ADER Nordmann. LETTRES & MANUSCRITS AUTOGRAPHES

343 159 a volé quelques effets personnels, sa malle ayant été fouillée (p. 16). Le 26 août 1843, il passe à la 3e compagnie de Voltigeurs avec le grade de caporal. La suite du récit est consacrée à la population de l’île ; à cette occasion, l’auteur évoque l’esclavage : « Les habitans de ce pays sont en grande partie des Français, ensuite des Créoles du pays et des esclaves, c’est-à-dire des Noirs qui sont des personnes comme nous à l’exception qu’ils sont noirs et sur la quantité il y en a un grand nombre qui sont blancs mais qui sont également esclaves, et l’on fait un trafic sur ces sortes de personnages comme sur les animaux en France »... Il ajoute : « Un habitant connaissant une esclave appartenant à un autre individu l’achète, lui paye la somme convenue et lui donne ensuite la liberté, et c’est ce qui se voit très souvent car parmi la quantité des libres il y en a un grand nombre qui sont noirs de nature car ils ont été affranchis »... (pp. 17-18). Ces observations sont complétées par deux tableaux statistiques, l’un sur la milice de Bourbon (7 556 hommes, plus la gendarmerie, l’artillerie et l’infanterie de marine, soit 9 403 militaires sur l’île), l’autre sur la population de Bourbon (36 939 libres, 65 915 esclaves, soit 10 2854 habitants au total). La suite est consacrée à l’ouragan du 21 février 1844 et à ses conséquences sur les navires au mouillage à Saint-Denis, sur l’hôpital Saint-Philippe (où étaient soignés des esclaves qui furent évacués) et sur les plantations situées dans diverses localités (pp. 19-22). À la suite d’un ordre ministériel destiné à compléter le cadre des sous-officiers et caporaux, Noël est promu sergent en mars 1844 et affecté à la 32e compagnie en détachement à Saint-Benoît. Il est alors employé à la reconstruction d’un pont qui avait été emporté par une inondation, ainsi qu’à creuser des fossés et construire une digue. Il relate aussi une partie de chasse effectuée avec un habitant dans les environs de Saint-Benoît (pp. 24-25). Le 5 décembre, il part pour Saint-Denis afin de préparer le retour de sa compagnie au Camp de Marine qui a lieu le 7. Le 10 janvier 1845, une forte tempête provoque d’importants dégâts à Saint-Denis, détruisant même le local où il se trouvait, sans toutefois qu’il soit blessé (p. 27). Le 22, il retourne à Saint-Benoît où il retrouve ses anciennes connaissances. Il revient ensuite à Saint-Denis et se trouve alors employé au bureau de l’officier d’armement. Le 8 juin 1845, la 30e compagnie quitte l’île Bourbon afin de relever la 26e compagnie qui était à Mayotte depuis un an. En passant à proximité de Tamatave (Madagascar), les Français cherchent à débarquer mais ils sont repoussés par les Hovas qui leur infligent d’importantes pertes, malgré le concours d’une frégate anglaise présente sur les lieux. Les blessés sont rapatriés à Saint-Denis. Noël, qui n’a pas assisté à l’opération, relate cet événement dans son récit. Il quitte l’île Bourbon le 1er octobre 1846 à bord de la corvette l’Oise, passe par le Cap et Sainte-Hélène (visite du tombeau de l’Empereur) et rentre à Toulon au début janvier 1847. Cette intéressante relation, apparemment inédite, n’est mentionnée dans la bibliographie de Ryckebusch.

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