ADER Nordmann. LETTRES et MANUSCRITS AUTOGRAPHES

119 en 1744, et est admis dans plusieurs sociétés savantes. Il fait paraître en 1736 son Essai physique sur l’œconomie animale, et collabore à l’Encyclopédie. « Il avoit acquis les plus grandes connoissances dans l’œconomie politique ; sa physiocratie en fournit la preuve : on peut même avancer sans crainte d’être contredit, qu’on a publié peu de bons ouvrages sur cette matiere si interessante et si debattüe depuis un nombre d’années, dont les auteurs n’ayent profité abondamment de ses conseils et de ses reflexions de vive voix ou par ecrit »… Le témoignage fait pénétrer dans l’intimité de Quesnay : « M. Quesnay avoit acquis par l’habitude, une si grande facilité pour le travail que forcé de l’interrompre souvent pour remplir les fonctions de son etat, il le reprenoit en rentrant et continuoit d’ecrire comme s’il n’eut point quitté son ouvrage. Il se levoit même très frequemment pendant la nuit pour mettre sur le papier ce qu’il avoit medité, de crainte que cela ne lui echappât. Enfin nous savons qu’il a composé en entier son traité des fievres continues à l’armée, au milieu du tumulte et du bruit d’un camp : il etoit dans une grange qui lui servoit d’habitation huché sur une meule de foin et de paille, et il y travailloit aussi paisiblement qu’il eut pû faire dans un cabinet. Il a conservé presque jusqu’à sa mort ce gout et cette aptitude qu’il avoit pour le travail, et ceux qui vivoient avec lui familierement ne s’appercevoient pas que sa tête eut baissé. Il convenoit lui-même qu’il n’avoit eprouvé aucune diminution sensible dans l’exercice de ses facultés intellectuelles : il avouoit seulement que sa tête n’etoit plus en etat de fournir à un travail suivi sur des matieres abstraites aussi longtems que par le passé. Nous pouvons dire que dans le mois qui a précédé sa mort, il a composé deux ou trois mémoires sur l’œconomie politique dont la lecture fit dire à un homme en place, que M. Quesnay avoit une tête de trente ans dans un corps de quatre vingt […] et il termina sa vie le 16 Decembre 1774 vers six heures du soir, aussi paisiblement que s’il n’eut fait que s’endormir » [...] M. Quesnay n’avoit eu que deux enfans ; un fils qui vit dans sa terre de Saint Germain de Beauvoir en Nivernois et qui a cinq enfans ; et une fille qui avoit epousé M. Hervin premier chirurgien de Madame et lui a laissé quatre enfans. » Provenance : Prudent Hévin (1715-1789). – Alexandre Quesnay de Beaurepaire (17551820) – Son petit-fils le magistrat Jules Quesnay de Beaurepaire (1834-1923). – Pierre Berès (1913-2008). – Vente Pierre Berès 80 ans de passion, 2e vente : Fonds de la librairie Pierre Berès (28 octobre 2005, n° 135 ; adjugé 3000 €).

RkJQdWJsaXNoZXIy NjUxNw==