ADER Nordmann. LETTRES & MANUSCRITS AUTOGRAPHES

172 87 172. Paul-Jean TOULET. Manuscrit autographe signé, Les faux du Louvre, [1907] ; 2 pages in-4. 700 / 800 € Amusant article sur les fausses attributions, à propos de l’exposition Chardin-Fragonard (Galerie Georges Petit, juin-juillet 1907). Cet article semble inédit ; il n’a pas été recueilli dans les Notes d’art. Le manuscrit, à l’encre violette, présente des ratures et corrections. Toulet ironise sur l’authentification par un oculiste de la réplique de L’Enfant au toton de Chardin. Cet oculiste, M. L. passe « pour bon expert auprès de bien des gens, et, entre autres, du plus illustre de nos peintres impressionnistes ». Il rappelle la faible cote de Chardin « vers le milieu du siècle dernier […] guère encourageante pour un faussaire ; […] le public aime à s’imaginer que toutes les toiles du Louvre proviennent d’une fabrique souterraine des Batignolles » ; et le Louvre serait « en grande partie, un faux gigantesque, commandé par Napoléon III », et le sous-secrétaire aux Beaux-Arts Dujardin-Beaumetz lui-même ne serait qu’un faux, le vrai étant séquestré… 173. Paul-Jean TOULET. 3 L.A.S., [19131919], à Mme Haydée Level ; 2 pages in-8 et 1 page in-12 (au verso d’une carte postale), une adresse et 2 enveloppes. 600 / 800 € Charmante correspondance galante. Saint-Loubès 17 janvier 1913. « Mon intention étant de vous souhaiter la bonne année (comme je le fais de tout mon cœur) par une lettre pompeuse, et sur du beau papier orné de fleurs et de dentelles, le temps passe sans que ma santé me permette un effort aussi compliqué. Alors j’aime mieux me rabattre sur une combinaison – comme disait la jeune femme qui allait voir le vieux Monsieur. Mais je suis bien attristé à la pensée que vous disputez fortement à cette heure même (ou un peu plus tard) de l’élection présidentielle’. Au fond, qu’est-ce que ça peut vous faire : “Tout ça, c’est des cochons” disait Mme H.R. à propos d’un salon où elle fréquentait – et moi aussi. J’aimerais bien mieux, Madame, que vous me disiez si Mme Any Bourdin est toujours jolie, et Mme Malfitano – pire. Mais je ne me rappellerai jamais le nom de cette dame espagnole qui a des sentiments violents écrits sur le visage. Est-il vrai que Lucienne ne met plus (je ne le lui pardonnerai jamais) sur le col et sur les joues, de la poudre d’or comme une laque»… – [Guéthary janvier 1918]. Vœux de bonne année, et pour Lucienne : « je ne lui souhaite pas non plus un mari, car ils doivent être tous à la guerre. Avec une jolie boîte de soldats de plomb, elle pourra attendre. Et peut-être ne sont-ils pas tous comme elle arrivés au bout de leur croissance. Pauvres petits. Quand finira-t-on de nous en tuer ? […] D’autre part, je n’ai pas de bonnes nouvelles de mon ami Debussy. Avez-vous entendu dire qu’il fût en danger ? Il m’avait demandé, cet été, de tirer une pièce de Shakespeare [As you like it] dont il s’était engagé, avec Gémier, à faire la musique. […] Je voudrais bien voir ce projet en train : non pas tant pour mes intérêts que parce que ce serait la preuve qu’il a remonté sur sa bête. J’ai tant perdu d’amis, ou de bons camarades, depuis cette guerre, que d’y penser, et de craindre encore, il me semble qu’un vide noir s’élargit autour de moi »… – Guéthary 23 novembre 1918, recommandant son neveu et filleul Pierre de la Blanchetai, pour l’introduire auprès de Mme Philippe Berthelot et d’Émile Henriot. « Je suis honteux de ne vous avoir pas même remercié des cigarettes neuf fois bienvenues que vous m’adressâtes voilà quelques mois, sous prétexte de villégiature. Nous avons couru, ma femme et moi, pendant 4 mois, de la façon la plus éreintante. J’ai fini par en être malade, et voilà huit jours seulement que nous sommes de retour à la maison. Ça m’a fait du bien ; et ce qui m’en a fait plus encore, ce sont ces nouvelles des Mille et Une nuits, ces gloires qui passent, Napoléon et ce don d’ubiquité qu’ont les armées françaises pour remporter plusieurs victoires à la fois. Je ne demande plus que de garder la Rive gauche du Rhin avec un morceau de la droite – et qu’on déménage au Louvre tous les musées d’Allemagne»….

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