ADER - COLLECTION STEPHANE MALLARME

27 22. Eugène BOUDIN. L.A.S., Paris 4 janvier 1894, à Mme MARTIN ; 3 pages et demie in-8. 1 000 / 1 500 € Sur son travail, malgré la vieillesse. Il est honteux de son long silence : « les jours s’écoulent, pour moi, dans un labeur incessant qui ne me laisse pas souvent l’esprit libre. Les mille et mille occupations et préoccupations de la vie courante m’absorbent le plus souvent. Tout ça tourbillonne dans ma tête ». Il voulait aller lui serrer la main au Havre, « mais voilà qu’à peine arrivé la peur d’être bloqué dans le Havre me fait repartir immédiatement. Mon intention était de revenir car j’avais fort à faire dans ce port, mais entraîné d’un autre côté je n’ai pu réaliser mon projet. D’ailleurs le temps était devenu mauvais, j’étais accablé de rumathismes et je dus y renoncer. […] Vous devez trouver une grande solitude non loin de vous... j’ai passé par là et je sais quel froid cela jette dans la maison, la disparition d’un être avec lequel on a passé une grande partie de son existence. [...] Je ne vous parle pas de moi et de ma santé. Que je sois malade ou bien portant il faut que je marche quand même... j’ai une légion de clients dont je suis la machine à produire... Ils me font marcher ils me poussent à ce point que je ne m’appartiens plus. Vous pensez bien que cette vie de labeur me fatigue horriblement mais que je ne peux m’y soustraire – c’est fatal, je ressemble à ces vieux chevaux qu’on fouette malgré la raideur de leurs muscles et qu’on force de marcher jusqu’à entier épuisement »… On joint une autre L.A.S., 31 décembre 1894 (1 page et demie in-12), envoyant ses vœux. « Je n’ai pas eu le plaisir de vous revoir en revenant par le Havre. Comme toujours pressé, pressé... Je n’ai même plus le temps de vivre... je suis une machine à travail... accablé de fatigue à un moment de ma vie où je devrais me reposer et jouir de mon labeur passé, il faut que je marche, marche comme un Juif Errant poussé par ma destinée peut être aussi par un besoin de remplir ma mission de peintre je ne sais »...

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