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Livres du XIXe siècle 81 Ses écrits sur la colonisation convainquirent le ministre de la Marine et Napoléon III de lancer une mission d’exploration du Mékong pour évaluer son potentiel comme voie d’accès vers la Chine. En 1866, il partit comme second du capitaine Doudart de Lagrée, traversant le Cambodge, le Laos et atteignant le Yunnan chinois en explorant le haut cours du fleuve Song (1866– 1868). À la mort de Lagrée, Garnier prit la tête de l’expédition, gagna le Yangtsé, effectua une excursion au Tibet, puis descendit le fleuve jusqu’à Shanghai (1868). Les résultats de ce voyage furent exceptionnels : avancées en cartographie, géologie, botanique, zoologie, ethnographie et linguistique. De retour en France, Garnier fut acclamé par les Sociétés de géographie de Paris et Londres et dirigea la rédaction de son récit, Voyage d’exploration en Indo-Chine (publié en 1873), tout en travaillant au Dépôt des cartes et plans de la Marine. Pendant la guerre de 1870, il servit sous les amiraux Jurien de La Gravière et Méquet, mais ses prises de position contre la reddition des forts lui valurent une disgrâce temporaire. Il repartit alors pour la Chine (1872–1873) comme correspondant du journal Le Temps et y fonda une société de commerce de soie à Shanghai. Rappelé par l’amiral Dupré pour ses connaissances stratégiques sur le Tonkin et le fleuve Song, il fut envoyé à Hanoï en 1873 pour soutenir le trafiquant Jean Dupuis et y imposer la présence française. Après des négociations infructueuses avec les Annamites, il s’empara de la citadelle de Hanoï en novembre 1873, mais trouva la mort un mois plus tard, en décembre, lors d’une attaque téméraire contre les Pavillons noirs. Pour cet ouvrage, Francis Garnier a rédigé l’essentiel du récit du voyage, ainsi que les études géographiques (en collaboration avec Louis Delaporte), astronomiques, météorologiques, historiques, ethnographiques, linguistiques et politiques, s’appuyant en partie sur les notes d’Ernest Doudart de Lagrée, notamment pour les descriptions du temple d’Angkor et les langues locales. Lucien Joubert, médecin, a traité les questions géologiques et minéralogiques, incluant une traduction française d’un traité chinois sur le Yunnan, tandis que le docteur Clovis Thorel a abordé l’anthropologie, l’agriculture et l’horticulture. Les cartes et plans ont été établis à partir des relevés réalisés par Francis Garnier, Ernest Doudart de Lagrée, Louis Delaporte et Jean-Baptiste Laëderich (pour le temple d’Angkor). Enfin, les illustrations — vues dans le texte et hors texte — ont été lithographiées d’après les dessins de Louis Delaporte. .../...

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