ADER Nordmann. LETTRES & MANUSCRITS AUTOGRAPHES

145 65 Les temps sont passés de la Vie drôle, et des Music-Halls. Après la guerre si je puis durer jusque là je chercherai une place quelconque dans le commerce ou l’industrie. Mais je prévois un terrible avenir et la pire misère. Qu’importe si la France sort plus grande de cette crise ? J’ai honte de me plaindre et d’être inutile. […] Je vous raconterai comment je suis resté enfermé quinze jours par la mobilisation dans un petit port de la côte bretonne où la gendarmerie est venue perquisitionner chez le redoutable anarchiste polonais qui s’honore de votre amitié mais qui n’ose même plus signer une phrase ou tant d’incidentes se commandent sans s’obéir ! »… – 11 juin 1915 (sur papier administratif de la Division des Parcs et Abattoirs du Ministère de la Guerre, que Curnonsky a couvert de tampons divers). « Cubistiquement Mystiquement Succinctement, Mon cher Maître, l’aspect de ce la présente feuille résume l’état confusément hélicoïdal de mes circonvolutions cérébrales, aussi bien que de mes tubercules quadrijumeaux, de mes pédoncules cérébelleux postérieurs et de mon œil pinéal. C’est proprement, comme on l’eut écrit vers 1885, le Vortex d’un Maelstrom catastrophique où surnagent, dispersés, avec du tréfonds la permanente angoisse d’un engloutissement définitif emmi les mucilaginosités panachées de lichens de soleil et de morves d’azur, les suprêmes idéalités d’une infraconscience aux abois consciente de sa seule détresse, et les invectives mêmes de Julien non plus que la véhémence de vos Apostrophes n’y pourraient rien apporter de pis»… – 13 août 1919. « Vivant ?… c’est beaucoup dire : de ce qui fut le vaillant hospodar que vous connûtes naguerre, il ne reste plus qu’un quart de vieillard alourdi par le demi-siècle proche, un pauvre mercenaire de lettres qui se demande parfois s’il sait encore écrire le français, un raté sans œuvre et sans enfant qui s’efforce de ne plus penser au lendemain… mais tout de même, soyez-en bien sûr, un vieil ami qui serait bien heureux de vous revoir enfin »… On joint une l.a.s. de René Doumic à P. Louÿs concernant Curnonsky (1903) ; une curieuse lettre de « Nicole » adressée à Mlle Sapho (1897); la copie par Y.G. Le Dantec d’un poème de Louÿs, Épitre au Prince Boris Curnonsky. 145. Pierre LOUŸS. Manuscrit autographe, À l’Edelweiss… ; 3 pages in-8 au dos sur papier à en-tête de l’Hôtel de la Poste à Rouen. 400 / 500 € Amusant texte érotique en forme de prospectus. Intitulé À l’Edelweiss / MME Blaise Hédon Chirurgienne stoppeuse / Repucelages en 30minutes / par le Procédé du Docteur Danois / même après accouchement, il présente les « dernières attestations », soit six témoignages de femmes heureuses des soins de Madame Hédon. Albertine G.: «C’est tout de même bien agréable de pouvoir se marier avec un honnête homme et de lui dire: “Mais regardez vous-même, si c’est pas la preuve qu’on vous a menti » ; Nini R. âgée de 13 ans : « Je certifie que depuis le jour de l’an jusqu’à aujourd’hui 9 septembre, j’ai vendu cinquante et une fois mon pucelage et que vous me l’avez encore fait hier » ; Charlotte G : « Est-ce que vous ne pourriez pas élargir un petit peu la virginité que je dois à vos soins? Je ne peux même plus entrer mon doigt et jusqu’à ce que j’aie trouvé un petit mari, je voudrais bien m’amuser un peu toute seule » ; et aussi celui d’un père obligé de « prostituer sa fillette à peine âgée de neuf ans », qui a pu faire remonter la valeur de l’enfant »… Etc. Provenance : Curnonsky. 146. Pierre LOUŸS. Note autographe ; 1 page in-8 à l’encre violette. 300 / 400 € Analyse de son caractère. « Esprit lent. Conséquences : 1° Doute de moi à 16,17 ans. Timidité extrême. […] Pas d’esprit de répartie. Impossibilité de causer avec plus de deux personnes à la fois. Donc: éloignement du monde. Misanthropie. […] 3. Aversion de tout ce qui est oratoire, déclamatoire, théâtral, verbal, oral ou simplement parlé »… On joint divers documents le concernant : – avis de recrutement (1891) ; – enveloppe autographe : « Ceci est mon Testament » (1902) ; – fiche de renseignements sur lui par « Grétillot épicier », le dénonçant comme clérical, à en-tête de la Banque de France (probablement par Louÿs lui-même, contrefaisant son écriture) ; – note d’honoraires du Dr Maurice de Fleury : un bel exemplaire d’un livre de Louÿs avec dédicace (1909); – ordonnance du Dr Jean Vinchon (17 mars 1924) annotée par Louÿs ; – lettre à lui adressée à Arcachon (août 1911)

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