ADER Nordmann. LETTRES & MANUSCRITS AUTOGRAPHES

63 .../... l’histoire sous le pseudonyme d’Aphrodite ; – que la Femme et le Pantin dissimule (agréablement du reste) la plus odieuse tentative de chantage contre deux honorables familles andalouses ; – que les Chansons de Bilitis resteront comme un exemple de supercherie littéraire où se sont laissé prendre nos meilleurs hellénistes ; – que le titre seul des Sanguines révèle une perversion morale que nos aliénistes ont, depuis des siècles, classés sous le nom de Sadisme. Après vous avoir ainsi démasqué, je me livrerai sur vos deux bonnes à des actes de pédérastie et de tribadisme qui vous priveront à jamais de leur estime et de leurs services. Puis je m’occuperai de la bibliothèque ! Je souillerai de mes déjections quelques exemplaires précieux. Je ferai de tous les manuscrits un quemadero (en voulez-vous des omars) dont la flamme n’hésitera pas à se communiquer au reste de la maison»… – 6 juillet. « L’important rayon de bonnetterie que nous venons d’ouvrir dans la maison Willy and Co voit chaque jour la clientèle la plus choisie affluer à ses comptoirs. Et nos chaussettes vont aux plus jolis pieds de la Capitale »… – 6 septembre. « Après vous, j’ai laissé partir pour Bordeaux ma pauvre petite fille Mémaine [sa maîtresse Germaine Larbaudière]. Son grave homme d’ami voulait m’emmener dans son auto. J’ai encore eu le triste et inutile courage de refuser. Je resterai jusqu’à [ce que] la misère me chasse d’ici. Mais déjà je la sens venir. […] Je garde au cœur de l’espoir d’aller vivre quelques jours auprès de vous quand j’aurai besoin de toute votre affection qui ne m’a jamais manqué. J’ai peur pour mes livres, pour les pauvres reliques parmi lesquels je vis une existence désormais sans lendemain »… – 12 septembre 1906. « L’importante maison où j’étais chef de rayon à la bonnetterie pour Dames ayant, provisoirement, réduit son chiffre d’affaires, il m’a fallu trouver ailleurs le youpin quotidien et donner le jour à toute la famille Fred qui remplit Qui lit rit de ses ébats heureusement enfantins. Ajoutez que je chronique hebdomadairement et musichallement dans Paris qui chante, que j’alimente la Vie parisienne de Curnonsky et de Her Tripa, que je fais un roman avec Léon Valbert, un ballet avec Willy, un autre avec Xanrof, une opérette avec les mêmes, un autre roman avec Toulet, un acte avec Lavernière, deux avec Abric… et ne vous étonnez pas trop que je ne fasse rien tout seul. […] Ce que vos envois me font entrevoir de la Plage d’Amour m’entretient dans un état de Désir amoureux et doux, dont bénéficie pour le moment la jeune Marcelle-aux-yeux-verts-et-aux-tifs-innombrables, qui vient de faire un an de prison pour avoir lingué le bide d’une copine qui avait donné son mec. […] Marcelle est, pour l’instant l’une des plus vives consolations de ma sénilité précoce »… – Samedi matin [8 juin 1907] : « Bon Maître, vous êtes un admirable ami et je ne sais comment vous remercier de votre recommandation auprès de ce Maizeroy jovial et blond. Je l’aborderai lundi ; l’avenir de Curnonsky, le présent de Toulet (à qui la Fortune en a peu fait jusqu’ici) et le passé du roman d’aventures peuvent dépendre de notre entretien ! Mille attaques à toutes mains armées, onze cent quatorze substitutions d’enfants du plus charmant naturel, huit cent douze captations d’héritage, 6341 vols, 10.341 assassinats, et un nombre de vengeances, de trahisons, de séquestrations jusqu’ici impossibles à évaluer vont s’abattre sur la littérature enfantine, juvénile et adolescente. Le Secret de l’île x sera découvert par les Chevaliers de la Bague de Fer ; les Pirates du lac Tchad arracheront l’Empire du Nickel à la secte redoutable des Prévoyants de l’Avenir ; le Prince du Feu délivrera la fille du Radjah de Gwalior enfermée dans la Tour du silence par la complicité du grand chef Tippo-Radna et du cruel sultan Abdul Debou»… – [21 novembre] : « selon la forte expression des croupiers, rien ne va plus… et je me sens enlisé dans un marécage dont je ne sortirai jamais. Victime de la collaboration, je mourrai sans avoir rien fait qui me plaise. Et voici que ma vieille santé me lâche à son tour et paraît en avoir assez de moi… Depuis huit jours, je couche avec une crise de rhumatisme cent fois pire que toutes les maîtresses et les maisons où je travaille aux pièces menacent de me fermer leurs portes. Alors, je sais je cherche à placer des vins, seule profession pour laquelle je me paraisse fait »… – [4 décembre]. « Une grande nouvelle littéraire », il entre enfin au Journal : « mes articles (résolument hebdomadaires)

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