90 35 88. Henri ALBERT (1868-1921). 7 L.A.S., 1898-1899, à Maurice Sailland (Curnonsky) ; 22 pages, la plupart in-8, une enveloppe. 400 / 500 € Intéressante correspondance du germaniste, traducteur de Nietzsche. Niederbronn 25 juillet 1897. Il est parti pour l’Alsace, et s’inquiète de sa « jeune amie », qui cherche « un petit trou pas cher » en Bretagne. – Strasbourg 31 août 1898, au chevet de sa sœur mourante. Il est inquiet pour Jean de Tinan : « Ce serait déplorable pour nous tous, s’il s’en allait si tôt. Il n’a pas encore donné tout ce qu’il est capable de faire et nous perdrions l’ami le plus exquis »… Il va se faire déléguer au congrès sur le désarmement à Genève… – Paris 18 novembre 1898 : «Notre pauvre Tinan est mort ce matin après une douloureuse agonie de deux jours. Les derniers moments ont été très calmes»… Niederbronn 1899. – 24 juillet, évoquant Curnonsky « aux heures tardives où les cafés s’animent », le pauvre Tinan, sa rencontre avec Maurice Barrès (« nous passons chaque soir quelques heures ensemble à exalter nos individus »), et un projet de journal nationaliste avec Paul Acker… – 28 juillet, il est empêtré dans « une sale histoire », par manque d’argent, alors que les deux volumes de Nietzsche n’ont pas encore paru… – 6 octobre, au sujet du Bréviaire des courtisanes de Perdiccas [Paul-Jean Toulet et Curnonsky] : « je suis toujours rempli de surprise, quand je réfléchis à la vie que vous menez, vous autres, et je me demande comment vous trouvez le temps de travailler. Enfin voilà une demie-première œuvre de Curnonsky ! » Il « travaille pendant huit ou dix heures par jour » sur Nietzsche : « le Mercure veut faire paraître quatre volumes cet hiver. Seulement avec les bénéfices de traductions philosophiques on ne vit pas et ma famille me refuse dorénavant tous subsides. C’est donc l’exil ou la misère. Je choisis le premier et me fait nourrir et loger ». Il parle d’un article et d’un roman de Remy de Gourmont… On joint une l.a.s. de Curnonsky à H Albert (20 mars). 89. Alphonse ALLAIS (1855-1905) L.A.S., à Gilbert Fesneau ; 4 pages in-8 (fentes réparées). 200 / 300 € Lettre de jeunesse. Il n’a pu lui écrire, étant retenu « nuit & jour » au chevet de son père : « Je suis captif autant pour soigner le blessé que pour le distraire par conversations ou lectures. […] Toutes ces secousses coup sur coup, m’ont brisé… Je ne vis plus que comme un végétal, un vulgaire légume privé d’eau & de soleil, et attaqué dans sa racine par un ver rongeur. Mon rongeur est une incurable tristesse ; je souffre en moi & en mon petit garçon. Tout l’avenir me désole »… Il ne peut écrire un mot… Il est en train de se dessécher et se momifier à Montreuil sur Meu (Ille et Vilaine), pays où les gens ont « la tête pointue, des pieds de buffle, des gestes cassés, des allures d’Indiens, des glapissements pour voix, des instincts pour intelligence »… 90. Alphonse ALLAIS. 2 manuscrits autographes, le 1er signé, [1887-1888] ; 4 et 2 pages in-8. 500 / 700 € Deux contes pour Le Chat Noir. Pour se donner une contenance. Conte publié dans Le Chat Noir le 10 décembre 1887 (repris dans Le Journal sous le titre Un garçon timide, et recueilli en 1897 dans Le Bec en l’air, sous le titre Un garçon timide ou Pour se donner une contenance). «Comme tout le monde, j’ai quelques cadavres sur la conscience, pas mal même, et quand j’y pense, un petit frisson me court à fleur de peau, et la lividité envahit ma sympathique physionomie. Des femmes, surtout»…. Le mariage manqué. Texte recueilli, avec modification, sous le titre Le bizarre correspondant, dans Rose et Vert-Pomme (1894). Ce conte met en scène Sapeck abordé par un collégien qui le prie de le raccompagner au lycée en se faisant passer pour son oncle…Il s’agit ici de la version primitive, publiée dans Le Chat Noir du 5 mai 1888, où elle était suivie d’un autre conte (qui ne figure pas ici), repris sous le titre Simple vaudeville dans Rose et Vert-Pomme. Littérature
RkJQdWJsaXNoZXIy NjUxNw==