59 Vous avez retenu quelques-uns de ces vers, qui, lus en tous sens, vous demeurent mystérieux : vous les récitez au dessert, dans vos maisons, lorsqu’on vous demande un monologue. Puis ces maints critiques subtils [...] : M. Mallarmé est-il un fou ou un mystificateur ? » In fine : « Il a construit si loin le temple pur de son art qu’il l’a mis à l’abri de la Gloire elle-même. Il ne verra point ce que verraient aujourd’hui Racine et Beethoven, ses œuvres polluées par l’admiration avilissante des niais. Et il aura la joie entre toutes sainte et délicieuse, il aura toujours, dans la sérénité bienheureuse de son noble esprit, les railleries et les dédains des hommes pour son incompréhensible folie ». «Personne, avant Teodor de Wyzewa, n’avait caractérisé avec autant de précision et de finesse l’héroïsme du poète et l’originalité de son art », et su «dégager de la poésie mallarméenne une définition très méditée du nouvel art littéraire. [...] La première charte de la poésie nouvelle, c’est Wyzewa qui l’a donnée.» (Paul Delsemme, Teodor de Wyzewa, Bruxelles, ULB, (1967), p.156 et 184). Éminente figure du symbolisme, polyglotte et polygraphe, collaborateur entre autres de La Revue wagnérienne d’Ed. Dujardin, Wyzewa publiera d’aussi longues Notes sur Villiers dans La Revue indépendante du [1er] décembre 1886 à laquelle il collabore assidument comme Mallarmé pour le théâtre, sous la direction de Dujardin. Deux pièces ont été montées à l’origine dans l’exemplaire : – Paul VERLAINE. Stéphane Mallarmé. Paris, Vanier [mars (et non, comme avancé, février) 1887], Les Hommes d’aujourd’hui n° 296, portraitcharge par Luque en couleur bleu et vert du poète en faune. Écrivant à Verlaine qui signe cette fois de son nom, Mallarmé s’emporte contre Vanier quoique prévenu et menacé de poursuite : « notre gracieux éditeur [Vanier] qui, faisant paraître contre mon consentement un portrait sot* dans les Hommes d’aujourd’hui s’est gardé de me communiquer les épreuves de ma prose et de mes vers» (Marchal Corr. 802). Ce fut corrigé dans Les Écrits pour l’Art du 7 avril. * Il récidiva l’année suivante dans le médaillon à la lyre du Mallarmé de la nouvelle édition des Poètes maudits de Verlaine. Ex. naturellement plié mais d’une fraîcheur merveilleuse que l’on pourra comparer à un ex. volant que nous joignons. – T. de WYZEWA. L.a.s. à Rodolphe Darzens ; 1 p. sur un double f. in-8 à en-tête de la Revue wagnérienne. Il souhaite, selon la promesse reçue, publier son étude sur Les Lauriers sont coupés de « mon ami » Dujardin. [Elle paraîtra dans l’éphémère La Revue libre de mai 1888, où Darzens tint un rôle de premier plan (P. Delsemme, ibid., Bibliographie 158).] La collection fin-de-siècle de Rodolphe Darzens était renommée et convoitée, notamment son fonds rimbaldien. Il la dissémina chez les plus grands bibliophiles dans la première moitié du XXe siècle. Exemplaire impeccable, d’une grande finesse, en tout point désirable. Provenance : Rodolphe Darzens ( ?). On joint à part : MALLARMÉ. Autobiographie. Lettre à Verlaine. Avant-dire du Dr Edmond Bonniot. P., Messein, 1924, [Coll.] Les Manuscrits des Maîtres, in-4 br. Chemise cart., étui d’édition E.O. en fac-sim. de cette célèbre lettre du 16 novembre 1885, préparatoire à la rédaction de l’étude de Verlaine pour Les Hommes d’aujourd’hui (cf. supra). Un des 50 ex. sur Chine, n° 29 à l’état de neuf.
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