162 129. George SAND (1804-1876). L.A.S., Nohant 25 février 1860, à Pauline VIARDOT ; 3 pages in-8 son chiffre GS, à l’encre bleue. 800 / 1 000 € Belle lettre affectueuse à la chanteuse, qui triomphe dans Orphée de Gluck, sur leur projet d’opéra-comique d’après La Mare au diable. « Chère fille, je suis bien contente de ce que vous me dites de 8 ou 10 représentations encore [d’Orphée], car je suis toute enrhumée et j’avais bien peur de partir par ce gros froid. Mais j’aurais tout bravé s’il l’avait fallu. Dès qu’il ne gèlera plus à pierre fendre, je vous écrirai pour que vous me fassiez retenir une bonne loge, mais que je veux louer, parce que je la veux bonne bonne, et que les loges données par l’administration (quand elle en donne) sont toujours mauvaises. Je veux vous voir en plein, en même temps que vous entendre, et je suis trop vieille pour me casser le cou en regardant de côté, pour apercevoir un bout de nez ou de draperie. Oui, j’irai vous embrasser de tout mon cœur et de tous mes bras, un bon matin, pas dîner. Je ne peux plus rester à table au delà de 8 à 10 minutes sans être malade, à moins d’être en plein air, l’été, sur la terrasse de Nohant, et je ne présume pas trouver cela à Paris pour le quart d’heure. Ah ! quand y reviendrez-vous, à ce pauvre Nohant que vous avez tant délaissé ! Ce n’est pas à Paris qu’on se retrouve, à moins d’y être fixé, mais quand on y va en courant, toujours pour affaires et en comptant les heures de rendez-vous (toujours manqués par parenthèse) et en étant forcé de voir tous ses amis à la fois, ce qui est ne pas les voir, ça fait l’effet de goûter à tout sans rien manger. Il faudra que vous me promettiez de venir cette année, ou c’est moi qui vous ferai des reproches. Ce Paris me devient impossible. Je suis désacclimatée, et moi qui ai ici une bonne santé, je n’y mets plus le pied sans être malade pour tout de bon. – Je n’ai jamais su si vous aviez reçu tous les vers de la Mare au diable. […] Vous me direz si la chose vous va, et quand vous vous retrouverez dans vos loisirs de campagne, à Nohant peut-être, (laissez-moi rêver ça) vous ferez un petit chef-d’œuvre. Bonsoir ma chérie fifille, j’embrasse tendrement vous, et Louis, et toute la marmaille ». Correspondance, t. XXV (S 875).
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