97 il ne faut pas qu’Évariste Ch. soit odieux, il convient qu’il soit égoïste, comme tu le dis, mais surtout, je désire qu’il pivote, en pleine lumière, une fois ruiné, de l’état de michet à celui de merle, pour un joli travail cérébral tout de logique et de bon sens. Et que ce soit alors que la petite la gobe (si possible) »… –Willy raisonne son ami qui veut se battre en duel contre un certain Roustan : « Espèce de Schnock, Tu ne peux rien faire de plus stupidement vaseux que d’aller sur le pré […] pour une question de caf’conc’. Ce duel entre Paris qui chante et Le Peuple de Paris ne serait pas pris au sérieux ; de la meilleure foi du monde on croirait à une réclame plus ou moins habile pour des canards de théâtre ou pour un numéro de music-hall, et tu risques, malade, d’attraper une bronchite (infiniment plus grave qu’un coup d’épée) au cours d’une rencontre qui servira à qui ? […] Comme chantait Thérésa “Mon enfant, j’ai passé par là”, par ces accès de rogne imbécile, dont on voit trop tard l’absurdité épaisse. […] Reste dans ton pieu, crois-moi. Et au besoin, fais-y venir une petite amie »… – [Dieppe 15.VIII.1908]. « Nous avons fait signe à Colette et elle est venue, en auto, à Abbeville, nous embrasser. Et, comme elle le disait “On s’embrasse en cachette, c’est bougrement excitant !” (et il joint un fragment autographe d’une carte post. de Colette) ; une autre enveloppe, à montrer à Toulet pour l’amuser, contient 2 petites photos (une annotée) : Willy et Meg, Colette et Meg. – « Cher Monsieur de Curnonsky Je m’exerce à rogner contre toi à cause de Percellier, mais je réussis mal, parce que je te gobe, hélas ! Et puis, depuis que je sais qu’il vous eût été donné de toucher 6F je me calme… Marche, court, prends Maugis, ne fais rien d’autre. Tout mon espoir est en toi. Il faut qu’il aille un peu sur la Côte d’Azur mais pas de villes allemandes ou étrangères ». – Mardi soir. « Dis donc, voilà que Colette, séduite par une surenchère de l’Apollo, plaque Bruxelles. Alors naturellement, Meg n’y va pas »…. – 10 juin [1913]. « Convenu, cher vieux. Mais, par le Styx, n’oublie pas que ces deux chapitres sont indispensables ! Je crève si tu flanches. Et, en outre, curnonskyses le tout d’une main légère et sûre. – Pierre Louÿs m’a-t-il seulement reconnu ? Je n’ose l’espérer. J’ai tellement vieilli ! »… [Mai 1914]. Lettre de Curnonsky : « Doux maître, Je viens de lire une dizaine de pages. Il y a du génie, du talent, de la facilité. On dirait du Dickens marollien et moyennant quelques coupures corrections et raclures ça vaudrait bougrement mieux que… l’autre danger. Puis-je garder cela deux ou trois jours et travailler un peu dessus. Le retapage complet ne dépassera guère 150 à 200 balles. Ça vous va-t-il ainsi ? » les paragraphes sont numérotés au crayon bleu par Willy, qui répond en 10 points. 7 juillet 1921 : « J’ai comme une idée que je ne vais pas stagner très longtemps. Oh ! Je changerai de planète sans regrets. Et j’aimerais assez qu’en guise de fleurs et de couronnes, tu puisses expliquer, en quelques lignes brèves : “Il était paresseux, mais il a travaillé toute sa vie. Il a prêté beaucoup d’argent à des lascars qui l’ont remercié en le débinant. Moi seul, moi Cur, j’ai connu son fond, et son goût des choses belles, et sa haine du muffle, surtout du muffle-artiste. Il a aimé beaucoup la musique et son vieux Cur”. Si ça t’embête, Monseigneur, tu peux ne rien dire du tout. Les gens n’ont pas besoin de savoir que ma blague, souvent, a été le faux-nez de ma pudeur»… 17 février 1925. « Crès a l’habitude de ces fumisteries déplacées. Pendant la guerre, déjà, pour complaire aux rancunes de ma veuve, il avait annoncé, sous le seul nom de cette dame, les Claudine. Nous échangeâmes des lettres, à ce sujet, voilà sept ou huit ans. Je ne veux pas que cela devienne une habitude »… [7.VII.1926]. « Dis donc, cher vieux, est-il vrai que cette bête puante de Barlet soit crevée ? Ça me ferait plaisir. Et à toi ? Le plus drôle, ce fut la désinvolture avec laquelle, n’ayant plus besoin de ses larcins domestiques, ma veuve le plaqua ! »… Les lettres de Curnonsky sont annotées par Willy, et ont dû être renvoyées à Curnonsky. – 31 octobre 1905. « Doux maître, Tout en préparant le X… pour la fin de la semaine, je vous envoie illico le plan du petit conte Santa Claus»… – 1er novembre 1905. Nouveau plan pour un Réveillon de rupture. – 25 janvier 1908. Questionnaire, avec idée de scène à faire. – [1910] : « à Cabourg, je vais m’occuper du Petit Vieux. Je vois les cinq actes comme si je les avais faits »… Etc. On joint : – 7 l.a.s. de Meg Villars à Curnonsky, 1906-1918, amusante correspondance avec des lettres en anglais, souvent libres ; – 2 photographies originales de Meg et Willy en vacances à la mer (une signée Meg & Willy), et une grande photographie de Meg Villars par Gerschel dédicacée: «For dear old Cur a good bon copain. From Meg Villars, 1909 Parisiana Revue »… – 4 longues l.a.s. de Madeleine de Swarte à Curnonsky (plus carte postale)… Plus quelques documents divers joints : portrait, photographie de Willy (Curnonsky a ajouté un haut de forme à l’encre violette) ; coupures de presse, copie d’un poème La Puériculture, note d’échos de journaux (la marquise de Morny, Colette, Willy, Polaire…), etc. 190. WILLY. L.A.S., [1903 ?], à Rachilde ; 2 pages in-12 à son adresse 93 rue de Courcelles. 150 / 200 € Amusante lettre sur Polaire, dont il plaide la cause auprès de son « cher ami Rachilde ». Celle-ci lui a glissé aux Mathurins : « “Cette Polaire est extraordinaire”. Il y avait du mépris dans votre intonation… Pourquoi ? Je vous assure, je vous jure qu’elle a de l’intelligence, de l’intuition, du diable-au-corps, et qu’un homme de votre mentalité ne doit pas la juger sur des excentricités de robes courtes et d’yeux allongés. Voulez-vous la voir, dites ? Voulez-vous des places ? La pièce ne vaut pas un clou, mais Polaire y est extrêmement amusante, je vous jure. Et le public rit (surtout aux passages d’émotion qu’il croit bouffes aussi,… dame !) et je désire ardemment que vous puissiez voir, vous-même, cette mauvaise comédie et cette intelligente comédienne»…
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