129 101. Stéphane MALLARMÉ. Manuscrit autographe, [L’idéal à vingt ans], Valvins près Fontainebleau 17 août 1898; 1 page in-8 (22 x 14cm) sur papier vergé. 4 000 / 5 000 € Brouillon de réponse quasi testamentaire à une enquête sur l’idéal. [L’enquête menée par Jean-Bernard pour Le Figaro d’août à septembre 1898 posait cette question : « À vingt ans quel était votre idéal de la vie, votre rêve ? L’âge mûr l’a-t-il réalisé ? » La réponse de Mallarmé parut le 29 août, quelques jours avant la mort du poète, le 9 septembre.] Ce brouillon présente de nombreuses ratures, corrections et additions interlinéaires, et de nombreuses variantes (partiellement relevées dans la Pléiade) avec le texte publié, qui est daté du 18 août ; il existe un deuxième état, non définitif, à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet (MNR Ms. 1241). Nous relevons entre crochets quelques-uns des mots biffés. « Quel était mon idéal à vingt ans, rien d’improbable que je l’aie même faiblement exprimé, puisque [la manifestation] l’acte par moi choisi [fut] est d’écrire : maintenant si l’âge mûr l’a réalisé, ce jugement-ci relève des personnes seules m’ayant prolongé leur intérêt. Quant à une appréciation autobiographique intime, [laquelle resterait] de celles à quoi on se livre, particulièrement, [seul à] seul ou en présence d’un hôte rare, j’ajouterai, dans le journal, selon votre souhait, en vue de proférer quelque chose, que, suffisamment, je me fus fidèle, pour que mon humble vie gardât un sens. Le moyen, je le publie, consiste quotidiennement à épousseter, de l’apport hasardeux extérieur, ma native illumination, qu’on recueille plutôt [généralement] sous [l’appellation] le nom d’expérience. Heureuse ou vaine, ma volonté des vingt ans tient encore. » Au-dessous d’un trait, Mallarmé ajoute cette réflexion qui sera publiée dans le journal, en tête de sa réponse, comme « pensée inédite » : « Jamais [une] pensée ne se présente à moi, détachée, je n’en ai pas de cette sorte et reste ici dans l’embarras : les miennes forment le trait [suprême], musicalement placées, d’un ensemble et, à s’isoler, je les sens perdre jusque leur vérité et sonner faux : après tout, cet aveu, peut-être, en figure-t-il une, [propre à conserver] convenant au feuillet blanc d’un album. » Exposition : Mallarmé, Musée d’Orsay, 1998, n° 345 (reprod. p. 18). Provenance : collection Françoise et Paul Morel (vente Sotheby’s 15 octobre 2015, n° 177). Œuvres complètes (Bibl. de la Pléiade), t. II, p. 672-673, 1736.
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