16 9. Eugène BOUDIN. L.A.S., 16 mars 1891, à Ferdinand MARTIN ; 6 pages in-8 (le dernier feuillet sur le f. blanc d’un prospectus impr. de Durand-Ruel). 1 000 / 1 200 € Préparation de son exposition chez Durand-Ruel. Le temps passe vite. « Faut-il s’en plaindre ? Je n’en sais rien, mais ce travail sans trêve où un tableau succède à un autre sur le chevallet... cette tension du cerveau vers un but, cette application constante qui vous use sans secousses vous font oublier les jours, les heures les minutes.... Autrefois j’avais encore des moments de répit... je me reposais faute d’entrain de verve […] à présent la machine va son train et tourne sans relâche... comme c’est bête cette vie de labeur qui nous prend à un âge où l’on aurait quelque besoin de repos de répit ... Et dire que nous sommes tous ainsi pauvres vieux ouvriers du pinceau et de la plume... Nous mourons l’outil en main c’est peut-être heureux... Cela nous empêche de sentir la vieillesse qui vient ou plutôt qui est venue... on se fait encore illusion sur ses ans lorsque la main est alerte et le cerveau obéissant […] Je m’accommode de la vie comme je l’ai, plus préoccupé de cette peinture que d’autre chose ! ! comme mon labeur est incessant, je laisse aller les choses de la vie comme ça peut aller, me renfermant dans mon idéal de travail Cependant je n’ai pas trop à me plaindre et, lorsque la santé est à peu près bonne, comme en ce moment, je supporte assez allègrement le poids un peu lourd des années. Mais que d’efforts on est tenu de faire pour se rajeunir et prouver à cette jeunesse présomptueuse qu’on est encore bon à quelque chose! Outre mes commandes ordinaires j’ai dû tout récemment fournir, à Durand-Ruel, l’appoint d’une nouvelle exposition qui a lieu en ce moment […] J’ai sorti un amas de vieux dessins.. puis des toiles ! on me fait de beaux articles – tout cela ne me touche plus guère je t’assure, mais je travaille avec plus de courage que jamais sentant bien que je serai forcé quelque jour de m’arrêter dans cette production trop hâtive ou trop hâtée »… Il doit donner un « nouveau coup de collier » pour le Salon… Il a souffert du poêle « durant cet hiver si rigoureux mais depuis le retour du beau temps je travaille sans faire du feu et j’en éprouve quelque soulagement ».... Il évoque la mort de Jongkind : « encore un du bâtiment qui s’en va ! ça s’éclaircit joliment nos rangs ! » Il a vendu un tableau à l’exposition de Bordeaux… La dernière partie de la lettre est écrite au dos d’une invitation imprimée pour l’exposition Eugène Boudin chez Durand-Ruel, du 9 au 17 mars.
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