26 21. Eugène BOUDIN. L.A.S., Antibes 7 mai 1893, à Mme MARTIN ; 4 pages in-8 à l’encre violette. 1 000 / 1 500 € Sur son travail à Antibes. Il est venu dans le Midi « refaire ma santé détraquée sous la chaleur bienfaisante de ce bon soleil et de ce beau pays. J’y ai trouvé un vrai soulagement à mes douleurs... Elles n’ont pas cédé tout de suite mais à force d’aller et venir – de suer en gravissant les côtes j’ai fini par les oublier et reprendre un peu de vigueur dans mes vieilles jambes qui ne voulaient plus aller du tout. Aujourd’hui ça va bien... je me suis mis à travailler avec une ardeur digne d’un jeune homme... Je travaille mes huit heures par jour comme un simple ouvrier mais comme c’est en plein air et au bord de la mer ou dans les belles campagnes, je résiste à ce régime qui tuerait un jeune... Plus heureux que notre pauvre ami regretté, j’aurai bien profité de mon séjour dans ce pays chaud et sain. Ces jours derniers j’ai voulu revoir Beaulieu où il a passé ses derniers jours agréables à parcourir, sous les oliviers les sentiers bordés de roses et de géraniums […] La nature est toujours belle, renaissante... elle rajeunit chaque année... et nous... nous passons pauvres êtres fragiles et peu durables. […] Si je n’étais forcé de rentrer à Paris pour toutes sortes de besoins je crois que je m’endormirais ici dans une sécurité heureuse... mais j’ai un boulet... c’est l’atelier et les mille tourments du métier […] comme le Juif Errant je suis condamné à marcher, à courir les rivages, les ports sans trêve... je suis accablé de commandes et de travaux »…
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