères paysagistes

De la même manière que les générations successives de Coypel, de Van Loo ou de Vernet, véritables dynasties de peintres au XVIIIème siècle, la famille Leprince constitue une excellente illustration, au début du XIXème siècle, de la continuité des transmissions familiales de la pratique picturale et des qualités d'émulation produites sur de jeunes peintres par leur cadre familial. La carrière d'Anne-Pierre Leprince, le fondateur de cette dynastie, nous est peu connue. Nous savons avec certitude qu'il fut lui-même peintre et qu'il enseigna ses connaissances de la technique picturale à ses enfants. Quel que soit son talent, il sut déployer suffisamment de séduction et de conviction pour transmettre sa passion pour la peinture à ses trois fils, Auguste-Xavier (1799 - 1826), Robert-Léopold (1800 - 1847), l'auteur du présent paysage, et Gustave (1810 - 1837).

Sortie de la messe dominicale dans un village de normandie. "Avis à la population !!!!"

Huile sur toile 37,5 X 46 cm - Signature en bas à gauche.

SIGNATURE : L . Leprince

Le travail en plein air

L'enseignement classique du paysage avait dès le XVIIème siècle recommandé aux élèves la pratique régulière de l'étude de la nature directement sur le motif - "d'après nature" -, c'est-à-dire en plein air. En 1800, le grand théoricien du paysage Pierre-Henri de Valenciennes (1750 - 1800) avait résumé l'opinion des enseignants du paysage, préconisant d'emmener les élèves "à la campagne", afin de rompre les séances de copies d'après les maîtres et d'après l'antique par le travail en plein air, exécuté au crayon, au lavis, à l'aquarelle et aussi à l'huile, malgré les difficultés de mise en oeuvre technique. La finalité de cette formation était en fait la constitution, dans la mémoire du paysagiste, de références visuelles permettant ensuite le travail en atelier, sans la nature, d'après les seuls souvenirs amassés lors des séances en plein air. Pour cette génération imprégnée de classicisme, le paysage parfait devait être imaginé par l'artiste à partir de sa seule inspiration, mais il devait être crédible grâce au réalisme de la description des formes naturelles. Ainsi, les paysagistes, même quand leur formation était achevée, devaient-ils continuer à travailler en plein air, dans le même esprit qu'un pianiste effectuant ses gammes quotidiennes.

A partir de 1800, peignant en plein air plus fréquemment, souvent à l'huile et généralement sur papier - le papier étant le support le plus léger et le plus commode à ranger et transporter -, les paysagistes parisiens recherchèrent, lorsqu'il ne se lançaient pas dans des voyages d'études en Italie ou à travers la France, des lieux proches de la capitale, présentant des motifs variés et pittoresques. Parmi les nombreuses forêts qui entouraient alors Paris, la forêt de Fontainebleau, depuis le XVIIIème siècle, attirait le plus les artistes. Les peintres Bidauld, Dunouy, J.V. Bertin et Michallon furent les premiers à y travailler régulièrement, dès 1810, bientôt suivis par Caruelle d'Aligny, Paul Huet et, bien sûr, Camille Corot. Léopold Leprince fit partie de cette seconde génération de paysagistes qui peignaient vers 1825 en forêt de Fontainebleau ou dans le village voisin de Moret (Le Pont de Moret, Dijon, musée Magnin), avant l'école dite de Barbizon qui s'y développa vers 1835.

Le Bas-Bréau, à Chailly, dans la forêt de Fontainebleau

C'est donc à Chailly-en-Bière, village situé à la lisière de la forêt de Fontainebleau, à deux kilomètres et demi au nord de Barbizon, que Léopold Leprince devait séjourner durant ses voyages d'études dans cette région. Peut-être était-il installé à l'Auberge du Cheval Blanc, qui attirait alors les peintres avant qu'ils ne découvrent l'Auberge Ganne à Barbizon ? En sortant de Chailly, on pouvait pénétrer dans la forêt par un joli sentier forestier, auquel on donna le nom du lieu-dit de Bas-Bréau, et on allait ainsi au coeur des bois, jusqu'à l'actuel carrefour de Bas-Bréau. Tous les paysagistes travaillèrent dans ce lieu, les motifs de rochers et de sous-bois y étant innombrables et variés. Camille Corot y peignit de nombreuses études d'après nature, avant d'utiliser en 1835 les arbres de Bas-Bréau dans sa grande toile d'Agar dans le désert (New York, Metropolitan Museum). Narcisse Diaz de la Pena y travaillait chaque été, tandis que Théodore Rousseau choisissait une vue de Bas-Bréau pour le représenter à son dernier Salon en 1867. Claude Monet y peignit un de ses premiers chefs-d'oeuvre.

Le sens de la lumière, la virtuosité d'exécution des feuillages et la simplicité parfaite de cette étude de Robert-Léopold Leprince nous fait parfaitement comprendre comment cet artiste, à la formation et aux références classiques, se situe, au même titre que Corot, Edouard Bertin et Caruelle d'Aligny, dans le courant novateur du paysage des années 1830, qui privilégiait, un demi-siècle avant l'impressionnisme, le réalisme et la quête du "sentiment de la nature" à toute forme d'intellectualisme.

Texte par Vincent Pomarède 1997. Conservateur au département des Peintures du musée du Louvre.

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