ADER - Enluminures, livres anciens et modernes

116 Livres modernes 109 SEGALEN (Victor). Orphée-Roi. Paris : Georges Crès et Cie, Le théâtre d’art, 1921. — In-8, 235 x 171 : frontispice, (2 ff.), VI pp., (2 ff.), 131 pp., (2 ff.), couverture imprimée. Broché, non rogné, couverture rempliée. 500 / 700 € Édition originale, publiée de façon posthume, de ce drame lyrique en 5 actes, travaillé en commun avec Claude Debussy. Victor Segalen, musicien et admirateur de Claude Debussy, collabore avec lui sur un drame lyrique inspiré d’Orphée après leur rencontre en 1906. Un article de Segalen en 1907 suscite l’intérêt de Debussy, qui voit dans ce mythe un potentiel « inouï ». Entre 1907 et 1908, Segalen écrit Orphée-triomphant, une version humaine et conflictuelle du mythe, centrée sur « l’incompréhension lyrique ». Debussy, enthousiaste, propose des ajustements pour renforcer le rôle de la foule et épurer le style. Malgré des échanges fructueux, le projet s’essouffle : Debussy, malade, renonce en 1916, estimant qu’« on ne peut faire chanter Orphée, car il est le chant lui-même ». Segalen achève seul une dernière version en 1916, mais les deux hommes meurent (1918 pour Debussy, 1919 pour Segalen) avant sa publication. Leur collaboration, mêlant poésie et musique, visait à créer une œuvre où « les mots se sacrifient à l’hymne futur ». Segalen décrit ce travail comme une quête d’« incantation des syllabes » et d’un « lyrisme musical », où « une voix chantant toute seule » aurait dû sceller leur testament artistique commun. Le projet resta inachevé, témoin d’une ambition esthétique radicale. L’édition est illustrée d’un frontispice gravé sur bois d’après une composition du peintre Gustave MOREAU, et de 9 bois gravés dans le texte par George-Daniel de MONFREID (1856-1929), peintre que Segalen rencontra sous les auspices de Paul Gauguin. Tirage à 1430 exemplaires. Celui-ci est l’un des 30 de tête hors commerce sur grand papier de Tribut (n° 4 faisant partie de 15 à grandes marges), enrichi d’une seconde épreuve du frontispice sur papier bleu. Exemplaire très bien conservé malgré la couverture légèrement insolée. 110 SEGALEN (Victor). Odes. Paris : Les Arts et le livre, 1926. — In-8 allongé, 288 x 145. Plié à la chinoise, sous deux planches de bois avec titre gravé en long et en creux sur le premier plat, cordons de soie jaune. 800 / 1 200 € Pierre Saunier, Victor Segalen, l’Exote, n° 115 à 117. Édition originale posthume. « C’est en juin 1912, après avoir remis le manuscrit de Stèles aux frères lazaristes de l’imprimerie di Pei-t’ang et alors qu’il travaillait déjà à Peintures, que Segalen entreprit la composition des Odes. Au cours d’une fumerie d’opium, alors qu’il cherchait le moyen de donner plus d’intensité à un texte en prose, il eut l’idée de renouer avec le vers d’antan et sa métrique rigoureuse - mais au classique alexandrin il préféra la prosodie chinoise dans laquelle il puisa des éléments, en apparence, plus exotique […] Odes procède inversement de Stèles où la forme et la présentation découlent du mot fixé en signe sur la pierre chinoise. Là, il s'agit de fixer ce qui précisément ne se fixe pas, sinon peut-être dans la mémoire. Ainsi ces nouveaux poèmes s'orientent-ils davantage vers la transposition musicale, transposition d'un état, d'un délire ou d'une vision très intellectualisée du monde intérieur, bref, d'un ineffable » (Pierre Saunier, Victor Segalen, l’Exote, pp. 119-120). Le tirage de cette édition fut limité à 320 exemplaires. Un des 30 de tête sur papier coréen, celui-ci, numéroté 28, faisant partie des 15 hors commerce sur ce papier. Exemplaire très bien conservé. Les couvertures sont comme toujours brunies.

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