87 Avec une autre rareté toute mallarméenne: Les Flaireurs. Cette livraison, en grand papier, recèle en effet la préoriginale de la pièce symboliste Les Flaireurs de Charles Van Lerberghe dont il fut fait un tiré à part à 25 ex. ( !), trésor bibliophilique s’il en est. Ce fut tellement discret que le pauvre Van Lerberghe fut accusé du plagiat de L’Intruse de son ami Maeterlinck qui démentit catégoriquement dans La Revue Indépendante qui avait lancé cette perfidie, mais Maeterlinck avait le vent en poupe... (nous renvoyons à notre longue notice de la Bibliothèque littéraire d’un amateur [Louis de Sadeleer], Simonson, 28/5/1988 n° 77 qui embrasse tout le dossier). En grande partie non coupé, d’une insigne rareté, tel que paru. Exemplaire dédicacé *59. Comte de VILLIERS DE L’ISLE-ADAM. Axël. Paris, Quantin, 1890 [dépôt décembre 1889, mise en vente 17 janvier] ; in-8 demi-maroq. prune à coins, dos à nerfs, t. dor., couv. et dos cons. (Sim. Kra Rel, cachet sec carré). 400 / 600 € Édition originale posthume. Envoi autogr. signé à l’encre de J.K. Huysmans contresigné par Mallarmé sur le f. bl. : « A Henry Girard / Pour Villiers / J.K.Huÿsmans /et Stéphane Mallarmé ». Déplorable acteur, toujours en tournée, Henry Girard, de retour, devenait un des piliers des dîners dominicaux chez son grand ami Huysmans avec Landry, Villiers... Huysmans lui dédia Le Quartier Saint-Séverin dans l’édition augmentée de La Bièvre chez Stock en 1898 et lui offrit son célèbre portrait par Forain (Musée de Versailles). Travail considérable d’établissement du texte, dû à Gustave de Malherbe et Huysmans. Celui-ci découvrit à Nogent : « un stère d’épreuves, de papiers, de notes relatifs à Axël [...] un labyrinthe de corrections sur placards [3e partie] », comme il l’écrit à Mallarmé, l’autre exécuteur testamentaire, qui supervisa le tout dans l’urgence, car Quantin était impatient (Austin III p. 358). Dans l’Appendice, ils éditèrent un fragment retrouvé que Huysmans fit précéder (p. 297-98) d’une notule. Il en envoya le brouillon à Mallarmé pour qu’il l’amende. On pourra conférer le texte édité in extenso par Austin (ibid. p. 365). Couv. restaurée à un coin et lég. brunie comme le dos de la reliure de Simon Kra, bien plus connu comme éditeur. Provenance : [Bernard Loliée], Binoche et Giquello, Sotheby’s, Courvoisier exp., 9/10 / 2018 n° 301 (ex-libris RBL). *58. Stéphane MALLARMÉ. Sonnet. Préoriginale en 1ère belle page dans La Wallonie du 31 janvier 1889 ; plaquette in-12 br. Chemise dos chagr. rouge bordeaux, dos titré or, doubl. de suédine, étui (Atelier Devauchelle [2009]). 600 / 800 € Exemplaire sur grand papier vergé de Hollande tiré à tout petit nombre. La Wallonie, imprimée à Liège chez Vaillant-Carmanne, était une revue symboliste des plus importantes, dirigée par de fervents mallarméens dont Albert Mockel, Maurice Siville [voir 57-58], Pierre-M. Olin. « Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx [...] Aboli bibelot d’inanité sonore »… Célèbre Sonnet en sa 2e version qui est la seule publiée de son vivant, la première avec son sous-titre « allégorique de lui-même » étant demeurée manuscrite ; mais combien étudiée depuis lors (Pléiade OC I p. 37 et 131) Ces prépublications en revue étaient d’autant plus importantes que les éditions du poète étaient confidentielles. Ce poème n’avait d’ailleurs paru que dans Les Poésies photolithographiées à 40 ex. en vente et à quel prix ! D’où les copies qui circulaient, comme au bon vieux temps de la censure...
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