ADER - COLLECTION STEPHANE MALLARME

98 Charles Tichon [voir 56] avait illustré ce chef-d’œuvre [signature au 2e plat] et Émile Rossel l’avait édité de confiance, sans le lire. Or, il y avait un « à la manière de... » appliqué à Zola (La Terre venait de paraître [1889, sic]) qui, sans devoir alerter un substitut – ah ! mon Dieu, non ! – n’en évoquait pas moins, avec quelque pittoresque, les mœurs de la Trouille, de Jésus-Christ et de Bécu et leurs propos badins. Quand le livre eut paru, V. Rossel frémit, se sentant guetté par le Patriote, lequel faisait flèche de tout bois dans la bataille qu’il livrait à un journal concurrent [le futur célèbre Soir fondé par les Rossel] dont il sentait pour lui tout le danger. Mettre l’édition au pilon, il y fallait d’autant moins songer que des exemplaires étaient déjà entrés dans la circulation ; ne pas la mettre au pilon, c’était fournir à ce bon apôtre de Patriote l’occasion de dénoncer l’immoralité du Soir, éditeur de publications qui ... de publications dont... On s’aperçut que le nom de Rossel ne figurait que deux fois dans la plaquette : une fois sur la couverture et une fois dans une pièce de vers qui se terminait par : C’est chez Rossel qu’on vend l’Almanach des Apaches. Rossel n’hésita pas : il fit rogner la couverture et, préparant ainsi des joies aux bibliophiles futurs, occupa une équipe d’ouvrières à gratter au canif, à l’intérieur du livre, la ligne malencontreuse»… (George Garnir, Souvenirs d’un revuiste, ill. par Ochs. Bruxelles, Des presses de l’Expansion belge, Ve édition, s.d. p. 42-43). Le nom gratté de Rossel était dans le dernier vers du pastiche de Mallarmé ! Henri Disière, futur sénateur, et Garnir lancèrent le nouveau Journal des Étudiants le 5 novembre 1888 jusqu’en 1914. « Le nouveau journal publiait en première page des portraits lithographiés de professeurs, portraits que Charles Tichon, qui avait un œil photographique et des doigts de miniaturiste, nous faisait à cent sous la pièce : il y en a qui sont de petits chefsd’œuvre de métier. La quatrième page comportait des dessins anecdotiques, du bon géant Gustave Dreypondt, de Carl Meunier, d’Émile-Antoine Coulon, d’Amédée Lynen, de Rocher, de Marius Renard, etc. » (p. 24). Débroché, complet, à relier tout simplement. D’une insigne rareté. Un seul ex. recensé à la KBR. *69. [Stéphane MALLARMÉ]. Almanach universitaire des Apaches pour de bon. Bruxelles, [Ed. Rossel] Imprimerie Vanbuggenhoudt, [fin 1891 ?], plaquette in-8 [63 p.] ; br., couv. ill. impr. en noir et rouge. Chemise papier, étui (Atelier Devauchelle). 1 500 / 2 000 € Pastiche inconnu [par Maurice Campion] : «En souvenance du combat de Reischoffen (1870) / Rythmes / [sonnet] / Novembre 1891 / Stellarme Malphané » p. [50]. Nous renvoyons aux extraordinaires souvenirs, de haute précision, de George Garnir sur l’époque faste de la zwanze et loufoquerie universitaire et théâtrale bruxelloise : « Avec mon vieil et cher ami Maurice Campion, trop tôt disparu [...] je mis aussi au jour l’Almanach des Apaches, une plaquette improvisée sur les bancs de l’Université, mais qu’on eût plutôt dit rédigée au foyer d’un bal, une nuit de mardi-gras. Il y avait là des pastiches de Zola, de Mendès, d’Albert Giraud, de Mallarmé, de François Coppée, de Maeterlinck, que j’hésite d’autant moins à qualifier d’étincelants qu’ils étaient de Campion et non de moi. L’ouvrage était dédié aux appariteurs de l’Université [libre de Bruxelles] et, en vertu d’un traité conclu avec Mgr l’archevêque de Malines, assurait 40 jours d’indulgence à tous ses lecteurs, de n’importe quel sexe. Il contenait l’historique de la Société des Apaches universitaires, l’apologie de la Sqwaw, des éphémérides postérieures, des contes, la chanson nationale des apaches, des histoires vécues, des pensées remarquables, une monographie du mustang, des recettes pour se nettoyer les dents et pour descendre d’un tramway en marche, etc.

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