ADER - Enluminures, livres anciens et modernes

34 Enluminures et manuscrits royales exécutoires) fait référence aux documents juridiques émis par les autorités espagnoles contenant la résolution de procédures judiciaires, y compris les affaires pénales, les conflits fonciers et les revendications de statut de noblesse. Les Cartas ejecutorias sont émises par le monarque lui-même, en utilisant son image et son nom mais ce sont des documents qui résultaient de litiges judiciaires – souvent durant depuis plusieurs décennies – impliquant des témoins. Le terme employé pour désigner ces procédures est « pleito » (ou pleyto dans notre document). Le résultat de ces « pleitos » était « royal et définitif » et donc censé être « exécuté » rapidement, d’où le nom « cartas ejecutorias ». Type de document capital pour l’Espagne, la « Carta executoria de hidalguia » est, pour le chercheur, le généalogiste, l’héraldiste, une source de premier ordre, contenant nombre d’informations dans de multiples domaines, sociaux, matériels, économiques mais aussi iconographiques. Voir E. Ruiz García, « La Carta ejecutoria de hidlaguia : un espacio grafico privilegiado », La España medieval, 2006, pp. 251276. Texte ff. 2v-45, Carta ejectoria de hidalguia de Sebastian Nunez, vecino de Aldea del Rey. Sebastian Nunez (ou Nuñes) est habitant de la ville de Aldea del Rey, située dans la province de Ciudad Real, dans la région de Castilla-La Mancha. Cette ville était protégée par Philippe II qui y fit construire le Palais de la Clavería pour y abriter les Claveros de l’Ordre de Calatrava, qui gardaient le château et le couvent de la plus haute importance. Illustration : Deux grandes compositions enluminées se faisant face à pleine page, ornées de deux bordures à motifs de rinceaux et de putti, l’une avec le nom « Don Philipe » [le roi Philippe II d’Espagne] dans un cartouche, l’autre avec des armoiries. f. 1v, Anonyme, Composition figurant le roi Philippe II et Anne d’Autriche, reine consort, agenouillés en prière avec la Vierge à l’Enfant dans le ciel (la Vierge tient entre les mains une grenade). Dans un cartouche sous la composition enluminée le nom « Don Philipe ». En 1577, le roi d’Espagne est Philippe II (1527-1598), fils aîné de Charles Quint. Marié un temps avec MarieManuelle de Portugal, Philippe II épouse en secondes noces Marie Tudor (morte en 1558), reine d’Angleterre et d’Irlande et par son mariage reine consort d’Espagne, de Sicile et de Naples, duchesse de Bourgogne, de Milan, de Brabant, de Luxembourg et de Limbourg, comtesse de Flandre, de Hainaut et comtesse palatine de Bourgogne. Après son troisième mariage avec Elisabeth de France (1545-1568), Philippe II contracte en 1570 un quatrième mariage avec Anne d’Autriche (1549-1580), fille de Maximilien II du Saint-Empire. f. 2, Anonyme, [registre supérieur] Santiago de Matamoros chevauchant, attaquant des Maures, avec « Por la Gracia de Dios » dans un cartouche (Saint Jacques dit Matamoros) ; [registre inférieur], composition héraldique (famille Nunez, quatre quartiers, signalons la famille Chacón : « 1º y 4º ; de plata, un lobo pasante, de sable. 2º y 3º ; de azur, una flor de lis de oro »). Saint Jacques « Tueur de Maures » (en espagnol : Santiago Matamoros) est le nom donné à la représentation (peinture, sculpture, etc.) de l’apôtre Jacques le Grand, figure légendaire et miraculeuse apparue lors de la bataille de Clavijo (23 mai 844), pour aider les chrétiens dans leur guerre de conquête contre les Maures : « Bien que cet événement soit basé sur une légende, la prétendue bataille a fourni l’une des icônes idéologiques les plus fortes de l’identité nationale espagnole » (Jean Mitchell-Lanham). .../...

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